"Sur le chômage, François Hollande fait fausse route"

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Dans une tribune publiée dans Les Échos hier, Robert Rochefort explique les raisons pour lesquelles la stratégie actuelle employée par le Président de la République pour lutter contre la montée du chômage ne peut pas être efficace.

POLITIQUE - Depuis son arrivée à l'Élysée, François Hollande a choisi une stratégie face au chômage à laquelle il reste fidèle: attendre que les choses s'améliorent d'elles-mêmes, croire aux "cycles économiques" qui font qu'après la dépression, forcément, arrive la reprise. D'où l'utilisation forcenée des emplois aidés -en particulier pour les jeunes- sorte de pansement temporaire destiné à passer le moment difficile. Bien que les faits lui aient donné tort, que ne se soit produite aucune "inversion" de la courbe du chômage, face aux chiffres calamiteux de Pôle Emploi publiés il y a quelques jours, le gouvernement s'obstine en annonçant 100.000 emplois aidés supplémentaires pour un coût en année pleine de 700 millions d'euros. Et à nouveau, la déception sera grande.

Comme toujours, la gauche raisonne de façon "macro-économique", c'est pour cela qu'elle croit aux vertus de la dépense publique, quel qu'en soit l'usage. Elle se trompe encore plus aujourd'hui qu'hier, car la mondialisation force à voir les réalités de façon radicalement différente, en privilégiant une approche "micro-économique", c'est-à-dire pragmatique, partant du terrain, s'intéressant aux ressorts effectifs sur lesquels s'appuient les décideurs.

Revenons à l'Emploi, il se crée désormais dans une complémentarité entre l'infiniment grand - les groupes multinationaux - et l'infiniment petit - les TPE, les PME, les indépendants. Mais pour les uns comme pour les autres, les logiques à l'oeuvre sont d'une autre nature que celles du gouvernement. Les petites entreprises ont besoin d'une main d'œuvre formée, motivée, performante et flexible. Sans réforme du contrat de travail, simplification du code du travail, stabilité règlementaire et fiscale, réforme de l'apprentissage pour le rendre vraiment efficace et facile d'utilisation (pour l'élève et pour l'entreprise qui l'accueille), elles n'embauchent pas ou seulement a minima. Et en tout cas, elles n'anticipent pas sur la reprise.

De leurs côtés, les groupes internationaux -y compris d'origine française- mettent les États en compétition. Lorsque la conjoncture s'améliore, lorsque l'Europe redevient propice à créer de la richesse, ils agissent de façon différentielle d'un pays à l'autre en tenant compte d'une panoplie de facteurs: infrastructures, fiscalité, droit social, coût du travail, mobilité de la main d'œuvre, climat politique. C'est pourquoi on voit aujourd'hui les grands groupes privilégier, pour notre pays, des investissements très peu générateurs d'embauches: installation par exemple de bases logistiques plutôt que d'usines de production industrielle pour lesquelles ils préfèrent l'Espagne.

La conclusion est simple: le risque est fort que notre pays passe à côté du potentiel que recèle la reprise qui s'amorce en Europe, qu'elle n'en bénéficie qu'a minima, qu'elle ne génère qu'une faible baisse du chômage. Or cela est inacceptable. Ce léger redémarrage serait un enrichissement pour certains, mais pas pour d'autres -ceux qui en ont le plus besoin- et resteraient dans la trappe du chômage de longue durée. Profondément inégalitaire, ce redémarrage s'essoufflerait très vite de lui-même.

Il y a 640.000 demandeurs d'emplois supplémentaires depuis le début du quinquennat. Aucun des pays qui nous entoure n'a fait pire. La France est désormais le seul État dans lequel le chômage est supérieur à ce qu'il était à la fin de la crise financière. Les demi-mesures, les réformes annoncées un jour et contredites le lendemain par d'autres décisions créent une lassitude, une absence de clarté qui ne redonne pas confiance aux acteurs économiques. Une meilleure tenue de la consommation des ménages ne suffit pas, c'est l'investissement qui doit repartir. C'est la compétitivité de notre économie qui est la priorité, sa capacité à reconquérir les marchés internationaux -le fabriqué en France doit y aider- et bien sûr, les exportations. Tout est à faire, le retard est considérable et rien n'est acquis. Jamais les réformes n'ont été autant attendues et indispensables. 100.000 emplois aidés, et des supplémentaires, c'est une mesure pour congrès socialiste, c'est l'inverse de ce qu'il fallait faire.

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