Mariage homosexuel: "Ce choix du chemin de l'affrontement m'aurait conduit à voter contre"

Alors que le projet de loi sur le mariage homosexuel s'apprête à être voté par l'Assemblée nationale, François Bayrou a exprimé "son grand regret" que "l'affrontement" ait triomphé sur "la réconciliation", sur le plateau de la matinale de Radio Classique et Public Sénat. Il salue néanmoins l'action de Christiane Taubira, qui a su "s'affirmer" au fil de ce débat.

Radio Classique - Le mariage pour tous devrait être voté aujourd'hui par l'Assemblée. Qui en sort victorieux ? 
François Bayrou - J'ai un regret en face de cette affaire : j'ai la certitude qu'il existait un chemin de réconciliation de toutes les sensibilités. Je pensais que la communauté homosexuelle avait deux attentes : reconnaissance et droits. On a choisi un chemin d'affrontement, de clivage, c'est un regret pour moi. Je trouve toutefois que la Garde des Sceaux, Christiane Taubira, a gagné des points. C'est quelqu'un qui s'est affirmé. Cela fait plaisir car elle a été très moquée quand elle a été choisie. 

Qu'auriez-vous voté ? 
J'aurais voté contre ce texte pour une raison très simple : je pense que le statut d'union, que j'ai proposé depuis de nombreuses années, était la seule façon de réconcilier les Français. 

DÉMISSION DU PAPE: "CELA OUVRE UNE ÈRE NOUVELLE" 

Radio Classique - Le pape Benoit XVI a annoncé hier sa volonté de démissionner le 28 février. Quel regard portez-vous sur la réaction de l'État français ? A-t-il fait preuve de trop de distance ? 
Je ne pense pas qu'il y ait eu de la distance. Simplement, il n'y a pas d'empathie forte, de conviction religieuse, de sensibilité très forte à ce sujet à la tête de l'État. L'État et l'Eglise sont séparés et il est bien qu'ils le soient. On pourrait imaginer des mots plus sensibles, mais la France est un pays laïc, qui prend soin de séparer la religion et la politique. C'est un bien nécessaire, pour l'avenir du monde, cette forme de séparation, chacun dans son domaine : c'est un message que la France porte pour le monde. Je le dis d'autant plus que je suis croyant. C'est mieux pour la conviction religieuse et l'équilibre de la société. 

On pouvait lire la surprise dans le regard des cardinaux au moment de cette annonce. 
Il y a eu un coup de tonnerre sur la planète. J'ai été stupéfait, comme tout le monde. La tradition ininterrompue depuis des siècles, c'est que le chef de l'église catholique porte sa charge jusqu'au bout. Il y a une forme d’héroïsme à porter sa charge jusqu'au bout, mais il y a aussi une forme d’héroïsme dans la décision de démissionner. C'est une décision profondément humaine, courageuse, et d'une très grande conscience sur ce qu'est le monde aujourd'hui. Je suis certain qu'il a fallu beaucoup de réflexion intérieure jusqu'à conclure qu'il fallait faire ce geste inouï. Cela ouvre une ère nouvelle pour deux raisons : parce qu'évidemment il va y avoir un nouveau pape, avec une sensibilité nouvelle aux problèmes du temps, peut-être une origine et une culture différentes, et parce que l'exercice de la fonction suprême de pape ne sera plus la même si on sait qu'il peut s'en aller. 

"LE PRÉSIDENT N'A PAS DE MAJORITÉ POUR SOUTENIR LA RECONQUÊTE DE NOTRE PRODUCTION" 

Quel regard portez-vous sur l'action du président de la République ? 
Je pense que François Hollande a montré ces dernières semaines qu'il pouvait prendre des décisions importantes, de manière juste. La décision sur le Mali, la manière dont elle a été prise et assumée, est très positive. Beaucoup se demandent : pourquoi seuls ? Je leur réponds : heureusement qu'un pays a bien voulu prendre la décision seul. Sinon, nous aurions un deuxième Afghanistan, avec 6.000 otages français. La séquence de négociation syndicale est aussi un plus. Bien que trop complexe, elle constitue un pas en avant. En revanche, il y a toute une zone d'incertitude et d'inquiétude en matière économique et sociale. 

Neuf mois après, regrettez-vous votre vote au second tour pour François Hollande ? 
Ce que je viens de dire montre que je trouve qu'il a, dans son exercice de président de la République, une affirmation juste et bienvenue. La question est économique et sociale. La France, depuis douze ans, se trouve engagée dans un cycle qui est un cycle d'enlisement. Vous voyez bien notre pays avec l'extraordinaire difficulté qui est la sienne. L'emploi, auquel tout le monde pense, n'est qu'une conséquence de notre incapacité à se faire une place dans la production. Un pays qui est incapable de s'affirmer en matière de production, de recherche, d'innovation ne peut pas faire reculer le chômage. 

Votre ralliement à François Hollande ne vous a-t-il pas séparé du centre ? 
Je ne suis en aucune manière séparé de ma famille politique. J'en porte la voix. Si le mot centre a un sens, c'est qu'il est libre et indépendant par rapport aux deux camps. Cette indépendance est nécessaire à la France. La politique qu'il est nécessaire de suivre, pour concentrer les efforts du pays et soutenir la révolution de notre production, les entreprises et les créateurs qui la portent, n'a pas aujourd'hui la majorité capable de la soutenir. La gauche est divisée et va se diviser encore plus. Je ne rejoindrai jamais une équipe gouvernementale si je ne suis pas en accord profond avec les choix qui sont faits. Pour l'instant, il y a pour moi une zone d'inquiétude en matière économique et sociale, que je ne travestis pas. Il se trouve qu'il y a en France des hommes politiques dont la carrière n'est pas le souci. Leur souci est de voir le pays se redresser.

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