"Le centre n'est pas une succursale de l'UMP"

Le président du MoDem, François Bayrou, a trouvé "rigolo" d'être élevé "au rang d'obsession de Nicolas Sarkozy, a-t-il déclaré sur i>Télé mardi, renouvelant sa réticence vis-à-vis d'une primaire à droite.

Laurence Ferrari - Bonsoir. Chaque parti tire les leçons des départementales qui ont vu  la large victoire de l’UMP et de l’UDI. Ce matin, Nicolas Sarkozy devant les députés UMP  assurait que les électeurs, à travers leurs votes, lui demandaient une opposition frontale  évidemment face au gouvernement et il ajoute, et cela c’est un message pour vous  : on est avec nous ou contre nous, c’est trop simple de braconner, on ne peut pas avoir la clarté avec le Front National et la combinazione avec le MoDem. Vous savez ce que ça veut dire ce mot italien M. Bayrou ?

En tout cas j’ai lu ce que Nicolas Sarkozy racontait, alors il est vrai que c’est un nouveau titre de gloire d’être élevé au rang d’obsession de Nicolas Sarkozy, puisque dans tous ses meetings, toutes ses reunions , il y a forcément un passage obligé et  que de ce point de vue-là, ça donne à sourire et c’est rigolo, intéressant. 

Mais il y a un truc précis : il estime que dans le Jura dimanche le député UMP  Damien  Meslot a été battu par une alliance PS  / MoDem. Est-ce que c’est  vrai que vous avez  mené vos voix au PS ?

Ceci est absolument faux, et d’abord, on va rectifier une ou deux choses :  le député Damien Meslot, le président de la république devrait  savoir que  le député Damien Meslot, dans le territoire de Belfort ce n’est pas dans le Jura. Cela, c’est une première chose. Deuxièmement, il y avait au premier tour sept candidatures dont un socialiste, dont un FN et en effet le protégé de Nicolas Sarkosy Damien Meslot  s ‘est retrouvé  au deuxième contre un des mes amis qui s’appelle Christophe Grudler et qu’il a battu au deuxième tour et ce n’est en rien un accord partisan, de quelle que nature que ce soit, c’est que les électeurs ont choisi que Christophe Grudler, Modem, c’était mieux pour représenter leur canton que Monsieur Meslot, UMP. Mais qu’est-ce que vous voulez que je dise ? Le choix que Nicolas Sarkozy laisse c’est que c’est qu’il faudrait que le les electeurs ne votent pas Nicolas Sarkozy se fassent retirer leur carte d’électeur et de ce point de vue là.

En tout cas on voit que la rancune est tenace entre vous deux.

Non aucune tenace entre nous deux, je pense depuis des années et j’ai même écrit un livre sur ce sujet, je pense que Nicolas Sarkozy chaque fois qu’il choisit d être dans l’agresssivité, chaque fois qu’il choisit de dresser les uns contre les autres, de faire le champ clos de querelles partisanes, je crois qu’il choisit une voie qui n’est pas la voie que la situation de la France exige. Et je suis au contraire de ceux qui pensent que c’est beaucoup mieux pour le pays d’avoir des attitudes qui permettent de rassembler, que d’avoir des attitudes qui  permettent de faire que des courants politiques qui ont été  différents et même opposés par le passé puissent travailler ensemble au redressement de notre pays.

C’est pourtant ce qu’il a réussi avec l’alliance avec l’UDI, Monsieur Bayrou c’est indéniable.

Oui,  mais c’est classique n’est-ce pas, il y a toujours eu une alliance qui fasse que, le parti, je crois que Nicolas Sarkozy, utilisait une métaphore, il disait une grosse boule attire la petite. Vous vous souvenez de cette phrase de physique qui disait cela. Moi je pense que c’est absolument classique mais  je ne pense pas que la vie politique française puisse se résumer à savoir si c’est François Hollande, Nicolas Sarkozy ou Marine Le Pen.

En tout cas, là il y a une alliance consolidée avec Jean-Christophe Lagarde qui va se poursuivre aux régionales. Oui, qui va se pouruivre aux regionales parce qu’il y a déja trois têtes de liste qui sont en négociations, et vous n'en avez pas marre d’être le vilain petit canard du centre ?

Vous vous trompez peut-être sur la définition du centre, le centre ça n’est pas une succursale de l’UMP. Il y des gens qui pensent que le centre est forcément dans cette soumission à l’UMP.

C’est ce que pense Monsieur Lagarde selon vous ?

Non, j’essaye de dire des choses qui ne soient aggressives pour personne, mais ma conception à moi du centre, c’est que c’est un centre qui est libre, indépendant, qui impose un style politique different, et ce style politique porte ses fruits, car contrairement à ce que vous dites, ce n’est pas du tout une alliance exclusive UMP-UDI. C’était une alliance dans la plupart des départements UMP, UDI, MoDem, et par exemple dans les Pyrénées-Atlantiques, le département que je représente, dont je suis maire du chef-lieu, ce qui a permis le renversement du département, il ne vous aura pas échappé que la carte politique de la France, c’est tout le sud-ouest en rose, sauf un département, qui est le département des Pyrénées-Atlantiques. Pourquoi ? Parce que nous avons proposé et imposé et convaincu les électeurs, avec un style politique et une pratique politique différente.

Encore un mot de la droite ?

Non mais vous voyez bien à quel point c’est important. Parce que croire que la situation de la France sera réglée en remettant l’UMP à la place du PS comme on a mis le PS à la place de l’UMP, pour moi je n’en crois pas un mot !

Je pense que la situation du pays exige, exigera, qu’on ait une proposition politique nouvelle, peut-être une majorité nouvelle, une manière différente de voir les choses dans l’avenir ; pas simplement la restauration de ceux qui étaient en responsabilité avant et qu’on remettrait en responsabilité après.

Et je suis absolument persuadé qu’il y a des millions de Français qui ne croient pas que le vote de dimanche soit autre chose qu’un vote sanction. Ils ont voté contre la gauche au pouvoir et pour des raisons précises mais ils n’ont pas pour autant donné leur adhésion à l’UMP.

Un mot sur l’organisation de la primaire de 2016 - de la droite . d’après Nicolas Sarkozy les modalités seront connues dans les tous prochain jours. Jean-Christophe Lagarde estime qu’une primaire n’aurait pas de sens sans la participation du MoDem et sans la vôtre. Qu’est-ce que vous répondez à Monsieur Lagarde ?

Bien vous voyez, c’est bien d’être le sujet des conversations.

Donc aucune candidature prévue de votre part à la primaire ?

Non, si on peut au-delà du sourire essayer de dire les choses comme elles sont. Ma réticence, ou ma réserve, à l’égard d’une primaire, elle vient de ce que la primaire elle donne toujours la prime aux plus durs, aux plus mobilisés de chaque camp, et que ce noyau dur des camps il commande d’habitude la victoire de la primaire. On connaît ca partout où il a des primaires, les Républicains Américains, les Démocrates Américains, on sait souvent que ça se passe comme ça.

Et pour moi, je pense que la France a moins besoin de noyaux durs aujourd’hui, que de gens qui aient une volonté, du courage, de l’autorité et qui soient capables de créer un soutien large de l’opinion et pas seulement un soutien de camp. Si vous n’avez qu’un soutien de camp à chaque fois qu’il y a une alternance, vous vous retrouvez, comme on se retrouve aujourd’hui, avec une gauche rapetissée et une droite qui l’était hier.

Une gauche dans tous ses états, on fête les un an à Matignon de Manuel Valls est ce que le Premier ministre a failli dans sa tâche ? II affirme maintenir le cap de ses réformes, il reste évidemment à son poste après la claque électorale de dimanche, quelle lisibilité au fond pour les Français, M. Bayrou ?

Oui, c’est une question importante mais tout cela, les soubresauts à gauche, les affrontements à gauche, le fait qu’il y ait des désarrois dans le camp de la majorité, tout cela s’explique par une seule raison, c’est qu’ils ne sont pas d’accord sur le fond. C’est qu’il y a deux lignes politiques, deux visions de l’avenir du pays, l’une qui est une vision de rupture, l’autre qui est une vision d’adaptation. Et la vision de rupture avec le système économique dans lequel nous vivons c’est à peu près la moitié de la gauche, et la vision d’adaptation au système économique c’est à peu près la moitié de la gauche, et c’est inconciliable.

Alors François Hollande a beau faire des acrobaties, et il est expert en acrobatie de ce point de vue là, pour essayer de concilier l’inconciliable, moi je pense que l’échec des trois années qu’il vienne de vivre, c’est que cette question n’a pas été tranchée dès le début comme elle aurait dû l’être. 

Manuel Valls fait à peu près la même analyse que vous, d’une grande coalition, d’une majorité qu’il faudrait ouvrir, il tend la main aux Verts avec les difficultés qu’il rencontre, … S’il tendait la main, s’il vous tendez la main, en disant : « voilà venez, le Gouvernement, les portes du Gouvernement vous sont ouvertes », est-ce que cette coalition là vous conviendrait sur la base d’un programme très clair ?

Aucune hésitation à vous répondre, ça n’est absolument pas en question, ni imaginable. Pourquoi ? Parce qu’il ne pourra y avoir de changement de base politique -changement que je crois nécessaire - le jour où on voudra une politique réformiste, courageuse et qui soit juste en même temps, alors il faut une majorité large. Cette majorité large ne pourra pas être obtenue tant qu’on n’aura pas changé une règle électorale absurde, injuste et qui oblige aux clivages.

La proportionnelle…

C’est la règle électorale de tous les pays européens continentaux sans aucun exception sauf nous. Pourtant l’Allemagne n’est pas mal gouvernée, les pays scandinaves ne sont pas mal gouvernés.

Quitte à faire entrer des dizaines de députés Front National à l’Assemblée nationale ?

Mais, Madame, ils représentent des Français. Je me suis toujours opposé à leurs idées et peut-être encore davantage à leurs obsessions. Mais ce sont des Français comme vous et comme moi, et comme Monsieur Valls et comme Monsieur Sarkozy. Ils ont le même droit électoral. Ils ont la même carte de vote dans leur poche. De quel droit des gens qui sont supérieurs ou qui se croient tels, peuvent-ils dire « Mesdames et Messieurs, vous avez un vote qui ne nous convient pas donc vous ne serez pas représentés ? ». De quel droit ? De quelle légitimité ? Qui sont ceux qui ont voulu cette injustice ? Ceux qui ont bâti un système qui avec le temps est devenu un système de monopole de pouvoir pour deux formations politiques seulement. Donc pour moi il n’y a aucune légitimité à dire cela et s’il y a des Français qui votent pour ces formations politiques – que je combats sans n’avoir jamais varié – et bien il faut qu’ils soient représentés. Et cela obligera peut-être les autres à réfléchir à ce qui les rapproche et à avoir une attitude qui change pour les Français, qui soit plus digne que les affrontements complètement artificiels et stériles de ces gens qui s’injurient d’un bout à l’autre de l’hémicycle de l’Assemblée en prétendant que c’est de la faute des autres.

La réalité c’est justement le transporteur MoryGlobal qui emploie 2500 salariés : liquidation prononcée aujourd’hui. Qu’est-ce qu’il aurait fallu faire pour éviter ce drame qui ?

Il y a deux ordres de causes possibles. La première cause est celle de gestion d’une entreprise. Et la deuxième cause c’est qu’il y a un déséquilibre entre ces activités économiques en France et les activités économiques de concurrents qui nous entourent. Tant que l’on n’aura pas un projet de rapprochement des législations sociales qui fassent que les charges soient les mêmes chez nous et chez nos principaux voisins, on mettra un certain nombre d’entreprises dans un certain nombre de secteurs dans une très grande difficulté ; de sorte que l’on est obligé de rechercher l’harmonisation sociale comme on a recherché l’harmonisation budgétaire et comme on devra rechercher l’harmonisation fiscale. Cette manière de déséquilibrer les choses est anti-française et anti-européenne.

Vous ne croyez pas à la reprise économique tant espérée par Manuel Valls et François Hollande ?

J’entends dire que ça y est, on y est, et ça fait dix ans que j’entends dire que ça y est et qu’on y est. Pour moi en tout cas je ne vois pas d’éléments probants qui signent que la reprise est là. Pour une raison que je vais examiner avec vous et qui est très simple. Comme les planètes, quand les éléments de la situation deviennent plus favorables, ce qui en profitent sont ceux qui sont le plus prêts. Et ce sont nos concurrents qui sont plus prêts que nous le sommes, plus actifs ou réactifs que nous le sommes qui risquent d’en profiter et singulièrement nos concurrents allemands qui comme vous savez ont fait cette année près de 250 milliards d’excédent de leur commerce extérieur quand nous faisions 60 milliards de déficit.

Merci beaucoup François Bayrou d’être venu ce soir sur i>Télé.

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