Portrait : Pierre Vogt

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Pierre Vogt, conseiller régional de Normandie, se confie sur son parcours politique, sa vision du centre et de la relation avec les citoyens. Il nous parle également d'Europe et de ses ambitions pour la région.

Vous êtes conseiller régional en Normandie. Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre parcours politique ? Qu’est-ce qui vous a conduit à vous engager au service de votre région ? 

Mon parcours politique est d’abord un parcours politique centriste. J’ai été jeune giscardien. J’ai été président d’un club « perspectives et réalité » à l’époque où j’étais plus près de Versailles que de la Normandie, c’était le club de Viroflay, Vélizy et la Bièvre. Puis, j’ai été membre du parti républicain puis de l’UDF. Je suis resté à l’UDF et quand il y a eu scission entre l’UDI et le MoDem, j’ai préféré le MoDem car il correspondait plus à mes opinions, à mes idées. Donc c’est un parcours essentiellement d’adhésion avec parfois des responsabilités mais parfois pas de mandat. Je ne pouvais pas m’engager dans des mandats publics car j’avais et j’ai toujours une profession de conseil auprès des collectivités publiques.

 

Quand et pourquoi avez-vous rejoint le MoDem ? Selon vous, qu’est-ce que le MoDem apporte au paysage politique ? 

Je suis très profondément centriste, j’adhère au projet du MoDem. La première raison est que je suis extrêmement favorable à la poursuite de la construction européenne et je suis très malheureux de voir que cette construction n’avance pas et semble même régresser. Je pense que le MoDem est avant tout le premier porteur du projet européen. La deuxième raison est personnelle, pour moi, François Bayrou a été celui qui a vu un certain nombre de choses avant les autres, il avait la position la plus équilibrée et la plus clairvoyante. La troisième raison est que je suis favorable à une certaine décentralisation, à l’économie de marché légèrement régulée et puis j’ai une certaine fibre sociale qui m’a aussi conduite à rester au centre.

 

À propos d’engagement, vous participez aux cafés démocrates, vous rencontrez des citoyens, vous êtes investi dans votre permanence, quelle place l’engagement citoyen a dans votre conception de la politique ? Et comment concevez-vous le rapport politique/citoyen aujourd’hui, avec le développement des réseaux sociaux ou de la démocratie participative?

Les électeurs sont extrêmement demandeurs de contact, de relation, d’écoute avant tout et on a fait en Normandie une assez bonne campagne régionale sur le terrain en parlant aux gens, en parlant avec des électeurs qui n’allaient pas voter au second tour ou qui votaient Front National au premier tour et qui allaient voter pour nous au second tour. Cela parait curieux car on n’a pas de contact topologique avec le Front National, on est très loin d’eux. On a plus de facilité à convertir un électeur qui vote Front National car il ne sait plus quoi voter, car il vote par protestation - c’est encore un vote de protestation, certes massif – on a au MoDem la chance de pouvoir faire réveiller les consciences de gens qui voteraient Front National autrement. C’est un constat fait durant cette dernière campagne.

Concernant la démocratie participative, j’ai une petite réticence par rapport à ce qui est non réfléchi. Le centrisme en France c’est aussi l’histoire de la démocratie représentative. Historiquement, c’est Mirabeau le premier qui a eu l’idée suivante : si on met la démocratie sur la place publique, on est en danger, la démocratie elle-même est en danger. Et j’y crois toujours. Alors on peut changer de méthode, mais d’une certaine façon les systèmes Facebook, Twitter etc qui conduisent à une démocratie très réactive présentent, un peu, pour moi, un danger. Je suis plutôt réticent à ce qui est irréfléchi. J’entends bien qu’il y a de la démocratie participative. Je crois plutôt au contact, au dialogue, plus qu’aux cris sur l’agora. Le dialogue individuel j’y crois beaucoup car on prend en compte ce que vous disent les gens, on y répond, on infléchit soi-même ce qu’on a l’intention de faire en fonction de cette personne et en fonction du fait qu’on a réellement échangé l’un avec l’autre.

 

Au sein de la région, vous avez choisi la commission de l’Aménagement du Territoire, des Transports et du Développement Durable. Aujourd’hui, avec la loi NOTRe qui donne aux régions plus de poids à travers les schémas d’aménagement, quelles sont vos nouvelles perspectives pour la Normandie ? 

D’abord, si j’ai choisi cette commission c’est car j’ai une certaine compétence dans ce domaine. L’idée est qu’on est là pour travailler et non pas seulement pour représenter. C’est vraiment du travail : rentrer dans le sujet, écrire, rencontrer des gens pour comprendre ce qu’il faut ou ne faut pas. Pour travailler, il faut vraiment être dans un domaine qui nous est familier.

Au sein de cet ensemble je souhaite approfondir un domaine : celui de la mer et du littoral. J’ai systématiquement privilégié ce domaine au sein du conseil régional mais aussi auprès de quantité d’organismes. J’ai privilégié tout ce qui est port, gestion du littoral, transport maritime, gestion de la qualité de l’eau de mer, toutes les questions d’aménagement et d’environnement mais dans un ensemble maritime. Je l’ai fait car j’ai eu le sentiment qu’il fallait une forte ambition maritime pour la région. La Normandie est une région terrestre, connue pour ses atouts terrestres mais c’est avant tout la grande région maritime française. Ce développement est nécessaire pour des raisons liées au territoire, économiques, d’environnement. C’est un énorme enjeu. Donc j’ai voulu créer une cellule, un réseau d’élus à l’intérieur du conseil régional chargés de questions liées à la mer et au littoral.

 

Ainsi avez-vous un autre grand combat/projet qui vous tient à cœur et que souhaiteriez défendre à l’échelon régional ? 

La région doit rester dans son cadre. L’efficacité de l’action publique est avant tout de s’occuper de ce dont on a la charge. La loi NOTRe a supprimé la clause de compétence générale des régions, maintenant la région a des compétences bien déterminées. On peut hésiter mais grosso-modo je ne pense pas que ce soit une mauvaise chose, pour le moment, tant qu’il y a le département à côté de la région. Le grand chantier c’est de faire que cette répartition de compétences soit encore plus claire entre le département et la région car s’il n’y a plus de compétences générales, il y a encore des compétences partagées et ce n’est pas forcément simple. La seconde ambition est de contribuer à la lisibilité de l’action publique car je pense qu’il faut qu’il y ait une parfaite adéquation entre l’action des collectivités publiques, les domaines dans lesquels les élus travaillent pour ces collectivités et les dépenses qui sont faites pour ces domaines car c’est le citoyen qui paye. Je pense qu’il faut qu’il y ait une adéquation entre tout cela et que ce soit clair. On vit dans un système qui n’est pas assez clair de ce point de vue-là. Ce n’est pas seulement un problème de millefeuilles -même si on peut encore simplifier un petit peu – c’est aussi le problème du co-financement, il faut réduire les systèmes de co-financements. Il faut arriver à ce que, lorsqu’un élu fait quelque chose, il en prenne le risque et les engagements qui correspondent et qu’il dise aux électeurs : « écoutez, vous m’avez élu pour faire cela, et bien j’ai fait cela, je me suis attaché à ce qu’il ait une adéquation entre le domaine de compétence, d’intervention, des dépenses etc. » Pour moi cette cohérence est à la base de la démocratie, si vous élisez quelqu’un et qu’ensuite cette même personne s’occupe d’autre chose que ce pour quoi il a été élu, d’autres domaines, alors il n’y a pas de démocratie.

 

Enfin plus généralement, au niveau national ou international, quel est le grand sujet actuel qui vous donne envie de vous mobiliser ? Vous me disiez que vous rentriez de Grèce aujourd’hui …

La Grèce a de gros problèmes. Les grecs font beaucoup d’efforts. Je crois que l’Europe n’est pas à la hauteur de ce qu’on pourrait en attendre, je crois que c’est l’Europe qui devait prendre la tête de la réponse au problème posé. Les migrants, c’est une question face à laquelle on aurait du être capable d’organiser l’accueil sur place et le transfert de ceux qui veulent aller ailleurs. Je trouve qu’on a manqué l’occasion de répondre de façon collective au problème particulier qui est celui des syriens. La réponse collective dans l’histoire existe ! Les européens ont manqué et manquent de quelqu’un qui soit capable de dire : un, on va avoir une réponse globale et deux, on va avoir une réponse qui traite le problème comme une collectivité. Il faut organiser l’ensemble des syriens qui sont là, ils doivent s’organiser eux-mêmes démocratiquement en désignant des représentants, et c’est avec ces derniers que l’on va discuter afin d’organiser les choses avec eux. On n’a pas su faire et pourtant il y avait quelque chose de très intéressant à faire par rapport à des gens qui se trouvent momentanément dans une situation de guerre, dans des conditions difficiles. Notre accueil n’est pas à la hauteur de ce qu’on aurait pu faire. C’est dommage !

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