"La situation de la Grèce est le résultat d’un mécanisme d’incertitude et de soupçon qui paraît très difficile à arrêter"

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Interrogé au micro de BFM ce soir, François Bayrou est revenu sur la situation de crise dans laquelle se trouve la Grèce, et les conséquences que celle-ci pourrait avoir sur l'Europe.

Bonsoir. C'est en tous cas le risque que tout le monde court. Je dis tout le monde parce que je ne crois pas qu'un accident arrivé à la Grèce ne concerne seulement les grecs. Je pense que si l'accident, qui parait inscrit par le non au référendum – c'est à dire la sortie de l'euro, la rupture de la zone euro - se produit, alors les grecs en paieront évidemment un prix très important, mais le reste de l'Europe aussi parce que nous sommes une maison, et si l'une des pièces de la maison se trouve incendiée, alors le reste de la maison court aussi un grand risque.

Comment se sent l'européen convaincu que vous êtes depuis hier soir ?

Je vois bien, depuis longtemps, que les peuples ont devant eux des représentations qui sont des promesses, promesses séduisantes. Beaucoup sont profondément sincères en pensant que l'on va pouvoir inventer une autre Europe. Pour ma part, je crois que ce sont assez largement des illusions. Ce que l'on va vivre maintenant c'est une question très simple : est-ce qu'on a pu, avec tout ce qui s'est passé, retrouver davantage de confiance pour la Grèce – et alors cela marchera mieux – ou a-t’on, au contraire, moins de confiance et donc plus de perturbations, plus d'incertitudes, et alors la situation deviendra pire. Ce que je crois c'est que depuis des mois et des mois, à force de manœuvres, on se retrouve dans une situation qui va être une situation de plus grande incertitude pour les peuples et notamment pour le peuple grec.

Deux, trois propositions très concrètes que vous souhaiteriez voir de la part d' Alexis Tsipras demain au sommet de l'Eurogroup ?

Vous savez, la campagne a été faite sur le thème de l'austérité en disant « nous ne voulons plus de l'austérité ». Mais, la question qui se pose pour les grecs, comme pour bien d'autres peuples – et je dis à mi-voix pour la France – est simple. Quand vous avez besoin d'emprunter tous les jours pour payer vos salaires et vos retraites, alors la seule question qui se pose est de savoir si vos préteurs ont confiance en vous ou pas. Savoir si ils vont vous prêter avec un sentiment de sécurité, auquel cas les taux sont bas, ou au contraire si ils craignent que vous ne rembourserez pas le prêt que vous contractez auprès d'eux, auquel cas les taux d'intérêts explosent, et vous ne trouverez plus personne pour vous prêter. C'est aujourd’hui cela la situation de la Grèce. Le procès qui est fait à l'Europe en réalité est mal placé.

 

Je sais très bien de quel romantisme beaucoup sont animés, je ne prétends pas qu’ils manquent de sincérité. Ce que je crois c’est que la situation faite aujourd’hui à la Grèce va mettre demain davantage en péril sa banque, son économie, sans sortir de l’argent pour faire les importations nécessaires au commerce, au tourisme, et que simplement les banques grecques ne sont pas sûres de pouvoir ré-ouvrir, et tout cela est le résultat d’un mécanisme d’incertitude et de soupçon qui paraît très difficile à arrêter. Je souhaiterais qu’il s’arrête et que les conversations débouchent sur du positif, j’en doute un peu.

 

François Bayrou sur le plan politique, le procès qui est fait à l’Europe, pour reprendre vos mots, justifié ou pas, ne nous mène-t-il pas vers un renforcement des formations d’extrême droite un peu partout en Europe ?

 

Non, je ne crois pas ça, parce que là on fait des analyses qui sont des analyses électorales. Or ce n’est pas ça la question si vous me permettez de vous le dire. La question c’est que des millions de familles et des entreprises entières, des centaines de milliers d’entreprises sont aujourd’hui sur le point de rencontrer le pire des accidents économique qu’elles puissent rencontrer. Et je voudrais beaucoup que Angela Merkel, François Hollande qui tout à l’heure vont s’exprimer, j’espère dans le même sens, trouvent une solution pour cela. Je ne crois pas cette solution facile, je ne crois pas qu’il soit probable, comme on l’a dit, que la Grèce ait été renforcée par le référendum d’hier. Je crois encore que la situation est plus difficile à traiter qu’elle ne l’aurait été s’il y avait eu un oui, ça n’aurait pas été facile, mais ça aurait été plus facile que la situation d’aujroud’hui.

 

Pensez-vous que Angela Merkel soit prête à abandonner la « ligne dure » ?

 

En vérité, je ne sais pas très bien ce que veut dire le mot « ligne dure ». Au fond, la Grèce et l’Europe ont besoin de deux choses : d’une part de rétablir un sentiment de confiance dans les prêts que les pays se font entre eux, parce que s’il n’y a pas de confiance, il n’y aura pas de prêt. Donc ils  ont besoin de rétablir l’idée que « oui on va pouvoir à terme s’en sortir et rembourser une partie importante de la dette ». Et deux, c’est : comment rétablir l’économie grecque, comment peut-on à nouveau produire des richesses alors que vous le savez l’économie de la Grèce s’est effondrée, depuis six mois, comment fait-on ? Et ça, ce n’est pas une ligne dure, demander de la sécurité dans les relations entre pays ce n’est pas une ligne dure, c’est au contraire la ligne la plus réaliste que l’on puisse trouver. C’est une présentation fausse que de faire croire que d’un côté il y aurait des méchants qui exigeraient des positions intenables, et de l’autre côté des gens qui seraient les peuples, c’est une position fausse que l’on entretient.

 

Merci François Bayrou. 

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