"Je veux que les Français ne votent plus par rejet, mais par adhésion"

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Au micro de Laurence Ferrari sur i>Télé, Marielle de Sarnez s'exprimait aujourd'hui sur la déclaration conjointe de François Bayrou et Emmanuel Macron, après une première rencontre scellant leur alliance politique.

A l’instant, François Bayrou et Emmanuel Macron sont en train de poser pour les photographes, pour sceller l’alliance qu’ils ont nouée. Les deux hommes se sont rencontrés à peu près une heure, c’est ce qui était prévu, Marielle de Sarnez ?

Oui, c‘est ce qui était prévu, absolument, une première rencontre pour symboliser une entente.

Ils s’étaient parlé plusieurs fois auparavant ?

Ils s’étaient vus la semaine dernière, et François Bayrou n’avait rien dit de son choix à Emmanuel Macron à ce moment-là. Ils avaient eu un échange très général sur la situation politique, et puis avant de faire sa déclaration hier, François Bayrou l’a appelé, en fin de matinée, pour lui dire quel était son choix, quelle était la proposition qu’il allait lui faire, et lui expliquer quelles étaient les quatre exigences, les quatre points importants pour lui.

On imagine que ces quatre points dont ils ont parlé, il n’y a pas beaucoup de points de dissension entre les deux hommes sur ces exigences ?

Emmanuel Macron a répondu très vite après la déclaration de François Bayrou hier qu’il acceptait cette proposition d’alliance, et qu’il allait intégrer dans son programme, dans son projet, dans ses propositions, ces quatre points.

La moralisation de la vie politique, c’est un des enjeux majeurs pour François Bayrou, et pour Emmanuel Macron aussi vous pensez ?

Je pense que c’est vital pour le pays. On arrivera à redresser le pays, à redonner espoir aux Français, à redonner confiance, parce que c’est bien ça qui est la question posée par l’élection présidentielle, que si on recrée, on retisse cette confiance qui a été sacrément mise à mal depuis plusieurs décennies. Donc je considère que la moralisation de la vie publique, c’est un préalable pour montrer que oui, il peut y avoir un nouveau contrat crédible entre les Français et leurs dirigeants.

Un nouveau contrat, et une alliance qui n’est pas un ralliement, vous y tenez beaucoup.

Enormément, et je crois que c’est sain. Et d’ailleurs c’est sain dans toutes les démocraties qui nous entourent en Europe, c’est ça qu’on fait. Les gens gardent leur liberté, leur indépendance, et en même temps ils partagent des objectifs communs, et c’est vrai pour la vie politique française comme pour l’Europe, quand on est unis, quand on est ensemble, on est plus forts. Et être plus forts, c’est bien ce qu’il faudra être à l’occasion de l’élection présidentielle.

Ce n’est pas un ticket ? 

En aucun cas, car il y a un seul candidat à l’élection présidentielle, et il y a un seul président de la République. Non, ce n’est pas un ticket, mais moi qui accompagne François Bayrou depuis longtemps, je pense que c’est vraiment un geste qui l’honore. Je pense que François Bayrou pouvait être l’homme de la situation dans cette élection présidentielle, qu’il avait des atouts, une vision, une expérience, une solidité qui était importante pour le pays dans un moment où les Français sont extrêmement déboussolés. Il a choisi, et je trouve que c’est un geste à hauteur d’homme, et d’homme d’Etat, qu’il a fait, avec abnégation, comme il l’a dit. Il a choisi de construire, de renforcer, de consolider cette offre nouvelle qu’Emmanuel Macron peut apporter au pays. Ce qu’il a lui-même essayé de faire en 2007, qu’on a presque réussi à faire, mais qui finalement a échoué sous les coups de boutoirs conjugués du Parti socialiste et du RPR. Cette fois-ci ces deux partis sont plus faibles, plus fragilisés pour des tas de raisons, peut-être parce que les résultats n’ont pas été au rendez-vous à chaque fois qu’ils ont gouverné. Donc c’est une chance historique pour le pays de tourner une page, d’écrire une nouvelle page de son histoire, et de se sortir de ces difficultés.

Est-ce que c’est un choix que vous lui avez conseillé ? Est-ce que vous lui avez déconseillé de se présenter à la présidentielle ?

Non, j’aurais vraiment aimé qu’il se présente parce que je trouve qu’il était tout à fait mûr pour cette campagne, c’était l’homme de la situation. Et en même temps, je comprenais parfaitement, j’avais cette intime conviction aussi que dans ces temps qui ne sont pas ordinaires, qu’il faut faire des gestes qui ne le sont pas non plus.

Ce que veut faire François Bayrou, c’est peut-être ce que veut faire aussi Emmanuel Macron, recréer une grande famille du centre. Est-ce que ce n’était pas le cas de l’UDF il y a quelques années ?

Non, ce n’est pas ça, je ne pense pas. C’est créer le rassemblement le plus large possible, au-delà des clivages traditionnels, mais avec une cohérence de vision, une cohérence idéologique, c’est très important pour la société que nous voulons construire. Chacun étant à sa place. Emmanuel Macron est réformiste, social-démocrate, on va dire d’un centre-gauche. François Bayrou vient du centre, il y a des Républicains qui ont rejoint ce rassemblement. Et moi je pense qu’il est de nature à changer la vie politique française. Je pense qu’il est de nature à redonner de quoi espérer, de quoi croire. Et j’aimerais vraiment, je vais me battre de toutes mes forces, pour qu’il arrive en tête, ce rassemblement. Dès le premier tour. Parce que je sature un peu d’entendre les responsables politiques dire à longueur de journée que nous devons faire barrage à Mme Le Pen. Il ne faut pas faire barrage à Mme Le Pen, il faut descendre son score. Et donc il faut donner envie aux électeurs d’un autre choix, qui ne soit pas un choix par rejet, pas un choix par dépit, mais un choix par adhésion, et c’est ça que j’ai envie de construire.

Les grandes différences, quelles sont-elles entre les deux hommes ? François Bayrou l’a repris hier sur le terme de crime contre l’humanité à propos de la colonisation. 

Il y a une résonnance, pour regarder le côté positif, c’est que l’approche d’Emmanuel Macron, son intuition, est celle que François Bayrou s’est forgée depuis longtemps, qu’il fallait dépasser ces clivages, être capables de se réunir et être capables d’offrir quelque chose de nouveau, parce qu’on est devant deux forces politiques ultra classiques qui ont cannibalisé la vie politique française depuis des décennies, et qui ont échoué, qui n’ont pas réussi à apporter des réponses, ce qui fait qu’on a des extrêmes qui flambent, et ce n’est pas une bonne chose.

Ces deux grands partis se sont abîmés dans les primaires ?

Oui, les primaires c’est le noyau dur qui s’exprime, ce n’est pas celui qui est au point d’équilibre du pays qui est choisi, mais celui qui est le plus à droite ou le plus à gauche. Ca n’est pas le point d’équilibre du pays du tout. Après il y a des différences, ou des complémentarités, comme on voudra, du côté positif des choses. François Bayrou a une expérience, il a un enracinement qui est extrêmement important, il a une relation avec le peuple français qui est une relation de long temps. Ils se font confiance, il a une empathie pour le peuple de France, et je crois que tout ça c’est important, et ce sont des choses qui pourront participer du succès de l’entreprise qui est la nôtre. 

Les internautes ne se sont pas privés de ressortir les précédents tweets de François Bayrou à propos d’Emmanuel Macron : « Derrière Emmanuel Macron il y a des grands intérêts financiers incompatibles avec l'impartialité exigée par la fonction politique ». Qu’est-ce qui l’a fait changer d’avis ?

Il n’a pas changé d’avis. Il a dit, premier point, il faut une loi sur la moralisation de la vie publique. Il a demandé à Emmanuel Macron de clarifier ça, et Emmanuel Macron a répondu positivement tout de suite. C’est bien de se dire les choses. Je trouve que montrer qu’on a du caractère, du tempérament, des deux côtés c’est une très bonne chose. C’est bien de se dire les choses et ça change de l’hypocrisie générale des gens qui font semblant de s’adorer mais qui en fait se détestent, c’est ce qu’on voit assez souvent en politique. Ils ont des cohérences, quand on les entend tous les deux, je trouve ça très agréable, parce qu’ils ont une même approche sur cette nécessité d’avoir une nouvelle perspective pour le pays, de redonner de l’espoir aux Français, avec cet impératif que décrivait François Bayrou, qui est qu’on ne pourra le faire que quand on recréera de la confiance, et la confiance, ça passe par cette moralisation de la vie publique et de la vie politique française, c’est absolument vital.

Il y a quelque chose qui semblait très important pour François Bayrou, c’est qu’on n’est pas en train de faire des négociations dans l’arrière-boutique, avant les législatives, il y a la présidentielle.

Oui, c’est extrêmement important, les seules exigences qu’apportait François Bayrou, il les a dites publiquement ! Ca change de tout ce qui se fait en général derrière les rideaux, il y a des portes closes, on ne sait pas ce qu’ils se disent, ils disent qu’ils ont parlé de ça alors qu’ils ont parlé d’autre chose. François Bayrou, il l’a dit hier, il avait quatre exigences, et Emmanuel Macron a répondu. La question des législatives est très importante, et ce qu’a dit Emmanuel Macron a dit ça me plaît beaucoup, c’est la logique des institutions de la Vème République que Les Républicains d’un côté et le Parti socialiste de l’autre ont complètement zappée et oubliée depuis longtemps. C’est-à-dire qu’on fait d’abord une élection présidentielle, on a une majorité présidentielle de premier tour, une majorité présidentielle de deuxième tour, et à partir de ça, en fonction de qui vous a rejoint, qui vous a soutenu, il y aura une majorité parlementaire, et ensuite un gouvernement. C’est ça la logique des institutions de la Vème. Or, Les Républicains d’un côté, les socialistes de l’autre, font exactement l’inverse. Ils font des accords d’appareil, des accords de boutique, avant les élections présidentielles, quelques uns même six mois avant, c’était même avant les primaires pour Les Républicains. On marche complètement à l’envers, c’est ce que Martine Aubry avait fait la dernière fois pour François Hollande, c’est ce que Les Républicains ont fait encore cette fois-ci. Ce n’est absolument pas sain. La question des législatives, elle doit s’inscrire derrière la majorité que vous formez à la présidentielle.

Est-ce que François Bayrou est véritablement capable de s’effacer derrière Emmanuel Macron ? Est-ce qu’il va faire campagne à ses côtés ou pas du tout ?

La réponse est oui. François Bayrou, il a un seul objectif mais au fond, c’est l’objectif de toute notre vie, de sa vie, de la nôtre qui l’accompagnons. C’est de changer cette vie publique et cette vie politique française, et de redonner de quoi croire, de l’espoir, de l’espérance aux Français, de régler les problèmes des Français, que ce soit la question de l’école, de l’économie, du salaire, des revenus du travail. Et il faut s’y atteler, ça fait trente années quand même, que les gouvernements successifs de droite et de gauche ont échoué à faire les réformes nécessaires et à apporter une vie meilleure aux Français. C’est l’objectif. François Bayrou a une place qui est la sienne, avec la personnalité qui est la sienne. Avec ce qu’il peut apporter, il fera à sa place tout ce qu’il faut, tout ce qui est nécessaire pour que le pays s’en sorte, et qu’Emmanuel Macron soit élu président de la République. 

Dernier mot rapide, en dehors de la loi sur la moralisation publique, qui est une exigence de François Bayrou, est-ce qu’il y aura d’autres choses qu’Emmanuel Macron va prendre dans son programme ?

Il y a une deuxième chose qui est très importante, il y a évidemment tout ce qui a trait à la démocratie, au pluralisme, et ils en ont parlé. Mais il y a la philosophie aussi de toute l’action publique, qui est qu’il faut arrêter d’accroître les inégalités, donnons à chacun sa chance, donnons toute sa place au travail, faisons en sorte que les Français puissent s’y retrouver demain, que ceux qui n’arrivent pas à boucler leurs fins de mois puissent le faire, qu’on puisse travailler, qu’on puisse gagner davantage, et qu’on remette ça au centre et qu’on n’aille pas toujours à cette espèce de guerre mondiale de la mondialisation, au salaire toujours le moins cher possible, ça ce n’est pas possible, et il faut inverser la courbe. 

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