"Le véritable enjeu, c’est celui de la crédibilité nationale"

Sylvie Goulard était hier soir sur le plateau de Mots Croisés pour un débat autour de Jean-Marie le Guen, Eric Woerth, François Delapierre et Philippe Aghion.

Interrogée tout d’abord sur la compatibilité entre la nécessité de faire 50 milliards d’économies et la préservation de notre modèle social, Sylvie Goulard a répondu que c’était possible. Morceaux choisis. 

Sylvie Goulard : « Oui c’est possible, car je crois qu’en ce moment la qualité des services sociaux et du modèle social français laisse à désirer. Quand vous avez une école qui met 150 000 jeunes sur le bord de la route sans leur offrir de formation, quand il y a des personnes qui ont un contrat de travail et d’autres qui ont des emplois précaires, nous ne pouvons pas idéaliser la situation » a estimé l’euro députée. 

« Un objectif d’équité sociale oui. Mais le bilan est assez négatif dans un certain nombre de domaines. Avec 100 euros, vous pouvez faire plus ou moins de choses selon si vous le gérez bien ou non » a rajouté la députée européenne du MoDem. 

Interpellée par François Delapierre à propos des politiques de réduction du déficit, Sylvie Goulard lui a répondu de manière très claire : « On a l’impression qu’en ce moment personne ne paye et que si des économies budgétaires sont engagées, des gens vont tout d’un coup se mettre à payer. Ceux qui voient le plus leurs factures s’allonger aujourd’hui ce sont les jeunes. Nous sommes en train de financer à crédit un certain nombre de prestations sociales. Nous faisons des dépenses de fonctionnement, de santé, le tout à crédit sur le dos des générations qui viennent, c’est honteux ». 

« Au Parlement Européen, on apprend une chose. La démocratie ce n’est pas seulement l’invective de ceux qui sont au pouvoir. Parce que je suis française, je souhaite à Manuel Valls et à son gouvernement de réussir » a déclaré Sylvie Goulard

A propos des mesures annoncées par le gouvernement, « il y a des inconnues, des choses pas claires notamment sur les délais et sur là où nous allons faire ces 50 milliards d’économie. En tout état de cause, arrêtons de dire que ce qui va être fait va être un coût pour la société ; c’est exactement l’inverse ! Il y a un mensonge très clair, nous ne pouvons pas nous permettre de mettre sur le dos de nos enfants des dépenses qu’ils n’ont pas à payer » s’est exclamée la députée européenne. 

Concernant la nécessité de réformes profondes en France et notamment sur la question du déficit du pays, Sylvie Goulard a ajouté : « La France a déjà obtenu un délai supplémentaire pour réduire son déficit. Par rapport aux autres pays, si vous regardez le cas de l’Italie par exemple, au moment où elle a eu du mal à sortir de la procédure de déficit, les Italiens ont fait des efforts. Le véritable enjeu, c’est celui de la crédibilité nationale ».

« Il est possible de réduire notre déficit. Il y a des marges de flexibilité, la Commission Européenne en a fait usage. Mais il faut bien voir que la Commission se retrouve au centre d’un ensemble où elle est obligée d’être juste et ne peut pas donner aux uns ce qu’elle ne donne pas aux autres ».

« Un grand pays qui vit à crédit est un pays qui est condamné à mourir »

« Nous sommes en ce moment dans un moment de déprime collective où l’on passe son temps à dire qu’il y a des choses qui ne sont pas possibles. Il y a des efforts à faire, et les Français sont prêts à les faire. La question est maintenant de savoir comment répartir ces efforts et de placer cet enjeu derrière l’intérêt national et de la grandeur de la France. Il n’est pas question que la France en Europe soit éternellement le pays qui va mendier des délais pour faire des choses que les autres pays sont capables de faire ». 

Sylvie Goulard a poursuivi sur  la question de la dévaluation : « les comparaisons avec l’époque du Général de Gaulle ne sont pas pertinentes. A l’heure actuelle, nous n’avons plus seulement des modes de production où l’on importe et on exporte des biens. On a des produits qui sont fabriqués dans plusieurs pays et qui sont totalement interpénétrés. C’est pour cela que l’Allemagne réussit aussi bien. Elle a réussi à délocaliser certaines productions et à en garder d’autres de manière intelligente. Ces pays là n’ont pas de problème avec l’euro fort ». 

« Essayons d’avoir un peu confiance dans ce que notre pays peut faire. Nous avons plus de collectivités locales que pratiquement tous les autres pays réunis. Nous n’allons pas garder des départements qui ont été crées car à l’époque il fallait pouvoir aller à cheval de la préfecture jusqu’aux limites du département. J’apprécie que ce projet soit lancé par le gouvernement » a souligné la députée européenne. 

A ceux qui trouvent que nous n’avons aucun contrôle sur notre monnaie qu’est l’euro, Sylvie Goulard a répondu que « tous les 3 mois, les députés européens questionnent le président de la Banque Centrale Européenne et il entend pour chacun des pays la majorité et l’opposition. Cela étant dit l’interdépendance de la monnaie est une contrainte, c’est exact. Mais dans le même temps, elle nous a aussi apporté un certain nombre de protections qu’on oublie trop souvent. Tout le commerce de la zone euro pendant la crise des subprimes a été mis à l’abri grâce à l’euro ». 

« Alors oui l’euro pénalise la France mais parce que la France ne s’est pas attaquée à un certain nombre de dossiers. Il y a eu des efforts de fait sur les retraites et le marché du travail. Cependant, nous avons un système éducatif, de formation professionnelle, de collectivités locales et d’assurance maladie qui pèsent sur l’économie française et pas sur les autres pays ». 

Sur la question allemande, « il y a un contresens dans le débat français aujourd’hui. Il ne s’agit pas de transformer les Français en Allemands. Il s’agit de s’inspirer de réussites de nos voisins, de voir ce qui est transposable et ce qui ne l’est pas. Au Parlement Européen, beaucoup de pays prennent l’Europe au sérieux ce qui n’a pas toujours été le cas en France ». « Il y a un esprit d’équipe et une véritable prise en compte de l’intérêt général chez certains de nos voisins que je n’observe pas en France » a conclu Sylvie Goulard

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