"S'il veut moraliser la vie publique, le gouvernement doit cesser la nomination de copains"

Sur le plateau de Dimanche+, François Bayrou a déploré "les nominations d'amis proches, de partisans et de copains" par François Hollande et le gouvernement. Il a également fustigé "la guerre de tranchées d'un autre temps entre la droite et la gauche", qui ne permet pas "de surmonter les problèmes du pays".

Anne-Sophie Lapix - Vous avez soutenu l'intervention au Mali. Vous saluez le combat du gouvernement contre les déficits, la méthode de concertation, les accords de compétitivité. N'êtes-vous pas le chef de parti le plus proche de François Hollande ?
François Bayrou - Nous allons voir au cours de cette émission, qu'il y a des points et des orientations que j'approuve. Quand je les approuve, je le fais fermement. Mais il y en a d'autres que je désapprouve. Ceci est ma liberté. Habituellement, en face de vous, vous avez des responsables politiques dont vous savez à l'avance ce qu'ils vont vous dire. Ceux qui sont dans la majorité, ils sont tous pour et sur tous les sujets. Ceux qui sont dans l'opposition, c'est le contraire : ils sont tous contre, et sur tous les sujets. Je suis persuadé qu'il est impossible de résoudre les problèmes de la France dans cette guerre de tranchée systématique d'un camp contre l'autre. Aucun des grands sujets que nous avons à traiter pour l'avenir – l'emploi, l'Europe, l'inscription de la France dans le monde – ne répond à cette fracture d'un autre temps.

CSA: "IL N'Y A AUCUN LIEN ENTRE LES COMPÉTENCES DE M. SCHRAMECK ET SA FONCTION"

Vous pourriez aller jusqu'à devenir le premier ministre de François Hollande s'il vous en faisait la demande ?
Je n'irai jamais dans un gouvernement, si je ne suis pas en accord profond avec la politique fixée. Je sais bien que l'on fait courir ce bruit. Il y a des choses que j'approuve, d'autres sur lesquelles j'appelle au changement ou à la précision, d'autres enfin où je dis : 'Vous vous trompez et vous faites fausse route, comme les autres'. Je pense aux nominations d'amis proches, de partisans, de copains. Une des raisons pour lesquelles j'ai apporté mon soutien au second tour à François Hollande est qu'il avait promis qu'il ne ferait plus ça. Or, je vois que l'on met dans des fonctions des gens qui n'ont pas prouvé de compétence particulière sur le sujet, par exemple au CSA. Quand le gouvernement précédent a nommé M. Boyon, François Hollande a dit : 'C'est très mal, un haut fonctionnaire qui est un ami du pouvoir'. Il nomme aujourd'hui M. Schrameck, haut fonctionnaire ami du pouvoir. La différence, c'est que M. Boyon avait été président de Radio France. Là, il n'y a strictement aucun lien entre les compétences réelles de M. Schrameck et cette fonction. Ceci se multiplie dans un très grand nombre de nominations. Moi, qui ai fait de la moralisation et du changement du climat dans la vie publique un objectif nécessaire pour la nation, je dis : 'On fait fausse route'.

Pour savoir si le MoDem penche plutôt à gauche ou à droite, je me suis intéressé à vos parlementaires. D'un côté, il y a quelqu'un comme Jean-Luc Bennahmias, reçu par un conseiller du Président à l'automne dernier. De l'autre, Marielle de Sarnez, qui a rencontré à la même période Jean-Louis Borloo...
Vous vous trompez sur toute la ligne. Plus grand plantage que celui là, c'est très dur. Je dis cela gentiment, car nous parlons librement. Marielle de Sarnez a rencontré Borloo, elle rencontre des UMP, elle a rencontré François Hollande lui-même. Essayez d'évoluer un peu. Vous m'avez entendu, au début de cette émission, expliquer précisément ce que nous refusions et contre quoi nous allons nous battre : cette bêtise et cette absurdité, qui consiste à dire qu'il faut pencher d'un côté ou de l'autre. Il n'y a pas de discussion pour des alliances électorales, car je considère que notre marque, c'est que nous avons la liberté de présenter aux Français le seul projet qui dise : 'Vous ne croyez plus au droite contre gauche. Nous non plus. Et nous sommes le moyen de lutter contre'. Une enquête du Cevipof vient de sortir, le très sérieux Centre d'études de la vie politique à Sciences-Po. Elle démontre que 68 pour cent des Français disent que l'affrontement droite contre gauche n'a plus de sens.

Nous avons regardé les votes de vos parlementaires, les plus importants du quinquennat pour François Hollande, douze scrutins majeurs. Ça donne au Sénat, 13 pour cent pour le gouvernement. À l'Assemblée nationale, c'est l'inverse, 68 pour cent de vote avec la gauche. Il n'y a pas de ligne au MoDem ?
Vous êtes-vous demandé ce que j'aurais voté ? Votre attitude est la plus ringarde que l'on puisse avoir en face de la politique. Ça consiste à dire qu'il faut voter contre, quand on est dans l'opposition. Heureusement qu'il y a en France, un parti qui est capable de voter 'pour' quand il est d'accord, et dont les membres votent 'pour' ou 'contre' en fonction de leur choix.

À la gauche du PS, ça les agace. Certains y voient un virage centriste de François Hollande. Et à droite aussi, on voit maintenant des députés UMP s'abstenir sur des projets majeurs, comme Bruno Le Maire ou Nathalie Kosciusko-Morizet. Jean-Louis Borloo dit lui de l'accord sur le marché du travail, qu'il s'agit d'un très bon accord.
Voilà à quel point c'est important. Le choix que j'avais fait, c'était de favoriser une évolution de la vie politique française, qu'on arrête avec les guerres de tranchées et qu'on essaye de faire des choses positives. Je crois qu'il y a des évolutions positives, pas toutes, mais celles qui y sont il faut les aider. Et c'est ce que veulent les Français.

Pour revoir la seconde partie de l'interview, cliquez ici.

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