Marc Fesneau, invité des "4 Vérités" sur France 2

Marc Fesneau, ministre auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement, était l'invité de l'émission "Les 4 Vérités" sur France 2, ce matin. Nous vous invitons à revoir cette interview.


Bonjour Marc Fesneau, vous êtes l’un des nouveaux visages de ce gouvernement. Nous allons parler dans un instant de cette équipe remaniée. Mais d’abord, une question d’actualité : les nouveaux éléments qui touchent le parti de Jean-Luc Mélenchon, La France Insoumise (LFI). La justice soupçonne l’existence d’un système de sur-facturation, tandis que le leader de LFI considère, lui, qu’il y a une forme d’acharnement sur sa personne et sur son mouvement politique. Qu’en pensez-vous ?

Je m’en tiens toujours à la même ligne. D’abord, il faut respecter l‘institution judiciaire et le travail de la police judiciaire. Il ne m’appartient pas, encore moins comme membre du gouvernement, de commenter les procédures en cours. Ensuite, j’ai été un peu choqué par l’attitude, lors des perquisitions, de Jean-Luc Mélenchon. Il connaît les institutions de la République, il réclame qu’on respecte les parlementaires – et il a raison, d’ailleurs – mais il faut aussi respecter les institutions qui sont celles de la police et de la justice. On ne peut pas jeter l’opprobre sur la police et la justice, qui font leur travail. S’il est de bonne foi – et il n’y a aucune raison de penser le contraire, d’ailleurs – la justice le saura et le dira. Je ne crois pas qu’il y ait besoin de dire en permanence qu’il s’agit d’un acharnement, parce que cela serait lui.


Sur la forme, les critiques sont venues de toute part, mais sur le fond, a-t-il tort de dire qu’il y a une forme de justice particulière, pour lui comme d’ailleurs pour le Rassemblement national (RN) de Marine le Pen, par exemple, qui lui aussi se revendique en dehors du système ? Je rappelle que votre propre parti, le MoDem, a subi des perquisitions dans le cadre d’une enquête. Est-ce que cela a été fait de la même façon, un peu spectaculaire ?

C’est monsieur Mélenchon qui est allé devant la porte alors qu’il y avait la police judiciaire pour se mettre en scène et se filmer. Disons les choses comme elles sont. Quand il y a des enquêtes préliminaires, c’est normal qu’il y ait des procédures de cet ordre. Il y en a eu dans beaucoup de partis.


Dont le vôtre.

Oui. Dans la plupart des cas, elles n’ont pas mené à des poursuites plus lointaines. La justice fait son travail. Je pense qu’il faut que ni les uns ni les autres ne le mettent en scène. Il faut être prudent quand il y a des procédures comme celles-là. La remise en cause, et le fait de bousculer la police, quand on est parlementaire de la République et quand on est un responsable important comme Jean-Luc Mélenchon, c’est l’institution qu’on bouscule, au-delà de bousculer physiquement quelqu’un. Je trouve que cela ne va pas dans le bon sens. Il n’y a pas d’acharnement particulier, je pense que la justice fait son travail.

 

Ce remaniement n’a pas vraiment fait bouger les lignes dans l’opinion, si l’on en croit un sondage publié hier par Le Figaro. Même parmi les électeurs de la majorité, il y a un mécontentement global face à la politique du gouvernement et au couple exécutif. Que faire pour redonner la confiance ?

Je ne crois pas que l’objectif du remaniement soit simplement, en 24 heures, de bouleverser ce que peuvent être les grandes tendances d’opinion. Des signaux ont été donnés, mais le nouveau souffle ne se produit pas en 24 heures. L’idée, je crois, était pour le président de la République et le Premier ministre, de consolider la majorité sur la base qui a pu la former en 2017, principalement La République en marche, mais aussi le groupe MoDem que je présidais, puisque nous avons autour de François Bayrou contribué significativement à l’arrivée d’Emmanuel Macron. Par ailleurs, c’est aussi la capacité à partir de ce noyau central d’élargir sur notre droite, puisque Didier Guillaume entre comme ministre de l’Agriculture et vient des rangs du Parti Socialiste et Franck Riester est au ministère de la culture. L’idée était donc de consolider. Ensuite, nous consolidons la confiance et nous la retrouvons si nous sommes à l’œuvre, à l’action, et que nous expliquons le travail que nous faisons. Je pense que c’est cela qui est le plus important.

 

Vous le dîtes vous-mêmes : un peu de gauche, un peu de droite, un peu plus de MoDem. C’est un remaniement très politique, c’est plutôt l’ancienne politique, non ? On est assez loin des objectifs du nouveau monde tel que l’a décrit Emmanuel Macron ?

Non, il y a dix-huit mois, souvenez-vous de ce que nous disions : la capacité de rassembler par-delà les clivages et de créer à partir d’un noyau central de nouveaux horizons pour ceux qui avaient envie de partager les horizons politiques que nous proposions. C’est exactement ce avec quoi nous renouons à travers ce remaniement. Et c’est ce qui est nouveau ! Pardonnez-moi de le dire. Qu’on puisse retrouver dans un même gouvernement des gens qui viennent plutôt des horizons de la droite, de la gauche et du centre, et qui ont envie de défendre la même politique, je pense qu’on renoue avec l’élan de 2017. Et 2017, ce n’était pas il y a un siècle, c’était il y a un an.

 

Ce qui était nouveau aussi, c’était les personnalités comme Nicolas Hulot, Jean-Michel Blanquer, qui étaient hors du système politique… là, on les cherche encore.

Il y a deux secrétaires d’Etat qui viennent hors du champ politique. Je pense que c’est aussi la cohérence politique et de ce que nous proposons qui compte.

 

C’est Jacqueline Gourault, votre collègue et amie, une figure du MoDem, qui doit retisser le lien avec les élus locaux, un lien qui s’est fortement distendu ces derniers mois. François Barouin à la tête des villes, Dominique Bussereau à la tête des départements et Hervé Morin à la tête des régions critiquent de toute part le gouvernement considérant qu’il fait preuve de mépris. Ce qui a mis le feu aux poudres, c’est le petit mot qui a accompagné la taxe d’habitation cette année que beaucoup ont reçu, qui précise que dans certaines villes, si certaines taxes ont augmenté, c’est la faute de votre maire… dit en substance le ministre du Budget.

C’est une œuvre de transparence. Il y a un an, l’association des maires de France avait publié la carte de la dotation globale de fonctionnement pour expliquer, contrairement à ce que nous disions, qu’elle était en baisse dans les communes. Or, cette baisse était due à la population et à d’autres éléments techniques, alors que nous faisons une mesure en faveur du pouvoir d’achat. Alors, que nous puissions indiquer la part de ce qu’a fait l’Etat pour la baisse et que quand il y a une augmentation, cela puisse être dit et explicité devant les citoyens, c’est de la transparence. Le #balance ton maire, c’est de la délation. Nous étions nombreux à être choqués par ce hashtag. Il n’y a pas lieu de faire de la délation.  D’ailleurs, toutes ces données sont des données publiques. On ne peut pas dire à la fois prendre une mesure de pouvoir d’achat et se retrouver dans la situation où des maires, pour des raisons diverses, souvent parce qu’ils pensent qu’ils en ont besoin pour équilibrer leur budget, augmentent leur budget et qu’on vienne dire : « regardez, l’Etat n’a pas fait sa part… ».

 

Vous ne comprenez pas que cela ait été mal vécu cette façon de préciser que si l’impôt augmente c’est la faute du maire et pas de l’Etat ?

Je crois que ce qui a pu être mal vécu, c’est bien le #balancetonmaire. J’ai été maire jusqu’à il y a un an d’une commune de 700 habitants, je vois très bien ce que peut être le vécu d’un maire. Je suis le maire typique de la strate des communes de France. Je vois très bien ce qui a pu être mal vécu et que nous ayons besoin de transparence et d’expliquer ce qui est la part de baisse dde l'Etat. Quand cela augmente, les associations d’élus ne se privent pas de le dire, et quand cela baisse, c’est bien de le dire. Quand c’est lié à la décision des élus locaux, c’est leur responsabilité.

 

Vous êtes ministre, vous êtes lié à la solidarité gouvernementale, mais il y a quelques jours, vous n’étiez qu’un élu local. Admettez-vous qu’il y a aujourd’hui une confiance qui est rompue et qu’il faut rétablir ?

Qu’il y ait besoin de renouer le dialogue, c’est incontestable. Il y a des choses qui ont été mal comprises. Mais reconnaissons aussi qu’il y a une grande part d’injustice dans tout cela : nous sommes le gouvernement qui, depuis la première fois depuis six ou sept ans, n’a pas baissé les dotations. C’était un élément central de la crise avec les élus. Par ailleurs, beaucoup de réformes (agrandissement des régions, agrandissement des intercommunalités, fusion des communes…) ont fait que le paysage s’est profondément bouleversé. C’est cet écueil-là devant lequel nous sommes. Deuxième chose : les uns et les autres, nous sommes au service des habitants des territoires. Il faut faire en sorte qu’au-delà des postures…

 

Pour vous, ce sont des postures ?

Parfois, il y a quelques postures. Il faut qu’on renoue le dialogue car il ne faut pas que cela se fasse au détriment des territoires. Cela ne peut pas fonctionner, les collectivités contre l’Etat ou l’Etat contre les collectivités. Jacqueline Gourault, qui connaît encore mieux que moi ces questions, est là pour renouer et renforcer le dialogue dans un ministère qui concentre l’ensemble des outils, ce qui est une bonne nouvelle aussi. Mais je pense que nous avons besoin de renouer le dialogue de bonne foi. Je pense que la question territoriale mérite, elle aussi, de dépasser les clivages partisans et parfois, j’ai l’impression qu’ils ont parfois été attisés de façon injuste.

 

 

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