"Se montrer à la hauteur"

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Dans un entretien accordé par Marielle de Sarnez au Télégramme, la députée européenne et vice-présidente du MoDem analyse les crises qui affectent l'Union européenne, revient sur le dossier des réfugiés et la tentation des Britanniques de quitter l'UE.

Le dossier des réfugiés est-il en train de fracturer l'Europe ?

La question des réfugiés est un défi immense lancé à l'Union européenne depuis des mois. Les chefs d'État et degouvernement ont été dans l'incapacité d'anticiper ce qui était absolument prévisible. Le conflit syrien est dans sa sixième année. Cette déstabilisation se produit aux portes de l'UE. Elle est donc en première ligne. Il aurait fallu une anticipation qui n'a pas eu lieu, qui aurait nécessité du courage, de la détermination et de la volonté de la part des dirigeants européens. On ne peut que regretter le temps perdu.

Quelle réponse faut-il apporter à cette crise ?

Il faut d'abord apporter une réponse en Syrie. De ce point de vue, le cessez-le-feu, même provisoire et fragile, est une bonne chose. Il faut que l'Europe pèse bien davantage pour pousser à une solution politique. Sans cela, il n'y aura pas deperspective d'avenir pour la Syrie, et surtout pour les Syriens. Il faut asseoir autour de la table l'ensemble des acteurs. Les acteurs mondiaux (États-Unis, Russie, Union européenne) mais aussi les acteurs régionaux (Arabie saoudite, Turquie et Iran) et trouver une issue politique qui préserve les intérêts vitaux de chacune de ces puissances.

La France doit-elle accueillir plus des 30.000 réfugiés envisagés à ce jour ?

La France doit faire davantage. Pour l'instant, elle est très loin de tenir ses engagements. Elle n'est pas aujourd'hui à la hauteur des enjeux politiques et humanitaires. Le monde, l'Europe, la France, chacun doit faire preuve de solidarité, et prendre sa part dans l'accueil des réfugiés syriens.

Quel jugement portez-vous sur l'attitude réciproque d'Angela Merckel et de François Hollande dans cette crise ?

Pour avancer, l'Europe a besoin du moteur franco allemand. Mais pour que ce moteur fonctionne, il faut être deux ! Sur le dossier des réfugiés, Angela Merkel exerce, contrairement à François Hollande, un vrai leadership qu'il faut respecter. Cela dit, je considère que les chefs d'État et de gouvernement auraient tort de déléguer la gestion de nos frontières, et de notre droit d'asile à la Turquie, qui plus est en lui promettant une adhésion qui irait à l'encontre de l'Europe intégrée et politique que nous voulons.

Faut-il tout céder à David Cameron pour éviter le Brexit ?

On a déjà cédé beaucoup au Royaume-Uni, et ce depuis des décennies ! Il a bénéficié de nombreuses dérogations sur d'importantes politiques européennes. Et la négociation avec David Cameron, ce « petit arrangement entre amis », a ouvert une boîte de Pandore, dans laquelle nombre d'États membres risquent de s'engouffrer demain. Je serais heureuse que le Royaume-Uni reste dans l'Union, mais aux conditions politiques de l'Union européenne, pas pour en abaisser l'ambition. Ce que je crois, c'est que les Britanniques choisiront de rester dans l'Union si les dirigeants européens ne cèdent rien sur le fondde ce qui nous rassemble, prennent les bonnes décisions, et se montrent enfin à la hauteur des défis majeurs qui sont devant nous.

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