"L'alternance classique ne suffira pas à changer les choses"

Invité des Matins de France Culture, François Bayrou, président du Mouvement Démocrate, a dévoilé une partie des propositions très concrètes qu'il portera auprès des Français à l'occasion de la prochaine élection présidentielle, jeudi 17 novembre.

D’abord interrogé sur les tractions entre le PS et les Verts, en vue des prochains législatives, le leader centriste a jugé cette démarche "significative de leur pratique du pouvoir, désagréable et inquiétante". "Ce n'est pas sur un coin de table que l'on gouverne un pays ! Tout cela n'est pas à la hauteur", a-t-il commenté. 

"Augmenter la part d’énergies renouvelables, tout en réduisant la consommation" 

Il a rappelé que "le principal danger environnemental que nous avons devant nous est et reste le réchauffement climatique". Selon lui, "on ne peut donc pas substituer à la production d'électricité sans effet de serre, une production au gaz, au pétrole, ou au charbon", qui aurait des effets dévastateurs sur le climat. 

À un arrêt brutal de la production nucléaire, qui ferait figure de véritable retour en arrière, le député des Pyrénées-Atlantiques a opposé "un développement de la part des énergies renouvelables", qui permette une réduction progressive et accompagnée de la part du nucléaire en France. Pour lui, les deux vraies questions en matière de nucléaire sont "la sécurité et notre capacité à traiter les déchets". 

Sensibilisé depuis longtemps aux questions d’environnement, François Bayrou a également appelé à une chasse au gaspille : "le nucléaire correspond à dix-sept pour cent de l'énergie française, il en reste donc quatre-vingt-trois pour cent : c'est là qu'il faut faire porter l'effort principal en matière de réduction de la consommation". "Soyons volontaristes en matière de réduction de la consommation des véhicules et des chauffages, amélioration l’isolation des bâtiments", a-t-il prescrit. 

"L’alternance classique ne suffira pas à changer les choses"

"Nos institutions donnent le droit une fois tous les 5 ans aux Français de changer de paysage politique ! Dans tous les pays confrontés à la crise, se développent des majorités capables de mener les réformes nécessaires. Il y a un changement nécessaire de l'équilibre politique du pays. Si l'élection présidentielle n'existait pas, en effet nous serions bloqués par le fonctionnement des législatives", a t-il expliqué. 

"Dans moins de six mois, chaque Français pourra donc choisir le projet qui lui correspond le mieux pour l'avenir du pays. Les extrêmes empêchent que les majorités latérales, d'un bord comme de l'autre, mènent les réformes nécessaires. C’est pourquoi l’alternance classique ne suffira pas à changer les choses", a analysé le président du Mouvement Démocrate. "D’ailleurs, le programme du PS n'est pas vrai, et il enferme le candidat dans une majorité impossible à tenir sur la durée. Les choix politiques où s’enferme François Hollande ne résoudront pas les problèmes du pays. C'est le projet, les choix qui vont être imposés au pays et aux Français, qui produiront la majorité", a-t-il ajouté. 

Réaliste sur la situation, le député des Pyrénées-Atlantiques a jugé que "nous n'arriverons pas en avril sans avoir rencontré un accident grave pour le pays". "Il y a quatre-vingt-deux pour cent de désespérés en France. On ne va tout de même pas continuer dans un pays où aucun jeune ne trouve d'emploi, y compris diplômé", a-t-il dénoncé. 

"Je ne suis pas de ceux qui pensent qu’il faut baisser le coût du travail" 

Selon lui, "le mal vient du manque de production en France", a t-il souligné. "Nous devons travailler sur les secteurs d'activité perdus. On sait produire des avions, des fusées, des satellites, ... mais quasiment plus de textile, d’électroménager." Il estime toutefois que le levier d’action ne doit pas être la baisse du coût du travail : "Le travail pèse de moins en moins dans le prix des produits. Je ne suis pas de ceux qui veulent en baisser le coût. Regardez la Corée du Sud, le Japon, ou à côté de nous l’Allemagne : les salaires y sont les mêmes, ce n’est pas le problème", a-t-il insisté. 

"Travaillons sur l'image de marque des produits français ! Quand les gens voient les produits allemands, tout le monde pense à la qualité. Ceci devrait être le cas pour la France aussi", a t-il pris pour exemple. En matière d’emploi, "je suis pour un contrat de travail unique à durée indéterminée. On ne peut pas accepter de telles conditions de travail pour les femmes et les hommes qui enchaînent les CDD aux caisses de supermarchés", a-t-il poursuivi. Pour François Bayrou, il est en revanche "normal qu’en matière de carence, le service public soit aligné sur le privé", rien ne justifiant "un déséquilibre". Concernant les retraites, il défend "un système par point", le seul qui permette "à chacun de s'organiser comme il le souhaite, tout en garantissant un financement sur la durée". 

"Lutter contre le déficit est possible" 

Pour stabiliser les finances publiques de la France, François Bayrou prône une baisse des "dépenses d´interventions de l’Etat notamment, envers les grandes entreprises". Ce seul secteur pourrait générer une économie "de 20 milliards d’euros". "Les collectivités locales devront participer à cet effort collectif", précise-t-il. En matière de santé, il est convaincu que "des politiques ambitieuses de prévention peuvent aider à réduire le déficit de la Sécurité Sociale". 

Cette stabilisation passera aussi par une augmentation des recettes : "une hausse de deux points de la TVA, en dehors des produits de première nécessité", "la création de deux tranches supplémentaires de l’impôt sur le revenu pour les plus aisés", détaille-t-il. 

"Comment peut-on envisager du protectionnisme, alors que nous vivons pour vingt-cinq pour cent de nos exportations ?" 

"Il n'y aura pas de protectionnisme européen, mais on a le devoir d'équilibrer le commerce mondial", a t-il souligné, "Nous devons demander, voire imposer aux autres pays, les mêmes règles que pour nos produits français. Il n’est pas normal qu’on interdise certains pesticides pour la culture des légumes, qui sont utilisés sur des produits importés en France", a-t-il estimé. "Il n’est pas non plus normal que l’on manipule les monnaies", comme c’est le cas de la Chine. "Ce n’est pas une question de protectionnisme tout cela, c’est une question de loyauté", a-t-il défendu. 

"La laïcité est une puissance d’émancipation" 

Interrogé en fin d’émission sur l’incendie des locaux de Charlie Hebdo suite à la publication de dessins satiriques de Mahomet, le président du Mouvement Démocrate a rappelé qu’ils avaient été "il y a quelques années, défendre la laïcité au procès des caricatures. J’y suis allé en tant que croyant, qui défend avec vigueur la laïcité". 

"La laïcité, qu'est-ce que c'est ? C’est la distinction entre la foi et la loi. C'est une puissance d'émancipation, de libération de l'homme par rapport à la société. C’est aussi une libération pour le croyant, qui n’est plus obligé de soutenir le trône parce qu'il aime l'autel", a-t-il analysé.

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