"Le débat des régionales sera aussi celui de l’efficacité de l’action publique"

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Ce mercredi, Marc Fesneau était l'invité de Sud Radio. Hommage au Panthéon, sécurité du président de la République, ou encore candidature de Marion Maréchal Le Pen en PACA, le secrétaire général du MoDem a réagi à l'actualité du jour.

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Aujourd’hui j’accueille Marc Fesneau, secrétaire général du MoDem, bonjour, et Laurent Jacobelli secrétaire général adjoint de Debout la France, qui est également tête de liste Debout la France pour la région Alsace-Lorraine Champagne Ardenne.

Bonjour.

Bienvenue à tous les deux sur l’antenne de Sud Radio, on a un programme chargé, et on va commencer avec cette cérémonie, quatre résistants entrent au Panthéon ce mercredi, on vient d’entendre Jean-Vincent Placé dire qu’il ne fallait pas avoir de considérations politiques lors de ces moments solennels. Tout le gouvernement est présent au Panthéon aujourd’hui, Hollande va faire un discours de 45 min, un discours qui doit marquer le quinquennat vous en attendez quelque chose Marc Fesneau ?

Je ne sais pas si l'on doit attendre quelque chose du discours, on doit attendre quelque chose en tout cas de la cérémonie. Ce n’est pas la première fois qu’il y a une cérémonie de cet ordre-là, d’entrée de grande personnalité au Panthéon, et pour la première fois, depuis longtemps en tout cas, de femmes. Je reviens de la cérémonie préalable qui a eu lieu ce matin dans la cour de la Sorbonne, j’étais avec le président de l’Association des Maires de France, moi je trouve ça bien que la République puisse se réunir. Ce que dit Jean-Vincent Placé je crois que tout le monde le partage, et à chaque fois qu’il y a eu des cérémonies de cet ordre-là au Panthéon ça c’est toujours fait au-delà des clivages partisans. Cet après-midi ce n’est pas un clan ou un gouvernement qui est au Panthéon, c’est la République.

On dit que le discours du Président va être un marqueur de son quinquennat ?

Alors ça c’est autre chose. Moi je me méfie toujours des annonces à l’avance, parce qu’on suscite beaucoup d’espoirs et parfois beaucoup de déceptions, c’est comme d’ailleurs les promesses de tout ordre. On verra à l’issue du discours si c’est un bon discours. On espère en tout cas que son discours sera à la hauteur des discours et des valeurs que l’on célèbre aujourd’hui : les valeurs de l’engagement, les valeurs de la résistance, les valeurs de la République et de ce que l’on a en partage. J’espère donc que le discours d’aujourd’hui sera à la hauteur de cela.

C’est bien de célébrer l’histoire, mais il faut de temps en temps savoir la faire aussi. Le général De Gaulle, qui a fait des cérémonies au Panthéon -et je pense que chacun se souvient de la cérémonie d’entrée de Jean Moulin au Panthéon et du discours d’André Malraux- faisait en même temps l’histoire. C'est-à-dire qu’il se projetait dans l’avenir. Mais  malheureusement c’est une tendance française depuis quelques années, et je ne suis pas sûr que cela soit propre à François Hollande, on a vu d’autres cérémonies de cette nature-là avant, où on a tendance à célébrer, ce qui est bien, les grands hommes et les grandes femmes de la République tout court, mais on voit bien qu’on est dans d’autres choses, et dans un projet collectif, c’est-à-dire qu’on célèbre des projets collectifs anciens, historiques, et on a du mal à avoir une pensée collective et un projet collectif pour la France, et pour l’avenir de la France, et c’est ce qui manque sans doute. Ceci dit on ne peut pas lui faire grief de tomber à ce moment-là. On peut lui faire d’autres griefs, des célébrations du centenaire de l’entrée en première guerre mondiale, des célébrations du centenaire du débarquement, le calendrier est là, mais disons que il faudrait aussi qu’on sache se tourner vers l’avenir, et ça, si c’est une occasion de projeter le pays dans l’avenir, et de lui donner des perspectives c’est bien. Si cela revient simplement à une célébration, une façon, pour les uns ou pour les autres, d’essayer de rentrer dans un costume, que les uns ou les autres ont parfois du mal à endosser, c’est plus difficile. Mais n’est pas le général De Gaulle qui veut.

Puisqu’on parle du chef de l’Etat, il y a des doutes sur la sécurité du Président dans les colonnes du Monde, plusieurs policiers et gendarmes révèlent les failles du dispositif de protection autour de François Hollande, ça se traduit par de surprenants recrutements avec des agents qui sont psychologiquement fragiles, qui ne savent pas gérer le stress, un défaut de conditionnement physique et d’apprentissage du tir, une prise de risques lors des déplacements du Président, comme lorsque François Hollande est allé sur les lieux de l’attentat de Charlie Hebdo, une heure après l’attaque. On apprend dans cet article du Monde, que c’est Hollande lui-même qui, je cite, « organise la désorganisation ». Vous avez des commentaires à faire là-dessus ?

D’abord je ne sais pas ce qui est la part de règlement de comptes en interne avec les services de sécurité, et ce qui est la part de la vérité.

Par ailleurs, lui reprocher de s’arrêter, sans se soucier de sa propre sécurité, sur les lieux de Charlie Hebdo, je vais pas revenir aux modèles historiques permanents, mais je pense que ce n’est pas de ce point de vue-là choquant. Ce qui est plus choquant c’est qu’il puisse organiser cette forme de désorganisation, comme le disent certains, et qu’il ait pu, de cette manière-là, un peu brouiller les cartes. Ceci dit tous les présidents de la République aiment avoir une sécurité, et ils ont besoin d’une sécurité parce qu’il faut les protéger, et en même temps ils aiment en être affranchis et libres, ils ont tous cette tendance. Pour ceux qui connaissent et qui ont déjà discuté avec les services de protection pour les hautes personnalités, il vous disent toujours que les présidents adorent avoir des services de protection qui sont un peu comme les gorilles américains, et en même temps trouvent ça un peu oppressant, et  ont envie d’être tranquilles. Il y a donc en permanence cette double-contradiction, avec des services de sécurité qui sont là pour les protéger, et des présidents de la République qui sont là pour refuser la protection parce que ça les ennuie, pour dire les choses très clairement. Cependant François Hollande a une responsabilité quand même, en tant que cible potentielle, c’est de ne pas rester une cible trop facile, parce que c’est la France qu’on atteint.

Marion Maréchal Le Pen est bel et bien tête de liste pour la région PACA, elle se lance dans la bataille des régionales, et elle assure avoir l’accord de son grand-père « il ne s’immiscera pas dans la campagne. » « C’est une candidate dangereuse qui ne doit pas être négligée », voilà ce qu’en dit son adversaire principal, l’UMP Christian Estrosi. C’est la fin d’un psychrodrame familial, Marc Fesneau ?

Ce n’est sûrement pas la fin d’un psychodrame familial, je crois que l’on est pas au bout du psychrodrame familial. Moi je suis très étonné parce que tout ce que raconte Marion Maréchal Le Pen ne nous intéresse pas. Parce que : qu’elle ait la caution de son grand-père, qu’elle soit d’accord avec sa tante, que sa cousine je ne sais quoi, ou que son arrière petit cousin…moi ça ne m’intéresse pas. La question de sa candidature, c’est la question de savoir ce qu’elle a à proposer à la région PACA. Et moi je pense que c’est sur les idées qu’il faut qu’on se défende vis-à-vis d’elle. Il me semble que de nous avoir entretenu un faux-vrai suspens, parce que comme on vous l’avait dit, la candidature de Marion Maréchal ce n’est quand même pas tout à fait une nouveauté, une surprise, après on verra bien ce qui se passera. Je pense que c’est une candidature, et pour le coup Christian Estrosi et les autres ont raison de le dire, sérieuse. Elle est également dangereuse par nature compte tenu de ce qu’elle porte comme antagonisation et volonté d’antagonisation. Parce qu’elle a des abords sympathiques.

Est-ce qu’elle est plus dangereuse que sa tante, dans le sens où est-ce qu’elle a une force politique plus importante que sa tante ?

Elle a des abords sympathiques, et c’est ça qui est le plus dangereux, c’est-à-dire qu’elle a une parure qui pourrait donner le sentiment que c’est quelqu’un d’assez ouvert, alors qu’en fait c’est sans doute une des plus rudes au sein du parti. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle se réfère souvent à son grand-père, parce qu’elle est plutôt politiquement sur la ligne de son grand-père que sur la fausse vraie ligne de sa tante. C’est-à-dire qu’elle est sur une ligne très dure, très fermée, très antagonisante, et ça il faut le combattre à tout prix. Avec Marine Le Pen, elles sont dans deux régions qui vont être regardées comme des symboles, parce que ce sont deux régions qui sont en train de basculer. Mais il va falloir se poser la question de pourquoi sont-elles en situation de basculer ? Parce qu’il y a certains comportements politiques dans ces régions-là qui ont été inadmissibles en termes de morale publique, je pense à PACA, mais il y a des comportements politiques aussi par exemple dans le Nord Pas de Calais il y a eu aussi des affaires politiques avec le parti socialiste, et par ailleurs ce sont des régions, où nous, la classe politique, on est face à des régions qui sont déstructurées d’un point de vue économique et social. Il ne faut donc pas s’étonner que les gens courent ensuite vers le Front National, et vers les thèses les plus simplistes et les plus extrémistes. La responsabilité collective c’est à la fois de dénoncer ce qu’ils sont, ce qu’ils disent et ce qu’ils portent d’antagonisation, et de proposer en termes de moralisation de la vie publique, et en termes d’action, des choses qui changent la vie des gens dans ces régions-là, parce que en Nord-Pas-de-Calais, Picardie, c’est quand même difficile de vivre aujourd’hui quand on voit le taux de chômage, la disparition d’un certain nombre d’entreprises symboliques, on comprend la colère en tout cas.

Le débat des régionales sera aussi celui de l’efficacité de l’action publique : des dispositifs simples pour répondre à des questions simples que posent les gens. C’est-à-dire des questions économiques, des questions d’emploi, des questions d’apprentissage, des questions de transports, mais la région c’est ces 4 ou 5 questions-là importantes, il faut arrêter de se disperser. Et puis c’est aussi la question de comment on gouverne tout ça et on donne le sentiment aux gens qu’on s’occupe d’abord d’eux et pas de nous, et qu’ils ont une structure qui est proche d’eux.

Le burn-out ou le syndrome d’épuisement professionnel au travail : effondrement au travail, épuisement, déprime, tentative de suicide, est-ce une maladie ? Trois millions de français seraient concernés, le député socialiste Benoît Hamont dépose des amendements pour faire reconnaître le burn-out comme maladie professionnelle, proposition examinée dans le cadre de l’examen du projet de loi pour le dialogue social. Les entreprises doivent-elles participer au financement de l’indemnisation des salariés qu’est-ce que vous en pensez Marc Fesneau ?

Alors déjà je voudrais faire une remarque générale : il y a des modes. Je suis désolé de dire ça, la mode est au burn-out. Il y a un ou deux ans, la mode était aux bipolaires, et puis après il y a eu les schizophrènes, et puis il y a les paranoïaques, et là c’est le burn-out. Donc c’est une mode qui sort, qui occupe un peu tout le monde, mais ce n’est pas un phénomène nouveau. Le stress au travail, le fait que des gens entrent dans une dépression, puisque c’est une forme de dépression particulière, une dépression brutale...

...Enfin, excusez-moi, mais il y a des dépressions lentes ?

Oui, il y a des gens qui progressivement portent une mélancolie, et puis un jour ça tombe. Là vous avez des gens qui, y compris physiquement, s’effondrent du jour au lendemain et ne peuvent plus retourner au travail, cela se fait de manière assez brutale, si je puis dire. Que ce soit reconnu comme maladie professionnelle, pourquoi pas, mais ça fait partie de ce que sont les contingences aujourd’hui, des métiers qu’ont les gens, avant on avait des difficultés professionnelles liées aux postures de travail et ça continue à exister, même dans un certain nombre de métiers, il y a des problèmes physiques, et puis il y a des problèmes psychologiques qui sont de plus en plus prégnants parce qu’on est dans des entreprises et dans des groupes. Il suffit, par exemple, d’aller sur des plateaux de télétravail, et dans les centres de télé-appels pour voir à quel point les gens sont sous une pression qui est difficile - et pas seulement dans ces métiers-là - et à quel point cette difficulté et cette incapacité dans laquelle on mets les gens, de pouvoir faire tout ce qu’on leur demande créer du stress comme ça. Donc je pense qu’il faut réfléchir, même si après c’est très compliqué à mettre en œuvre en amendement par exemple, de dire il est en burn-out c’est de la faute de l’entreprise, tout cela est un chemin compliqué. Quand vous parlez à des gens à qui c’est arrivé, ils vous expliquent que c’est un tout petit peu plus compliqué que le chef d’entreprise qui vous met la pression, ça peut aussi être vous-mêmes…

Avant que le physique flanche, il y a le côté moral ?

Oui et puis je trouve que cette façon qu’on a de dire « c’est la faute du chef d’entreprise », et cette espèce de stigmatisation permanente, alors je comprends bien Benoît Hamont qu’il ait besoin de reconquérir et de donner un sentiment sur son aile gauche, bon je n’ai rien contre Benoît Hamont mais il y a du médiatique derrière tout cela. Et puis, je trouve que d’un point de vue collectif, à chaque fois, être dans une logique de dire c’est de la faute du chef d’entreprise etc.. ce n'est pas vrai. C’est plutôt de la faute de la société dans laquelle on vit, qui est une société qui demande à des gens des efforts très importants, et qui les mets dans des situations de stress qui rend collectivement responsables les chefs d’entreprises, les salariés, la classe politique, tout le monde est responsable. Que ces situations de burn-out soient plus importantes aujourd’hui qu’elles ne l’étaient hier, ça probablement.

Je suis aussi assez frappé parce qu’hier, Manuel Valls, après avoir créé le compte pénibilité, nous a expliqué qu’il simplifiait quelque chose qu’il avait lui-même compliqué. Je ne sais pas si vous avez vu : on nous fait un compte pénibilité, on se rend compte que c’est très « usine à gaz », on nous refait une conférence de presse hier pour dire « j’ai simplifié ». On a simplifié ce qu’on a soi-même compliqué, et avec l’affaire du burn-out on va remettre une « usine à gaz », et on va se rendre compte après que c’est impossible à démontrer. Il faut qu’on sorte de cette logique où l’Assemblée Nationale c’est le lieu où, à cause d'un effet de mode, parce qu’il faut faire plaisir à un parlementaire qui doit montrer à son courant, ou à sa ligne, qu’il est le plus dur, il faut arrêter parce que tout ça c’est de la "godille".

Une petite brève maintenant, pas passée inaperçue, plutôt une photo de Arnaud Montebourg qui joue les mannequins pour Smugller, une marque de prêt-à-porter made in France, l’ancien ministre du redressement productif affiche encore son soutien à la filière du « fabriqué en France ». Il nous manque Arnaud Montebourg en France ? Il ferait bien de revenir en politique ?

Euh si je peux donner un avis, non. Il manque peut-être comme mannequin, il manque peut-être dans les boutiques, mais il ne manque pas en termes d’action concrète. Parce que c’est très bien de poser, alors il a sans doute un vrai talent de mannequin, parce que manifestement il s’entête quand même, il a envie de faire ça : la marinière, le costume, il nous aura tout fait. Moi cette politique du spectacle et pas de l’action, et pas du concret, cette politique du m’as-tu-vu, du je m’expose parce que, évidemment, quand je pose en marinière, c’est plus rigolo pour les médias que quand je m’occupe d’un dossier, je suis contre. Il faudrait faire le bilan de tout ce qu’il a promis dans les usines, en termes de simplification, en termes de compétitivité, il a promis des choses aux salariés qui n’ont pas été respectées. Il y a une forme presque d’indécence à procéder comme cela.

Mais je voudrais juste rajouter une chose si vous le permettez, il faut rendre à César ce qui est à César, si on peut dire : c’est François Bayrou qui, le premier, à l’automne 2011, avait parlé de la question de la réappropriation de la production en France.

C’est vrai. On termine avec un mot de football, on ne peut pas passer à côté, six cadres de la FIFA ont été arrêtés, soupçonnés de corruption ils ont été interpellés par la police Suisse ce matin. Le président de la FIFA aurait reçu des dessous de table pendant vingt ans c’est ce qu’on apprend. Faut-il revoir les conditions d’attribution de coupe du monde, notamment, évidemment, celle du Qatar en 2022 ?

Il y a deux solutions : la première c’est qu’il faut remplacer le président de la FIFA, parce que ça fait longtemps que ça traîne et il y a beaucoup de choses qui s’accumulent sur sa tête. Et donc là aussi, on n’est pas dans de la politique-spectacle, on est dans le sport-spectacle, et la masse d’argent qui dans le sport, et en particulier dans le football est très importante, et qu’il n’y ait pas de contre-pouvoir est un vrai problème.

Merci Marc Fesneau. 

 

 

 

 

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