"J’affirme qu’il y a une manière plus rayonnante de vivre l’identité française que de la bâtir sur un rejet !"

François Bayrou, maire de Pau et président du MoDem, était l’invité de « Face aux Chrétiens » ce jeudi 25 février, en partenariat avec La Croix, KTO, Radio Notre-Dame et RCF. Principaux extraits.

Soutien à Alain Juppé

"Si l’on regarde la situation politique française, on observe une chose : depuis des années, c’est un homme de l’appareil des deux grands partis qui se partagent le monopole du pouvoir qui devient président de la République. La démarche d’Alain Juppé fait que c’est aujourd’hui le mieux placé de ceux qui veulent que l’on sorte de ce système. […] Alain Juppé se présente aujourd’hui comme plus indépendant des appareils. Il fait un choix que je considère comme crucial : il envisage de former un gouvernement qui dépassera les frontières des partis. […] Être premier ministre ? J’ai refusé d’entrer dans cette équation. Pourquoi ? Je considère que le premier ministre d’un président nouvellement élu doit appartenir au parti majoritaire. Il ne me paraîtrait pas juste de laisser entendre que tel est mon souhait ou mon rêve, parce que je me refuse à regarder ce soutien comme un choix égoïste. Je ne soutiens pas Alain Juppé parce que je pense que ce sera mieux pour moi, je le soutiens parce que je pense que ce sera mieux pour la France. Je souhaite avec ardeur que, si cette élection se produit, si les conditions sont remplies, cette élection nous permette de reconstituer en France le centre fort, digne, novateur, indépendant, attirant dont le pays a besoin et donc l’absence marque cruellement la vie politique."

La place du centre

"Si vous regardez les dernières enquêtes d’opinion, y compris les dernières intentions de vote à l’élection présidentielle, alors vous vous apercevez de quelque chose d’extraordinairement frappant : il y a un courant puissant qui attend cette proposition politique, qui se situe – cela dépend à 10 %, 15 %, 18% des voix et c’est le seul courant de la vie politique française qui ne soit pas organisé. Mon intention, mon objectif, est de contribuer à l’organisation de ce courant. Que dit la dernière enquête IFOP/Fiducial ? François Hollande - qui est la figure du PS - est entre 16 et 18 %. Nicolas Sarkozy, figure de l’UMP, est entre 18 et 20 %. Le courant qui choisit de voter pour un bulletin de vote qui porterait mon nom est entre 15 et 18 %, c’est-à-dire à peu près au même niveau. C’est extraordinaire !"

La fracture de la gauche

"Cette fracture de la gauche est une donnée majeure du paysage de l’avenir. Ce qui s’achève là est le cycle qui a été ouvert en 1971 par la prise du pouvoir au Parti socialiste par François Mitterrand – le nouveau Parti socialiste dont il est devenu le secrétaire puis le chef historique – et qui était fondé sur l’accord avec le Parti communiste pour faire l’union de la gauche. Cet accord disait « donnez-moi vos voix, je prends vos idées ». C’est la fin de ce cycle, tout cela explose, il faudra longtemps à la gauche pour se reconstruire et on va assister à des soubresauts qui sont considérables et qui en effet vont faire naître un nouveau paysage politique français. On aura besoin d’une force qui au centre de la vie politique permettra de reconstruire différemment des majorités."

Les propositions du Front national

"Je dis aux électeurs du Front national quelque chose de simple : dans les arrière-pensées du Front national, il y a des propositions qui seront mortelles pour la France. Je ne les prends pas sous l’angle moral, je les prends sous l’angle de la réalité qu’elles vont créer. L’affirmation selon laquelle il suffit de sortir de l’Europe pour régler les problèmes du pays est mortelle. Il suffit de regarder l’Argentine où se trouve actuellement le président de la République : à la suite du choix que la monnaie argentine décroche de la parité dans laquelle elle était il y a eu 1.500.000 d’exilés, de gens qui ont émigré pour sortir de l’Argentine ! […] Si vous commencez à regarder les gens du point de vue de leur origine, de leur religion et à faire en sorte que d’une certaine manière on les montre du doigt, ou qu’on laisse entendre qu’on pourrait les renvoyer, et bien vous allez au malheur d’un pays. Est-ce que l’on veut un pays vivant et qui avance ou est-ce que l’on veut un pays qui au contraire se renferme dans ses obsessions et dans ses névroses ? Il en mourra ! Je pose une question très simple : est-ce que vous pouvez me citer un seul pays dans l’histoire dans lequel ce choix politique ait entraîné du bien pour le pays ?"

Identité et identités

"Je refuse que la question de l’identité soit monopolisée par le Front national. Il se trouve que je suis habité par une certaine idée de l’identité française mais aussi DES identités à l’intérieur de la France, que je sais et affirme que l’identité est nécessaire aux communautés humaines. Vous ne pouvez vivre ensemble et avoir un débat démocratique que si votre identité est forte. Je suis un amoureux de l’histoire de la France, je suis un amoureux de la langue française, j’entre dans les débats culturels – réformes de l’orthographe et du collège - avec la volonté et la passion de défendre quelque chose de tout à fait essentiel. Je ne m’estime moins Français que quiconque au monde et j’affirme qu’il y a une manière plus rayonnante de vivre l’identité française que de la bâtir sur un rejet. Donc je récuse l’idée que le Front national soit le seul défenseur de l’identité française."

Financement de la vie politique

"Le trucage des comptes d’une élection présidentielle pose des questions démocratiques fondamentales. Si cela était prouvé, évidemment cela veut dire que les élections ne se jouaient pas à égalité de chance. Ce n’est pas la première fois, mais c’est la première fois dans ces proportions. […] Je suis de ceux qui se sont battus dans les années 90 pour que la vie politique française ne devienne pas comme la vie politique américaine dépendante de l’argent. La vie politique américaine pour moi – je le dis comme je le pense – est insupportable ! C’est les banquiers, les pétroliers qui tiennent le pouvoir parce qu’ils tiennent leur élection. On a dépensé lors de la dernière élection américaine 4 milliards de dollars ! Dans les années 90, je me suis beaucoup battu pour que cette mainmise de l’argent soit interdite en France et que notamment les entreprises ne puissent pas être contributrices pour une élection politique. Elles l’étaient auparavant, et je trouvais que c’était complètement injuste. Nous avons écrit des lois pour empêcher cette mainmise de l’argent. Si nous ne respectons pas ces lois, nous ruinons notre vie démocratique française. Pour ma part, je pense que cela mérite qu’on les défende âprement. La situation d’aujourd’hui, c’est que vous avez une apparence - des lois, des financements publics - et une réalité et que la réalité ce sont les micro-partis, c’est-à-dire des partis hors de la règle générale qui financent la vie politique des uns et des autres. Je trouve que c’est obscène, de même que le fait que la seule élection majeure du pays – l’élection présidentielle – ne soit pas prise en compte dans le financement des partis est une anomalie incroyable ! Tout cela au vu et au su de tout le monde et on se félicite d’avoir des règles et personne ne les respecte. Moi, je les respecte ! Le MoDem est un parti sans moyens financiers mais qui n’a pas de dettes et qui ne contrevient pas à la loi. Une de mes fiertés est que depuis que j’ai la responsabilité de cette famille politique, jamais il n’y a eu le moindre soupçon sur la manière dont elle fonctionnait."

Je reçois la lettre d'information du Mouvement Démocrate

Engagez-vous, soyez volontaires

A nos côtés, vous serez un acteur de nos combats pour les Français, pour la France et pour l'Europe.

Chaque engagement compte !

Votre adhésion / votre don

Valeur :

Coût réel :

20 €

6,80 €

50 €

17 €

100 €

34 €

Autres montants

Qu'est ce que la déclaration fiscale sur les dons ?
Filtrer par