"Le contrat entre l’éducation nationale et la nation est de donner à tous la même chance"

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Invité d'i>Télé ce soir, François Bayrou a défendu une nouvelle fois sa vision d'une réforme capable de transmettre à tous les élèves ce qui est du domaine de l’excellence, à l'inverse de celle proposée par le gouvernement.

Bonsoir François Bayrou, président du MoDem et maire de Pau. Vous avez suivi, j’imagine de près, la mobilisation des enseignants aujourd’hui contre la réforme du collège – mobilisation moyenne évidemment selon les chiffres des syndicats ou de l’Éducation nationale. Est-ce que cette grève va changer quelque chose ou pas ?

En tout cas, cette grève a une signification : c’est que le monde enseignant – très largement – est absolument désabusé devant ce qu’on lui présente comme un progrès et dont les professeurs savent que ce ne sera pas un progrès. Ce sera au contraire une régression, ce sera plus difficile et pour eux ce sera plus de travail et moins de résultats. Mais vous aurez observé que c’est très largement qu’il y a un refus de cette réforme et une demande qu’on la reprenne, qu’on la reconstruise, qu’on la retire. Ce refus n’est pas seulement du monde enseignant, ce n’est pas seulement comme on pourrait l’entendre une accusation de corporatisme, c’est l’ensemble – ou un grand nombre – de ceux qui s’intéressent à l’enseignement et qui disent « On est en train de nous tromper sur le contenu de cette réforme ».

Pour l’exécutif, à savoir que ce soit François Hollande, Manuel Valls ou Najat Vallaud-Belkacem sont extrêmement fermes : « la réforme des collèges sera mise en œuvre, elle est indispensable ». Il  y a une grande fermeté de la part du gouvernement ?

Vous dites une chose très importante, il y a quelques jours – 3 ou 4 jours – on nous a dit « Mais attendez, sur un des sujets du débat que sont les langues anciennes, le latin et le grec, ou sur les langues vivantes, on va reprendre les choses, on va le soumettre à nouveau au Conseil national des programmes et vous allez voir finalement, les ambigüités vont se lever ».

J’avais moi-même dit que c’était un premier geste, une première victoire. Il y avait quelque chose qui pouvait nous permettre d’espérer. Aujourd’hui, ce que le premier ministre dit dans une déclaration martiale, c’est « je vais immédiatement prendre le décret et les choses seront irréversibles ». Ce passage en force est d’une part je crois un aveu de faiblesse mais en tout cas une atteinte à ce mouvement très large qui exprime l’inquiétude de bon nombre de Français. Si vous me permettez Laurence Ferrari, je voudrais mettre un peu de clarté dans le débat qui a lieu. Il y a deux sujets : le premier sujet est la réforme des collèges proprement dite. Le deuxième est celui les programmes.

La réforme des collèges proprement dite suscite l’émotion parce qu’elle supprime des formations qui étaient précieuses pour nous tous : l’enseignement du latin et du grec - même si on nous raconte qu’avec des saupoudrages ici ou là on va remettre des formations croupions – ainsi que les classes bilingues et européennes qui étaient des formations d’excellences en langues vivantes. C’est la réforme des collèges qui crée des choses extrêmement nébuleuses qu’on appelle de enseignements pluridisciplinaires et qui en réalité seront extrêmement difficiles à organiser, le tout sans fruits pour les élèves. De l’autre il y a la réforme des programmes sur laquelle, vous le savez, il y a eu ce débat pour l’histoire. On pourrait l’avoir pour d’autres disciplines. La principale annonce de la réforme des programmes c’est qu’il n’y aura plus de programme par année. Il n’y aura plus de programme pour la cinquième, la quatrième puis la troisième. Il y aura un seul programme pour toutes ces années en même temps, ce qui signifie que des enfants qui changeront d’établissement ou des établissements qui changeront d’organisation ne permettront pas la continuité de la formation pour les élèves. Voilà les deux choses précises qui permettent de se faire une idée de la réforme des collèges.

Une dernière question Monsieur Bayrou, la droite se saisit de ce dossier de la réforme du collège comme d’un cheval de bataille. Bruno Le Maire mène la bataille du côté de l’UMP, vous aussi du côté du MoDem, est-ce que c’est vraiment une ligne de clivage, une ligne de fracture dans notre pays selon vous ?

Je crois que c’est une ligne de fracture, mais pas du tout une ligne de fracture entre droite et gauche. Si vous prenez la somme des intellectuels réputés de gauche ou d’origine de gauche ou même des responsables politiques, par exemple Jack Lang, Aurélie Filippetti, des gens qui ont occupé des fonctions importantes à gauche, ceux-là disent que cette réforme est infondée, injuste. Et il y a, a dit Jack Lang, aucune raison de s’attaquer aux seules choses qui marchaient bien. Vous voyez bien qu’il n’y a pas là une frontière entre droite et gauche, il y a une frontière entre ceux qui veulent que le collège transmette à tous les élèves ce qui est du domaine de l’excellence que l'on obtiendra autrement que par sa situation familiale et les moyens de sa famille. Le contrat entre l’éducation nationale et la nation est de donner à tous la même chance, quelle que soit leur origine sociale ou culturelle, qui autrement serait réservée aux seuls privilégiés. Et c’est là qu’il y a une fracture très profonde entre ceux qui sont au pouvoir et qui à mon sens font sans avoir beaucoup réfléchi des choses très dangereuses de démolition, et ceux qui, au contraire voudraient sauver ce qu’est l’éducation nationale.

Merci beaucoup François Bayrou. 

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