Portrait : Philippine Laniesse

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Conseillère régionale d'Île-de-France depuis décembre dernier, Philippine Laniesse prend le temps aujourd'hui de nous expliquer les actions qu'elle entreprend au quotidien pour la région et nous livre avec franchise sa conception de la politique. Pragmatique et optimiste, l'élue de 26 ans est à découvrir ici.

Vous êtes élue au Conseil régional d'Île-de-France depuis décembre dernier. Vous avez, avec douze autres élus MoDem, constitué un groupe centriste au sein de la majorité. Selon vous, que doit apporter le Mouvement Démocrate à la région ?

L'accord conclu entre Marielle de Sarnez et Yann Wehrling d'un côté, et Valérie Pécresse de l'autre, l'a été sur une base programmatique. Comme à chaque élection, nous avions d'abord construit un projet synthétisant l'ensemble de nos priorités pour l'Île-de-France. Nous nous sommes finalement entendus avec Valérie Pécresse parce qu'elle a été très à l'écoute de nos propositions et en a intégré un certain nombre dans son programme.

Notre rôle, désormais, est de veiller à ce que cette complémentarité se poursuive sur le fond. Plusieurs sujets sur lesquels la région a un grand rôle à jouer nous tiennent à cœur. Je peux citer la lutte contre la pollution de l'air, l'aide à la croissance des petites et moyennes entreprises ou le développement de l'apprentissage comme voie d'excellence.

À la région comme ailleurs, nous apportons aussi une autre manière de faire de la politique, moins dogmatique. Cela nous permet d'avoir une approche différente sur des sujets sensibles ayant trait à la sécurité, au logement ou à l'éducation, par exemple. C'est ce qu'attendent de nous nos électeurs, mais aussi nos partenaires.

Au sein de cette institution, vous faites notamment partie de la commission du Développement économique, de l'Attractivité et de l'Emploi. Quels sont les grands défis économiques à relever pour l'Île-de-France ?

Ils sont nombreux : construire un écosystème favorable à l'innovation, développer des ponts entre les petites et les grandes entreprises, attirer davantage d'investisseurs étrangers, réindustrialiser l'Île-de-France en se concentrant sur des filières d'avenir (aéronautique, numérique, tourisme, bio-énergie...) etc.

Avec Paris comme locomotive, on pourrait croire que le challenge est aisé, et pourtant... ! La région capitale ne tient pas son rang aux niveaux européen et mondial. Plusieurs indicateurs sont au rouge : un solde migratoire négatif, une forte hétérogénéité des revenus et de l'activité, une huitième place au classement des régions les plus riches d'Europe, une baisse de 25% des investissements étrangers entre 2014 et 2015...

Pourtant, avec 12 millions d'habitants, elle est la première région d'Europe. En France, elle représente un tiers du PIB. Son rôle économique est donc essentiel pour notre pays !

Je ne suis pas pour autant pessimiste. En économie comme pour le reste, on n'a jamais tout essayé ! L’Île-de-France a des atouts innombrables et la majorité au Conseil régional a la détermination nécessaire pour les faire valoir. Après moins de trois mois de mandature, nous avons déjà voté des mesures fortes comme la création d'un Conseil stratégique pour l'attractivité et l'emploi ou la mise en place d'une cellule de veille et d'accompagnement pour les entreprises en difficulté.

Nous n'allons pas nous en contenter, loin s'en faut. Preuve de notre volontarisme, le 21 mars est déjà prévue une grande Conférence sur la croissance, l'emploi, l'innovation sociale et environnementale visant à donner la parole à l'ensemble des forces vives du territoire et à ébaucher de nouvelles pistes d'amélioration.

Vous avez 26 ans. En tant que « jeune » élue, estimez-vous avoir une responsabilité particulière à l’égard de la jeunesse ?

La démocratie n’a de sens que si elle est représentative. Au-delà de la représentativité des courants politiques (pas toujours effective, mais c’est un autre sujet !), il est fondamental que siègent dans nos institutions des femmes, des hommes, des jeunes, des moins jeunes, des représentants de toutes les catégories professionnelles etc.

En revanche, ni les femmes, ni les jeunes, ni les ouvriers, ni les agriculteurs, ni les enfants d’immigrés – par exemple – ne devraient être restreints à ce qualificatif. D’ailleurs, quand ils le sont, c’est trop souvent par souci d’affichage. Pour ma part, je ne prétends pas représenter davantage les jeunes que les autres citoyens.

Donc, rien ne différencie les jeunes élus des plus expérimentés ?

J’apporterais une nuance à ce que je viens de dire... Dans un mandat, chacun apporte sa propre expérience, sa propre façon de voir les choses. Naturellement, la mienne est influencée par mon âge. Je suis très sensible aux enjeux liés au numérique, au développement de l’économie collaborative, ou à l'intelligence artificielle, par exemple.

Être jeune, c'est aussi se préoccuper des enjeux à long terme : difficile de ne pas prédire un bouleversement total de notre modèle dans les prochaines années. Aujourd'hui, qui peut prétendre, par exemple, que notre modèle social n'est pas en danger ? Que le salariat restera éternellement le modèle dominant ? Que nous ne devons pas refonder l'Europe ? Ou, à l'échelle du monde, nier que nous sommes devant une mutation profonde des relations internationales ?

Garder un œil sur les générations futures en se posant ce genre de questions devrait bien sûr être la responsabilité de tout élu, mais peut-être que nous, les « jeunes », pouvons aider à replacer autant que possible ces enjeux au cœur du débat politique !

Mais ne pensez-vous pas que la défiance des jeunes à l'égard de la politique est due au fait qu'ils ne se sentent pas suffisamment représentés ?

En partie, sûrement. Difficile de se reconnaître dans les « barons » que l'on croise dans les couloirs de l'Assemblée nationale et que l'on dépeint à la télévision... Mais la politique, ce n'est pas uniquement ça, loin de là ! Ce sont des milliers d'élus locaux, de terrain, qui se battent dans les communes, les départements et les régions pour faire vivre les territoires, pour faire mieux malgré la baisse des dotations, pour créer de l'emploi malgré le contexte économique lugubre, et pour préserver le vivre-ensemble malgré les tensions.

Je ne dis pas que tous sont à la hauteur, mais beaucoup sont exemplaires dans leur engagement. Et je suis persuadée que la reconstruction du lien de confiance entre les citoyens – notamment les jeunes – et la politique passe aussi par la mise en lumière de l'action locale.

Il faudrait donc faire abstraction de la politique nationale et de ceux qui la font vivre ? Difficile...

Impossible, même ! J'incite à faire la part des choses mais je ne dis sûrement pas ça pour dédouaner les gouvernements successifs, ni les courants majoritaires qui se partagent le pouvoir depuis plusieurs années.

A l'échelle nationale, les politiques ont trop tendance à se regarder le nombril, ou à regarder celui de leurs voisins. La plupart ont du mal à s'adresser directement aux citoyens – sauf à servir des discours démagogiques ou populistes.

En 2007, avant de réaliser le score que l'on connaît à l'élection présidentielle, François Bayrou avait sorti un livre intitulé Projet d'espoir dans lequel, au lieu comme d'autres de rédiger une liste de promesses disparates, il avait bâti un « projet » (le mot est plus fort que « programme » !) qui correspondait à la vision qu'il avait pour le pays. On lui reproche de répéter souvent les mêmes choses. La constance est pourtant l'une de ses qualités premières et, s'il peut s'en prévaloir, c'est bien parce que ses propositions et ses prises de position ne dépendent pas uniquement de la conjoncture, et encore moins de l'opinion. Elles découlent d'une vision forte et cohérente avec en ligne de mire le destin d'un pays et de son peuple !

C'est là la plus grosse lacune de nos gouvernants : pour la plupart, ils ne proposent aucune vision aux Français, ils ne prennent même pas le temps de leur dessiner un avenir. Ils gouvernent ou s'opposent par à-coups. Autrement dit, ils ne savent plus parler d'espoir.

Quelle est l'urgence, alors ?

Elle est d'abord institutionnelle, je pense. Des institutions plus vertueuses découleront la qualité de la représentation politique, le pluralisme nécessaire au débat démocratique, la capacité de bâtir des majorités de projet et, petit à petit, découlera un changement profond de la culture politique dans notre pays.

Sur tous les sujets essentiels au redressement de la France, nous pourrons alors espérer que la confrontation partisane laisse davantage de place au dialogue, aux compromis, en vertu de l'intérêt général.

Bien sûr, rien de tout ça ne se fera en un jour. Raison de plus pour commencer très vite !

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