Syrie : "Ces frappes étaient attendues. Le Président de la République les avait annoncées en indiquant les lignes rouges à ne pas franchir."

Marielle de Sarnez, présidente de la Commission des Affaires étrangères à l'Assemblée nationale, et première vice-présidente du Mouvement Démocrate, était l'invitée de France 24 ce samedi 14 avril à 17h00, et s'est exprimée sur les derniers événements concernant la Syrie. Nous vous invitons à revoir cette interview.

 

Sur ce plateau avec nous pour évoquer les frappes en Syrie, Marielle de Sarnez, présidente de la commission des Affaires étrangères et députée MoDem de Paris. Merci d'être notre invitée. Est-ce que pour vous, ces frappes sont bien proportionnées, et viennent au bon moment une semaine après l'attaque chimique présumée ?

D’abord, elles étaient attendues : le président de la République l'avait annoncé, puisqu'il avait dit, en mai dernier, qu'il y avait une ligne rouge et que si elle était franchie, il y aurait des frappes. Ces frappes étaient donc attendues, le président de la République a tenu l'engagement qui était le sien. Ce sont des frappes je pense proportionnées selon ce qui est en cours. Il n'y a pas eu de victime civile, ce qui est pour moi très important, pas de victime militaire non plus, et je pense qu'elles ont ciblé ce qui devait être ciblé. Après, demeure la question de la situation en Syrie, de la lutte contre le terrorisme, de la lutte contre Daech... J'ai une certitude, c'est que tant que l'on ne stabilisera pas la Syrie, tant que l'on aura pas une issue politique, et qu'on ne mettra pas fin à cette guerre épouvantable qui, il faut le rappeler, a fait bien sûr des victimes récemment samedi dernier avec le chlore et avec les gaz, mais a fait aussi des centaines de milliers de morts et disparus, des millions de personnes déplacées dans le pays et plus de cinq millions de Syriens qui ont été dans l'obligation de quitter leur pays. Alors oui, il y a une urgence et il faut que la communauté internationale, après cette action qui est une action  légitime au regard des résolutions du conseil de sécurité de l'ONU, au regard de la lutte contre les armes chimiques, il va falloir que l’ensemble de la communauté internationale, et en particulier les puissances régionales, décident maintenant en responsabilité d'en finir avec ce qui n'a que trop duré.

Par rapport à ce que vous venez de dire à l'instant, plusieurs voix s'élèvent en Europe et en France, à gauche comme à droite, pour dire à propos de ces frappes « légitimes, peut-être », mais pas légales en dehors du mandat de l'ONU. Vous, vous pensez qu'il fallait y aller sans mandat ?

Je pense que c'était annoncé : le président de la République l'avait dit, et qu'il a tenu la parole qui est la sienne. Je pense que les Syriens savaient parfaitement à quoi s'attendre.

Tout à l'heure le Pentagone a dit que ces interventions n'avaient pas pour but de changer le cours de la guerre en Syrie. Vous nous dites qu'il faut terminer cette guerre, mais est-ce que ces frappes vont terminer cette guerre ?

Cette guerre n'a que trop duré. S'il peut ne plus y avoir d'arsenal chimique, déjà on aura progressé un tout petit peu, mais les objectifs nous les connaissons : le président de la République les a rappelés : la lutte contre Daech, contre le terrorisme, le retour à la paix et à la stabilité en Syrie, la protection des civils avec des corridors humanitaires autant que faire ce peut, ça c'est l'urgence de court terme. Mais sur le moyen et long terme il va falloir trouver une issue à cette qui n'a que trop duré, il va falloir qu'on trouve une réponse, car si l'on a pas de stabilité de la Syrie, moi je crains que Daech ne reparte, ne reflambe. On a besoin de stabiliser ce pays et donc l'ensemble de la communauté internationale, qui à juste titre souhaite lutter contre le terrorisme, doit maintenant comprendre que c'est maintenant qu'il faut agir pour la Syrie. Ca posera la question de la transition politique, l’avenir de la Syrie, comment débattre, comment arriver à trouver une stabilité et faire en sorte que demain, les syriens se retrouvent avec un pouvoir et un gouvernement qu'ils acceptent.

L'Iran ce matin, par la voix du Guide Suprême, l'ayatollah Khamenei, disait qu'au contraire ces frappes allaient déstabiliser la région. Vous parliez du jeu des puissances, sous-entendues l'Iran, l'Arabie Saoudite...

Cela fait sept ans que la région est déstabilisée. Sept années qu'il y a la guerre, sept années que la communauté internationale regarde ce qu'il s'y passe, les abominations qu'il s'y passe tous les jours. Et paroxysme des abominations, l'utilisation des armes chimiques. Nous sommes dans une horreur depuis sept années. Et donc oui, il faut en sortir, et au plus vite la communauté internationale et les puissances régionales, toutes les puissances régionales – tout le monde a une part de responsabilité – doivent prendre en compte que oui, ceci n'a que trop duré.

La Russie va présenter à l'instant devant le conseil de sécurité de l'ONU un projet de résolutions demandant à l'ONU de condamner ces frappes, comment la France va réagir ?

Mais la France va répéter inlassablement qu'elle souhaite agir dans le cadre de l'ONU, mettre en place un mécanisme conjoint entre l’organisme qui regarde et vérifie que les attaques aux armes chimiques ont bien lieu et l’ONU, ce que nous n'arrivons pas à faire à cause d'un véto russe qui est un véto quasi permanent. Donc il faut maintenant que tous ceux qui disent qu'ils ne sont pas d'accord qu'il y ait des armes chimiques soient d'accord pour que ce mécanisme conjoint soit remis en place, c'est une première urgence. Deuxièmement, que l'ONU et l'ensemble des grandes puissances régionales avancent. Nous n'en finirons pas avec le terrorisme si nous ne réglons pas la question de la paix, de la sécurité et de la stabilité en Syrie.

Vous parliez de l'abomination des sept ans de guerre, aujourd'hui la communauté internationale, parlons des Etats-Unis, de la France et de la Grande Bretagne : pourquoi réagir précisément aujourd'hui, alors que, vous l'avez souligné à juste titre, l'épouvante se poursuit depuis sept ans ?

Vous savez que depuis 2013 il y a eu des tentatives pour réagir, qui n'ont pas été tenues. Là, on a un président de la République qui l’a annoncé : il a dit que si la ligne rouge est franchie, nous agirons. Et vous auriez voulu que l'on agisse pas ? Je ne vous dis pas que tout est facile dans ce conflit, nous le savons mieux que quiconque, ça n'est pas simple, mais en même temps quand vous fixez une ligne rouge, il faut la tenir.

Vous voulez dire contrairement à ce que Barrack Obama n'a pas fait ? 

Emmanuel Macron fait ce qu'il dit, il tient les engagements qui sont les siens. Et il tient, quand je l'entends, une position que je trouve pertinente. Il sait très  bien qu'il ne faut pas d'escalade. Il sait qu'il faut parler avec tout le monde – il a eu Vladimir Poutine au téléphone... Il sait que nous devons construire la paix, et que quelquefois construire la paix c'est plus difficile.

 

 

 

 

 

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