"Le FN porte la colère, mais ne porte pas les solutions"

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Invitée de la Revue de presse de LCI, Christine Espert, secrétaire générale adjointe du MoDem, a estimé que la responsabilité du Centre est d'incarner "une alternative crédible" face au danger du Front national.

LCI - 66% des Français sont opposés au retour de Leonarda. Qu'est-ce que cela vous inspire ? Vous dites-vous que la société française va à Droite toute ?

Christine Espert - La société française perd ses repères. Elle a peur de l'autre, de ce qui est étranger. Sur l'affaire Leonarda, nous sommes dans un État de droit et la loi doit être respectée. Toutefois, qu'on soit venu la chercher sur le temps scolaire était à mon sens une erreur. L'École doit être protégée. La reconduite à la frontière doit être appliquée, mais c'est une décision extrêmement dure. Elle implique de protéger l'enfant qui est expulsé et de ne pas exposer les autres enfants de l'école à la violence de cette situation. 

Autre actualité, le rapprochement entre le MoDem et l'UDI. François Bayrou est un homme de convictions, cela lui a parfois coûté cher, il a longtemps dénoncé le système et on a maintenant l'impression qu'il plonge dedans... 

Quand on regarde l'état du paysage politique actuel, à Gauche et à Droite, extrêmement fracturé, sans cohérence... plus personne ne s'y retrouve ! Alors, quand des responsables politiques décident de parler ensemble, cela peut sur le moment être compliqué à comprendre. Mais je ne crois pas que cela brouille l'image de François Bayrou, c'est un homme qui a toujours voulu rassembler. L'idée du Mouvement Démocrate, c'est que nous devons être capables, même si nous sommes différents, de parler ensemble et de construire ensemble. Entre le MoDem et l'UDI, il y a une séparation de plusieurs années, des choix politiques qui ont été différents, des mots échangés qui ont parfois été durs entre les uns et les autres. Mais je crois que c'est un signal très fort, que ce n'est ni une régression, ni un brouillage. Ce rassemblement n'est pas facile non plus, mais Paris ne s'est pas fait en un jour, il faut y aller pas après pas, que les gens se comprennent, apprennent à se connaître. L'objectif est de construire une alternative. 

Un article du Nouvel Observateur pointe l'exaspération des Français. Dans un rapport confidentiel, les Préfets redoutent le verdict des urnes aux prochaines échéances électorales.

Cet article est très bon car il met des mots sur les maux, sur ce que ressentent les gens au plus profond, ce sentiment d'être abandonnés, cette colère froide qui est en train de grandir. Jean Lassalle poursuit sa marche, il en est à près de 5.000 kilomètres, et c'est ce qu'il nous dit en permanence : les gens sont en colère, ils n'en peuvent plus, ils sont à bout. C'est un monde rural qui se sent perdu et abandonné, à qui on parle de mondialisation et de métropoles, alors qu'il est étranger à tout cela. On lui parle d'un monde interconnecté, il n'a ni le téléphone portable ni Internet, les bureaux de Poste ferment, il n'y a plus d'école, plus de médecin... S'ajoute à cela les difficultés économiques du monde agricole et le problème du suicide. C'est extrêmement dur et violent. C'est aussi le sentiment de l'injustice fiscale... 

Mais comment expliquez-vous que c'est Marine Le Pen et le Front national qui risquent de récolter les fruits de ce mécontentement ?

Le Conseil économique social et environnemental (CESE) a rendu un rapport sur l'état de notre démocratie. Il dit que 52% des Français ne croient plus en la Gauche et la Droite, qui se succèdent depuis 30 ans sans apporter de solution. Les Français cherchent donc une alternative. Aujourd'hui, Marine Le Pen incarne celle qui porte leur colère, mais ce n'est pas celle qui porte leurs solutions. Je crois que les Français sont à bout, qu'ils ne peuvent pas manifester car une grève coûte cher, par contre ils vont voter pour exprimer leur colère. Ce qui est effroyable dans le vote de Brignolles, c'est que des abstentionnistes de premier tour se sont déplacés au second pour confirmer leur rejet et mettre un bulletin Front national. Je crois que la responsabilité des politiques est de proposer une alternative différente, c'est notre responsabilité même si c'est difficile. 

Le JDD pointe "la discrétion qui pose question" de François Hollande... 

Oui. Nous avons l'impression qu'il n'y a pas de pilote dans l'avion. Sur l'affaire Leornada, il a tardé à s'exprimer. On ne lui demande pas d'entrer dans les détails, mais de donner la ligne, les choix politiques. Nous avons l'impression qu'il n'y pas de ligne et c'est la foire d'empoigne. 

Quand je vous écoute, je me dis que le MoDem est clairement dans l'opposition.

Nous sommes sans ambiguïté dans l'opposition à ce mode de gouvernance et aux choix qu'il fait ainsi. Mais attention, nous sommes dans une opposition qui doit être constructive. Nous ne sommes pas dans les petites phrases de Jean-François Copé, qui fait du parallélisme avec les mots de Marine Le Pen en parlant de "FNPS". 

Un deuxième tour, vous avez le choix entre le FN et le PS, qui choisissez vous ? 

Sans ambiguïté, je choisirais le Parti socialiste. J'aurai toujours des critiques et je ne varierai pas d'un pouce à l'égard du Parti socialiste, mais vous voyez les mots employés par le Front national ? Une de ses candidates, choisie, examinée par les cadres, se permet des mots et des comparaisons à l'égard de Christiane Taubira que je n'imaginais pas possibles dans notre pays. 

Un peu d'espoir pour finir : 50% des jeunes ont l'intention de créer leur entreprise. C'est plutôt réconfortant ?

Dans un monde et un pays qui doutent, où on a l'impression que tout est sombre, je trouve que c'est réconfortant. Le chômage des jeunes est effrayant, 900.000 d'entre eux sont totalement sur le carreau et ne croient plus en rien, mais il y en a qui essaient de créer leur entreprise et de s'en sortir par eux-mêmes. Tous les responsables politiques, à tous niveaux, doivent participer à faire en sorte de les aider. Dans une petite commune, ça peut être de mettre un local à leur disposition, de donner un petit coup de pouce. C'est par ce genre d'initiatives et ce genre de choix que le pays pourra s'en sortir. Il y a encore beaucoup de ressources et d'énergie dans ce pays, on a toutes les raisons d'espérer et d'être positifs.

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