"L'Union est une nécessité vitale pour apporter des réponses aux crises auxquelles nous sommes confrontés"

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Après le vote des électeurs britanniques en faveur de la sortie de l’Union, Marielle de Sarnez plaide dans Libération pour la reconstruction de celle-ci sur une base politique et démocratique et pour l’élaboration d’une troisième voie européenne.

Cette interview est à lire en ligne sur le site internet de Libération.

Le résultat du vote britannique marque-t-il le début d’une déconstruction de l’Union européenne ?

Bien sur, ce risque existe. Et la seule manière de l’éviter est de changer d’Europe. Le risque de délitement augmentera d’autant plus que nous nous montrerons incapable de lui opposer un projet fort et fédérateur. A ceux qui pensent que le départ de la Grande Bretagne est finalement une bonne chose, qu'on pourra dès lors aller de l'avant vers «une intégration fédérale» sans rien changer de ce qui ne va pas, je dis qu'ils se trompent et qu'ils vont vers de cruelles désillusions.

Quelles seront les conséquences ce Brexit ?

Je crains que personne ne soit en mesure de les mesurer exactement aujourd’hui. Mais, à coup sur, elles seront graves. Elles vont se faire sentir en premier lieu pour la Grande Bretagne elle-même. La question de l'unité du Royaume-Uni et de son intégrité territoriale va se poser très rapidement. L'Ecosse et l'Irlande vont regarder vers l'Europe et être tentés de tourner le dos à Londres. C'est bien entendu un danger pour les Britanniques.

Et qu'en est-il pour l'Europe ?

C'est aussi une menace pour les pays de l'Union. Nous entrons dans une zone d'instabilité et de tensions qui nous fait courir des risques sur tous les plans. La vérité est qu'on n'est plus à l'abri d'un accident majeur. Avant d’apporter à cette crise des réponses toutes faites, il faut bien évidemment s’interroger aujourd’hui sur les rapports entre le peuple et ce qu’il est convenu d’appeler «les élites». Cette question se pose désormais partout et tant que nous ne la résoudrons pas, nous ne pourrons pas avancer. On ne peut pas faire l’Europe sans les peuples. Les pères fondateurs ont trop souvent considéré que l’Europe était une affaire trop sérieuse pour être confiée aux passions populaires et qu'il était sage d'en réserver la direction à une poignée d'initiés. Ce n'est plus tenable aujourd'hui. Les peuples européens vivent aujourd’hui très mal une mondialisation, la «globalisation» dans le vocabulaire anglo-saxon. Et ils ont l’impression que leurs dirigeants sont intégralement parties prenantes et participent de cet état de fait.

Comment sauver l’Europe ?

Il faut véritablement une Europe plus démocratique et plus politique. Quand François Hollande décroche son téléphone pour donner son feu vert à la Commission européenne afin qu’elle négocie un traité commercial avec les Etats-Unis sans qu’il n’y ait eu auparavant aucun débat, rien de rien, ni à l’Assemblée, ni au Sénat, ce n’est juste plus possible.

N’est-ce pas un peu paradoxal de demander une autre Europe quand c’est le principe même de l’Union qui est rejetée ?

L’Union est une nécésssité vitale. Nos pays, s'ils se retrouvent isolés, seront incapables d'apporter une réponse aux crises lourdes auxquelles nous sommes confrontés et qui vont inéluctablement s'aggraver. Pour le moment nous n’avons qu'une Europe technocratique, celle des marchés à coups de réglements, de directives et de normes. Mais absolument pas l'Europe politique dont nous avons besoin. Pourquoi, par exemple, devrions nous nous montrer plus naïf que les Américains ou les Chinois qui eux, protègent leurs marchés. Alors que nous pas du tout. L’Europe fédéraliste telle qu’elle est rêvée dans les couloirs de Bruxelles, ne constitue pas un horizon crédible. Pas plus d’ailleurs qu’une Europe des Nations qui ne serait qu’une addition d’égoismes nationaux. Il faut réussir à bâtir une troisième voie qui soit celle d’une Europe que je qualifie de «coopérative». Pour y parvenir, il faut un véritable leadership franco-allemand, et il faudra à la tête de la France, un président qui porte enfin une vraie vision de l'Europe.

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