Portrait : François-Xavier Pénicaud

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François-Xavier Pénicaud, conseiller régional en Auvergne-Rhône-Alpes, président du MoDem du Rhône, et coordinateur du MoDem pour Auvergne-Rhône-Alpes nous confie sa conception de la politique, les raisons de son engagement et ses ambitions pour la région.

Vous êtes conseiller régional en Auvergne-Rhône-Alpes. Pourriez-vous décrire votre parcours politique, et nous expliquer ce qui vous a conduit à vous engager au service de votre région?

C’est une histoire sans fin. J’ai eu une volonté de service. C’est une notion qui fait sens dans ma conception de la vie. Je me suis engagé en politique progressivement, d’abord par des activités associatives que ce soit dans des milieux culturels, syndicaux, de vulgarisation scientifique, pour défendre des conceptions interdisciplinaires, puis progressivement, par l’entreprenariat pour finir par m’engager au Mouvement Démocrate en 2007. Mais je pense qu’il ne faut pas scinder l’engagement citoyen, et l’engagement dans la Cité, dans la vie de notre pays. On peut avoir des engagements qui sont très politiques y compris au travers de nos engagements citoyens du quotidien. 

Quant à ma région je suis né et j’ai grandi en Auvergne, je suis lyonnais d’adoption. Je fais partie des rares personnes qui étaient satisfaites d’un regroupement de régions. Je crois profondément en l’échelon régional comme je crois aux échelons européen et métropolitain. C’est par eux qu’on pourra changer efficacement les qualités de vies de nos concitoyens.

Quand et pourquoi avez-vous rejoint le MoDem ? Selon vous, qu’apporte le MoDem au paysage politique ?

En 2007, je me suis engagé sans m’encarter dans la campagne de François Bayrou et j’ai adhéré au Mouvement Démocrate à sa création. C’était, dans ma démarche citoyenne et au terme de mandats universitaires, un moment où j’aspirais à soutenir et porter une vision plus globale, intégrée, plutôt que sectorielle ou corporatiste. Pour ainsi dire, je n’ai jamais adhéré à aucun autre parti qu’au Mouvement Démocrate. En particulier, je me suis engagé sur ce que j’ai appris à labelliser plus tard comme le « personnalisme communautaire » qui est le principal courant philosophique que porte le Mouvement Démocrate, ainsi que dans cette volonté de dépasser les clivages, construire l’intérêt général et construire un grand rassemblement central. Je me suis engagé dans une volonté de construire une efficacité mais aussi des solidarités entre les différentes parties de la population que ce soit entre les contemporains et ou entre générations. La force avec laquelle le Mouvement Démocrate a porté un idéal de développement durable dans le sens de l’interaction des considérations économiques, sociales et environnementales, avec une volonté que cela se fasse sur le long terme pour l’ensemble de nos contemporains et les générations à venir était quelque chose d’essentiel dans mon engagement. 

Concernant notre famille politique en elle-même. Les conseillers régionaux que nous sommes ont une responsabilité immense par l’exemplarité, par leur travail, de démontrer ce qu’est une politique démocrate d’intérêt général. Ils ont une responsabilité pour porter cette voix non pas simplement dans les assemblées mais mettre cette voix-là au service de notre courant de pensée, en le faisant connaître et en l’incarnant auprès de l’opinion publique. C’est l’avenir de notre famille politique, bien au-delà de 2017, pour le bien de nos territoires, de notre pays, et de notre continent, que l’on doit savoir construire dès aujourd’hui. Je suis extrêmement engagé pour que nous, élus régionaux, prenions nos responsabilités pour l’avenir.

Vous êtes jeune et êtes déjà président du MoDem du Rhône, coordinateur du MoDem pour Auvergne-Rhône-Alpes, vous êtes le symbole du renouvellement de la classe politique, est-ce difficile de se faire une place en politique ? Le renouveau, c’est Pénicaud ? (rire)

Je n’ai pas suffisamment d’égo pour avoir cette prétention ! Je viens avec ce que je suis en essayant de prendre mes responsabilités là où j’ai le sentiment de pouvoir avoir une valeur ajoutée par rapport aux attitudes d’un temps, aux politiques menées, aux personnalités en place. Je priorise mon travail en fonction de ce pour quoi je crois pouvoir apporter une différence, un renouvellement des approches. Mais la nouveauté n’est pas forcément ce qui fonde l’innovation, la jeunesse n’est pas forcément ce qui fonde le renouveau.

Je n’ai « que » 32 ans, mais un parcours militant de plus d’une décennie, fait de succès et d’échecs, de rencontres et d’épreuves, sans mentor ni parrain pour m’accompagner, me conseiller, ou me protéger. Alors oui, j’ai pris des coups et j’ai dû apprendre à les encaisser.

Avant d’occuper les fonctions qui sont les miennes aujourd’hui, j’ai beaucoup œuvré au dynamisme des Jeunes Démocrates, l’organisation de jeunesse associée au Mouvement Démocrate, dont j’ai été le Président national en 2010, 2011 et 2012. Une expérience, soit dit en passant, formidable d’enrichissements humains et intellectuels, même si elle a nécessité de lourds sacrifices personnels et professionnels. J’ai toujours défendu l’idée, et je la défends encore, que nous devions mettre en responsabilités, y compris exécutives, des jeunes, parce que chaque génération vit différemment les évolutions du monde, et qu’on doit savoir responsabiliser des jeunes lorsqu’ils ont encore cette capacité à remettre en question les habitudes, les systèmes établis, les réflexes inconscients que le temps peut produire. Il m’est arrivé d’entendre des propos brutaux du type « tu l’ouvriras quand tu auras un peu plus vécu », ou « les enfants doivent savoir rester au dehors de la chambre des parents », ou « chacun son tour », etc. Il ne faut faire ni jeunisme ni vieillisme. Il faut simplement se poser la question de ce que chaque personnalité, chaque parcours, chaque structure intellectuelle, chaque vécu apporte.

Enfin, quel que soit notre âge, si on veut contribuer à changer le monde, il faut accepter avec humilité et détermination, d’inscrire son engagement dans le temps long.

On parle souvent de vous comme étant « le philosophe » du MoDem, vous avez enseigné à la faculté de Sciences du Langage à l’université de Lyon, pour vous, ce statut « d’intellectuel » est-il une valeur ajoutée en politique ?

J’assume une conviction, tout jeune élu que je suis : on ne produit pas de pensée solide si elle ne s’enrichit pas de la pensée des autres. Et cette pensée, à l’échelle de l’humanité comme à l’échelle de la vie publique, remonte à loin. Un responsable public doit bien sûr, c’est crucial, être à l’écoute de ceux qui l’entourent dans son environnement immédiat, aller sans cesse sur le terrain, à l’écoute de ceux qui en bas de chez lui font vivre sa rue, sa ville, son territoire, son métier,… mais il a la responsabilité de prendre du recul sur l’immédiateté et confronter son sentiment immédiat à l’exercice périlleux de la remise en question.

Alors s’il est arrivé qu’on me prête cette démarche d’exigence et de recherche de vérité qu’est celle de la démarche philosophique, alors je le prends comme un compliment.

Mais c’est aussi une critique. Car l’intellectuel risque de perdre pied à la réalité, à ces petites choses qui dans le quotidien d’un artisan, d’un agriculteur, d’un chef d’entreprise, d’un parent, d’un étudiant, lui empoisonnent la vie ou lui font entrevoir des raisons simples d’espérer.

Et puis quand on vous qualifie d’« intello » c’est généralement qu’on ne comprend rien à votre charabia ou que vous êtes barbant à mourir… ce n’est pas un atout ! (rire)

Vous faites partie de la commission « Formation Continue et Apprentissage », quelle est, selon vous, la priorité dans ce domaine à l’échelon régional ?

Je crois que c’est de préparer nos dispositifs d’emplois à faire face à la réalité du monde du travail du XXIème siècle. Je pense que c’est doter notre région d’outils et de dispositifs que ce soit de formation initiale continue qui prépare notre population à reconquérir son avenir économique, à reconquérir des solidarités et je crois que vraiment avoir des outils de formations efficaces et ambitieux, accessibles au plus grand nombre pour reconstruire de l’égalité des chances, reconstruire de la solidarité des territoires, pour avoir un peuple capable de partir à la reconquête de ses outils productifs et son avenir, c’est l’enjeu auquel je vais essayer de m’atteler. C’est pour cela que je me suis engagé dans des commissions qui permettent de travailler là-dessus, que ce soit la commission enseignement supérieur/innovation ou la commission formation continu/apprentissage. C’est aussi pour cela que j’ai demandé à représenter le Conseil Régional dans les conseils d’administration et pédagogiques de près d’une quarantaine d’organismes de formation, CFA, universités, lycées, etc.

Derrière ce sont des enjeux extrêmement importants. N’oublions jamais que le savoir est un outil d’émancipation des personnes. Le savoir est la première clef de la liberté. J’aime aussi à rappeler qu’au MoDem nous sommes « démocrates » au sens très particulier, marqué en introduction de nos statuts, de promouvoir une organisation de la société « visant à élever à son plus haut niveau la conscience et la responsabilité des citoyens ». Derrière l’enjeu d’une société de la connaissance, se cache l’enjeu d’une société de la démocratie.

Avez-vous un autre grand combat/projet qui vous tient à cœur et que souhaiteriez défendre à l’échelon régional ?

La proximité de l’action publique. Le risque est immense que ces nouvelles régions, mastodontes démographiques, économiques et administratifs, éloignent le décideur du citoyen. La bonne distance entre l’élu et le citoyen, c’est « à portée d’engueulade ». La région Auvergne-Rhône-Alpes c’est 8 millions d’habitants, la taille de la Suisse, le PIB de la Finlande… on voit bien l’enjeu qui est derrière. Nous devons complètement repenser le rôle du conseiller régional, qui doit à la fois garder une expertise thématique et savoir se territorialiser. Nous devons aussi complètement repenser notre façon de travailler avec les autres collectivités et la façon d’organiser nos travaux sur le territoire au quotidien !

Si nous ne le faisons pas, non seulement nous serons inefficaces, mais nous renforcerions le sentiment d’une démocratie qui se fait sans le peuple. Nous n’avons pas le droit à l’erreur.

Est-ce qu’au niveau national il y a un sujet d’actualité qui vous intéresse? La réforme du Travail par exemple?

En ce qui concerne la réforme du code du travail, je pense surtout qu’il est essentiel qu’on fasse travailler sur cette réforme des personnes qui le vivent à différents échelons, du niveau de l’artisan, du commerçant, de l’agriculteur, au patron de grand groupe ou à l’ouvrier manutentionnaire. Des personnes qui ont une connaissance du réel. Ce qui n’empêche pas d’y associer des théoriciens.

Il faut aussi – et ça me semble crucial – qu’on puisse travailler avec ceux qui dans les nouvelles générations de travailleurs ressentent l’évolution du monde du travail et des conséquences de ces évolutions de façon la plus flagrante. Aujourd’hui il existe une mobilité, et une flexibilité dans le monde du travail dont il a été décrété sans l’avouer que cela se transformerait en précarité pour une génération tout entière. Génération qui – c’est l’une des conséquences – peine de plus en plus à construire des foyers familiaux.

Un des grands enjeux des temps à venir c’est comment on construit un système qui permet d’accompagner cette mobilité dans le monde du travail pour en faire une force et pas quelque chose que l’on subit. Tant que ce sera quelque chose que l’on subit, on le fera subir prioritairement à la partie de la population à qui on sera en mesure d’imposer ces réalités-là. C’est quelque chose qui n’est ni acceptable, ni efficace, parce que c’est toute notre économie qui en pâti. Les questions posées par le gouvernement ne sont donc pas toutes mauvaises, loin s’en faut. C’est la méthode de travail qui est catastrophique. En conséquence, les réponses apportées ne pourront pas être durables, ni même viables pour certaines !

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