Amélioration de notre sécurité : "Il y a des sujets qui échappent à la question de l’alternance"

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François Bayrou a affirmé ce matin au micro de France Inter que l'ensemble des responsables politiques, médiatiques et associatifs devaient avoir une attitude d'union nationale face au défi du terrorisme.

Pour écouter le podcast de l'entretien, suivez ce lien.

Bonjour Monsieur Bayrou.

Bonjour.

Nous commençons par la polémique sur l’attentat du 14 juillet à Nice. « Je n’ai aucun doute sur Bernard Cazeneuve » a dit hier Manuel Valls. Et vous ?

Je pense que la polémique qui a été lancée est indécente. Il n’y a pas d’adjectif plus approprié à trouver. On a un drame avec 84 victimes. Tous les Français ressentent que ce tir croisé d’accusations est une manière d’entrer dans une logique électoraliste pour quelque chose qui est en réalité un drame national. Utiliser un drame de cette manière est insupportable et je suis certain que l’immense majorité des Français, quelle que soit leur opinion par ailleurs, pense cela.

Vous êtes maire de Pau, vous connaissez les problèmes de sécurité. Le dispositif de sécurité le soir du 14 juillet à Nice était-il à la hauteur d’un rassemblement de près de 30.000 personnes ?

L’enquête va le dire. Ce soir là, nous étions nous aussi 30.000 personnes sur un emplacement semblable puisque le boulevard des Pyrénées qui fait face comme vous le savez à un paysage superbe à Pau recevait également le feu d’artifice. Bien sûr, on peut toujours améliorer la sécurité. Chacun de ces épouvantables événements doit être l’occasion pour les responsables publics de chercher ensemble ce qu’ils peuvent faire pour que cela ne se reproduise pas ! Par exemple, je suis persuadé que l’on peut mieux sécuriser les abords des rassemblements publics. J’ai rappelé l’autre jour qu’autrefois, il y a quelques années à peine, il y avait des herses qui empêchaient les véhicules de passer. C’est très facile à mettre et cela ne coûte pas cher. Mais entrer dans la réflexion sur ce que l’on peut faire pour améliorer les choses ne signifie pas que l’on doive échanger comme cela des accusations d’un bord sur l’autre. Je vais vous dire ce que ces accusations m’inspirent au-dela du côté indécent : j’ai l’impression que chacun cherche à se couvrir vis-à-vis de l’autre, comme s'il avait au fond le sentiment qu’il aurait pu faire mieux et qu’il craignait qu’on ne le mette en accusation. Alors pour se couvrir de ces accusations, il attaque ! Ce n’est pas la méthode qu’il faut suivre.

C’est-à-dire ?

Je pense que l’on doit avoir en face de ces sujets une attitude d’union nationale. Je pense qu’il y a des sujets qui échappent à la question de l’alternance. Je suis absolument persuadé que l’on peut améliorer la situation. Le rapport que la commission d’enquête parlementaire a fait il y a quelques semaines à peine et qui a été écarté malencontreusement à mon avis par le ministre de l’Intérieur propose des changements importants et qui touchent les deux gouvernements qui se sont succédé. Il y a des changements à apporter du point de vue du renseignement. Tout le monde voit qu’il y a un certain nombre de choses qui ne vont pas parce qu’il y a trop de services concurrents autour de la table et que l’on n’a pas l’autorité qui les permettrait de les faire vraiment travailler ensemble. Or, cette organisation du renseignement vient des deux gouvernements successifs ! C’est en 2008, sous le mandat de Nicolas Sarkozy que cette nouvelle organisation du renseignement qui a supprimé les renseignements généraux a été adoptée. Nous sommes en 2016, nous devrions pouvoir sereinement nous poser la question ensemble ! Il est des pays européens dans lesquels les services de renseignement sont surveillés et c’est toujours un responsable de l’opposition qui est à la tête de la commission qui veille sur les services de renseignement. Vous voyez bien que l’on peut associer majorité et opposition.

En prolongeant l’état d’urgence et en renforçant les pouvoirs d’arrestation ou d’investigation, le gouvernement a-t-il pris les bonnes décisions ?

Je suis d’avis que l’on écoute les professionnels, ceux qui ont la responsabilité, en respectant un certain nombre de principes. Je vais vous dire le principe le plus important : chaque fois que l’on doit aller plus loin que les lois habituelles - s’il s’agit de faire des perquisitions ou d’écouter des gens suspects - cela doit pouvoir se faire sous le contrôle d’un juge. Je suis pour que l’on mette un juge indépendant au sein de chaque cellule antiterroriste de manière que tous les citoyens soient assurés que le travail de lutte contre l’antiterrorisme qui est fait n’est jamais accompli au détriment du respect des principes qui nous unissent. Il faut que le respect de l’état de droit soit compatible avec l’efficacité de l’action. Ce sont des choses très simples qui rassurent les citoyens et leur permettent d’échapper à ce sentiment que les responsables politiques n’ont en fait qu’une chose en tête, l’aspect électoraliste des mois qui viennent.

Les chiffres de Pôle emploi fin juin seront publiés ce soir, le chômage va-t-il confirmer sa tendance à la baisse ? Croyez-vous à une inversion de la courbe du chômage comme l’a assurée François Hollande le 14 juillet ?

Non, je ne sens pas les choses comme cela. Je regarde le terrain, je regarde l’état de l’économie et pour l’instant je ne vois aucune inflexion. C’est vrai qu’il y a eu des contrats aidés en nombre très important, c’est vrai qu’il y a un travail statistique et nous savons tous que chaque fois qu’il y a une amélioration optique du nombre de chômeurs, cela veut dire aussi qu’il y a eu des sorties administratives de Pôle emploi, des dossiers qui n’ont pas été repris. Moi, je ne sens absolument pas sur le terrain une telle inflexion et je suis persuadé que tous ceux qui sont au chômage ou ont quelqu’un au chômage dans leur famille ont le même sentiment. 

Après la droite, c’est la gauche de la gauche qui dépose un recours contre la loi Travail au Conseil constitutionnel. Vous étiez opposé à la loi Travail, auriez-vous voulu que l’opposition dépose une motion de censure contre ce texte ? Je suis un peu surpris car cette loi emprunte certaines idées à droite et à gauche, n’est-ce pas le symbole du centrisme que vous défendez ?

Monsieur Weill, encore faut-il emprunter les bonnes idées ! J’étais opposé à la loi Travail pour une raison extrêmement simple : je n’ai pas accepté que l’on baisse la rémunération des heures supplémentaires. Je trouve que le travail est mal payé en France. Chaque fois que l’on va dans le sens de le payer mieux, on va dans le bon sens et chaque fois que l’on va dans le sens de le payer encore plus mal, au contraire on quitte la bonne direction. J’ai été choqué que le gouvernement intègre cette disposition dans une politique pour l’emploi. Deuxième élément : je trouve que ce n’est pas bien inspiré d’avoir adopté une loi comme celle-là sans qu’il n’y ait aucun débat. Si j’avais été en situation de responsabilité, j’aurais laissé faire le débat quitte à employer cette mesure du 49-3 en fin de débat. Je trouve que lorsque l’on a un texte important, qu’il ne passe pas une seule fois devant l’Assemblée nationale est absurde. C’est d’ailleurs le signe d’absurdité de l’état de nos institutions.

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