" Nous avons besoin de prises de décisions concrètes et non pas de promesses répétées de la part de nos dirigeants européens "

Marielle de Sarnez, Vice-Présidente du MoDem, Députée européenne et Secrétaire Générale du Parti Démocrate Européen, était ce vendredi 29 janvier, l’invitée du Matin de RFI. Elle y défend ses convictions concernant la crise des migrants, le Brexit, la crise économique, la survie de l'Union Européenne et la démission de Christiane Taubira.

 

Bonjour Marielle de Sarnez !

Bonjour !

Entre la crise des migrants, le Brexit et la crise économique, la survie de l’Union Européenne est-elle menacée aujourd’hui ?

En tous les cas, les citoyens sont en droit d’attendre que les dirigeants européens prennent un certain nombre de décisions qui, pour le moment, n’ont que trop tardées. Il faut faire face à tous ces défis, ce sont des défis très lourds, très complexes mais pour autant nous avons besoin effectivement de prises de décisions concrètes et non pas de promesses répétées de la part de nos dirigeants européens.

A propos des migrants, aujourd’hui, qui mettent l’Europe en difficulté, on le voit, il y a des pays qui ferment leurs frontières, que faut-il faire ?

D’abord vous dites les migrants, il faut distinguer les réfugiés politiques d’un côté qui peuvent prétendre au droit d’asile et les migrants de l’autre. Il est très clair que l’on avait dans les flux de personnes qui rejoignaient l’Union Européenne à l’automne dernier une majorité qui était des réfugiés politiques. Or, aujourd’hui, c’est en train de s’inverser et on a une plus grande majorité de migrants économiques. Cela pose plusieurs questions, celle du contrôle aux frontières. Il faut que l’on contrôle qui rentre et il faut regarder si ce sont des migrants économiques ou si ce sont des réfugiés politiques et en particulier les réfugiés syriens. Je pense qu’il faut prioriser les réfugiés syriens. Nous ne pouvons pas accueillir tout le monde. Il faut encadrer. Or, ce travail d’encadrement n’a pas été fait car il n’y avait pas de contrôle aux frontières. En même temps, nous devons avoir une politique d’asile et une politique migratoire communes en Europe. Nous n’avons aucune de ces deux politiques en commun !

Il faut agir dans les camps de réfugiés dans lesquels je suis allée et où les situations se dégradent très lourdement que ce soit au Liban, en Jordanie ou en Turquie. Il faut agir ! Nous avons les pourparlers de paix aujourd’hui mais malheureusement les conditions ne sont pas remplies pour que l’opposition soit autour de la table. Il faut que l’Europe agisse d’avantage pour trouver une perspective de sortie de crise et de stabilisation politique de la Syrie.

Une réunion aura lieu la semaine prochaine à Londres avec la présence d’Angela Merkel. Il s’agira de travailler sur les conditions de vie en Syrie et l‘éducation pour que les réfugiés puissent rentrer rapidement chez eux. Est-ce la bonne manière de voir les choses, de considérer comme provisoire, ou est-ce tout à fait utopique de le croire ?

Vous savez tous les syriens qui risquent la vie de leur femme et de leurs enfants, partent car ils n’ont aucune perspective. Ils ont quitté la Syrie, la plupart d’entre eux sont des camps à proximité. Ils partent car il n’y a pas de perspective de paix et de stabilisation en Syrie.

Il y a une guerre civile en Syrie, il y a Daech, il y a les massacres d’Assad ! Je crois qu’il y a là quelque chose dans ce qui a été dit par Angela Merkel qui ne va pas. On ne va pas pouvoir faire revenir chez eux les Syriens tant que la situation évidemment ne sera pas stabilisée. 

C’est sans doute pour donner des gages à son opposition qui aujourd’hui la critique ouvertement.

Oui, mais il faut faire attention à ce que l’on dit. Je ne parle pas du flux de migrants économiques qui se joignent aux réfugiés, car effectivement tout cela complique la donne et pose des problèmes supplémentaires. Mais aujourd’hui la majorité fuient la Syrie parce que c’est la guerre, parce qu’ils subissent les horreurs cumulées de Daech et d’Assad ! 

Aujourd’hui, les peuples européens majoritairement ne veulent pas d’arrivées de réfugies ou de migrants. D’ailleurs, ils ne font pas toujours la distinction. Qu’est-ce que l’on fait ? On les convainc, on fait de l’éducation, on les force ?

Je ne sais pas s’il y a comme vous le dites un refus global. Je crois qu’il y a une grande responsabilité des chefs d’État et de gouvernement à ne pas avoir géré cette crise des réfugiés politiques, à ne pas l’avoir anticipée, à ne pas avoir organisé une venue avec un flux qui soit régulé et encadré. Tout le monde ne peut pas arriver ! En même temps, bien sûr que l’Europe doit accueillir des réfugiés politiques. Quand je dis l’Europe d’ailleurs, d’autres pays du monde pourraient aussi participer à cet accueil. Comme cela n’a pas été organisé, il y a eu une sorte de désordre, de chaos qui se sont installés, de peur. Il y a eu une absence de gestion globale notamment sur les frontières extérieures de l’Union européenne, qui fait que chaque pays s’est refermé sur lui-même. Je le regrette mais c’est aussi parce que les responsables politiques européens n’ont pas pris les bonnes mesures !

Que faudrait-il faire dans les pays de l’Union dans lesquels on assiste à un exercice du pouvoir assez ferme pour ne pas dire autoritaire ?

Vous pensez à la Pologne, à la Hongrie… Il est certain que les temps sont difficiles dans ces pays-là. La Commission européenne tente de faire ce qu’elle peut. Vous savez, moi j’étais au Parlement européen la semaine dernière à Strasbourg : la première ministre polonaise est venue, l’ensemble des présidents de groupe - de droite ou de gauche - ont dit « on va voir ce qu’on va voir » et puis on n’a rien vu du tout ! La première ministre polonaise a dit « chez moi, il y a eu des élections libres et je ne fais rien d’autres que ce que font certains pays dans l’Europe » or évidemment ils vont plus loin. Mais en même temps on a eu une réaction assez faible et on ne peut que le regretter.

Il faut évidemment rappeler que dans les temps de crise, je pense à tout ce qui est lutte contre le terrorisme par exemple en France. Il y a tout ce débat sur les questions de liberté et de sécurité. La sécurité c’est la première de nos libertés et en même temps la force vitale de l’Union Européenne. C’est son Etat de droit et ce sont ses valeurs et il faut les faire respecter !

Alors, puisque vous parlez des débats qui nous agitent, la formule qui consiste à ne pas faire mention de la binationalité dans le texte sur la déchéance de nationalité, vous paraît-elle maligne ou finalement entretient-elle l’ambiguïté ?

Écoutez, il faut avouer qu’on est quand même dans une grande confusion et que les choses ne sont pas claires. On est dans une période où il faut lutter contre le terrorisme. Je pense que c’est dans ces moments qu’il faut afficher des principes clairs, des actes clairs et des décisions claires et c’est exactement le contraire de ce qui se passe. Depuis le discours du Président devant le Congrès, on a des versions différentes à peu près tous les jours. Ceci n’est pas sérieux, ceci n’amène pas au fond la tranquillité à laquelle les citoyens seraient en droit d’attendre, en se sentant gouverner avec précision et avec une direction claire. Il n’y a plus de direction de ce point de vue-là et je le regrette, franchement. Je ne sais pas du tout comment cela va se finir. Visiblement, ils ont enlevé la notion de binationalité de la constitution alors que Christiane Taubira est partie.

Est-ce une bonne nouvelle pour vous ?

Je pense que c’était ingérable. Je veux dire qu’on ne peut pas avoir la garde des sceaux qui dit je suis contre et qui défend le texte en même temps. Elle ne part pas quand le Président de la République annonce que l’on constitutionnalise la déchéance de nationalité pour les binationaux mais elle part quand le Président de la République annonce que ce n’est plus dans la constitution ! Avouez que tout cela n’est pas très cohérent.

Vous ne la regretterez pas Christiane Taubira ?

Vous savez, je n’ai jamais pointé du doigt les personnes : ce qu’ont fait certains responsables politiques à droite. On peut regretter qu’il n’y ait pas eu une politique pénale plus engagée. Au fond, son bilan est assez mince mais je ne vais pas attaquer la personne, je veux bien lui faire grâce de convictions mais je ne lui ferai pas grâce de cohérence sur cette affaire.

 

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