"Les règles fiscales et sociales en France sont un maquis, un labyrinthe incompréhensible"

François Bayrou a appelé ce matin sur France 2 à rendre davantage lisibles, compréhensibles et stables les règles avec lesquelles vivent les particuliers et les entreprises. Ré-écoutez dès à présent les propos tenus par le président du MoDem au micro des #4vérités.

Le transporteur MoryGlobal a été mis en liquidation. Plus de 2 000 personnes au tapis. Est-ce qu’un gouvernement peut faire quelque chose contre cela ? Arnaud Montebourg avait essayé l’année dernière, c’est raté.

Le gouvernement peut sûrement faire des choses en amont. Il y a peut-être des choix de gestion qui n’ont pas été les bons, je ne suis pas à l’intérieur des dossiers de cette entreprise mais on sait bien que dans le monde du transport, un des problèmes qui se pose c’est que les mêmes règles ne sont pas appliquées par tout le monde.

Notamment en Europe.

Oui, car c’est forcément dans l’espace européen que se situe la concurrence. Il y a une chose à faire : bâtir un espace social européen où les règles applicables soient les mêmes pour tous. Qu’il y ait une concurrence, que les plus imaginatifs l’emportent, tout le monde pense que c’est bien !  Mais si cette concurrence est faussée par le fait que les règles sociales, les prélèvements, les taxes ne sont pas les mêmes, alors vous voyez que l’on se trouve dans une situation qui est purement insupportable. Et c’est la raison pour laquelle, au lieu d’avoir moins d’Europe c’est-à-dire encore plus de concurrence et encore plus de règles dérogatoires pour les uns ou pour les autres, alors il faut bâtir une convergence sociale européenne. C’est le seul moyen pour que les entreprises françaises se trouvent à égalité. Cela veut dire aussi faire de très gros efforts chez nous parce que, comme nous l’avons entendu, le modèle social et fiscal français n’est pas ce qu’il y a de plus efficace.

Manuel Valls a dit qu’il devait tirer les leçons des départementales. Il annonce des mesures pour l’investissement, pour l’emploi. Est-ce que vous pensez qu’il a compris le message des Français dimanche ?

Ce qui est frappant, c’est qu’à l’intérieur de la majorité et peut-être même à l’intérieur du gouvernement, il y a deux lignes contradictoires qui s’affrontent sur le fond. Il y a une ligne qui dit « nous allons sortir du modèle européen classique » et une autre qui dit « au contraire, il faut s’adapter au modèle européen classique ». Vous voyez bien que le problème de Manuel Valls aujourd’hui c’est que sa majorité ne répond plus ! Alors il y a la danse du ventre devant les écologistes pour essayer de les ramener. Mais comme les écologistes sont eux-mêmes coupés en deux, tout ceci ne résoudra pas la question. Le problème fondamental de la France, c’est que depuis des années – 15 ans peut-être – on n’a pas vu quelles étaient les questions qui empêchaient les entreprises françaises d’être en forme et de jouer leur partie face à leurs voisins ou concurrents, par exemple allemands.

Si vous étiez aux affaires, qu’est-ce que vous feriez ?

Je ferais des choses très simples : un, je donnerais de la sécurité dans le long terme sur tous les plans sociaux, fiscaux, réglementaires aux entreprises et aux particuliers. Deuxièmement, je ferais une œuvre drastique pour rendre lisibles, compréhensibles et stables les règles avec lesquelles vivent les particuliers et les entreprises.

Ça change tout le temps, c’est cela que vous voulez dire ?

Ça change tout le temps ! Ça change au point que les éditeurs n’arrivent pas à suivre les textes qui changent aussi vite que Lucky Luke tirait autrefois au pistolet. C’est incompréhensible, c’est un maquis, c’est un labyrinthe. Personne ne peut rien y comprendre : ni vous ni moi ni personne. Et surtout pas les entreprises, particulièrement les petites et moyennes entreprises. C’est un monde dans lequel les règles sont si confuses et obscures que c’est fait pour les très grands groupes qui ont des services spécialisés dans le droit ou dans la DRH ou pour les avocats. Mais ce n’est pas un monde qui est fait pour les entrepreneurs. Il faut que l’on assure les entrepreneurs sur le long terme.

Sur les départementales, Nicolas Sarkozy vous accuse notamment de lui avoir fait perdre un canton – d’avoir fait perdre un canton à l’UMP – parce qu’un de vos candidats se serait allié avec le Parti Socialiste ?

Tout ceci est complètement faux. Je sais bien que je suis devenu pour Nicolas Sarkozy une obsession - comme il a l’habitude de dire - « matin, midi et soir ». Je veux bien accepter l’idée que je sois un sujet passionnant mais enfin au point que Nicolas Sarkozy en parle chaque fois qu’il s’exprime, je trouve qu’il y a des limites.

Il faudrait que l’on rétablisse une vérité simple. Un de mes amis a battu un de ses amis : le représentant principal de Nicolas Sarkozy à Belfort s’appelle Monsieur Meslot et un de mes amis, qui est élu à Belfort, s’appelle Christophe Grudler, c’est quelqu’un de très bien et c’est lui qui a gagné !

Vous pensez que Nicolas Sarkozy vous en veut personnellement ?

Non. Je pense qu’il prend les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages ou pour des oies, ce qui est encore pire. Il sait très bien la vérité. La vérité, c’est qu’il y avait sept candidats dans ce canton au premier tour, dont un candidat PS et un candidat FN. Le candidat du Parti Socialiste a été éliminé, le candidat du Front National aussi. Sont restés pour le deuxième tour le candidat de l’UMP et le candidat du MoDem l’a emporté, largement. Je pense que c’est vraiment la moindre des choses que de se dire que, dans une élection, les électeurs ont le droit de vote ! Ils ont le droit, au deuxième tour, de choisir. Et après tout, Nicolas Sarkozy a bien appelé les électeurs du PS à voter pour ses candidats au deuxième tour s’ils sont par exemple face au Front National.

Si Nicolas Sarkozy est désigné par les primaires comme candidat de l’UMP, est-ce que vous le soutiendrez ou est-ce que vous serez candidat ?

Je suis très prudent face à l’idée de primaires. L’idée de primaires c’est, me semble-t-il, une prime très importante donnée aux plus durs de chaque camp. Or, la France n’a pas besoin des plus durs de chaque camp, elle a besoin de gens qui puissent rassembler pour que l’on entre dans un moment nouveau de la vie politique du pays. Je suis pour une majorité nouvelle, pas pour rétablir les majorités anciennes à perte de vue et à faire le balancier à chaque élection droite–gauche et gauche-droite. Je suis pour une pratique nouvelle et donc c’est dans ce cadre que va se préparer l’élection présidentielle. Mais si par exemple Alain Juppé est choisi alors je peux tout à fait – ou je dois tout à fait – avoir un accord avec lui.

Merci.

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