Fadila Mehal : "Miser sur la culture contre la barbarie"

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Dans une tribune accordée à Marianne, Fadila Mehal, conseillère de Paris et vice-présidente du groupe UDI-MoDem de Paris, s'interroge sur l'organisation de l'islam en France et sur la place des femmes, premières concernées par la montée de l’intégrisme. La présidente de la commission "culture patrimoine mémoire de Paris" et membre de l'Observatoire parisien de la laïcité fait partie des femmes qui se battent pour changer les mentalités et promouvoir une conception ouverte et non dogmatique de la religion.

La polémique sur le burkini en dit long sur la société française et sur les religions en général, notamment dès qu'il s'agit des femmes. Concernant l'islam, c'est encore plus vrai car, si les femmes restent invisibles dans la sphère de la représentation religieuse, elles sont devenues malgré elles les marqueurs les plus visibles et les plus symboliques de la religiosité musulmane dans l'espace public. Pour beaucoup de musulmans, c'est par elles que passent désormais les enjeux fondateurs tels que la transmission, la morale, les valeurs, l'honneur ou la pudeur. Dans ce contexte codifié et étroitement surveillé, le dévoilement de leur corps s'apparente à un blasphème, pis, à une ligne jaune infranchissable. Et, pourtant, des musulmans en terre d'islam ont bravé cet interdit. Le père de l'indépendance tunisienne, Habib Bourguiba, a dès 1956 promulgué le code du statut personnel et s'est appuyé sur l'émancipation des femmes pour revitaliser la société tunisienne tout entière. Son premier fait d'armes : interdire le foulard dans l'espace public. Trente ans plus tôt, le Turc Mustafa Kemal Atatürk, inspiré par la Révolution française, va instaurer la laïcité. Quelles leçons en tirer ?

En France, alors que beaucoup s'interrogent sur l'organisation de l'islam de France, il est certain que la réussite de ce nouvel aggiornamento doit intégrer la dimension féminine (qui représente somme toute la moitié de la communauté des croyants), voire féministe. Organiser l'islam de France, c'est être attentif à la place qui sera donnée aux musulmanes de France, dans toutes leurs diversités et quel que soit leur niveau de croyance ou de pratique. Ainsi, la présence ou l'absence des femmes dans la future organisation de la Fondation des œuvres de l'islam de France sera déterminante et sera un indicateur très révélateur de la capacité de l'islam de France à se «laïciser». Le droit des femmes à disposer de leur corps, leur statut personnel, leurs droits sociaux en seront des marqueurs essentiels.

Organiser l'islam de France, c'est donner la même voix aux hommes et aux femmes qui font vivre cette religion. C'est promouvoir les élites musulmanes pour qu'elles deviennent des modèles d'identification positive. C'est former aux lois de notre République des imams français, et qui parlent français. C'est faire en sorte que, dans nos prisons, on n'entre pas délinquants pour en sortir radicalisés. C'est faire que l'argent étranger pour construire les mosquées soit identifié et contrôlé. C'est enfin et surtout miser sur la culture pour lutter contre l'ignorance et la barbarie.


Fadila Mehal

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