"Nous avons nos propres idées que nous allons défendre dans les semaines à venir"

Ce matin, Yann Wehrling, conseiller de Paris et tête de liste MoDem aux régionales en Île-de-France, était l'invité du "Lundi politique" de France Bleu 107.1 et Metronews.

Yann Wehrling, conseiller de Paris et tête de liste MoDem aux régionales en Île-de-France, bonjour. L’actualité aujourd’hui, on en a beaucoup parlé ce matin sur notre antenne, c’est ce jugement très attendu de deux policiers poursuivis après la mort de Zyed et Bouna dans un transformateur de Clichy-Sous-Bois, c’était en 2005. Un procès, 10 ans après, ça sert à quelque chose ?

Un procès sert toujours à quelque chose, quelle que soit la durée. La justice doit être rendue quelle que soit la durée des évènements et l’éloignement des évènements, c’est un principe général.

La mort de ces deux jeunes avait entraîné des émeutes en région parisienne. Est-ce que vous estimez qu’aujourd’hui la situation est apaisée dans les quartiers en région parisienne ?

On ne peut pas dire que la situation soit totalement apaisée, non. Mais on peut dire quand même effectivement que le temps a passé et que c’est un objectif pour tout responsable politique de faire en sorte que dans ces quartiers on puisse vivre de manière un petit peu apaisée, c’est encore un enjeu qui est devant nous.

Et on fait comment ?

Eh bien ce sont des politiques qu’il faut mener, qui soient humaines, pas forcément dans un « replâtrage » de façade, comme on l’a connu pendant des années et des années, avec des milliards d’euros dépensés en politique de la ville sans que l’efficacité soit au rendez-vous partout. Il y a quelques endroits où ça se passe bien, mais dans la plupart des endroits, ça ne se passe pas très bien, donc c’est une vraie difficulté. C’est une erreur d’avoir construit ces quartiers au départ, qui étaient des endroits où on a fait des séparations sociales, il faut dire les choses comme elles sont. Et il faut aujourd’hui reconstruire de la mixité sociale sur tout le territoire francilien, pas seulement dans ces quartiers-là où c’est plus difficile, mais c’est un travail de longue haleine. Ce n’est pas juste en replâtrant en façade des quartiers qui restent quand même des endroits où on parque socialement les gens, c’est inacceptable en réalité.

Et les zones de sécurité prioritaires ça a été une bonne chose ?

Il faut assurer la sécurité, c’est évident, ce sont des mesures d’urgences à prendre, mais encore une fois, vous voyez bien qu’il faut raisonner à court terme et à long terme : le court terme c’est bien évidemment assurer la sécurité, et le long terme, c’est de faire en sorte qu’on ait un urbanisme avec moins de ségrégation comme on la connaît aujourd’hui.

L’actualité ce sont aussi les élections régionales en Île-de-France, à gauche on commence à y voir un peu plus clair puisqu’on sait que Claude Bartolone, a priori, serait candidat du parti socialiste.  Yann Wehrling vous êtes vous-même, candidat pour le MoDem, avec Marielle de Sarnez. Alors vous êtes en binôme qu’est-ce que ça veut dire ?

Cela veut dire que l’on va travailler ensemble. Marielle de Sarnez est une personnalité politique importante dans le paysage francilien, elle incarne le centre, elle était candidate aux élections européennes, comme vous le savez, elle a fait un excellent score, et elle s’implique.

Après, le binôme, un homme, une femme, c’est aussi un message de parité que nous portons. Vous savez par exemple en Allemagne, beaucoup de listes font systématiquement un binôme paritaire, un homme-une femme, c’est très important.

Mais le MoDem n’aime pas trop les cumuls, et Marielle de Sarnez est députée européenne par ailleurs, est-ce qu’elle avait besoin de se présenter avec vous sur cette élection ?

Vous savez quand on fait de la politique, on s’investit, aux échéances électorales, je crois que c’est normal que chaque responsable politique en fasse ainsi, et Marielle de Sarnez, encore une fois, est une candidate qui va apporter beaucoup dans cette élection en Île-de-France, elle a beaucoup d’idées, on a beaucoup d’idées à défendre pendant les mois qui viennent.

Vous dites vouloir défendre des idées, mais vous annoncez aussi que vous souhaitez vous allier avec l’UMP et Valérie Pécresse dès le premier tour, ça sert vraiment à quelque chose de faire campagne dans ce cadre-là, et quelles idées défendre ?

Bien sûr que ça sert, quand on est une formation politique on a nos propres idées, que l’on va défendre dans les semaines et les mois qui viennent. Vous savez je crois qu’il n’y a pas besoin de faire beaucoup de mètres à pieds pour se rendre compte que en prenant le RER, par exemple, à deux pas d’ici, c’est une situation tout-à-fait inadmissible dans laquelle on mets les gens depuis des années et des années, c’est un scandale en réalité, de prendre le RER aujourd’hui. Donc il faut répondre à ces questions des franciliens qui n'ont pas eu de réponse pendant dix-sept ans, avec une administration et une gestion socialiste, et donc il faut que ça s’arrange. Alors j’ai dit ça et j’ai tout dit en réalité parce que je vous ai dit qu’il fallait que ça change, qu’il y a des choses vraiment graves qui se passent aujourd’hui en Île-de-France, qui étaient réellement de la compétence de l’Île-de-France, de la région Île-de-France, qui n’ont pas été résolues, donc il faut y répondre, et ce n’est certainement pas en maintenant les mêmes équipes. Alors nous on veut faire des choses, on veut changer le quotidien des franciliens, et pour que ça change il faut que les équipes changent, et donc changer les équipes à un moment donné c’est construire des alliances, des partenariats, et c’est pour cela que l’on a dit que l’on était favorable à construire une alliance qui pourrait changer les équipes en place aujourd’hui.

Cela veut dire que vous n’estimez pas aujourd’hui être en mesure de pouvoir le changer tout seul ?

Mais quelle formation politique le peut ? Toutes les formations politiques sont obligées de trouver des rassemblements pour gagner les élections. Les élections se gagnent à 50 % plus une voie et cela ne se fait pas tout seul. Il n’y a aucune formation politique qui fait 50 % en France, donc il faut forcément faire des alliances, ça c’est vrai à gauche, à droite, au centre, on doit faire des alliances pour gagner les élections.

Mais le problème c’est que l’UMP ne vous répond pas pour le moment. Qu’est-ce qu’il se passe ? Valérie Pécresse attend une alliance avec l’UDI qui n’arrivera pas puisque Chantal Jouanno veut se présenter toute seule ? Il faut attendre la réponse avec l’UDI pour pouvoir s’allier avec l’UMP, c’est ça la situation ?

Vous savez, on va faire les choses simplement. Là comme vous l’avez expliqué c’est compliqué, je ne suis pas sûr que tout le monde ait compris, donc il faut expliquer les choses simplement. On part en campagne, on présente nos idées, je vous ai dit qu’il y avait des scandales dans les transports en commun, les entreprises aujourd’hui ont besoin de la région pour s’en sortir, pour lever la tête, c’est le temps de la campagne des idées. On présente nos idées, le MoDem a un programme. Avec Marielle de Sarnez nous allons présenter nos idées, aujourd’hui on va faire un déplacement pour rencontrer toute une série de chefs d’entreprises pour comprendre et écouter leurs problèmes, on les devine déjà : la paperasserie au quotidien qui est insupportable, un Etat qui n’est pas là pour aider les entreprises mais pour les surveiller, tout ça la région peut pallier à ces problèmes et c’est bien ce qu’on veut faire dans les semaines qui viennent, ça c’est le premier temps. Et puis viendra le temps de la stratégie avec les autres candidats, pour construire une alliance.

Ce temps-là va quand même arriver assez vite ?

A l’été. Pas d’urgence, on a le temps les élections sont en décembre, je ne crois pas d’ailleurs qu’il y ait beaucoup de franciliens qui soient dans le temps de cette élection. Donc c’est le temps de présenter nos idées pour améliorer le quotidien des franciliens et des entreprises en Île-de-France.

Et il n’en reste pas moins qu’aujourd’hui l’UMP semble un petit peu plus intéressé par faire une alliance avec l’UDI qu’avec vous ?

Ah bon ?

Des contacts sont plus avancés apparemment.

Je ne sais pas. Vous m’informez de ça mais je n’en sais rien, je crois qu’aujourd’hui chacun fait sa campagne, présente ses idées comme le fait Valérie Pécresse, comme nous le faisons, tout le monde le fait de cette manière là, après si des discussions ont eu lieu je n’en sais rien.

Et vous pensez que l’UDI est dans la même perspective que vous, c’est-à-dire, de discuter avec l’UMP, d’être éventuellement en situation de s’allier pour le premier tour ou c’est mal parti ?

Eh bien il faut leur demander ! Je n’en sais rien, moi je vous réponds pour ce qui nous concerne.

En ce qui concerne la politique nationale, Yann Wehrling, est-ce que les stratégies au niveau régional du MoDem, comme une alliance avec l’UMP, seraient valables sur un plan national ? Est-ce que au niveau national il est possible que le MoDem trouve des terrains d’entente avec l’UMP ?

Vous l’avez constaté comme nous, on est dans une situation économique difficile, d’ailleurs les choses s’améliorent un petit peu, mais malgré l’action du gouvernement, en contexte européen, il y a un certain nombre d’éléments qui font que ensemble la situation économique frémit, mais en France c’est là où ça frémit le moins, parce qu’on a justement un gouvernement qui a d’abord pris des décisions qui n’allaient pas dans le bon sens au début et qui aujourd’hui ne prend pas les bonnes décisions dans un sens structuré, c’est même la commission européenne et Pierre Moscovici qui le dit, lui pourtant qui était ministre de l’économie. On a le contexte d’une politique de gouvernement qui agit dans le mauvais sens et qui ne permet pas au pays de relever la tête, et par rapport à ça, nous on a toujours dit que l’on souhaitait que les choses changent, et on se prépare à ce que ce changement puisse se faire. Et donc, c’est avec des personnalités que nous discutons pour essayer de savoir quelles seront les nouvelles majorités dans ce pays, les majorités nouvelles, pas « bloc contre bloc », comme on les a connues, et il faut que l’on trouve des gens qui puissent rassembler, qui puissent être d’accord pour être ensemble, pour rassembler cette future majorité.

Nicolas Sarkozy il rassemble pour vous ? C’est la bonne personne ? Il a dit quand même, je vous le cite, « il n’y a pas de problème avec le MoDem mais avec François Bayrou ». C’est un peu mal parti pour discuter avec Nicolas Sarkozy ?

Oui mais nous on a des différends avec Nicolas Sarkozy, on en a un peu moins avec l’UMP. Vous voyez c’est des choses qui sont des petites phrases, maintenant il faut dépasser ça. Nous on a dit qu’on avait souhaité que puisse se construire une majorité, peut-être avec Alain Juppé. C’est quelque chose que l’on imagine assez aisément dans le pays. Alain Juppé peut rassembler assez largement, au-delà des clivages traditionnels, et ça nous paraît être une perspective intéressante.

Pour en revenir aux régionales, vous parliez des transports tout à l’heure, c’est aussi la question de la pollution et des voitures, vous souhaitez un pacte de l’air en région parisienne. C’est quoi ? Par quoi cela peut-il passer aujourd’hui ?

La pollution de l’air ne peut pas être résolue à l’échelle de Paris, à l’échelle de quelques communes ici ou là, où chacun séparément prends ses mesures. Le problème de la pollution de l’air, c’est un problème sur l’Île-de-France toute entière, et il ne peut pas se résoudre autrement qu’avec un vrai travail commun de toutes les institutions qui ont une part de décision à prendre en matière de lutte contre la pollution de l’air. La région Île-de-France a des grosses compétences en matière de transports, elle a son mot à dire sur la question de la pollution de l’air. La ville de Paris a pris des décisions et à des choses à faire.

Sur le diesel notamment, c’est plutôt une bonne chose ?

Oui mais ça ne suffit pas si la question se résout au périmètre parisien, il faut vraiment faire les choses à une échelle qui est Grand-Paris /Île-de-France. C’est pour cela que j’ai proposé un pacte pour l’air sur l’Île-de-France, qui est un pacte qui devra être signé par l’ensemble des parties prenantes en mettant aussi autour de la table des partenaires non-publics comme des entreprises, des syndicats, des associations, et on signe tous ensemble un pacte où chacun s’engage à une part de responsabilité pour réduire la pollution de l’air.

Oui mais on signe sur quelles mesures concrètes ?

Alors on en parlerait justement, l’idée d’un pacte pour l’air à travers un grenelle pour l’air c’est de discuter des mesures communes que chacun peut prendre.  Vous voyez par exemple la réduction de la circulation sur Paris il faudrait qu’elle s’étende aux communes voisines et ça doit passer aussi par des mesures d’accompagnement pour des gens aujourd’hui qui n’ont pas les moyens de changer leur véhicule.

En parlant de mesures concrètes, sous Bertrand Delanoë la droite était très remontée contre la mesure de piétonisation des berges de Seine, à l’époque où François Fillon était premier ministre. Maintenant la droite, si j’ai bien compris, reproche à Anne Hidalgo de ne pas aller assez loin, notamment sur le plan de piétonisation de la rive droite de la Seine. C’est votre influence, vous qui avez une fibre écologiste, ce changement au sein de la droite ?

C’est me donner beaucoup d’importance mais effectivement je crois que les choses ont évolué les idées évoluent dans toutes les formations politiques, et c’est une bonne chose. Les choses ne sont jamais figées et il ne faut pas qu’elles le soient.

C’est un bilan à mettre à l’actif de Bertrand Delanoë alors ?

Je crois que les grandes villes comme Paris et comme d’autres doivent avancer vers une place plus importante donnée aux piétons. Paris de ce point de vue-là est à la traîne, et il ne faut pas non plus donner trop de lauriers à Bertrand Delanoë ou Anne Hidalgo, si vous allez dans d’autres villes européennes, vous verrez qu’il y a une place infiniment plus importante accordée aux piétons.

Elle a quand même beaucoup augmenté ces dernières années.

Oui mais on reste tout de même en retard par rapport à d’autres villes européennes où il y a beaucoup plus d’espace accordé aux piétons et à la marche à pieds. Il faut accorder encore plus de place aux piétons, pas seulement piétonniser le centre de Paris, mais il faut faire des parcours piétons dans Paris, fléchés, plus agréables, en sachant vers où l’on va, avec des indications de temps pour y aller, et aussi des indications de services et magasins à proximité, tout cela sont des modernités qu’il faut construire.

Merci beaucoup Yann Wehrling.

 

 

 

 

 

 

 

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