"Nous avons la volonté de construire une offre politique nouvelle"

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Invité de France Info ce dimanche, alors que se terminait notre Université de rentrée, Marc Fesneau s'est exprimé sur l'avenir du Mouvement Démocrate au milieu des alliances et du jeu politique français. Le maître-mot était posé : "rassemblement".

François Bayrou va clôturer en fin de matinée l’université de rentrée du Mouvement Démocrate qui s’est tenue à Guidel dans le Morbihan. Bonjour Marc Fesneau.

Bonjour.

Vous êtes secrétaire général du MoDem. Est-ce que l’UMP doit s’allier avec le centre en 2017 pour être plus fort dès le premier tour face au candidat de la majorité et face au front national ?

Je me permettrai de poser la question différemment. L’UMP va être dans sa contingence interne dans quelques mois c’est-à-dire à même de choisir son président pour les 3 ans qui viennent.
La question qui se pose pour nous c’est de trouver les rassemblements. Il y a l’UMP des gens en particulier - par exemple Alain Juppé - avec lesquels il nous semble que le moment est venu d’opérer des rassemblements. L’UMP n’est pas uniforme, on voit bien qu’il y a des visions différentes sur la société française et aussi sur ce qu’il faut proposer. Il faudra que l’on fasse des rassemblements nouveaux, qui permettent de donner une perspective aux Français et qui ne soit pas la perspective d’une énième alternance d’un camp contre un autre. Sinon, nous n’arriverons pas à sortir le pays de la crise dans laquelle il est plongé. On voit bien que le Président de la République… 

Excusez-moi, vous savez pourquoi je vous pose cette question. C’est évidemment parce que Nicolas Sarkozy - qui brigue la tête de l’UMP vous l’évoquiez à l’instant - cherche lui à avoir un rassemblement le plus large possible, notamment avec le centre, pour 2017. Qu’est-ce que vous répondriez à ça ?

Oui, j’avais vu et compris effectivement votre question, et aussi que la volonté de Nicolas Sarkozy était celle-là. Nous, notre volonté c’est d’avoir une parole libre, qui soit ouverte à des rassemblements mais pas dans un champ qui soit uniquement un champ partisan.
Il me semble que tous les partis politiques sont dans un état de difficulté vis-à-vis de l’opinion et si la seule chose que l’on a à proposer au pays ce sont des appareillages et des combines d’appareils qui permettraient de faire des rassemblements fictifs ou factuels, il me semble que nous ne serions pas dans la réalité des choses. Oui, il y a besoin de rassemblements : on voit bien que le Président de la République est lui-même enfermé dans un camp, camp qui de plus en plus est resserré.
On est dans l’ouverture à des rassemblements mais pas d’un parti avec un autre. Des rassemblements sur un certain nombre de propositions et par projets, pour l’avenir des Français.

Alain Juppé, ancien Premier ministre, vise lui la primaire UMP en 2016 c’est-à-dire qu’il n’a pas envie d’être à la tête du parti mais il vise quand même l’investiture de l’UMP. Vous venez de le rappeler, François Bayrou serait prêt à travailler avec lui.

Oui. Nous sommes ouverts à ceux qui, comme Alain Juppé, ont envie de porter des rassemblements larges et ouverts à ceux qui ont pu avoir des chemins différents mais qui ont la même envie de redresser le pays. En particulier sur la volonté d’opérer des rassemblements nouveaux : il faut que l’on fasse quelque chose de nouveau, qu’on ait une offre nouvelle pour les Français.
On nous annonce le retour de Nicolas Sarkozy. D’abord ce n’est pas vraiment une surprise… On nous dit qu’il a changé. J’allais dire qu’en 2007 déjà me semble-t-il, lors d’un célèbre meeting, il avait dit qu’il avait changé. Or je pense que les gens n’attendent ni un homme providentiel ni des paroles sur un changement théorique : ils nous demandent des solutions à leurs problèmes, des réponses à leurs questions et des rassemblements qui leur permettent de façon crédible de le faire. Je pense que nous pourrions travailler dans cette dynamique avec Alain Juppé et c’est ce que va dire François Bayrou ce matin.

Parlant du PS, de Nicolas Sarkozy et du FN, François Bayrou parle d’un « triangle des Bermudes ». Vous pensez que c’est une bonne formule ?

Oui c’est une bonne formule parce que finalement le triangle des Bermudes, c’est l’impasse, c’est l’endroit où plus rien ne se passe. Finalement Nicolas Sarkozy est aussi comptable d’un bilan : le Président de la République actuel aussi évidemment, mais la situation dans laquelle est le pays n’est pas une situation nouvelle. Cette situation s’est aggravée depuis 2 ans et demi, certes, mais elle n’est pas tout à fait nouvelle. Le nombre de chômeurs, la désindustrialisation et le manque de productivité du pays, cela n'est pas tout à fait nouveau.
Et donc ce triangle qui ferait que soit c’est une alternance avec l’UMP soit le choix pour ceux qui sont les plus revendicatifs et les plus désespérés d’aller au Front National, n’est pas durable. Il faut que l’on ouvre une autre perspective pour que l’on sorte de ce triangle là.

Est-ce que la présidentielle va se jouer au centre selon vous et pourquoi ?

En tous cas elle se jouera avec le centre, c’est-à-dire qu’elle se jouera avec la volonté me semble-t-il plus large qu’un affrontement d’un camp contre l’autre. Il nous faut trouver de bonnes volontés pour redresser le pays dans les moments difficiles que nous vivons. J’entendais l’autre fois le Président de la République, et de ce point de vue là il avait raison, dire que le redressement allemand avait nécessité des rassemblements, opérés à l’époque et qui se sont poursuivis sur 10 ans. Nous aussi nous avons besoin de rassemblements, sur une durée sans doute déterminée mais suffisamment longue pour redresser les choses en profondeur. Or cela passe forcément par le centre parce que le centre est le point de gravité de l’échiquier politique français, c’est le point qui permet des rassemblements d’un camp avec un autre et c’est ce que nous portons depuis des années avec François.

François Bayrou a perdu 2 ou 3 élections présidentielles. Est-ce que finalement ce ne serait pas Alain Juppé qui aurait plus de chance de s’imposer ?

On est un peu loin de la présidentielle, c’est seulement dans 3 ans et demi. La question n’est pas celle-là et n’est pas celle qui est posée sur la table, en tout cas pour François Bayrou. La question est « Qu’est ce que l’on fait comme offre ? » et après seulement on verra quels sont les meilleurs candidats pour porter cette offre. Alain Juppé est évidemment quelqu’un d’éminent dans le monde de la politique mais on verra à ce moment là.

Mais on dirait que François Bayrou est quasiment prêt à s’effacer derrière Alain Juppé aujourd’hui.

Il a dit clairement qu’il était prêt et capable d’opérer un rassemblement avec lui. Les choses sont claires de ce point de vue là : opérer le rassemblement et voir qui est le meilleur pour le porter évidemment. C’est ce qu’a François Bayrou en tête.

Ce serait un signe de courage politique selon vous ?

En tout cas ce serait un signe pour les Français de dire que notre parole est désintéressée. Que la volonté que l’on a est de construire une offre politique nouvelle au-delà des personnes.
C’est un peu le problème, me semble-t-il, dans le retour de Nicolas Sarkozy. Tout tourne autour de sa personne et du fait que lui seul serait en capacité de diriger. Je pense que les Français ont envie d’entendre un autre discours : un discours qui affirme qu’au-delà des personnes, il y a des rassemblements qui permettront de faire pour la France. 

Comment se porte le MoDem en terme de nombre de militants ?

Le MoDem se porte bien, je dirais même le MoDem se porte mieux. On a eu une séquence électorale municipale qui a été fructueuse, une séquence européenne où l’on a redéfini ce qu’étaient nos valeurs et notre projet ; on est près d’un millier à Guidel, des militants qui ont beaucoup participé aux travaux… On est donc en ordre de marche pour la séquence territoriale de l’année prochaine mais aussi, et évidemment, pour la séquence présidentielle dont on a parlé ce matin.

C’était Marc Fesneau, secrétaire général du Mouvement Démocrate. Je rappelle que le MoDem termine aujourd’hui son université de rentrée : ça se passe à Guidel, dans le Morbihan, et en fin de matinée François Bayrou va prononcer son discours.

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