"L'Europe est un idéal : celui de décider ensemble de se doter d'un destin commun pour affronter l'avenir"

Invitée à débattre face à Henri Guaino sur le plateau de BFM TV, Marielle de Sarnez a critiqué l'"Europe du marché" qu'ont voulu les Britanniques et a appelé à avancer vers une Europe politique, recentrée sur l'essentiel, qui laisse vivre le principe de subsidiarité.

Que pensez-vous du Brexit ?

Je pense qu’il y aura des conséquences lourdes, très lourdes. Pour la Grande-Bretagne d’abord, y compris sur le risque d’une décomposition de ses territoires, ce n’est pas du tout impossible. Mais aussi des conséquences lourdes pour l’Union européenne. Et toutes ces conséquences sont sous-estimées aujourd’hui.

La deuxième chose que je veux dire, c’est qu’on ne pourra pas continuer à faire l’Europe sans les peuples. C’est quelque chose qui, pour moi, est absolument obsédant. Je pense que les chefs d’Etat et de gouvernement ont une grande part de responsabilité dans ce qui est en train de se passer maintenant. Quand on prend les huit dernières années – je ne veux pas faire de politique politicienne, mandat de Sarkozy ou de Hollande peu importe – on voit bien que toutes les crises extrêmement lourdes qui sont arrivées en l’Europe n’ont pas été anticipées.

Pour vous ce n’est pas la Commission, c’est le gouvernement ?

Mais la Commission a aussi ses torts. Il y a quelquefois eu trop de technocratie. Il vaut mieux qu’on fasse une Europe plus politique et moins technocratique. Mais les Etats-membres ont une responsabilité là-dedans, les chefs de gouvernement, par exemple, ont été incapables d’appréhender la question des réfugiés syriens. Incapables, même, de l’anticiper. Cela faisait cinq années que nous savions que ça arrivait. Nous n’avons pas cessé de les alerter sur des réponses qui auraient dû être données de façon organisée, cohérente, en anticipant les choses, et ça n’a pas été fait. On ne pourra plus faire l’Europe sans les peuples ! Cous savez qu’au départ, c’était la « méthode Monnet », c’est-à-dire que l’on disait que l’Europe était tellement compliqué qu’il fallait la réserver à une élite, à des experts, ça ne peut plus marcher comme ça.

On doit faire un référendum, donc ?

Revenons d’abord en deux mots sur les raisons pour lesquelles nous en sommes là. L’Union a a commencé à se déliter quand Jacques Chirac a fait l’élargissement à tous les pays de l’est. Ca a changé la nature de l’Europe. Deuxièmement, ce que les Britanniques ont voulu, et voulaient, c’était au fond une Europe du marché, du commerce, de la concurrence, une Europe où l’on commerce et on laisse surtout la politique de côté. Je pense qu’il faut exactement faire l’inverse. Je n’ai pas envie de donner ma vie au marché, aux normes et aux directives pour le marché. Donc il faut arrêter avec tout ça, laisser l'Europe du marché de côté de décider à quelques-uns, ceux qui ont une monnaie commune, d'avancer sur une Europe politique. Une Europe recentrée sur l'essentiel, qui laisse vivre le principe de subsidiarité, c'est-à-dire que ce qui peut être fait par les États-nations doit être fait par les Etats membres. On est plus fort quand on est ensemble, il faut avancer ensemble.

Je pense que la guerre de cent ans, entre ceux que l’on appelle souverainistes et ceux que l’on appelle fédéralistes, n’a pas lieu d’être. Pour moi l'Europe est un idéal. Je trouve formidable d'imaginer que nous décidions ensemble de nous doter d’un destin commun pour affronter le monde tel qu'il est. Et je pense que c'est plus vrai que jamais.

Mais il y a un autre sujet. À partir du moment où l'on souhaite que la France reste en Europe, alors il faut que la France retrouve du leadership. Je crains que ce ne soit pas possible avant la présidentielle.

Que pensez-vous des accords du Touquet ?

J'étais contre au moment où ça s'est fait je suis toujours contre aujourd'hui. Moi, je ne l'aurais pas signé. Mais ça n'a rien à voir avec l'Union européenne puisque c’est un accord bilatéral, entre deux pays. Mais je le redis : la question, maintenant, est celle du leadership de la France. On a besoin de prendre des initiatives, mais aujourd'hui la France est faible, le président de la République aucune légitimité pour le faire et je crains que nous n'ayons pas de vision posée sur la table. Je crois donc qu'il faudra le faire au moment des présidentielle. Ensuite, une fois qu’on aura le projet, pourquoi ne pas organiser un référendum derrière à propos de ce que la France à dire sur l'Europe ?

 

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