L'Europe de la défense ne peut plus attendre !

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Dans sa lettre d'information mensuelle, Marielle de Sarnez déplore que l'Europe, faute de stratégie militaire commune, se révèle incapable de peser en tant que puissance mondiale. Elle appelle la France, seul pays membre de l'UE à être présent au Conseil de sécurité de l'ONU, à porter ce projet d'une Europe de la défense.

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L’annulation par le gouvernement eurosceptique polonais de la commande d’une cinquantaine d’hélicoptères de transport militaire Caracal d’Airbus au profit du Black Hawk de Lockeed Martin est un coup dur porté à la défense européenne, au développement de laquelle Varsovie semblait pourtant vouloir participer. Au-delà de la faute que représente le renoncement à la parole donnée, cette décision augure mal de la nécessaire coordination industrielle et technologique dont l’Europe a besoin pour asseoir son autonomie stratégique. Sans matériel et armement communs, les Européens ne seront jamais en capacité de se déployer dans les délais rapides qu’exigent les situations d’urgence et de crise.

Quand la France déclenche seule l’opération Serval au Nord Mali en janvier 2013 pour bloquer l’avancée djihadiste, ce sont pourtant des troupes françaises, allemandes et polonaises qui sont d’astreinte semestrielle au sein de l’unité tactique de l’UE. Ce battlegroup de 1500 hommes, au sein duquel se relayent les différentes armées nationales, a été créé en 2005 justement pour se projeter en 10 jours sur tout théâtre d’opération extérieure. Mais, faute de consensus et de volonté commune, cette force d’intervention européenne ne sera pas engagée pour contrer l’offensive islamiste sur Bamako. La France agira donc seule, alors qu’à l’évidence ce sont les intérêts vitaux de l’Europe qui sont menacés. Une fois que l’armée française aura sécurisé le pays, l’UE se contentera de former les troupes maliennes.

Aujourd’hui, l’Europe, faute de stratégie, se révèle incapable de peser en tant qu’entité politique, en tant que puissance, sur la scène régionale, et a fortiori mondiale, comme de protéger ses propres frontières extérieures. Alors même que les menaces n’ont jamais été si lourdes : terrorisme, Daesh, conflits régionaux en puissance, y compris aux portes de l’UE, en Ukraine, et en Crimée, guerre de Syrie, déstabilisation du Sahel et de la Libye, l’Europe est figée dans une inexistence stratégique.

Ajoutons que quelle que soit l’issue de la présidentielle américaine, les Etats-Unis continueront à se désengager du Vieux Continent. Le déploiement du bouclier anti-missile et de quelques bataillons de l’Otan en Europe orientale ne modifiera en rien le plan de retrait progressif de l’US Army et sa réorientation vers l’Asie décidée par Barak Obama.

Il y a donc urgence à inverser le cours des choses.

Pour garantir la sécurité des européens, l’Europe doit de toute évidence se doter d’une doctrine, et d’une stratégie de défense, perspectives d’ailleurs ouvertes par le Traité de Lisbonne, dont les dispositions en la matière ne sont toujours pas pleinement mises en œuvre 6 ans après son entrée en vigueur

A vrai dire, la prise de conscience de notre désarmement a déjà eu lieu. Les dépenses militaires, en chute constante depuis la fin de l’Union Soviétique se sont spectaculairement relevées depuis 2 ans dans presque tous les pays européens. L’Allemagne a désormais rattrapé la France, frôlant les 2% du PIB, chiffre fétiche des états-majors (avec 1,7% chacun soit 34,2 milliards d’euros de dépenses militaires pour l’Allemagne en 2016 contre 32 milliards pour la France),. L’objectif doit être de donner une cohérence et à ces investissements disparates, et de les inscrire dans un cadre stratégique.

La récente « feuille de route » franco-allemande rouvre les pistes oubliées dans le Traité de Lisbonne, en particulier la coopération renforcée d’une avant-garde et la création dans les 2 ans d’un quartier général permanent. Aujourd’hui l’UE mène 17 opérations au titre de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC), 11 civiles, comme par exemple la formation de policiers en Ukraine depuis 2014, et 6 militaires, comme la lutte contre la piraterie au large de la Somalie, la formation des bataillons de l’armée malienne ou la lutte contre les passeurs et le trafic d’armes en Méditerranée (opération Sophia), chacune ayant son QG particulier dans des villes de garnison à travers l’Europe !

Le Parlement européen pourra peser sur ce débat en son volet crucial : le financement. La révision du Cadre financier pluriannuel en 2020 sera en effet en discussion dès l’an prochain et il y a au moins deux axes sur lesquels nous pourrons intervenir pour inclure la dimension défense dans nos politiques communes, en insistant sur les économies budgétaires globales que favoriseraient des synergies. D’une part il faut améliorer le mécanisme Athéna de financement des opérations PSDC, lequel indemnise aujourd’hui le transport et les tentes, mais ni les hommes, ni les armes ! D’autre part, faire contribuer directement le budget de l’UE au financement de l’Agence européenne d’armement tant le développement des technologies duales civiles et militaires non seulement permet de mieux harmoniser l’équipement de nos soldats mais aussi débouche souvent sur des applications économiques concrètes et vecteurs de croissance ainsi que le démontre depuis 40 ans le complexe militaro-industriel américain.

La défense européenne ne peut plus se payer de mots. Elle a besoin de concret.

La France a une responsabilité particulière. Elle est aujourd’hui le seul pays membre de l’UE à être présent au Conseil de sécurité de l’ONU, et le seul pays en capacité de se projeter dans des opérations extérieures. Il lui reviendra d’initier et de porter ce projet d’une Europe de la défense.

C’est dire combien l’élection du prochain Président de la République sera, dans ce domaine comme dans tant d’autres, capitale.

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