"On a pris le problème à l'envers !"
Reçu à Matignon, François Bayrou a fait part au Premier ministre de ses critiques sur le projet de réforme territoriale.
"On a pris le problème à l'envers en commençant par un découpage absolument baroque, improvisé, bricolé, dans lequel personne ne reconnaît de logique et qui va pousser ce projet dans l'illisibilité", a déclaré à l'AFP l'élu centriste à la sortie de son entretien avec M. Valls.
"Si on avait voulu +planter+ le sujet, on ne s'y serait pas pris autrement", a critiqué le maire de Pau.
"Il y avait un sujet important, principal, c'était la simplification du labyrinthe intercommunalités-départements-régions (...). Les régions et les départements devaient fusionner", a-t-il plaidé.
Or le gouvernement a préféré commencer par le sujet "complètement secondaire et même en partie inutile" de la diminution du nombre de régions qui "ne fera pas un euro d'économies", selon M. Bayrou.
Le président du Modem, qui n'a pas souhaité faire état à la presse des réponses de M. Valls, a dit être également revenu sur la "fragilité" du président Hollande, englué dans de très mauvais sondages d'opinion.
"Une telle fragilité ne peut pas affronter durablement la crise économique que nous vivons", a dit M. Bayrou, qui a dit craindre qu'on "n'avance clairement sur aucun des sujets dans lequel le pays est enlisé", citant notamment "l'incroyable complexité des procédures et des normes".
"On est pas très loin, du point de vue des grandes options, (Manuel) Valls et moi", a reconnu M. Bayrou. Mais sur la situation actuelle, il s'agit davantage "d'analyses différentes de la situation".
Un éventuel rapprochement avec la majorité par rapport à l'"opposition constructive" affichée par le Modem et son allié de l'UDI est exclu, selon lui.
"Mettez vous dans la tête que pour moi, toute manoeuvre est exclue. Si je mettais le petit doigt dans une manoeuvre, les Français seraient fondés à ne plus avoir confiance en moi. Je ne manoeuvre pas, je ne fais pas de ruse", a-t-il affirmé.
La rencontre, qui ne figurait pas à l'agenda officiel du Premier ministre, a été décrite par Matignon comme un "entretien comme (Manuel Valls) en a régulièrement avec des grands responsables".
C'est la première fois que François Bayrou, qui avait appelé à voter pour François Hollande au deuxième tour de l'élection de 2012, rencontrait Manuel Valls depuis son arrivée à Matignon début avril.
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