Syrie : "Il était du devoir de la France d’agir."

Nous vous invitons à découvrir le discours de Marc Fesneau, prononcé à la suite de la déclaration du gouvernement devant l'Assemblée nationale sur l'intervention des forces armées françaises en Syrie.

 

D'abord, les faits.

La France et ses alliés ont rassemblé les preuves confirmant l’utilisation par le régime syrien d’armes chimiques à Douma, le 7 avril dernier. En conséquence, la France a décidé de conduire, avec le Royaume-Uni et les Etats-Unis, une opération militaire visant à détruire plusieurs sites directement liés au programme d’armes chimiques du régime de Damas. C’est dans ces conditions que les forces françaises ont été engagées dans la nuit de vendredi à samedi dernier. Et je tiens à rendre hommage à nos forces armées qui ont une nouvelle fois fait preuve de leur efficacité et de leur professionnalisme. 

Voilà les faits.

Il était du devoir de la France d’agir.

En effet, les preuves rassemblées par nos services pointent directement la responsabilité du régime syrien et viennent alimenter le dossier déjà bien lourd de l’usage des armes chimiques par ce dernier.

On le sait, nombreuses ont été les attaques depuis le terrible massacre de la Ghouta du 21 août 2013. Rappelons simplement l’attaque au gaz sarin du 4 avril 2017 sur Khan Cheikoun tuant plus de 80 personnes. Jusqu’à celle du 7 avril dernier : tous, nous avons vu les photos insoutenables des victimes qui témoignent de cette barbarie.

Ces attaques sont des violations inacceptables du droit international qui appellent une réponse très ferme.

Certains posent la question de l’intérêt d’une telle action. Pour notre part, nous sommes de ceux qui pensent qu’après 5 ans de négociations, d’actions diplomatiques infructueuses, de signature de conventions et de promesses non tenues, franchir une fois encore la ligne rouge de l’arme chimique nécessitait que nous prenions, cette fois-ci, j’allais dire enfin, nos responsabilités.

Le droit international nous autorise à une telle action : à l’évidence, le régime syrien n’a pas respecté la Convention sur l’interdiction des armes chimiques qu’il a ratifiée en 2013, ni la résolution 21-18 du Conseil de Sécurité de l’ONU qui prévoie des sanctions jusqu’à l’usage de la force en cas de violation de celle-ci.

Tout cela nous faisait obligation d’agir, le régime le savait et s’est exposé en conscience à une réaction de la communauté internationale.

Et c’est le lot de la communauté internationale d’être régulièrement testée par ceux qui entendent se soustraire aux règles communes et que nous nous sommes fixées.

Certains ont accusé la France et ses alliés d’être intervenus avant même qu’une enquête indépendante ne soit conduite sur place pour confirmer la réalité et, le cas échéant, la provenance des attaques. Mais c’est oublier que la Russie s’est opposée fin 2017 au renouvellement du mécanisme d’enquête conjoint de l’ONU et de l’Organisation pour l'Interdiction des Armes Chimiques et à nouveau mardi dernier au projet de résolution portée par les Etats-Unis et soutenu par la France visant à créer un instrument d’enquête, et encore aujourd’hui en refusant l’accès aux sites de Douma.  

Face à ce blocage, la France et ses alliés ont pris leurs responsabilités. Avec toute la légitimité requise.

Nous l’avons fait dans la continuité de la parole de la France depuis 2013 et alors même que le Président de la République avait clairement fixé les limites lors de sa rencontre avec Vladimir Poutine à Versailles, en mai dernier. Notre partenaire russe ne peut pas être surpris de la volonté de la France de faire respecter les engagements de chacun.

Le gouvernement français, depuis le début de la crise syrienne, a toujours été très clair sur son opposition catégorique à l’usage de ces armes en Syrie et ailleurs, et sur la nécessité de punir ceux qui y recourent. A l’été 2013, la France était déjà à l’initiative et on peut regretter, au regard des faits actuels que l’accord passé à l’époque entre les Etats-Unis et la Russie afin de démanteler l’arsenal chimique syrien n’ait pas atteint son but.

Quand on prend des engagements, il faut les faire respecter, sous peine d’encourager le désordre mondial et de laisser les acteurs du conflit agir impunément sans craindre de réaction. C’est tout le sens des représailles engagées dans la nuit de vendredi à samedi, et nous faisons crédit au Président de la République d’avoir tenu parole avec courage.

Sur le plan opérationnel, nous avons démontré de manière autonome notre capacité d’action. Notre armée a prouvé ce week-end sa capacité à se projeter vers des cibles définies par notre gouvernement. Elle ne s’est laissée entraîner dans aucun engrenage parce qu’elle a agi de façon précise et proportionnée. La France et ses alliés ont pris le temps nécessaire pour identifier et cibler les sites directement liés au programme syrien d’armes chimiques et s’assurer que les dommages collatéraux soient les plus limités possibles.

Fondamentalement, la stratégie française quant à la résolution du conflit syrien ne doit pas changer :

  • Nous devons réaffirmer d’abord l’urgence d’un cessez-le-feu et d’une action humanitaire. En sept ans, ce conflit a causé plus de 350 000 morts, dont bon nombre de civils, plus de 6 millions de déplacés internes et près de 5 millions et demi de réfugiés. Il est plus que temps que cela cesse ! Il est temps que nous rendions un espoir à la population syrienne qui souffre chaque jour des assauts les plus brutaux, qu’ils soient chimiques ou conventionnels, du régime et des autres belligérants
  • Nous devons réaffirmer en même temps que la solution au conflit est politique et qu’elle passe par un vrai compromis entre toutes les parties au conflit, sans exclusive. Cette solution politique est une nécessité absolue à double titre : dans la lutte contre le terrorisme qui reste la priorité absolue, et pour l’avenir du peuple syrien d’autre part.

La France doit continuer à porter l’initiative, comme elle l’a fait ces derniers mois, et faire travailler ensemble les Etats-Unis, la Russie, l’Iran et la Turquie qui soutiennent chacun des acteurs locaux. Il est impératif de maintenir des canaux de discussion avec tous ces Etats.

A ce titre, nous saluons la volonté du président de la République de mettre tous les acteurs impliqués dans la région autour de la table, comme en atteste la rencontre voulue à Istanbul avec l’Iran, la Russie et la Turquie et l'initiative prise aujourd'hui à l'ONU. C’est l’honneur et le devoir de la France, dans un paysage où s’enchevêtrent toujours plus les intérêts des puissances du monde, de ne jamais rompre le dialogue afin de gagner la paix.

Nous devions porter une voix forte et ferme. La France, par cette action en Syrie, l’a démontré.

Nous assumons pleinement la décision prise il y a quelques jours par le Président de la République et soutenons l’idée de tout mettre en œuvre pour créer les conditions d’une résolution politique et diplomatique de ce conflit. En Syrie comme ailleurs, nous devons invariablement nous préoccuper de faire valoir le respect des engagements internationaux, faire primer la sécurité collective et sauvegarder le dialogue. 

Rester sans agir c’était se condamner à être les spectateurs passifs d’actes barbare et d’une certaine façon les légitimer.

Nul acteur démocratique ne peut laisser ainsi bafouer le droit international et le plus élémentaire respect des populations civiles.

Nulle force démocratique ne peut rester soumise à la bonne volonté d’un dictateur qui a constamment trahi la parole donnée. 
Depuis 2011, l’escalade de l’horreur n’a fait qu’empirer et les actes barbares se sont multipliés.

Parce que nous sommes une puissance forte, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, une diplomatie écoutée qui a toujours su faire entendre une voix singulière, nous devions agir : 

  • En imposant le droit le plus élémentaire par la force si besoin, 
  • En dialoguant sans relâche avec les acteurs de ce conflit pour rechercher les voies de la paix.

Voilà quelle est la feuille de route et la vocation de la France.

Et voilà pourquoi le groupe MoDem et apparentés soutient pleinement le Président de la République et le Gouvernement dans leur action.

 

 

 

Seul le prononcé fait foi

 

 

 

 

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