Portrait : Stéphane Robin

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Dans un contexte d'inquiétudes maximales sur le front du chômage, Stéphane Robin nous parle de son implication sur les questions de la création d'emplois locaux : des idées, du bon sens, de l'innovation....un témoignage loin des fatalismes !

Stéphane Robin, vous êtes conseiller municipal et Vice-Président de la Communauté d'Agglomération Saumur Loire Développement, quel est votre parcours politique et les motivations de votre engagement d'élu ?

Engagé aux côtés de François BAYROU depuis 2006 (élu en 2008), Je considère l'idée que l'affrontement entre droite et gauche, que voudrait nous imposer le monde politique est dévastateur tant pour un pays que pour une ville. Depuis 30 les campagnes électorales démagogiques éloignent les français des choix qui les concernent, et nourrissent un sentiment de rejet envers la classe politique.

En France, le chômage est en hausse depuis 21 mois et rien ne semble indiquer un inversement des courbes. Que peut-on faire quand on est un élu local ?

Pour agir localement, il faut partir du diagnostic de territoire. Cette hausse du nombre de demandeurs d'emploi est d'autant plus complexe dans les territoires ruraux enclavés, marqués par le déclin démographique. Le recul de l'emploi industriel frappe de plein fouet et le travail saisonnier, dans un bassin de maraichage et viticole, diminue lui aussi avec une mécanisation de plus en plus présente et le recours à la main d'œuvre d'Europe de l'Est sur ce secteur. Sur notre bassin d'emploi, 80 % des demandeurs d'emploi inscrits à Pôle Emploi sont peu qualifiés (avec un niveau V / CAP ou infra), et sont peu mobiles.

A partir de ces constats, nous avons développé des dispositifs de mobilité géographique, mobilité professionnelle et nous avons engagé le territoire dans une démarche d'innovation pour développer l'emploi peu qualifié. Dans le même temps, nous investissons sur la formation notamment au travers d'un campus universitaire.

Parlez-nous de dispositifs que vous avez mis en place localement,

En termes de mobilité géographique, nous avons mis en place la « conduite accompagnée solidaire », grâce à des accompagnateurs bénévoles, pour aider des personnes en démarche d'insertion à passer le permis, tout en permettant à des passagers demandeurs d'emploi qui doivent se rendre à un entretien ou pour un salarié qui n'a pas de moyen de locomotion, de profiter de ce mode de transport. Ce dispositif est très efficace et peu coûteux : chaque kilomètre est un kilomètre utile. Toujours en offre de mobilité -indispensable en milieu rural-, nous avons mis en place une plateforme « Mobil'Infos » qui répond à la simple demande d'information sur un déplacement, à l'apprentissage de la conduite, jusqu'à la mise à disposition à très bas coûts de véhicules réformés que nous avons sollicités auprès du Conseil Général qui nous les a cédés gracieusement.

En termes de mobilité professionnelle, à titre d'exemple récent et c'est un paradoxe, ici la métallurgie a du mal à recruter faute de candidats. L'enjeu est important, non seulement pour la capacité de nos entreprises à répondre à des marchés et assurer leur activité, mais aussi garantir le passage de compétences avec les départs à la retraite et la perte de savoir-faire qu'ils peuvent entraîner. Nous avons mis ces entreprises autour de la table et pu mettre en place une formation avec leur OPCA (organisme paritaire collecteur agréé). 30 postes à pourvoir ont été identifiés dans l'usinage, la soudure et le réglage. À l'issue d'un forum de recrutement, une trentaine de demandeurs d'emploi sont entrés en formation en début de mois de janvier avec un emploi à la clé. Ensuite, la balle est dans le camp des entreprises pour un contrat de qualification ou une embauche.

En termes d'innovation, à titre d'exemple : nous sommes partis de nos atouts locaux en matière de production agricole qui peut contribuer à développer l'emploi non qualifié. Nous avons mis en place une filière expérimentale de production autour de la Stévia (édulcorant d'origine naturelle, marché en plein essor) réunie en association avec un multiplicateur de plants, des producteurs, un chantier d'insertion, une entreprise d'extraction et un fabriquant de soda... tous implantés dans le Maine-et-Loire. Là aussi, la performance d'un territoire, tient plus à la qualité des relations des acteurs entre-eux, qu'à leurs seules qualités individuelles. Nous avons réunis dernièrement à Saumur tous les territoires qui expérimentent la Stévia en France, avec la volonté de travailler à la mise en place d'une filière 100% française tracée, de qualité, et économiquement viable qui assure une rémunération équitable à tous les niveaux de la chaîne. Avec notre démarche de coopération et d'échanges, si la concurrence demeure, elle est saine et créatrice d'émulation pour aller plus vite alors que d'autres pays s'organisent.

Quoi qu'il en soit, ce qui importe en période de crise, c'est l'accompagnement des demandeurs d'emploi pour accroître l'insertion professionnelle et la protection des parcours avec la mise en place de formations, d'outils spécifiques, qui ne mettent pas les publics devant un échec, mais devant leurs potentiels pour éviter la perte de créativité énorme. Autrement dit, c'est au système de s'adapter à la société, et pas l'inverse.

Vous avez récemment proposé de créer une cuisine centrale à Saumur pour relocaliser la réalisation des repas scolaires. Quels peuvent être les avantages d'un tel équipement ? Cette proposition va dans le sens de créer des « économies de proximité », est-ce l'avenir pour le développement des territoires ?

Le sujet est d'actualité dans de nombreuses collectivités qui reprennent la main (à titre d'information, en moyenne, 61% des établissements de restauration collective fonctionnent en gestion directe et 39% en gestion concédée à des sociétés spécialisées). Actuellement, la ville de Saumur, par voie d'appels d'offres, vient d'attribuer le marché à une entreprise extérieure au département ; or, Saumur est capable de porter un tel projet, sur des volumes accessibles et comparables à d'autres collectivités de même strate.

Concrètement quels seraient les avantages d'un tel projet ?

J'y vois 5 avantages majeurs :

  • Soutien au développement de l'emploi local. Ce serait l'occasion de réfléchir à la mise en place d'un parcours avec un chantier d'insertion;
  • Limitation des transports qui permettrait de réduire l'impact environnemental et les coûts générés ;
  • Soutien aux filières locales de productions agricoles;
  • Réalisation d'économies, comme l'ont mis en évidence les exemples récents à l'échelle de l'agglomération de Saumur concernant la gestion des transports ou encore de la gestion des déchets par la mise en place de Sociétés Publiques Locales;
  • Avoir notre propre établissement permettrait d'avoir la main sur la prestation servie : qualité, éducation alimentaire, mise en place d'évènements en lien avec le territoire et les professionnels locaux.

 

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