Réforme du collège : "Il a été décidé subrepticement par le gouvernement qu'on allait passer en force"

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Au lendemain d'une journée de grève et de manifestations des professeurs, le décret ainsi que l'arrêté portant sur la réforme contestée du collège sont parus ce mercredi au Journal officiel. François Bayrou, qualifiant la manoeuvre de « passage en force », appelle à une manifestation nationale. Sa réaction ci-dessous sur France Inter.

François Bayrou, bonjour. Président du MoDem, maire de Pau - où vous êtes d'ailleurs – ancien ministre de l'Éducation nationale. Vous appelez aujourd'hui les Français à descendre dans la rue contre cette réforme du collège ?

Ce matin un très grand nombre de Français sont absolument indignés par la manœuvre du gouvernement qui a ces dernières semaines, multiplié les assurances en disant « notre porte est ouverte, on va pouvoir discuter, concerter, consulter », alors qu'en réalité c'était uniquement une manière d'endormir l'attention pour passer en force. Or, les questions d'éducation sont des questions sur lesquelles on a besoin de trouver un minimum de certitudes partagées sur le long terme. Il y a beaucoup de Français – enseignants, parents d'élèves, intellectuels, politiques – qui ne souhaitent pas que cela se passe comme c'est en train de se passer.

Bien-sûr François Bayrou, mais est-ce normal qu'un ancien ministre de l'Education nationale appelle à descendre dans la rue pour contester une réforme ?

Je suis un ancien ministre de l'Education nationale qui a souvent assisté à des manifestations dans la rue qui ont trouvé beaucoup de succès. Je parle de cela avec détachement. Il y a des choses qu'on ne peut pas accepter. Ce ne sont pas des décisions réglementaires habituelles. Ce ne sont pas des changements à la marge. On supprime deux choses essentielles pour l'égalité des chances : d'une part, ce qui est des langues vivantes, les classes bi-langues et les classes européennes, et d'autre part, ce qui est de la connaissance de la langue et des piliers d'une culture, on supprime ces deux langues anciennes que sont le latin et le grec enseignées en France depuis quatre siècles.

Sur les langues anciennes, le gouvernement a bien dit que le dossier allait être ré-ouvert.

Le gouvernement ment. Il suffit d'aller voir sur internet le décret et l'arrêté parus aujourd'hui au journal officiel et qui fixent les horaires du collège. On ne voit plus une seule heure qui soit mentionnée pour des langues anciennes, pour du latin ou du grec. Le gouvernement raconte des histoires une fois de plus. On a l'habitude que les gouvernements mentent, mais c'est justement contre cette habitude que les Français ont envie de se révolter et de manifester leur indignation.

François Bayrou, dans votre communiqué de ce matin à l'Agence France Presse, vous avez dit : « l'Éducation nationale mérite mieux qu'un autoritarisme de petit chef ».

Oui, c'est exactement ce qu'il se passe.

Qui sont ces petits chefs ? Najat Vallaud-Belkacem, Manuel Valls, François Hollande ?

Vous voyez bien de quoi il s'agit. Il a été décidé subrepticement par le gouvernement, en cachette, en catimini, dans ces dernières heures que c'était bon, que cela suffisait et qu'on allait passer en force et qu'on ne discuterait plus de ce sujet parce qu'il commençait à déstabiliser le gouvernement et les enseignants qui évidemment, sont une population sensible pour le gouvernement. Mais aujourd’hui, tous sont indignés. Ils ont vu ce qu’il se passait, on leur donnait des assurances et puis finalement on a décidé brutalement de mettre un terme au débat. Ce sont des décisions qui sont trop importantes pour que l’on accepte le caractère irrémédiable, le coup de massue qu’elles représentent. Il y a beaucoup de Français qui sont distraits en face de ces problèmes et qui ne veulent pas que l’on fesse cela ! Car cela va provoquer quelque chose qui est extrêmement évident et clair qui est une discrimination sociale renforcée. Vous croyez que les familles vont cesser de transmettre la maîtrise des langues vivantes ou bien les langues anciennes ? Pas du tout ! Elles vont continuer, pour celles qui en ont les moyens, mais par des leçons privées ou par l’enseignement privé.

François Bayrou, une petite question : est-ce un pari politique que vous faites en appelant les Français à descendre dans la rue ?

Non, cela n’a rien de politique ! Je sais bien que le gouvernement essaie de faire croire que c’est un débat « droite contre gauche » mais tout cela est absurde. Vous avez entendu des intellectuels de gauche célèbres, des responsables politiques de gauche célèbres – Jean-Pierre Chevènement, Jack Lang et puis même Jean-Luc Mélenchon, enfin des sensibilités extrêmement différentes…

Vous souhaitez qu’il y ait une concertation avec d’autres politiques d’autres bords pour organiser une telle manifestation ?

Oui, je souhaite que tous les gens de bonne volonté, à commencer par les associations d’enseignants de ces disciplines – qui après tout sont en première ligne -, les parents d’élèves qui sont indignés, les intellectuels, les politiques se réunissent, qu’ils fassent un groupe de préparation, un collectif, sans que personne n’essaie de prendre la prééminence, sans qu’il n’y ait de récupération partisane parce que, je trouve que ce serait contre-productif pour que tranquillement, largement, aussi nombreux que possible, la nation dise au gouvernement : « excusez-nous, mais nous considérons que vous n’avez pas le droit de nous prendre quelque chose d’essentiel. Vous le prenez à nos enfants, et spécialement vous le prenez à ceux qui, parmi nos enfants, n’ont pas la chance de trouver à la maison ces atouts pour la vie ». L’éducation est quelque chose de précieux promis à tous !

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