"J’espère que Donald Trump se rendra compte que la décision qu’il a prise est contre-productive."

Marielle de Sarnez était ce matin l'invitée de Caroline Roux dans l'émission "Les 4 Vérités", sur France 2. La présidente de la Commission des affaires étrangères est revenue sur les conséquences de la décision du président des Etats-Unis de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël.
Retrouvez l'intégralité de cette interview ci-dessous.

Caroline ROUX : Bonjour Marielle de Sarnez, il l’avait dit, il l’a fait. Donald Trump va déménager l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem. « Regrettable » comme le dit simplement Emmanuel Macron alors que déjà une partie du Moyen-Orient réagit avec véhémence à cette déclaration de Donald Trump ?

Marielle de SARNEZ :  Il y a même une désapprobation de l’ensemble de la communauté internationale. On l’a vu tout au long de la soirée et tout au long de la nuit. Je pense que c’est effectivement une décision regrettable, très regrettable. Regardons l’état du monde, notamment près de l’Europe, c’est-à-dire sur les rives de la Méditerranée. Si on part de la Libye, que l’on va vers la Syrie, que l’on va vers l’Irak, regardons ce Proche-Orient : est-ce que cette décision va apaiser ou va exacerber les tensions ? Evidemment que c’est de nature à exacerber les tensions, peut-être même les violences. Ça c’est la première chose et c’est évidemment une très très mauvaise conséquence.

Et puis il y a deux autres questions. On était dans un processus de paix extrêmement fragile. Est-ce que cela renforce les chances du processus de paix ? A l’évidence non, cela n’en renforce pas les chances. Tout le monde sait bien qu’il n’y a pas d’alternative à la solution des deux Etats et à un statut particulier pour Jérusalem. Et enfin peut être que l’on y reviendra, c’est la question du droit international. Cela fait plus de 70 ans que nous avons, nous les Nations, que nous nous sommes dotés d’un droit international, que nous respectons.

Comment va faire Donald Trump quand il voudra que ce droit international s’applique à la Corée du Nord par exemple ? Comment peut-on mettre de côté le droit international sur un théâtre très difficile, très compliqué qui est celui du Proche-Orient et d’un autre coté vouloir qu’il s’applique. Voilà les contradictions auxquelles il va être confronté. Et c’est pourquoi c’est une décision qui va être contre-productive pour tous les objectifs poursuivis, pour toutes les raisons que je viens de dire.  

 

Caroline ROUX : La Jordanie dénonce la décision légalement nulle, donc qui n’aurait pas d’incidence sur les autres pays. Le Conseil représentatif des Juifs de France (CRIF) appelle maintenant Emmanuel Macron à reconnaitre Jérusalem comme capitale israélienne.

Marielle de SARNEZ : Je crois qu’il faut vraiment faire attention à toutes les réactions qui pourraient empêcher d’aller dans le sens d’une médiation. La France si elle peut avoir une médiation c’est bien. Même l’Arabie Saoudite, qui est un allié sérieux des Etats-Unis, a demandé à Donald Trump de revenir sur sa décision, ce qui serait bien évidemment la sagesse. Je ne sais pas s’il peut le faire. Mais on voit bien qu’il va être isolé sur la scène internationale. Et la France va faire ce qu’elle peut pour qu’on continue à se parler.

 

Caroline ROUX : Ça ne parait pas un peu sous-calibré, cette réaction d’Emmanuel Macron après une décision unilatérale, comme celle du président Trump ?  Il a choisi une forme de pragmatisme vis-à-vis de Donald Trump selon Emmanuel Macron « regrettable ». Une fois que l’on a dit cela, on n’impressionne pas vraiment le président des Etats-Unis.

Marielle de SARNEZ: Moi je pense que c’est une réaction qui n’aura que de mauvaises conséquences. C’est cela que j’essaye d’expliquer ce matin. Est-ce qu’il faut encore faire monter la pression ? Il faut regarder les faits, voir ce qu’il se passe avec lucidité. Essayer d’appeler à une forme de médiation possible. 

 

Caroline ROUX : Entre qui et qui ?

Marielle de SARNEZ: J’espère que Donald Trump se rendra compte que la décision qu’il a prise est contre-productive pour les trois raisons que j’ai dites. Est-ce que ça ne va pas exacerber les tensions ? Cela va toucher la question de la sécurité au Proche-Orient ; ça ne va pas aller dans le sens de la paix. Imaginez qu’il y a une solution alternative avec Jérusalem, capitale des deux Etats, c’est évidemment se raconter des histoires. Il n’y aura pas de plan alternatif, Il n’y aura pas de plan B et la troisième chose, je le rappelle, c’est le droit international. Alors oui j’espère que Donald Trump aura la sagesse de revenir sur cette décision.

 

Caroline ROUX : C’est déjà presque trop tard, dans la bande de Gaza, le mouvement islamiste, le HAMAS a déclaré : « Trump ouvre les portes de l’enfer » Il prend le risque d’ores et déjà d’embraser la région.

Marielle de SARNEZ : Je crois qu’il n’est jamais trop tard pour aller vers des décisions qui vont dans le sens de l’apaisement plutôt que dans le sens des exacerbations des violences et des conflits. Et là, c’est de la responsabilité du président américain de regarder les choses en face et de se dire que peut-être il a fait un mauvais choix.

 

Caroline ROUX : Est-ce que finalement nous ne sommes pas impuissants, collectivement face à la force du tempérament de Donald Trump et à sa politique internationale ?

Marielle de SARNEZ : Je ne le crois pas, je crois en la force des institutions, je crois en la force des Nations-Unies, je crois en la force du droit international. Je sais qu’ils sont malmenés. Les Nations-Unies sont malmenées par le président américain en ce moment : il est sorti de l’Accord de Paris, il est sorti du Plan mondial de l’immigration, de l’UNESCO. Mais là c’est une décision effectivement unilatérale mais qui peut aller à l’encontre des intérêts américains demain.

 

Caroline ROUX : Pourquoi ?

Marielle de SARNEZ : Je vais vous parler de la Corée du nord. Comment pouvez-vous exiger qu’au Conseil de Sécurité des sanctions soient décidées, que le droit qui doit s’appliquer pour faire cesser la Corée du nord dans cette course vers l’armement nucléaire soit respecté, si de l’autre côté vous ne respectez pas les engagements du droit international.

 

Caroline ROUX : En tant que présidente de la commission des Affaires étrangères, sincèrement l’état du monde vous inquiète plus qu’aujourd’hui qu’hier ?

Marielle de SARNEZ : Bien sûr qu’il m’inquiète, terriblement, mais je crois profondément en deux choses : une Europe unie, forte, politique. Elle est d’ailleurs sur cette décision de Donald Trump. Et je crois qu’il faut le respect du multilatéralisme. C’est absolument vital.

 

Caroline ROUX : C’est l’autre actualité et quelle actualité, celle de Johnny Hallyday. La question se pose, la France doit-elle organiser un hommage national pour les obsèques de Johnny Hallyday. Vous aimez Johnny Hallyday, j’allais dire presque comme tout le monde.

Marielle de SARNEZ : Je crois que tous les Français aimaient Johnny Hallyday et aiment Johnny Hallyday et je crois que tous les Français ont envie de l’accompagner pour lui dire au revoir.

 

Caroline ROUX : Vous nous avez fait un beau cadeau ce matin avec cette photo, avec Jean-Pierre Raffarin c’était il y a quelques années. Et c’était quel titre ?

Marielle de SARNEZ: Je crois que c’était « Que je t’aime ».

 

 

 

 

 

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