"Plan Vigipirate : ce qu'il faut, c'est bâtir une défense civile"

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Le président du MoDem, François Bayrou, a estimé dimanche qu'il fallait "organiser différemment" le plan Vigipirate, et bâtir "une défense civile" avec notamment des réservistes, dans une interview au "Brunch politique" de Sud radio.

Pour ré-écouter le "Brunch politique" de Sud Radio, suivez ce lien.

Bonjour François Bayrou.

Bonjour. Bienvenue à la mairie de Pau.

C’est un brunch politique spécial en direct de Pau. Justement tout d’abord, un mot d’une belle victoire hier en rugby pour Pau qui remonte dans le Top XIV, Pau, champion de France en pro D2 !

Oui, c’était très émouvant. Vous savez, il n’y a que le sport qui puisse faire cette rencontre des générations, qui fait que les petits garçons et les grands parents et même les arrière-grands-parents – hier le plus âgé du stade avait 90 ans et c’était un ancien dirigeant de la Section – partagent la même joie. Évidemment pour moi c’était formidable car la dernière fois que la Section paloise a été championne de France, c’était le jour anniversaire de mes 13 ans et on a passé mes copains et moi cinq semaines habillés en vert et blanc. Donc un demi-siècle après, Pau retrouve un bouclier de Brennus, même si ce n’est pas encore le plus grand – comme on dit pour le titre de champion de France de rugby. Et puis Pau retrouve la division suprême, le Top XIV et pour moi en première année de mandat c’est formidable. C’est d’autant plus formidable que nous travaillons beaucoup avec les dirigeants du club sur ce que sera la figure du stade plus tard et sur ce que nous allons faire ensemble pour que la ville ait le rayonnement qu’elle mérite dans le domaine sportif aussi.

C’est toujours formidable pour un politique d’avoir des victoires sportives. François Bayrou, nous allons revenir sur cette cyber-attaque dont a été victime cette semaine TV5 Monde. Fleur Pellerin a parlé d’un véritable acte terroriste contre la France. La France est-elle assez cyber-protégée ?

Je pense qu’i y a encore beaucoup de travail à faire. C’est la vieille métaphore, la vieille comparaison entre le bouclier et l’épée. On invente toujours des boucliers nouveaux et toujours il y a des risques pour que les armes les plus offensives se renouvellent et que l’on soit un peu désarmés en face de celles-là. Alors prendre le contrôle du serveur central d’une télévision, c’est grave mais ce n’est pas le pire. Simplement, cela laisse s’interroger sur ce que pourrait être le pire, c’est-à-dire des prises de contrôle sur des équipements très importants : des centrales nucléaires, des aéroports, des tours de contrôle.

Cela vous inquiète ? Vous le craignez ?

Non, je pense qu’il ne faut pas vivre dans la peur car si vous vivez dans la peur vous êtes morts. Mais ce n’est pas une raison pour ne pas réfléchir, pour ne pas se protéger et ne pas être au premier niveau mondial dans ce genre de lutte.

Le gouvernement a annoncé dans la foulée le recrutement de 500 experts. On a l’impression d’une mesure d’urgence…

Oui, comme souvent pour les gouvernements, on a l’impression qu’ils réagissent plus qu’ils n’agissent et puis quand on revient quelques mois ou quelques années plus tard, on n’est pas sûr que les choses aient réellement changé. Les gouvernements qui annoncent trop et ne font pas assez commencent à lasser l’opinion.

La menace avait-elle été sous-estimée ?

Je ne pense pas qu’elle ait été sous-estimée mais on pense simplement que la menace est toujours pour les autres alors que désormais, un pays comme la France doit penser que la menace est pour elle aussi !

Justement la menace est physique aussi. Dans nos rues, le plan vigipirate, faut-il le diminuer ?

Je pense qu’il ne faut pas le diminuer mais je pense depuis longtemps – c’est un jugement personnel – qu’il faut l’organiser différemment. On prend des militaires, des officiers qui sont très formés, et on les fait patrouiller des les rues. C’est un gaspillage absurde ! Dans le même temps, on se plaint que l’on n’a pas assez de postes de militaires. Je vais prendre un exemple : vous savez que Pau est la base armée d’hélicoptères la plus importante d’Europe. C’est aussi la base des troupes aéroportées et bientôt ce sera l’école européenne des troupes aéroportées. On a ici une tradition d’aviation militaire qui est très importante. Dans cette base, dans ces régiments, dans cette école, on prélève des officiers formés à la maintenance ou au pilotage des hélicoptères pour aller faire des patrouilles dans une gare ! C’est un gâchis. Ce qu’il faut, c’est bâtir une défense civile, c’est-à-dire qu’il y ait des réservistes ou des personnes engagées dans une défense civile, qui n’ont pas besoin d’avoir le niveau technique de formation d’un artilleur, du servant d’une pièce extrêmement compliquée, d’un informaticien ou d’un pilote d’hélicoptère de combat pour protéger les rues, patrouiller et ouvrir l’œil ! Vous voyez qu’il y a une espèce de désorganisation complète. C’est anormal de confondre les missions à ce point. Je dois dire pour être tout à fait complet que parfois même les responsables militaires ne voient pas le hiatus que cela représente ! En tout cas pour moi, ce n’est pas comme cela que l’on pourra durer.

Ils n’ont surtout pas le choix au vu des budgets qui sont alloués à la défense…

Non, non ! Vous ne m’avez pas compris. On a les budgets mais on gâche les postes ! Parce que ces postes ils existent, ils sont payés comme des techniciens ou des ingénieurs de très haut niveau et on les envoie faire des patrouilles dans les rues. Ce n’est pas leur fonction, c’est un gâchis. On pourrait garder le même budget en mettant en place – je le demande depuis longtemps – une défense civile en France (une garde nationale comme cela existe aux Etats-Unis) qui elle aurait la charge d’ouvrir l’œil et de patrouiller sur les sites sensibles. Vous voyez que vous avez là un renouvellement de la pensée sur l’organisation de notre État !

Une défense civile, cela veut dire quoi ? Ce sont les forces de l’ordre ?

Oui, c’est-à-dire dont la mission n’est pas de combattre sur les champs de batailles – ça, c’est le rôle de l’armée – mais qui est au contraire de surveiller les sites sensibles, de s’assurer que la sécurité intérieure est maintenue et vous voyez que ce n’est pas du tout la même mission !

Mais il faut quand même créer des emplois.

Oui, mais cela coûte beaucoup moins cher de créer des emplois comme cela - de garde nationale - que des emplois de spécialistes ultra pointus, qui ont passé des années à se former et que l’on utilise à autre chose.

Les policiers aussi sont réquisitionnés. D’ailleurs les forces de l’ordre sont à bout, surexploités. Les syndicats tirent la sonnette d’alarme. Est-ce que vous craignez le pire ?

Non.

On voit qu’il y a des agressions, encore vendredi à Orly…

Je pense que nous sommes dans une société qui a d’extrêmes tensions à l’intérieur. Nous sommes dans une société dans laquelle la confrontation entre les forces de l’ordre et les citoyens est parfois dure. Imaginez ce qu’entendent les personnels qui mettent des PV. Ils se font insulter ! C’est l’état de la société. Et entre nous, c’est l’état de la société depuis longtemps ! Il ne faut pas multiplier les jugements de craintes et de peurs. Il se passe des choses graves mais il s’est toujours passé des choses graves !

François Bayrou, demain est examiné le projet de loi sur le renseignement à l’Assemblée nationale. Y êtes-vous favorable ?

Précisons. Je suis favorable à ce que l’on donne à ceux qui sont chargés de défendre le bien public et la sécurité collective des armes pour se défendre. Surtout en face de ce terrorisme qui est épouvantable pour nous tous, y compris épouvantable pour les familles de ceux qui se sont fait embringuer dans cette horreur. Donc c’est une crainte et une menace pour tout le monde.

Y compris si cela limite nos libertés individuelles ?

Y compris si cela limite nos libertés individuelles, à condition qu’il y ait l’intervention d’un juge. Si j’étais au Parlement dans ce débat-là, la question pour moi ce serait de protéger et de renforcer le rôle du juge – y compris les juges anti-terroristes qui ne sont pas timorés, qui ne sont pas des gens qui ne voient pas le risque. Il y a un grand principe des sociétés démocratiques dans lesquelles heureusement nous vivons, mais qui sont agressées et qui doivent se défendre : oui, il est nécessaire parfois de limiter les libertés individuelles ou de ne pas se laisser arrêter par la proclamation des libertés individuelles pour protéger la société. Mais cela doit se faire sous le contrôle du juge. C’est un juge qui doit être là pour garantir que l’on ne va pas dans les excès. Si je participais demain au débat, ma ligne de conduite serait celle-là.

L’une des mesures les plus polémiques, c’est la mise en place de boîtes noires chez tous les fournisseurs d’accès à internet français, pour permettre un algorithme et détecter des comportements suspects. On est dans la traque du citoyen ?

Ce n’est pas du tout la traque du citoyen. Ce sont d’épouvantables abus. C’est comme si vous disiez « mettre des feux rouges aux carrefours, c’est la traque de l’automobiliste », ce serait stupide et donc vous ne le diriez pas. Je maintiens que l’on doit avoir des protections et que l’on ne doit pas se laisser abuser par des arguments fallacieux, mais on doit avoir des protections à condition que l’on ait la garantie du juge.

En tout cas pour le moment, les hébergeurs internet français menacent de quitter la France si cette loi est votée en raison de cet amendement justement.

Qu’ils se tournent vers les Etats-Unis et qu’ils regardent ce qu’il s’y passe. En tout cas je trouve que ce sont des arguments qui sont fallacieux.

François Bayrou, le projet de loi Santé, la généralisation du tiers payant, est-ce que vous comprenez la colère des médecins ?

Je comprends et je trouve que le gouvernement devrait se creuser la tête pour essayer de comprendre ce qu’il se passe. Dans la vie, les questions symboliques et quelques fois les humiliations symboliques sont plus importantes même que des humiliations physiques. C’est une grande émotion chez beaucoup de médecins pour une raison toute simple : ils étaient totalement ouverts et ils pratiquent tous les jours le tiers payant pour les personnes en difficulté économique et cela ne les dérange pas. Sauf que parfois ils ont beaucoup de mal à se faire régler, et cela fait de la paperasse. Mais dire « désormais tous les actes médicaux que vous ferez, ça vaudra un euro », d’une certaine manière, c’est une dévaluation de leur pratique ! C’est comme cela qu’ils le vivent et qu’ils le ressentent ! Et cela est fait avec beaucoup de mépris : on dit « on passe », « on n’écoute pas ». Il y a dans la fierté du métier quelque chose chez les médecins atteinte depuis longtemps, depuis longtemps mise à mal et ils auraient besoin que l’on entraîne vers une réévaluation de leur métier plutôt qu’une dévaluation. Ce sont des études épouvantablement difficiles, ce sont des concours extrêmement rudes.

Et en même temps François Bayrou, un quart des Français reconnaissent ne pas aller chez le médecin en raison de son prix.

Je trouve que les médecins ont raison de se sentir mal en face de ces affirmations. Je pense qu’en France on a une sécurité sociale de très haut niveau. Je pense qu’il y a deux sortes de dépenses médicales : il y a des dépenses médicales quotidiennes – le rhume, la grippe, l’otite – pour lesquelles il n’y a pas de mal à demander que le patient avance ses dépenses et qu’il soit remboursé ensuite. En tout cas, ça veut dire que ce que fait le médecin a une certaine valeur et les médecins se sentent dévalorisés si désormais on leur dit « ça vaudra un euro ».

Dans ce projet de loi Touraine, il y a également le don d’organes. Les proches du défunt ne seront plus qu’informés du don d’organes. Les députés ont donc voté l’amendement sur le consentement présumé aux dons d’organes.

Ce sont des sujets si douloureux… On a tous dans nos familles des gens qui ont malheureusement traversé cette épreuve. Je pense qu’il faut laisser réfléchir les autorités éthiques.

Et la suppression du délai de réflexion de sept jours pour une IVG ?

Tout cela, vous voyez bien que ce sont des sujets qui touchent à l’idée même que l’on se fait de la vie, de la mort et je préfère que ce soit les autorités éthiques qui s’en chargent plutôt que d’en faire des chevaux de batailles politiques.

Mais toujours est-il que c’est le politique qui le vote à l’Assemblée nationale…

C’est le politique qui le vote, parfois consensuellement, d’autres fois pas. J’étais par exemple très frappé, très heureux d’avoir voté la loi sur la fin de vie qu’avait présentée Jean Leonetti, que l’on avait votée à l’unanimité à l’Assemblée nationale et qui reposait sur un principe simple et que je crois d’actualité : on ne donne pas la mort, mais on ne prolonge pas la vie indûment contre la volonté du malade ou de sa famille, s’il n’y a pas d’espoir de le sauver. Je trouve que l’on avait là un axe, un principe politique qui me paraissait juste.

Et sur la suppression du délai de réflexion de sept jours pour l’IVG ?

Je vous ai dit : je préfère que les autorités éthiques travaillent sur ce sujet.

Donc vous ne donnez pas d’avis.

Non, mais je voudrais que vous n’en parliez pas légèrement. L’IVG c’est pour beaucoup de femmes quelque chose d’extrêmement lourd – d’autres non – et pour moi cela doit être traité dans la profondeur éthique de ce jugement, pas dans la légèreté des prises de position politiques.

On va parler éducation nationale avec ce projet de réforme du collège en 2016 présenté vendredi devant le conseil supérieur de l’éducation. La suppression de l’enseignement des langues anciennes, le latin et le grec…

C’est criminel ! Pourquoi ? Parce qu’en réalité, c’est un déni d’égalité des chances. C’est une attaque frontale contre le caractère de promotion sociale de l’école qui permet à certains enfants d’échapper au poids des difficultés familiales, des difficultés des milieux d’origines. Je vais prendre un exemple : ce qui fait la différence – et vous le savez bien c’est votre métier – de reconnaissance, d’influence entre deux personnes du même âge et de la même origine, c’est la langue ! C’est d’ailleurs ce que vous faites là et ce que je fais là.

C’est la connaissance.

Non, c’est la langue. Parce que la connaissance s’exprime au travers d’une langue et d’ailleurs la connaissance se reçoit au travers de la langue. Et il n’y a rien de plus précieux pour recevoir une langue, pour découvrir une langue, pour savoir ce que les mots veulent dire et donc pour être respecté quand vous vous exprimez, que de faire ce chemin qui n’est pas du tout difficile, qui est intéressant, qui est d’apprendre que les langues ont une histoire, qu’elles ont des racines, que par exemple toutes les langues du sud-européen viennent du latin…

Justement il y a la création des EPI. Les EPI ce sont les « enseignements pratiques interdisciplinaires ».

Ce sont des blagues ! L’enseignement au collège est un enseignement d’abord disciplinaire. Alors on crée des sigles qui ne représentent rien pour personne, mais la vérité c’est que l’on supprime ces enseignements. Or pour quelqu’un qui vient d’un milieu socialement et culturellement moins favorisé que les autres, comment le sort-on de l’ornière ? En réalité, ce type de décision est très simple : cela veut dire que ce sont vos enfants – parce que vous êtes journaliste - qui auront la chance de maîtriser ces armes et de profiter de ces bagages-là.

C’était déjà le cas avant, c’était en option le latin et le grec ?

Oui, mais c’était une option offerte à tout le monde. C’est moi comme ministre de l’Éducation qui ai placé cette option en cinquième et le grec en troisième. Je l’ai fait pour une raison très simple : si vous regardez le parcours de ceux qui ont accès à cette reconnaissance, alors vous verrez que dans bien des cas ils ont fait des études qui leur ouvrent cette chance ! Moi, qui suis un fils de paysan au pied des Pyrénées – tous mes copains étaient filles ou fils de garde-barrières ou d’ouvriers - tous mes amis qui ont fait leur chemin dans la vie, ils l’ont fait parce qu’ils ont eu cette chance incroyable que l’éducation nationale nous offre ce qui était réservé aux seuls privilégiés. La décision qui vient d’être prise par le gouvernement est très simple : désormais ces enseignements précieux, ces clés du savoir qui ouvrent toutes les portes, elles seront réservées aux seuls privilégiés, aux leçons particulières et aux établissements privés. C’est dégueulasse, vous m’entendez ! J’emploie des mots forts que je n’ai pas l’habitude d’utiliser. C’est une atteinte et un déni. Et donc on doit s’émouvoir et s’opposer à cela. Pour moi, c’est une des décisions qui font que ce gouvernement trahit l’espoir que beaucoup de Français avaient pleinement ou en partie mis en lui.

La suppression des classes bilingues ou européennes, jugées trop élitistes, est-ce pareil ?

C’est la même chose.

C’est le nivellement par le bas ?

C’est le nivellement par le bas, et c’est surtout réservé à un petit groupe de privilégiés ce qui leur permettra de perpétuer leur situation sociale. Mais ce n’est pas neuf ! Nicolas Sarkozy avait voulu pour le latin et le grec faire la même chose ! Il l’avait annoncé dans une interview. C’est une des raisons pour lesquelles je me suis opposé à lui. C’est continu ! Peut-être que ceux qui prennent des décisions le font de manière légère et ne s’aperçoivent pas des conséquences, mais c’est continu ! Cela veut dire que ce qui était la prodigalité républicaine – « je vais offrir la même chance à tous d’accéder à la maîtrise de l’intelligence, de la langue c’est-à-dire à l’émancipation » – devient ruinée par des gouvernants qui se font les relais de la conservation des privilèges.

La deuxième langue vivante dès la cinquième au lieu de la quatrième, est-ce une évolution ?

C’est peu important, surtout que ça se fera en prenant des heures à d’autres classes ! On prendra des heures en troisième ou en quatrième, ou à l’enseignement bilingue, ou au lycée ou aux classes européennes pour alimenter ces heures-là. Et franchement je vous assure que pour un élève qui ne sait pas lire ou qui a du mal – 30 % sont dans ce cas – mettre une langue vivante en sixième qu’il a dû découvrir depuis l’école primaire – en tout cas c’est la décision que j’avais prise et mise en place -, vous lui mettez une deuxième langue en cinquième, vous croyez que cela va le sauver ? Je ne le crois pas du tout.

François Bayrou, le rapport sur le gaz de schiste sitôt publié, sitôt mis à l’écart. Le regrettez-vous ?

Je ne sais pas ce que ça veut dire de mettre à l’écart un rapport.

Ségolène Royal a déclaré juste après la publication du rapport : « rien à cacher, les gaz de schiste ne sont plus d’actualité ».

Ségolène Royal fait de la politique à l’égard des Verts mais essayons d’avoir un minimum de bon sens. À Pau, vous savez, il y a un des plus grands centres de recherche du monde en géosciences (les sciences du sous-sol). J’en parle donc en connaissance de cause pour en avoir beaucoup parlé avec des scientifiques. Il y a une question toute simple : on a une préoccupation qui est de savoir si oui ou non l’extraction de ces gaz qui sont l’étape précédant la formation du gaz dont nous nous servons, du gaz naturel, et qui sont contenus dans les roches de nos sous-sols. Est-ce que l’on peut l’extraire et est-ce qu’il est bon de l’extraire ? Est-ce qu’il y a des dangers pour l’environnement ou pas ?

Selon ce rapport, il y a une manière non-polluante de l’extraire.

Alors allons au bout de ce raisonnement. Une fois que l’on dit « il y a une question », un gouvernement démocratique, équilibré et à peu près d’aplomb dans sa tête, dit « on va faire des études scientifiques, et on va faire des expérimentations et on va voir ». Quand on a une question de société comme cela et que l’on peut avoir une réponse scientifique, et bien on tient compte de la réponse scientifique. On lit les rapports, on les soumet au débat public, éventuellement s’il y a lieu on accepte les expérimentations parce que je vais vous faire une confidence : il est possible qu’il n’y ait pas de gaz de schiste en France ! On ne sait pas puisque l’on refuse d’aller voir. Par exemple, de gros investissements avaient été faits en Pologne et puis on s’est aperçu qu’il n’y avait pas de gaz de schiste. Et les investisseurs ont retiré leurs souhaits d’aller de l’avant. On ne sait pas et moi je préfère que l’on sache.

120000€, 120 000 à 225 000 emplois, un siècle de consommation de gaz en tout cas. Ce sont les perspectives du rapport. Donc vous êtes favorable à l’expérimentation.

Je suis favorable à ce que l’on tienne compte des rapports scientifiques.

François Bayrou, 36 rafales vendus à l’Inde, une annonce surprise après 24 rafales vendus à l’Égypte en février. Est-ce une victoire pour François Hollande ?

En tout cas, il y a travaillé et il est juste de le dire qu’il a obtenu des résultats, peut-être pas aussi importants que ceux qui étaient espérés, on verra dans le futur. C’est une victoire pour Dassault qui est une grande entreprise et c’est un avion que je crois tout le monde salue comme étant un très bon avion. Oui, je trouve que c’est un succès ou un début de succès pour la France.

Il faut se réjouir lorsque la France vend des avions de combat ?

Dans un monde idéal, dans le monde dont on rêve, on préférerait vendre autre chose que des avions de combat et du matériel militaire. On préférerait inventer des moteurs révolutionnaires, faire que la production d’hydrogène devienne facile, être bienfaiteur de l’humanité, inventer des vaccins. On le fait tout ça ! Ici à Pau, on fabrique un sur deux des moteurs d’hélicoptères qui volent dans le monde en dehors de l’armée chinoise et américaine.

Et ça fait des emplois en France.

Chez nous, ça fait 5000 emplois, et des emplois de haute gamme, des emplois d’ingénieur. Donc bien sûr que l’on préférerait que l’on ne soit pas fort dans la catégorie des armes de guerre mais le monde hélas est ce qu’il est et le premier devoir d’un citoyen, le premier devoir d’un responsable politique, c’est de porter un idéal tout en étant conscient, en ayant les yeux ouverts sur le monde comme il est.

François Bayrou, est-ce la guerre avec Nicolas Sarkozy ?

Qu’est-ce que vous voulez dire par là ?

Il en a remis une couche ce matin dans le JDD…

Oui, alors que Nicolas Sarkozy fasse tous les jours des déclarations qui sont de plus ou moins bon goût, j’essaie d’avoir une expression modérée…

Vous parlez de la comparaison au virus du SIDA.

De plus ou moins bon goût… Des comparaisons qui sont parfois choquantes, des accusations perpétuelles… C’est le problème de Nicolas Sarkozy, ce n’est pas le mien ! Alors on devrait se poser la question de savoir pourquoi il est à ce point obsédé par ce que je dis, ce que nous disons, ce que je propose, ce que nous proposons, et par notre place au centre de l’échiquier politique français. Alors je vais vous donner la réponse : il est dans cette obsession parce que nous sommes indépendants ! C’est-à-dire que nous avons la faculté, la liberté, la capacité au sens étymologique du terme, de dire ce que nous voulons pour l’avenir de la France et de pas nous laisser enfermer dans la soumission à ce que d’autres veulent.

Vous lui faites peur ?

Je ne sais pas, je ne veux pas dire ce genre de choses. J’essaie de ne pas être dans la caricature alors qu’il l’est. Je ne suis pas dans une obsession de Nicolas Sarkozy. La seule chose que je sache c’est que l’attitude perpétuelle qui consiste à répandre de l’agressivité au sein du débat politique, à passer son temps à monter des catégories de Français les uns contre les autres, l’air de rien, sur les cantines scolaires et les menus que l’on offrirait ou non, et sur le voile à l’université, ces obsessions ne rendent pas service à la France. Et de surcroit, le fait d’être perpétuellement en guerre contre d’autres responsables politiques en les insultant, ce n’est pas une bonne chose. Moi je ferai tout pour que la France ait des dirigeants, des responsables politiques qui puissent écouter même ceux qui ne sont pas d’accord avec eux, qui puissent entendre des réserves et même des critiques. La France n’est pas la propriété de la droite contre la gauche ou de la gauche contre la droite, la France est une unité ! Moi je servirai cette unité et je ne servirai pas la division, les agressions, les offenses et les insultes de toute nature.

Vous dites que vous serez libre d’être candidat si Alain Juppé ne gagne pas la primaire.

J’ai construit une démarche politique pour être libre. Si c’est Alain Juppé qui gagne la primaire, avec le travail que nous ferons ensemble, je soutiendrai Alain Juppé. C’est simple : il n’y a aucune hésitation. J’ai bâti une liberté pour une raison profonde : il manque une proposition politique à la France. Les gens qui disent « je me présente pour que l’on batte la gauche » ou « je me présente pour que l’on batte la droite », ça ne m’intéresse pas ! Ce qui m’intéresse c’est de se présenter pour que le pays retrouve un horizon, un espoir, une manière de voir l’avenir. Vous voyez que ce n’est pas du tout la même chose ! Ça fait des années que l’on nous oblige à voter contre. Nicolas Sarkozy a dit ce matin « je ne veux pas qu’il y ait un combat Hollande / Le Pen ». Je veux ajouter que des millions de Français dont je suis ne veulent pas qu’il y ait un combat Hollande / Le Pen et ne veulent pas qu’il y ait un combat Sarkozy / Le Pen. C’est quand même cela qui constitue en nombre, en force, en volonté de servir le pays, un groupe – j’allais même dire une armée - qui dans le jeu politique aujourd’hui est je crois majoritaire, en tout cas peut l’être ! Et je ferai tout pour qu’elle le soit. Moi je voudrais que beaucoup de Français veuillent qu’il y ait une proposition nouvelle pour que la France soit dans quelques années mieux armée, plus unie, plus heureuse, plus gaie, plus joyeuse, qu’elle ne l’est aujourd’hui.

Vous êtes déjà en campagne.

Non, je ne suis pas en campagne, je vous dis ce que je pense comme citoyen ?

Avec la perspective d’un rêve.

Oui c’est un rêve pour la France.

C’est un rêve de campagne. Merci François Bayrou d’avoir accepté de répondre à nos questions.

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