"Menons le combat contre le projet destructeur du Front National"
Pour François Bayrou, "les idées du FN sont purement et simplement incompatibles avec un avenir positif du pays" et conduiraient à "mettre par terre tout ce que nous avons construit au travers du temps".
Interrogé sur les raisons du vote Front National au micro de France Inter, François Bayrou a jugé qu’il s’agissait d’un "vote pour renverser la table". Selon lui, "il y a aussi une partie des électeurs qui, faute d'autres perspectives, se disent : ‘On a essayé le reste, ça ne marche pas, alors on va prendre ça’".
"Il faut qu’ils se demandent s'il est crédible de sortir de l'euro, de revenir au franc, de mettre par terre tout ce que nous avons construit au travers du temps, et si cela va nous faire du bien". Pour le Président du Mouvement Démocrate, tout cela "nous ferait du mal". "Ce ne serait pas anodin, ce ne serait pas secondaire, ce serait destructeur pour le pays et sa vie à venir", a-t-il jugé avant d’en appeler à "mener le combat nécessaire" contre ces idées.
"L’AMBIANCE DE SCANDALES PERPÉTUELS ALIMENTE LE VOTE POUR LES EXTRÊMES"
"Il y a deux éléments qui nourrissent le vote pour les extrêmes et en particulier pour l'extrême-droite. Le premier, c'est l'ambiance de scandales perpétuels dans laquelle nous vivons." "Il faut que vous vous mettiez à la place de ceux qui nous écoutent, ils ont vu dans la même journée l'audition de Cahuzac, l'audition de Strauss-Kahn, la mise en examen de Tapie après quatre jours de garde à vue et Takieddine qui annonce qu'il a participé à des détournements divers et variés au profit du monde politique", a-t-il déploré.
Interrogé sur le paradoxe entre la nécessité de voir ces affaires éclater et les conséquences que cela engendre, François Bayrou a rétorqué qu’il était "tout à fait sain qu’elles sortent" mais que cela entraînait "évidemment une remise en cause justifiée des habitudes du monde politique et des décisions souterraines de l'État".
"IL Y A UNE CULTURE DE L’ESCROQUERIE CIVIQUE QUI S’EST RÉPANDUE DANS LE MONDE POLITIQUE"
Le deuxième élément qui nourrit le vote pour les extrêmes est "l’impuissance politique", rappelle celui qui a dénoncé dans son livre, De la vérité en politique, "la multiplication des promesses que ceux qui les formulent savent intenables". "Savent", a-t-il insisté, "ce n'est pas qu'ils soient surpris par la réalité du pays, c'est qu’ils savent pertinemment que ces promesses sont sans capacité ou sans probabilité de réalisation". "Ils racontent des histoires pour avoir des voix, et cela dure depuis 15 ou 20 ans", a-t-il regretté.
"Cette culture de l'escroquerie civique s'est répandue dans le monde politique", a-t-il dénoncé, "même les médias considèrent que, après tout, si c'est pour avoir des voix, c'est justifié". "Il faut changer de culture pour passer du monde de l'impuissance au monde de la capacité ou de la force d'une politique simple, humble, peut-être modeste dans ses promesses, mais qui change réellement les choses", a-t-il plaidé.
"Ce ne sont pas les extrêmes et ce n'est pas le Front National qui apporteront la solution à cela", a souligné François Bayrou pour qui "les idées de ce mouvement sont purement et simplement incompatibles avec le développement et l'avenir positif du pays". "Il importe de se battre" contre ces idées qui "nous conduiraient au drame", a-t-il exhorté.