"L'équipe qui est en train de se former autour de moi est du plus haut niveau gouvernemental... et ce n'est pas fini"

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Le président du Mouvement Démocrate, François Bayrou, était mardi 20 septembre l'invité de l'émission "Mardi politique" sur RFI en partenariat avec Le Point et 20 Minutes. Il a assuré avoir "un socle plus important aujourd'hui qu'en 2007" et a également affirmé être le candidat "le plus à même de fédérer au centre".

Dans le JDD la semaine dernière, Robert Bourgi a mis en cause Jacques Chirac, Dominique de Villepin et Jean-Marie Le Pen en affirmant leur avoir remis des mallettes de billets pour financer leur campagne électorale. Ce matin, chez nos confrères de France Inter, vous n’avez pas été très clair alors je vous repose la question : avez-vous ou pas été approché ? En clair, vous a-t-on proposé des mallettes de billets pour financer vos dernières campagnes électorales ? 

Je n’aime pas l’expression "mallettes de billets", mais j’ai dit que nous avions devant nous une obligation, c’est de faire disparaître ces pratiques et si la question m’est posée : "est-ce que ces financements occultes existaient ?" : oui. "Est ce que vous en avez entendu parler ?" : oui. Et chaque fois que des propositions m’ont été faites, je les ai renvoyées sèchement. 

Donc on vous a proposé ce genre de financements ? 

J’ai essayé de vous répondre de la manière la plus claire. Mais je veux dire ceci : ma responsabilité, ce n’est pas la délation. Je m’y suis toujours refusé. Ma responsabilité c’est : le combat pour que les choses changent. Vous savez, si depuis des années j’ai mené tant de combats sur les affaires contre les dérives, contre l’utilisation, le détournement d’argent public, contre l’instauration au sein de l’Etat de réseaux qui normalement auraient dû être pourchassés, ce n’est pas tout à fait par hasard. C’est parce que j’ai observé, au travers du temps, les dégâts que cela faisait dans l’esprit public. 

Donc vous refusez de citer des noms, ce que l’on peut comprendre. Un article du Monde, récemment, parlait d’Omar Bongo, que vous auriez vu dans une résidence privée à Paris ; est-ce que vous confirmez ou non ? 

Non, Monsieur Bongo était à l’époque le doyen des présidents africains. Il a invité à venir le voir dans sa résidence à Paris un certain nombre de candidats à l’élection présidentielle. Vous savez à quel point en Afrique, le doyen des chefs d’Etat, ça compte. Et puis j’y suis allé, j’y suis resté 30 minutes et ça a été tout. Et quelque proposition, quelque tentation - et je ne parle pas de Bongo du tout - quelque tentation qui aurait été déployée à cette époque, parce que j’étais très haut dans les sondages, parce que l’usage, c’est de chercher à se gagner des amitiés ou des obligés, quelque tentation de cet ordre qui ait été faite, toutes ont été sans ménagement refusées. 

On n'a pas la certitude que, finalement, les Français soient très surpris par ces révélations. Ce sont des rumeurs qui circulent depuis des années sur des financements occultes. Qu’est-ce que, une bonne fois pour toutes, il faut faire pour moraliser la vie publique qui ramène les Français aux urnes au lieu de les en éloigner ? 

Il faut faire deux choses qui sont très simples. Un, il faut rétablir la séparation des pouvoirs. Et libérer les pouvoirs de l’emprise de l’exécutif, notamment et y compris le pouvoir de la presse. Je le dis d’autant plus que vous êtes indépendant, donc libérer la presse, les rédactions, les organes de presse, audiovisuels et écrits, de toute soumission au pouvoir, de toute obligation à l’égard du pouvoir. Et cela a des conséquences extrêmement simples. 
La deuxième chose : il faut élire un président de la République indépendant de tous ces réseaux, qui imposera que ces mœurs soient chassées du pouvoir en France. Parce que ça fait tout de même des décennies que "parti majoritaire" après "parti majoritaire", "alternance après alternance", ce sont les mêmes mœurs qui perdurent. Je dis donc avec certitude qu’il est temps de tourner la page. Je ne le dis pas comme donneur de leçons de morales. Je n’en suis pas. Je ne le dis pas comme imprécateur, puisque je n’en suis pas. Je le dis comme quelqu’un qui voudrait une liberté ou un droit élémentaire, et ce droit élémentaire c’est de pouvoir parler avec mes enfants de ce qu’il se passe réellement dans le pouvoir. Y’a des choses que les responsables politiques avertis ne peuvent même plus dire à leurs enfants. 

Le week-end dernier, vous avez dit : "Produire, instruire, construire". 

Construire une démocratie digne de ce nom. 

Oui. Vous avez aussi vanté la majorité "centrale", mais c’est le déchirement au centre ; entre vous, monsieur Borloo... 

Non non. 

Pensez-vous que vous êtes celui le plus à même de fédérer au centre ? 

Je n’ai aucun doute sur ce sujet. Mais je vais vous dire pourquoi : parce que ça ne suffit pas de dire "je suis naturellement celui qui". 

Parce que tout le monde dit : "je suis le plus à même de fédérer". 

Non non non. Je donne des preuves. Vous avez lu dans le Figaro une tribune que j’ai écrite sur ce sujet, un appel à l’unité, il ne peut y avoir de rassemblement au centre que sur une base indépendante. Parce que personne ne veut se rallier à un autre camp que le sien. Les gens n’ont pas envie de changer de camp, d’aller là, chez ceux qu’ils combattaient hier. Il faut donc qu’il y ait une position centrale, qu’on puisse rejoindre sans se renier. Donc cet impératif de rejoindre une position centrale sans se renier, c’est la raison pour laquelle l’indépendance est si précieuse. 
Mais deuxièmement, je prolonge en effet ce que vous avez dit qui est très juste. La politique que je décris : produire, instruire, construire une démocratie respectable ; cette politique-là, elle ne peut être réalisée que par une majorité différente des deux majorités qui se préparent ou qui croient qu’elles vont avoir le pouvoir. Pourquoi ? Parce que ces deux majorités supposent que la France est coupée en deux, droite contre gauche et deuxièmement, elles sont elles-mêmes coupées en deux dans leur sein. Donc la partie qui gouverne est par définition ultra-minoritaire. Elle ne peut pas supporter les décisions fortes, dures, importantes, courageuses qu’il va falloir prendre pour relever le pays. A cette majorité centrale, il faut donc un axe qui ne peut être que l’axe central et cet axe suppose des rassemblements. Et voilà pourquoi, d’une certaine manière, la preuve va se faire que le rassemblement ne pouvait avoir lieu que là. 

C’est vous le centre ? Ce n’est pas monsieur Borloo ? 

Non. Dimanche soir, en face de Dominique Strauss-Kahn, sur le journal de France 2, j'ai été frappé par une phrase de Rama Yade. Elle a commencé son intervention par cette phrase : "La droite et le centre, c’est la même famille politique". Bien. Au revoir. 
Si c’est la même famille politique, à quoi bon présenter des candidatures ? Pour moi, la droite c’est une famille politique, et encore est-elle éclatée en deux. Le centre, c’est une famille politique et la gauche, c’est des familles politiques. Mais le centre, c’est une seule famille et elle ne se confond pas avec les camps. Et même, si le centre existe, il est en lui même une contestation des deux camps. Vous comprenez ? La vocation du centre, c’est précisément de dépasser les camps. Je l’ai dit une fois pour toutes, on n’y revient plus, donc on ne peut pas prétendre ou prononcer le mot de centre quand, en réalité, on a été pendant 10 ans l’un des principaux responsables de la majorité actuelle et qu’on n'a rien dit pour contester son orientation. 

Taxer les plus riches pour résorber le poids de la dette, c’est Barack Obama qui l’a annoncé lundi. En France, faut-il prendre les mêmes dispositions ? 

La phrase "taxer les plus riches pour résorber la dette" est naturellement un enfantillage. Il est juste de taxer les plus riches pour que, symboliquement, tout le pays sache que chacun prend son poids de la charge. Mais ça n’est pas avec ces sommes que vous résorberez le poids de la dette, sauf à entrer dans la nationalisation absolue de tous les biens. Tout ça, c’est une blague. 

Il faudrait augmenter les impôts aussi ? 

Il y a quelques milliards dans tout ça à récupérer, et notre déficit annuel est de 150 milliards. Donc vous voyez un peu où on en est. Donc évidemment, tout ça, ça n’existe pas. 

C’est du gadget, c’est ça que vous dites ? 

Oui, c’est de la politique. C’est de la présentation symbolique, et c’est nécessaire, la présentation symbolique, il ne faut pas du tout écarter cela. Qu’est ce que je pense qu’il faut faire ? 

Augmenter les impôts ? 

Mais il faudra augmenter les impôts ! 

Directs ou indirects ? 

Les deux ! Personne ne pourra résorber la situation française sans faire deux choses à la fois : baisser les dépenses inutiles mais les baisser drastiquement. Les dépenses de l’Etat, les dépenses des collectivités locales, et les dépenses de la Sécu. Baisser les dépenses pour retrouver un minimum d’équilibre. 
Et deuxièmement, augmenter les ressources, de manière à ce qu’il soit crédible que nous allions vers l’équilibre. Je vous donne les chiffres, que vous les ayez en tête, parce que j’aime beaucoup le calcul mental, et donc c’est des grandes masses. La dépense publique en France, c’est plus ou moins, plutôt plus que moins, 1000 milliards. Sur 2000 milliards que nous produisons, un peu plus, puisque comme vous savez, c’est 56 pour cent de la totalité des biens, des salaires échangés en France pendant une année. 56 pour cent viennent de la dépense publique. Etat, collectivités locales, Sécu. Sur ces 1000 milliards, notre déficit est d’au moins 130 milliards. Pour retrouver un semblant d’équilibre, il faut que l’on descende au-dessous de 30 milliards. Donc il nous faut trouver 100 milliards. 

Et vous les trouvez où ? 

Grosso modo, il faut faire la moitié du chemin chacun. Il faut que l’on s’arrête sur cette question. Si les campagnes électorales, c’est mentir au pays, alors il y en aura au moins un qui refusera ce choix. Parce que mentir au pays quand tout va bien, c’est déjà dégueulasse, mais mentir au pays quand on est dans un temps aussi dur que celui-ci, c’est une trahison. Le pays a besoin de savoir les choses qui comptent. 

Donc vous abaissez les dépenses de l’Etat... 

Et il faudra augmenter les ressources. Je suis pour que l’on créé deux tranches supplémentaires d’impôt sur le revenu, une à 45 au lieu de 41 et l’autre à 50 pour cent. 40, 45, 50. 
Je suis pour que l’on réduise un certain nombre de niches fiscales, pour une vingtaine de milliards et je suis pour que l’on crée deux points de TVA. 

TVA sociale ? 

Oui, sociale ou à moitié sociale, à moitié budgétaire, ou les deux, c’est la même chose au bout du compte. Les Allemands ont créé trois points de TVA en plus. Ils n’en sont pas morts. Ca les a aidés à rétablir l’équilibre dans leur pays. 

Certains disent que c’est un impôt injuste… 

Oui, c’est un impôt injuste, j’accepte cette remarque. Il demeure que c’est un impôt, grosso modo, dont nous avons l’habitude, on est juste au-dessous de 20, il s’agit de monter à 21,5 ou à 22. Et l’expérience allemande a montré que ce n’est pas parce que vous augmentez de deux points la TVA que le coût de la vie augmente de deux points, parce que la fixation du prix, elle se fait, disent les économistes, non pas en fonction des coûts mais en fonction de ce que peut payer le client. Quand 20 Minutes réfléchit au prix de vente de la pub, puisque c’est un journal gratuit, ils réfléchissent en se disant : "Voyons, qu’est ce que nos clients peuvent payer ?". Pas "qu’est ce que ça nous coûte ?". Et donc, on a vu en Allemagne qu’il y a une élasticité des prix lorsque l’on augmente la TVA. Alors on dira, "mais monsieur, on se fait pas élire en annonçant des choses aussi courageuses que celles-là". Hé bien je dis que dans les temps que nous vivons, la prime sera à celui qui dit la vérité.

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