"La France peut-elle demeurer le pays du blocage éternel ?"

Invité de la matinale de France Info mercredi, François Bayrou a critiqué les méthodes et le manque de pédagogie du gouvernement. "Ce qui est frappant, c'est que le travail du gouvernement - identifier des problèmes et faire partager cette identification à la société - n'est pas fait" a-t-il jugé.

Bonjour François Bayrou.

Bonjour.

Vous étiez ministre de l’éducation quand la France a manifesté fin 1995 contre le plan Juppé sur les retraites. Le scénario peut-il recommencer aujourd’hui dans la rue contre la loi de travail de Myriam El Khomri ?

Peut-être, sans doute, mais ce n’est pas la véritable question. La question est : est-ce que la France peut demeurer le pays de tous les blocages ? Le pays du blocage éternel ? Où aucun dialogue n’est possible ? Où chaque fois qu’une proposition est avancée, le pays dit non, descend dans la rue et se bloque ? Je ne sais pas si quelqu’un se représente ce que signifie six millions de chômeurs - en réalité, c’est le vrai chiffre - avec leur famille qui s’inquiète et un système politique qui ne marche plus ni dans la majorité, ni dans l’opposition et une vie parlementaire pléthorique qui en réalité ne joue pas son rôle. Mais ceux qui nous écoutent s’arrachent les cheveux ! Il ne peut pas en être autrement, ils ont le sentiment qu’il n’y a aucune lumière au bout du chemin ! Quand il n’y a pas de lumière au bout du chemin, un pays tombe. C’est cela la véritable question. 

Si la jonction s’effectue dans la rue entre les jeunes et les syndicats, si cela « prend », qu’est-ce que cela signifie François Bayrou ? Que le quinquennat est terminé, que le gouvernement doit mettre la clef sous la porte ?

Vous savez que mon jugement est sévère sur le quinquennat depuis déjà de longs mois, pour ne pas dire des années. Pourquoi ? Ce qui est frappant, c’est que le travail du gouvernement - au moins dans un de ses éléments - n’est pas fait ! Qu’est-ce que c’est le travail de gouvernement ? Identifier les problèmes et faire partager cette identification à la société. Il y a un travail de pédagogie et de communication. Ce qui me frappe sur cette loi, c’est que le travail d’explication n’a pas été fait. C’est le Président de la République qui naturellement doit être en première ligne pour faire le travail d’explication. Il n’y est pas, il laisse le premier ministre, on a l’impression d’un affrontement souterrain ou larvé et tout ceci est terriblement inquiétant. En effet, c’est la fin de cette période de cinq années qui étaient extrêmement difficiles. Non pas que l’opposition se porte beaucoup mieux…

Manuel Valls aurait évoqué son éventuelle démission lors d’un dîner de ministres - c’est Le Figaro qui racontait cela - ce que Najat Vallaud-Belkacem à votre place a démenti ici même hier matin en dénonçant je la cite des « bruits de chiottes »...

Premièrement, il y a l’expression et de la part d'une ministre de l’Éducation nationale…

Cela vous a-t-il choqué ? 

Non, je ne suis pas facilement choquable mais vous voyez bien qu’une ministre de l’Éducation nationale a une petite responsabilité dans son expression. Ou une grande responsabilité, parce qu’il y a une exemplarité de cette fonction, que j’ai pour ma part beaucoup aimée. C’est la première chose. La deuxième chose, j’ai bien écouté Madame Vallaud-Belkcame n’a pas démenti. Elle a dit 'on ne devrait pas répéter ce genre de chose'. Ce qui a mon sens est passé - en tout cas à mon oreille - pour une confirmation. Et je comprends très bien que le Premier ministre se pose cette question. Je comprends très bien que le Premier ministre qui considère qu’il avance un texte très important pour lui-même, dise "si ce texte est retiré ou vidé de son contenu, naturellement je ne peux que envisager de me retirer". C’est à peu près que j’ai retenu de ce vrai-faux démenti. 

Vous évoquez le marasme de la vie politique nationale, vous avez vu que Nathalie Kosciusko-Morizet a fait son entrée hier soir officiellement en campagne pour la primaire à droite. On parle de Michèle Alliot-Marie, Nicolas Sarkozy l’est sans l’être, on serait à onze candidats, à douze. Qu’est-ce qui se passe dans la famille politique de l’opposition ? 

Si le ridicule tuait, il y aurait beaucoup de gens en danger, parce que la multiplication des candidatures diverses et variées qui pour un grande nombre d’entre elles n’ont pas la crédibilité de la fonction présidentielle. Au bout de ce chemin, qu'est ce qu'il y a ? Il y a une chose importante et précieuse, il faut qu’il y est un Président de la République en France en capacité de remplir sa fonction et avec une majorité dans le pays. Je ne parle même pas dans les assemblées. Une majorité dans le pays qui lui permette d’être soutenu, compris, et d’entraîner les grands choix. Vous savez que je n’ai jamais pensé beaucoup de bien de la primaire, enfin de cette « idée » de primaire, il suffit de voir ce qui se passe aux États Unis. Cette idée de primaire à mon sens est risquée, elle pousse à la surenchère et elle pousse à la multiplication des candidatures, qui comme des champignons après la pluie poussent, explosent et ne dureront pas très longtemps. Mais cela n’ajoute pas à la crédibilité de la politique. 

Avec François Bayrou candidat, si Alain Juppé n’y va pas, vous l’avez déjà dit. Pas vraiment, en fait? 

Écoutez, nous serons ensemble. Vous voyez bien la situation, nous n’allons pas nous retrouver dans les mêmes configurations qu’au deuxième tour de 2012. Il faudrait dans ce cas là, alors que je souhaite qu’ Alain Juppé puisse offrir une nouvelle manière de gouverner en France, il faudrait dans ce cas là de nouveaux choix pour le pays. Je vais vous dire ceci, je me tiens à des milliers de kilomètres de ces histoires de primaires, d’affrontements dans un bocal...

Vous êtes prudent

...qui je vous l’ai dit, déconsidèrent un peu la politique comme en tout cas j’y crois. 

 

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