Interview de Marc Fesneau dans Les Échos

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Nous vous invitons à découvrir l'interview de Marc Fesneau, publiée ce matin dans Les Échos.

 

Sur le fond, où est le nouveau souffle ?

L’idée n’a jamais été de passer d’un coup de l’ombre à la lumière. Il n’y a jamais eu d’essoufflement. Ni la réforme ni la volonté de transformer le pays n’ont molli et les réformes devant nous en témoignent : justice, institutions, assurance-chômage, retraites. Ce ne sont pas de petits sujets ! Il y a la volonté de replacer le fond des choses au cœur du débat, de rappeler le sens et la cohérence de notre action, de renforcer la pédagogie faite aux citoyens, qui ont parfois le sentiment d’être perdus. Il faut donner du sens, expliquer, parler au cœur des gens. Parce que le monde qui nous entoure est angoissant.

 

Un malaise est perceptible dans la majorité, qui se bat contre le gouvernement sur certains amendements. Craignez-vous un début de fronde ?

Certainement pas. Mais il faut incontestablement mieux coproduire avec la majorité. Coproduire « ce n’est pas j’ai raison seul et tu prends ce que j’ai donné » ; cela vaut pour le gouvernement comme les parlementaires. Cela dit, personne ne doit oublier le sens de ce qui est fait. Sur les questions fiscales ou de dépenses publiques, il y a une équation budgétaire à tenir, celui de l’équilibre de nos comptes. Tout le monde connaît ma volonté de nouer en permanence des dialogues mais on ne peut pas avoir des textes dont on déstructure l’armature.

 

Les élus ne font que relayer la grogne sur le terrain : CSG, prix à la pompe… Le ras-le-bol fiscal est-il de retour ?

Même si la perception n’est pas la même partout, je crois que la baisse de la pression fiscale, notamment par la baisse des cotisations salariales et de la taxe d’habitation, va être ressentie. Nous sommes dans une période où nous menons des transitions, de façon aussi douce que possible, mais les transitions sont forcément difficiles. Dans les territoires ruraux – j’y vis –, il ne faut pas bercer les gens d’illusion en faisant croire qu’on va continuer éternellement avec le pétrole. Il faut les aider à en sortir parce que ce sont eux les premières victimes de cette dépendance. Il faut aussi assumer l’effort demandé à une partie des retraités. Un choix a été fait : la priorité au travail. Tout cela n’est pas surprenant ; c’est ce qu’avait dit Emmanuel Macron pendant sa campagne. Et des mesures de compensations ont été prises pour les plus fragiles.

 

Vous incitez les élus des villes de plus de 100.000 habitants à mettre en place des péages urbains. N’est-ce pas une manière de se défausser sur les élus ?

On ne peut pas regretter qu’on décide tout de Paris et, de l’autre côté, nous reprocher de laisser la main aux collectivités ! Est-ce qu’on se déleste ? Non. Il faut être pragmatique : il y a des endroits où c’est utile et nécessaire et peut aider à améliorer le système de transports, et d’autres où ça ne l’est pas. Ce n’est pas à l’Etat de décider. Chacun doit prendre ses responsabilités. C’est assez sain. Après, l’Etat ne sera pas absent du dialogue. Il a des fonctions d’aménagement du territoire et devra donc accompagner les collectivités. Mais sur le fond, le principe des péages urbains me semble bon. C’est un outil au service de la transition écologique.

 

Etait-ce habile de la part de Bercy de pointer les communes qui ont augmenté leur taux de taxe d’habitation ?

Les données sont publiques et il y a un besoin que les citoyens soient éclairés. Moi, je ne suis ni « balance ton Etat », ni « balance tes députés », ni « balance ton maire » parce que c’est nourrir le sentiment populiste et qu’à un moment, c’est « balance ta démocratie ». Si on veut faire avancer les territoires, il faut sortir de tout ça.

 

Au-delà de l’opération de séduction lancée, comment renouer, sur le fond, avec les collectivités ?

D’abord, il faut comprendre comment on est en arrivé là. La loi Notre, le regroupement des régions, la baisse des dotations, la création des métropoles, ce n’est pas du fait de ce gouvernement. La dégradation des services publics, la désertification médicale, non plus. Mais nous arrivons à un point de rupture, sans en être à l’origine au fond.

 

Que faire pour inverser la tendance ?

Nous avons stabilisé les dotations tout en maintenant les fonds d’investissement. Nous apportons des réponses structurelles, par exemple aux déserts médicaux, avec le plan Santé. Ensuite, la contractualisation financière avec les collectivités a été mal comprise. Certaines l’ont vue comme une mise sous tutelle. Regardons ensemble comment dépassionner ce débat. Emmanuel Macron est le premier Président de la République à avoir mis la différenciation pour les collectivités dans le texte de la révision constitutionnelle. C’est essentiel. Nous savons tous que l’on n’améliorera pas la situation des territoires les uns contre les autres.

 

Cette opération n’est-elle pas celle d’un pouvoir qui cherche des relais pour ses réformes et surtout pour les élections ?

Je n’ai jamais entendu dire que l’on comptait faire sans les élus ! Nous avons besoin de transformer le pays. Il faut assumer de le faire ensemble, y compris quand les décisions sont difficiles. Depuis le début, comme le président de la République et le Premier ministre, j’ai été désespéré de voir qu’il y a une incompréhension. J’ai le sentiment qu’elle est en train d’être levée. Pour améliorer encore les choses, nous avons plusieurs sujets à traiter. Nous avons toujours dit que nous ne ferions pas de grand soir de la décentralisation dans une loi. Cela ne signifie pas qu’il ne faut pas ajuster ou donner plus de souplesse au système, sur les compétences par exemple. Avec Action Publique 2022, l’Etat doit être capable de dire quelle est la perspective d’organisation sur le long terme des services publics dans les territoires. Nous aurons aussi le débat de la réforme fiscale, où nous devrons les uns et les autres sortir des postures.

 

Sur la réforme des institutions, un accord est-il encore possible ?

Il y a des points de convergence, notamment sur l’amélioration de la fabrique de la loi. Le point plus difficile est celui du nombre de parlementaires. Le président a posé durant la campagne l’exigence d’une baisse de 30%. Laissons les assemblées débattre et trouver un terrain d’entente.

 

Après ce remaniement, que reste-t-il du soi-disant nouveau monde ?

Ce qui est nouveau politiquement, ce n’est pas un nouveau monde. Mais pour la première fois, quand on réforme, ce n’est pas cosmétique mais structurel, de la SNCF à la formation professionnelle, du droit du travail aux lois en faveur des entreprises. On ne réforme pas pour tenir cinq ans et être populaire. Cela explique sans doute les difficultés du moment. Nous réaffirmons aussi la capacité à avoir un socle de base LREM-Modem et à l’élargir à ceux qui veulent la réforme, à droite ou à gauche. Les Français ont élu Emmanuel Macron pour arrêter les alternances inutiles et transformer le pays. Nous sommes au rendez-vous de cette promesse.

 

Pour les européennes, n’est-il pas dangereux de brandir le clivage progressistes/nationalistes ?

Il faut nommer le mal pour le combattre et ne pas oublier les leçons de l’histoire. Il n’y a pas de composition possible avec ces gens-là. Ceux qui utilisent les difficultés et les peurs du peuple ne lui rendent jamais service. A nous de redonner du sens et des repères à ceux qui, pour des raisons d’identité, de déclassement, d’immigration, ont le sentiment de les avoir perdus.

 

Wauquiez demande à l'exécutif de "renoncer aux augmentations de taxes supplémentaires sur le carburants prévues jusqu'en 2021"... la phrase de l’itw est  très exactement: «  Face à la hausse des cours du pétrole qui pénalise déjà suffisamment les Français, je demande à Emmanuel Macron de renoncer aux augmentations de taxes supplémentaires sur le carburant qu’il a prévues jusqu’en 2021 » Que lui répondez vous ? 

Je mesure l’effort que nous demandons aux automobilistes. Mais la voiture est au centre de la mutation écologique – moins de pétrole, plus d’électrique, un nouveau modèle de déplacement - et il faut l’expliquer aux Français plutôt que de résister au changement. Intuitivement, tout le monde comprend que la voiture d’hier c’est fini. Il faut savoir accélérer la transition énergétique pour rendre nos territoires moins dépendants au pétrole et cela ne peut attendre 2021. Au fond, Monsieur Wauquiez incarne bien tout ce qui fait le rejet de la politique aujourd'hui : raisonnement à court terme, refus de la prise de responsabilités, absence de vision à long terme. Nous, c'est tout l'inverse.

 

 

 

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