"Sur le grand espace central, il y a la seule force de renouvellement de la vie politique française !"

Au micro de Roland Sicard, François Bayrou a porté un diagnostic alarmant sur les affaires en cours portant atteinte à l'organisation de la démocratie française.

Roland Sicard - Bonjour François Bayrou.

Bonjour.

L’UMP a réglé ses comptes hier soir. Jérôme Lavrilleux, l’ex-bras droit de Jean-François Copé devrait être exclu. Est-ce que vous avez le sentiment que finalement c’est un lampiste qui paye ?

On est devant une affaire extrêmement grave parce qu’elle touche toute l’organisation de la démocratie française.

C’est toute la classe politique qui est atteinte ?

Je ne dis pas cela. Ce qui est atteint c’est le sentiment de la confiance élémentaire qu’on doit avoir dans les institutions, dans la loi, dans la règle, dans le fait que la loi est la même pour tous. Nous sommes devant deux éléments qui sont très importants l’un et l’autre. Le premier apparemment – je ne suis pas juge ni enquêteur, je n’ai pas d’autres éléments que ce que nous lisons dans la presse -  est une vaste organisation de détournement d’argent public. L'argent des groupes parlementaires, l’argent que l’État donne aux partis politiques et l’aide que l’État apporte aux dons individuels ; tout cela est de l’argent public, l’argent du contribuable français. Donc il s'agit d'une vaste organisation de détournement d’argent public au profit d’intérêts privés et partisans. La deuxième chose est une vaste organisation pour tourner la loi qui règle les campagnes électorales et qui oblige à ce qu’on ait à peu près les mêmes règles pour tous ; qu’en tout cas les uns ne puissent pas écraser la campagne par l’argent.

En 2012, vous aviez appelé à voter François Hollande. Est-ce que quand vous voyez les conditions supposées du financement de la campagne de Nicolas Sarkozy, ça vous conforte dans votre choix ?

Si j’ai pris une décision aussi importante, difficile et risquée c’est pour une seule raison. Il fallait que ces dérives que j’avais vues, analysées depuis longtemps et dont j’avais averti les Français - en particulier dans un livre qui s’appelait Abus de pouvoir - s’arrêtent. C’était la moindre des choses pour un citoyen, pour un père de famille. On ne pouvait pas vivre ces dérives perpétuellement.

Nicolas Sarkozy, c’était les dérives ?

Non, il y avait le sentiment généralisé que la loi n’était pas la même pour tous. Le sentiment généralisé que si vous êtes du côté du pouvoir alors vous avez des avantages, et si vous n’êtes pas du côté du pouvoir alors au contraire la loi s’applique dans toute sa rigueur. Et ces deux poids, deux mesures portent atteinte – ce n’est pas une affaire politicienne, partisane ou personnelle – au sentiment de confiance que les citoyens doivent avoir à l’égard de leur République. C’est ça la question !

On a deux ou trois problèmes majeurs en France et les reconstructeurs vont devoir s’y attaquer. Le premier c’est que ça ne va pas du côté de l’économie, du côté de la société, du point de vue de l’emploi, du point de vue de l’école ; on a des problèmes qui touchent au vieillissement de la société française. Le deuxième c’est que l’on n'a plus confiance dans les institutions, ceux à qui on remet le pouvoir comme des délégués du peuple. Ceux-là, beaucoup de Français ne peuvent plus avoir confiance en eux. C’est ce que depuis 10 ans et en particulier en 2012 j’ai dit aux Français.

Je reviens en 2012 justement. Est-ce que Nicolas Sarkozy pouvait ignorer ce qui se passait ?

Franchement, lorsque vous menez une campagne électorale de cette ampleur, vous ne pouvez pas ignorer les moyens mis en jeu. D'ailleurs ces moyens ne peuvent pas être mis en jeu sans que le candidat et son équipe proche décident de le faire. Après savait-il le détail ? Je n’en sais rien. J’ai seulement un témoignage à faire : moi tous les deux ou trois jours avec mon équipe, je vérifiais que l’on était dans les clous de ce qu’on pouvait dépenser et qui était infiniment moins de ce qui a été dépensé par les autres.

Alors est-ce que le centre doit se regrouper ? Est-ce que l’UDI et le MoDem face aux difficultés de l’UMP doivent créer un parti unique ?

Je suis un homme du centre, engagé depuis les premiers jours de mon engagement politique au centre et je pense que c’est une attitude politique extrêmement utile. Ce que nous devons avoir en tête aujourd’hui, c’est que ce n’est plus d’un parti dont il s’agit, c’est d’un pays. C’est la France qui est en situation de décomposition. Et donc nous devons apporter des réponses non pas en pensant à un parti politique particulier mais en pensant à la reconstruction du pays. Or sur le grand espace central, il y a la seule force de renouvellement de la vie politique française. Vous voyez bien dans quelle impasse le Parti Socialiste se trouve, vous voyez bien ce qui arrive à l’UMP – principale force de l’opposition – ce n’est ni dans l’un ni dans l’autre de ces deux partis politiques que l’on trouvera la force de renouvellement. Il y a une mission particulière des hommes et des femmes du centre : s’ils sont responsables et courageux, ils seront la seule force de renouvellement possible en dehors des extrêmes de la vie politique française.

Cela veut dire que le centre en 2017 aura son candidat à la présidentielle ?

Non, je ne veux aller à ce genre d’affirmation qui pour l’instant est hors de saison. Je veux dire ceci : si le centre veut être ce qu’il doit être – c’est-à-dire cette force de renouvellement – alors il a un premier impératif c’est qu’il faut qu’il soit uni, il faut que l’on passe par-dessus les querelles ou les affrontements. C’est ce que nous avons essayé de faire il y a quelques mois pour construire l’unité du centre qui est la garantie de son efficacité dans le renouvellement de la politique française.

Merci François Bayrou.

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