Professeurs accusés de ne travailler que 6 mois par an : "Une déclaration insultante" estime François Bayrou

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Alors qu'un certain nombre de personnalités politiques considèrent que les professeurs ne travaillent pas assez, le président du Mouvement Démocrate affiche un soutien sans faille à ceux qui exercent le métier d'enseignant, un des plus "difficiles qui soient".

Pour écouter l'émission, suivez ce lien.

RTL - Bonjour François Bayrou.

François Bayrou - Bonjour.

Si vous étiez ministre de l’Intérieur aujourd’hui, condamneriez-vous les manifestations de policiers non autorisées ?

Je les condamnerais sans doute verbalement mais je les comprendrais ! Il y a aujourd’hui un sentiment d’absence de reconnaissance de la difficulté du travail et aussi probablement de mauvaise organisation du travail. C’est vrai pour les forces de l’ordre mais c’est vrai aussi dans un climat général de la société française pour qui la fonction publique est regardée comme peu estimée, taillable et corvéable à merci. Vous avez entendu ce qu’un certain nombre de personnalités disent des enseignants et professeurs, accusés de ne pas travailler, au fond d’être planqués !

Nicolas Sarkozy mais aussi Alain Juppé et Bruno Le Maire estiment que les enseignants devraient passer plus d’heures au sein de l’école. Êtes-vous d’accord avec eux ?

J’ai entendu hier Nicolas Sarkozy dire que les professeurs travaillaient 6 mois par an. C’est une déclaration insultante et même pas arithmétique. Les professeurs sont censés travailler 180 jours alors en effet si vous divisez 180 jours par 30, vous arrivez à six mois. Mais que je sache, il y a 20 jours de travail par mois ! C’est donc 9 mois ! Et tout ce travail est doublé par les préparations, les conseils de classe, les entretiens avec les parents, les bulletins de classe qu’il faut remplir…

Est-ce un mensonge, une simplification qui vous choque ?

Ce n’est pas seulement que cela me choque, je trouve cela insupportable ! C’est un métier parmi les plus difficiles - policier est extrêmement difficile aussi - mais je veux dire simplement que pas un de ceux qui profèrent ces propos ne tiendrait trois heures devant une classe !

Vous dites à Nicolas Sarkozy « Monsieur l’ancien président, allez donc tenir une classe » ?

Je ne le dis pas sous cette forme parce que je suis trop choqué pour cela. Cela prouverait quelque chose qui serait de l’ordre du sourire. Je dis que ceux qui s’expriment de cette manière n’ont aucune idée de la difficulté de ce métier et parler uniquement des heures de présence devant la classe, c’est comme si on disait que vous, journalistes, n’êtes au micro qu'une heure par jour et que de ce point de vue êtes des paresseux ! Je trouve que c’est un climat de soupçon à l’égard de l’ensemble de la fonction publique dans le pays qui est pour moi irrecevable. Et c’est encore une manière de fracturer le pays !

Vous dites que Nicolas Sarkozy entretient finalement ce soupçon. Faites-vous un lien avec les manifestations de policiers qui défient l’autorité publique ? Y a-t-il une forme d’affaiblissement de l’autorité publique quand on voit des policiers qui vont défier ainsi leur ministre ?

Il y a une société qui se fracture. Dans les fissures de cette société, il y a des comportements qui sont purement et simplement inacceptables et que l’on a favorisés, par exemple par une décision extrêmement grave le jour où l’on a supprimé la police de proximité.

Cela ne s’arrange pas - si vous me permettez l’expression - votre jugement et votre relation avec Nicolas Sarkozy. C’est ce que l’on ressent quand on vous entend.

Excusez-moi, mais on est à un micro d’une radio sérieuse devant une situation sérieuse. De ce point de vue, on a le droit de critiquer des décisions sans être taxé d’obsession. Je ne suis pas obsédé, je vois un pays en train de se défaire dans lequel se sont créés des comportements qui rendent impossible la vie en société. Les forces de sécurité en souffrent, les enseignants en souffrent et au lieu de soutenir ceux qui sont dans cette difficulté, on les critique et on les accuse ! Le rôle d’un responsable de l’État doit être de rassurer ceux qui représentent l’État, de les défendre et de les soutenir et en même temps de penser à la manière dont on reconstruit une société.

C’est un anti-portrait d’Alain Juppé peut-être que vous faites là. 

J’espère bien !

Êtes-vous satisfait que les centristes de l’UDI soutiennent votre candidat ?

J’ai dit depuis longtemps que tous ceux qui se réclament du centre se retrouveraient autour de la candidature la plus proche et la plus compatible. Alain Juppé offre aujourd’hui à la France une chance que probablement elle n’a pas eue depuis longtemps, qui est une chance de construction d’une vie politique nouvelle, dans laquelle nous aurons la chance de sortir du sectarisme dans lequel on vit depuis des années ! Et son choix qui est d’élargir sa base pour associer le plus de forces au pouvoir est juste et prometteur.

Ce qui peut étonner tout de même, c’est que Jean-Christophe Lagarde a tout de suite été associé à la campagne d’Alain Juppé, vous non. Exemple : Alain Juppé vient à Bayonne et à Biarritz samedi et dans le journal L’Opinion je lis ce matin qu’il n’ira pas à Pau. Ce n’est pas très loin, il y a une centaine de kilomètres… Craint-il de s’afficher avec vous ?

Pas du tout. Simplement il se trouve que ce samedi où Alain Juppé vient dans les Pyrénées-Atlantiques, je ne suis pas à Pau. Nous avons un Conseil national du Mouvement Démocrate et j’inaugure l’après-midi une place Jacques Duhamel. Olivier Duhamel m’a demandé de le faire et c’est pour moi très précieux.

Mais vous ne faites pas la campagne physiquement d’Alain Juppé, vous n’êtes pas aux meetings, à moins que vous nous annonciez que vous serez par exemple au Zénith le 14 novembre avec lui sur la scène…

Ma place ou mon rôle dans cette campagne n’est pas de participer de cette manière aux meetings ou aux réunions pour la raison qu’il y a une partie de l’électorat qui sans doute a été en désaccord avec moi dans les années précédentes.

Vous pourriez être un problème pour Alain Juppé !

Je ne suis pas un problème pour Alain Juppé, ceux qui me soutiennent sont une chance pour lui ! Les enquêtes d’opinion disent que 95% de l’électorat du centre en France est prêt à voter Alain Juppé. Permettez-moi de dire que j’y suis sans doute pour quelque chose !

Qu’attendez-vous de lui ? Il a dit qu’il prendrait plutôt une femme comme Premier ministre donc ce ne sera pas vous je pense. Que vous a-t-il promis ? Un groupe au Parlement ?

Il se trouve que je n’ai pas de relations avec lui sur le mode du marchandage, peut-être que cela vous étonne ! Mais je crois moi qu’Alain Juppé qui a choisi de proposer une solution politique nouvelle pour le pays reconnait la force, la présence ou l’impact, de chacun de ceux qui le soutiennent ! Et naturellement, chacun de ceux qui le soutiennent trouvera sa place dans le futur dispositif.

Est-ce que le livre de confidences de François Hollande est un suicide politique ?

Je l’ai lu. D’abord j’ai du mérite parce qu’il est long… Je ne comprends pas très bien ce que François Hollande a fait en recevant pendant des dizaines d’heures des groupes de journalistes pour se faire lui-même l’historiographe des cinq années qu’il a passées à l’Élysée. Je ne comprends pas très bien qu’il n’ait pas exigé de relire les phrases qu’on lui prête. Moi en tout cas, je ne donne pas d’interview sans relire !

Parmi les innombrables révélations, le Président confie avoir décidé au moins quatre assassinats ciblés pendant son mandat, sans doute des djihadistes. Mais « d’autres présidents ont fait davantage » dit-il, comme pour se justifier. Ce qui a valu cette réplique de Jean-Marc Ayrault « Un Président ne devrait pas dire ça est un bon titre ». Est-ce un désaveu du Président par son ancien Premier ministre et actuel titulaire du Quai d’Orsay ? Quelles conséquences cela peut-il avoir ? Cette phrase vous paraît-elle très grave ?

C’est une phrase qui ne devrait pas trouver sa place dans un livre de confidences. C’est une manière d’exposer sur la place publique ce qu’il y a de plus lourd dans la fonction présidentielle et cela ne peut se faire qu’en conscience profonde et sûrement pas être étalé devant les médias.

Ce n’est pas à la hauteur.

Ce n’est pas adapté.

Merci beaucoup François Bayrou.

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