"Nous devons lutter aux côtés de la Russie contre les djihadistes en Syrie"

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Marielle de Sarnez signe cette tribune dans Le Monde avec Guy Verhofstadt, président du groupe ADLE au Parlement européen, et Jean-Marie Cavada, président du Mouvement Européen - France.

Si nous voulons nous attaquer aux racines de la crise humanitaire qui affecte l’Europe, il est temps pour les dirigeants occidentaux et la communauté internationale de prendre leurs responsabilités en Syrie et au Proche et Moyen-Orient. Cela fait quatre ans que la Syrie s’enfonce dans la guerre civile sans aucune perspective politique. Nous ne pouvons plus nous contenter d’être spectateurs. Nous devons être acteurs de la résolution de ce conflit.

Le nombre de victimes s’élève à plus de 220 000. Six millions de Syriens, soit près d’un quart de la population, sont réfugiés, et ce nombre risque malheureusement de croître car cette guerre sanglante est loin d’être achevée. Malgré les bombardements de la coalition patronnée par les Etats-Unis, l’Etat islamique (Daech) et d’autres groupes islamistes continuent, en effet, à perpétrer en toute impunité des massacres aux portes de l’Europe.

La photographie du petit Aylan Kurdi, mort sur une plage de Bodrum, symbolise l’échec mondial à mettre un terme à ces atrocités. Pour le bien de l’humanité, nous sommes convaincus qu’il est de notre devoir d’agir immédiatement pour aider à mettre fin à ce conflit et à ramener la stabilité dans l’ensemble de cette région.

Parvenir à une solution durable passe par un rôle central de l’Union européenne, des Etats-Unis, de la Russie et de la Chine. La présence russe en Syrie s’intensifie. Plusieurs avions de chasse ont été identifiés, et des casernements seraient en construction, semblant ouvrir la voie à une présence militaire d’envergure. Vladimir Poutine a compris ce que nous, Européens, avons toujours du mal à admettre : la communauté internationale ne peut plus rester indifférente à ce conflit régional aussi intolérable qu’insoutenable.

Une campagne de stabilisation

En s’impliquant plus fortement maintenant, le président russe s’assure déjà un rôle central dans la conclusion de tout accord politique futur. Il est désormais impossible d’imaginer une résolution du conflit syrien sans une implication directe de la Russie. La Chine reste, en revanche, à convaincre que le statu quo n’est plus dans son intérêt. L’Union européenne, pour sa part, ne doit plus attendre et poursuivre dans la voie de la conclusion de l’accord nucléaire avec l’Iran pour mener une campagne de stabilisation de la région tout entière.

Avant la pause estivale, la communauté internationale, encadrée par le Conseil de sécurité de l’ONU et grâce à la diplomatie européenne, a en effet conclu un accord sans précédent avec l’Iran sur la non-prolifération nucléaire. Federica Mogherini, la haute représentante de l’Union européenne, devrait utiliser l’expérience et la dynamique créée par cet accord pour développer, dans un cadre international, une vision globale de stabilisation de la Syrie et de la région tout entière. 

Concrètement, cela passe par une initiative à l’ONU visant à dégager une solution politique à même de mettre fin à la guerre civile tout en éradiquant l’Etat islamique. A l’heure actuelle, la coalition menée par les Etats-Unis s’est révélée autant incapable d’instaurer la paix que de contenir l’expansion de l’Etat islamique en Syrie et en Irak. Il est vrai que cette coalition souffre d’un manque d’engagement européen, et cette carence devrait inciter l’Union européenne à accroître sa coopération militaire pour aller vers une véritable politique intégrée de sécurité et de défense.

Cet échec ne s’explique pas, toutefois, seulement par un manque de capacité militaire, mais aussi par un manque de vision globale commune et de solutions partagées pour la région. Développer cette vision commune ne sera pas aisé et ne se fera pas sans controverses. Il faudra parler à Vladimir Poutine. Il faudra s’engager avec l’Iran et en faire un acteur central d’une solution régionale durable, ce qui implique certaines clarifications à Téhéran.

Aucune bonne option

Nous devons également accroître notre soutien à l’opposition syrienne démocratique et modérée, ainsi qu’à l’Armée syrienne libre. Nous savons qu’au sein même de la coalition anti-Daech, chaque partie prenante a des priorités différentes, la guerre civile syrienne étant ainsi devenue le théâtre de conflits d’intérêts par affrontements interposés. Nous nous devons d’essayer. Pour l’Occident, il n’existe aucune bonne option : certaines sont juste moins mauvaises que d’autres, et leur nombre ne cesse de s’amenuiser au fur et à mesure que s’intensifient les combats.

Le monde doit donner l’espoir aux réfugiés syriens qu’ils retourneront un jour chez eux. Il est donc temps que l’Union européenne reprenne l’initiative et délivre une vision commune de l’avenir de la région, car les conséquences d’un échec durable à régler le conflit syrien seront désastreuses pour tous, surtout pour l’Europe. Et ceux qui continuent de prétendre que la guerre civile, les bombardements d’Assad et les exactions sanguinaires de Daech ne nous concernent pas en assumeront la responsabilité.

Guy Verhofstadt (Ancien premier ministre belge, président du groupe de l’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (ADLE) au Parlement européen), Marielle de Sarnez (Vice-présidente du MoDem, chef de la délégation UDI/MoDem au sein du groupe ADLE) et Jean-Marie Cavada (Membre de l’ADLE, président du Mouvement européen – France).

 

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