"La Grèce danse au bord de la falaise" avec un gouvernement en proie à l'"affolement"

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François Bayrou était ce matin l'invité de Guillaume Durand sur Radio Classique/LCI. Le président du MoDem a ainsi réagi à la déclaration du gouvernement grec laissant entendre qu'il pourrait renoncer au référendum de dimanche prochain en cas de reprise des négociations avec l'Union Européenne.

Pour retrouver l'intégralité de l'entretien, suivez le lien.

Vous le savez, François Bayrou préside le MoDem et est maire de Pau. Nous allons parler avec lui - puisque c’est un européen convaincu - de la situation évidemment en Europe, des régionales et des « petites phrases » de Nicolas Sarkozy qui continuent à pleuvoir le concernant… Est-ce que vous considérez que Madame Merkel a raison de dire « on arrête tout ce matin, on attend le résultat du référendum » ?

Je considère que la Grèce danse au bord de la falaise, et danse parfois un pas en avant deux pas en arrière, sans que l’on n’y comprenne plus rien ce qui est l’indice d’un grand affolement du gouvernement grec. Ce que l’on a vécu hier soir avec la déclaration du gouvernement grec laissant entendre qu’il pourrait renoncer au référendum de dimanche prochain est l’indice d’une grande crainte, d’une grande peur probablement devant l’opinion publique. Chaque fois qu’un gouvernement est devant une situation d’affolement comme celui-là alors le peuple prend peur et il me semble qu’il va y avoir des lendemains qui vont être un peu durs pour le gouvernement grec.

La question portait sur les négociations, parce qu’au fond Jean-Claude Juncker et un certain nombre d’autres continuent de dire « il faut négocier ». Est-ce que de votre point de vue il faut attendre que tout soit clarifié du côté des Grecs pour commencer ou recommencer à travailler avec eux ?

En tout cas, on a besoin d’une certitude que le gouvernement grec est prêt à trouver un accord. Pour l’instant cette certitude n’existe pas ! Il y a des mois que le gouvernement grec affirme vouloir trouver un accord et dans la réalité il refuse cet accord. Alors je ne dis pas que les institutions, les créanciers, la banque européenne, le FMI ont agi toujours comme il fallait mais le gouvernement grec non plus en multipliant les promesses dont il était clair qu’elles étaient imprenables et là où nous en sommes aujourd’hui.

Est-ce que vous considérez que le Président de la République a été trop compréhensif avec les Grecs dans cette évolution qui commence à nous faire danser comme vous dites au bord de la falaise ?

Je pense que le gouvernement français a pris une attitude, une posture compréhensive avec le gouvernement grec mais sur le fond en tout cas il n’y a pas eu de changement. Il n’y a pas sur le fond de différences d’attitude entre les pays européens qui voient bien que la situation dans laquelle la Grèce s’est placée est intenable, et que l’on risque d’aller vers un grave accident. J’ai trouvé que la déclaration de François Hollande était surprenante d’optimisme et même peut-être de légèreté. L’idée que la France n’aurait rien à craindre de ce qui va se passer en Grèce est une idée qui fait bon marché de ce qui va arriver à coup sûr, et qui est : si un pays de la zone euro fait faillite, le doute s’installe sur l’ensemble des pays de la zone euro et notamment sur ceux qui ont une dette astronomique, comme dans notre pays ! Elle continue à grimper, les chiffres que j’ai vus hier soir sont énormes.

Est-ce que nous sommes des Grecs, François Bayrou ? Les chiffres sont quand même énormes : 2100 milliards…

Je ne dis pas que la situation de la Grèce et la situation de la France sont les mêmes. Nous sommes un pays plus solide, nous sommes un pays qui a un État, nous sommes un pays qui a une économie plus structurée mais en tout cas la légèreté des gouvernants depuis longtemps, depuis des années, sur le problème de la dette est une légèreté qui à mon sens nous conduit aujourd’hui dans le mur parce qu’elle nous enlève notre liberté, notre marche de manœuvre.

Est-ce que François Hollande est coupable d’avoir laissé déraper cette dette française ?

Tous les gouvernements successifs et le gouvernement de François Hollande depuis 2012 portent évidemment une part de responsabilité. Mais l’orientation de la question que vous venez de me poser est une orientation bien connue, entendue très souvent dans la politique française, qui est de faire porter au gouvernement en place toute la responsabilité de la situation. Or, si on regarde les courbes, les évolutions depuis 15 ans, sur les deux questions – dette d’un côté et chômage de l’autre – alors on s’aperçoit d’une chose : c’est une progression ininterrompue et au même rythme ! Il n’y a pas eu dans les alternances de différences ou de changements à cette France qui s’enfonce au même rythme dans les mêmes difficultés. C’est la même absence de décisions, c’est la même absence de clairvoyance.

Est-ce que vous êtes l’homme qui fait perdre la droite ? Vous savez que Nicolas Sarkozy a gagné hier le grand prix de l’humour politique avec cette phrase que je lis « pour désespérer de François Bayrou, encore faudrait-il que j’ai placé un jour de l’espoir en lui », sous-entendu c’est lui qui fait perdre la droite ou qui se débrouille pour que à chaque élection la droite ne s’en sorte pas bien.

Si vous voulez bien, d’abord, je ne suis pas tout à fait sûr que ce sujet soit au même niveau que les précédents thèmes traités, et donc de ce point de vue-là, remettons les choses à leur place.

Mais l’accusation tacite c’est quand même d’être l’homme qui fait perdre la droite ?

Je vais vous répondre. Si Nicolas Sarkozy essayait de se poser la question de savoir pourquoi depuis des mois, il baisse de manière ininterrompue dans l’opinion, pourquoi la confiance des français se détourne de lui, et de manière brutale, vous avez encore vu les sondages hier, il me semble que une partie de la réponse serait dans ses attitudes qui consistent à perpétuellement chercher des responsables à ses propres difficultés. Alors que pour moi la défaite de Nicolas Sarkozy, c’est d’une clarté absolue, c’est lui qui a mis un certain nombre de français…

Enfin lui considère que d’une certaine manière c’est vous le traître.

Oui et bien moi je vous dis que dans la défaite de 2012, la responsabilité principale est celle de Nicolas Sarkozy, et dans le décrochage qui est le sien dans l’opinion aujourd’hui la responsabilité principale est celle de Nicolas Sarkozy. Donc dans le fond, aujourd’hui,  le nombre de ceux qui disent non ça ne ressemble pas à l’image d’un président de la République comme nous l’espérons, c’est au fond le sentiment que moi j’ai éprouvé pendant des années.

Je vais vous poser une question qui justement sur ce thème-là est pratique c’est celle des régionales. Il y a un candidat du MoDem qui est un garçon brillant, qui est un chef d’entreprise, qui a créé beaucoup d’emplois, qui va se présenter contre Wauquiez.

Pourquoi vous dites contre Wauquiez ?

Parce que c’est quand même la réalité.

Contre le candidat du PS, contre le candidat de l’UMP et contre le candidat du Front National.

La droite dit « regardez il continue », c’est-à-dire que même quand c’est les régionales, il va nous mettre quelqu’un dans les pattes. Je vais donner son nom quand même il s’agit de Patrick Mignola.

Absolument. Et c’est vraiment quelqu’un de très bien. C’est un homme jeune, 44 ans, qui a exercé les fonctions d’élu depuis son plus jeune âge, il a été un des plus jeunes maires, et un des plus jeunes conseillers généraux de France,  c’est vraiment quelqu’un de très bien, et il se trouve qu’il est dans cette région, et qu’il voit que au lieu de poser les problèmes de la région, ce qui est le cas dans beaucoup de situations en France, on pose les problèmes de politique nationale.

Il y a un accord entre les Républicains et l’UDI sur un plan national, et là on a un centriste qui va à la bataille, donc évidemment, ça peut paraître prudent. Vous avez l’air d’être très soupçonneux ce matin, mais est-ce que ce n’est pas une manière, quand même de casser un accord ?

C’est-à-dire est-ce que nous sommes partie prenante de cet accord ? Est-ce que le centre indépendant est partie prenante de cet accord ? Est-ce qu’il accepte ou a choisi la ligne politique qui est en train d’être développée dans cette région ? Pour l’instant, le moins que l’on puisse dire, c’est non. Il faut que vous compreniez qu’il y a un choix politique qui est un choix politique fondamental pour nous, qui est celui-ci : les problèmes des élections régionales sont des problèmes régionaux, et ce n’est pas par un accord des Etats-majors politiques dont vous savez que aujourd’hui, je ne sais pas si vous vous en rendez compte à l’antenne, mais les français ont une exaspération de la manière dont les négociations politiques sont conduites, et les lignes politiques choisies. Dans cette région en tout cas la ligne politique n’est pas celle que souhaiteraient beaucoup d’électeurs dont la modération et la volonté de changement pour la région Rhône-Alpes sont importants. Voilà la raison pour laquelle Patrick Mignola dans cette période de pré-campagne présente un projet et des équipes, et c’est quelqu’un de bien, et pour une fois qu’il y a quelqu’un de bien en politique je propose qu’on le soutienne.

J’ai une dernière question à vous poser : on ne va pas parler ce matin d’Alain Juppé et d’une éventuelle candidature de votre part s’il perd la primaire, puisque vous avez déjà répondu il y a un mois que ce n’est pas le moment. Est-ce qu’il faut fermer les mosquées salafistes ?

D’abord s’il y a des mosquées salafistes, et si des propos sont tenus dans des mosquées salafistes, que le gouvernement fasse preuve de rigueur. La responsabilité du gouvernement et de l’exécutif c’est d’être implacable lorsque l’ordre public est en jeu. Et nous avons en France toutes les lois pour défendre l’ordre public.

Donc il ne s’agit pas seulement d’expulser les imams, il s’agit de fermer les mosquées ?

Il s’agit de faire respecter l’ordre public en France, et c’est la responsabilité du gouvernement, ce n’est pas une responsabilité facile et tout le monde le sait, mais c’est la responsabilité du gouvernement et qu’il l’exerce.

Merci François Bayrou.

 

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