Intervention de Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Éducation nationale

Nous vous invitons à revoir l'intégralité du discours de Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Éducation nationale, à notre Université de rentrée.

François BAYROU. - C'est comme cela que l'on voit l'importance des personnalités politiques ! Jean-Michel Blanquer a autour de lui 2 hommes et 98 femmes !

Comme je vous l'ai dit l'an dernier la présence de Jean-Michel Blanquer aujourd'hui n'est pas un hasard. Ce n'est pas seulement une nécessité, c'est un choix parce que nous sommes nombreux ici à penser que, dans les effets les plus heureux du grand événement de la grande alternance qui a eu lieu en 2017, il y a le changement en profondeur, j'allais dire la révolution qui a été conduite dans l'Éducationnationale.

Et donc le soutien que nous manifestons à Jean-Michel Blanquer n'est pas mesuré parce qu'il a sauvé l'alternance. Jean-Michel Blanquer a sauvé l’Éducation nationale d'une dégradation, d'une dérive qui était extraordinairement grave, à mes yeux.

Peut-être suis-je subjectif, mais je ne crois pas.

On était en train, peu à peu, de vider l’Éducation nationale de sa vocation principale qui est la transmission, et notamment dans tout ce qui touche aux fondamentaux : les fondamentaux de la liberté des femmes et des hommes qui se forment à l'école et aux fondamentaux de notre culture et de notre nation.

Le choix que nous faisons en invitant Jean-Michel Blanquer, c'est pour dire à quel point dans tous les domaines de la société nous considérons que cette orientation-là à l’Éducation nationale est vitale. Elle est vitale, on peut le démontrer à l'envi, elle est vitale en économie, à l'emploi, elle est vitale en matière sociale parce que c'est la vraie politique sociale celle-là, elle est vitale en matière culturelle et elle est vitale pour l'affirmation de la France à ses propres yeux.

Je voulais exprimer, il le sait bien, pas seulement mon soutien, mais ma reconnaissance à ce que fait Jean-Michel Blanquer fait. En plus, comme vous savez, c'est une personnalité qui a du fond, du vrai, vrai fond.

Je suis très heureux de vous demander de l'accueillir.

Applaudissements…

Jean-Michel BLANQUER. - Merci beaucoup François, ce sont évidemment des mots qui me touchent beaucoup et c'est la meilleure introduction dont je puisse rêver puisque cela me permet tout de suite de me sentir en famille, si je puis dire. Quand je suis arrivé tout à l'heure, mon ami Pierre Larrouturou m'a dit : Tu ne passes donc jamais de week-end en famille ?

Je lui ai répondu : Mais, c'est en famille !

Ce n'est pas simplement une formule, car c'est vrai, l'année dernière j'avais déjà senti cette chaleur humaine, cette proximité entre nous le fait que l'on se comprend et tout ce que vient de dire François, c’est-à-dire le fait qu'il y a entre nous une vision partagée sur les enjeux d'éducation qui en fait sont les enjeux de société, les enjeux de notre être au monde en tant que pays et aussi en tant que personne et, cela, je le ressens avec les députés Modem et avec mes collègues du gouvernement du Modem. Je suis très proche de Geneviève Darrieussecq et Jacqueline Gourault, j'ai beaucoup de bonheur à travailler avec elles, ce n'est pas seulement qu'humainement on s'entend bien, c'est que derrière il y a une communauté de vues, de visions, comme il y en a avec François ou Marielle, ou avec Jean-Louis et Marc, tous ceux qui sont là aujourd'hui et tous les députés, en particulier les parlementaires, les sénateurs et vous que je vois de temps en temps dans les déplacements.

Cette proximité doit produire des politiques publiques utiles pour la France et c'est évidemment cela que je voudrais développer devant vous aujourd'hui.

Pour vous parler, j'ai regardé ce que je vous avais dit l'année dernière. Je me suis dit : La pire des choses même si la pédagogie est l'art de la répétition, ce serait de faire le même discours.

Il y a une première dame américaine qui s'est essayée à cela avant moi, mais je vais essayer de l'éviter.

Je voudrais au contraire faire une suite à ce que je vous ai dit l'année dernière, comme pour vous donner une sorte de droit de suite par rapport cela que j'ai dit.

L'année dernière, si vous étiez là, si vous vous en souvenez, j'avais insisté sur la dimension sociale de cette action éducative. J'avais parlé du contrat social qu'il y a au travers de l'éducation.

En le faisant, je voulais contrecarrer les discours beaucoup trop faciles qui existent parfois sur l'action du gouvernement et qui consistent à dire que ce gouvernement n'aurait aucune visée sociale. Ce sont souvent des discours extrêmement superficiels parce que dès que l'on commence à regarder ce qui se passe pour de vrai, en réalité, il y a une action sociale en profondeur ; on en a eu le témoignage ces derniers temps évidemment avec le lancement du Plan Pauvreté qui va en profondeur vers un certain nombre de sujets importants, j’y reviendrai tout à l’heure.

Mais pour ne parler même que des politiques d'éducation, elles ont évidemment une visée sociale.

Cette visée sociale rejoint ce que vient de dire François Bayrou à l'instant.

Il y a deux sujets qui en réalité sont les deux faces d'un même enjeu, c'est le sujet de l'élévation du niveau général de notre pays et le sujet de la justice sociale.

Bien entendu, les deux non seulement ne s'opposent pas mais représentent la même chose.

C'est parce qu'on va élever le niveau général que l'on aura de la justice sociale et c'est parce que l'on pousse la justice sociale que l'on aura une élévation du niveau général.

C'est parce qu'on va faire en sorte qu'il n'y ait plus 20 % d'élèves qui sortent de l'école primaire sans savoir lire, écrire, compter et respecter autrui que l'on aura une élévation, ipso facto, du niveau général.

C'est pour moi une conviction profonde et c’est ce qui doit nous permettre de dépasser un clivage entièrement factice entre ce que seraient l'approche d'efficacité éducative et l'approche de justice sociale. Nous devons avoir l'un pour l'autre, l'un par l'autre et c'est, je crois, ce qui est en train de se passer.

Hier, j'étais dans un collège REP + plus de Toulon, un collège dans un des quartiers les plus défavorisés de France.

En quelques heures, j'ai eu une série d'échanges qui étaient l'illustration de ce que nous faisons depuis un an.

C'est un collège magnifique au sens des réalités humaines qui s'y jouent, c'est un collège qui, tout simplement, prend à bras-le-corps les défis de société qui sont les nôtres.

Qu'est-ce que j'ai vu ? J'ai vu des élèves qui étaient engagés dans Devoirs fait et des professeurs engagés dans l'opération Devoirs faits. Cela signifie des élèves dont les parents disent, j'en ai vu plusieurs : Maintenant, quand il rentre à la maison, les devoirs sont faits. Maintenant il y a un autre état d'esprit qui s'est installé sur cet enjeu-là, nous parlons autrement de ce qui se passe à l'école.

J'ai vu des professeurs qui m'ont dit : On travaille plus en équipe.

J'ai vu un principal de collège qui m'a dit que cela contribuait à l’amélioration du niveau général du collège et que cela changeait notamment la relation entre le collège et les parents, mais aussi entre les professeurs et les élèves.

J'ai vu un collège où les enfants regroupés entre eux dans le conseil de vie collégienne ont gagné l’année dernière le concours Tous unis pour la laïcité.

C'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles je suis allé les voir.

Autrement dit, ce sont des élèves de toutes origines, comme souvent en REP + avec des croyances diverses, pas de croyance, des origines géographiques très différentes, ce que l'on trouve fréquemment en REP +, mais qui tout simplement dès qu’ils sont réunis autour des enjeux de laïcité comprennent très bien ce que nous sommes en train de faire, ce que nous voulons et ce qu'est la République française c'est-à-dire un endroit où l'enjeu de la République n'est pas seulement de vivre ensemble, comme on l'entend souvent, on parle souvent du vivre ensemble, c’est une expression que je n'aime que partiellement, car, l'enjeu, ce n’est pas vivre ensemble, l’enjeu c'est bien vivre ensemble et c'est justement ce que la laïcité permet.

Toutes les mesures que l'on a prises d'explicitation de ce bien vivre ensemble sont comprises totalement par les élèves, dès que l'on discute avec eux de cela.

Il y a donc une forme de simplicité qui nous permet de dépasser parfois certains côtés abrasifs du débat public et qui nous permet tout simplement d'avancer sur des sujets dont ont dit qu'ils sont délicats et qui le sont peut-être moins que ce que l'on dit habituellement.

Dans ce collège, j'ai vu aussi des témoignages de ce qui se passait à l’école primaire juste à côté, autrement dit le dédoublement des classes de CP et de CE1. Au moment où je vous parle, ce dédoublement concerne 190 000 élèves en et, à la rentrée prochaine, cela en concernera 300 000.

Quand je vous dis que vous avez un droit de suite sur ce que je vous ai dit l'année dernière. Quand je vous en ai parlé l'année dernière, c'était 60 000 et, à maturité, c'est 300 000.

300 000, cela signifie 150000 par an, cela signifie 20 % d'une génération en France.

C'est donc tout, sauf une mesure anecdotique, c'est tout sauf une mesure cosmétique c'est une mesure qui va en profondeur chercher à atteindre le problème des inégalités sociales en France en s'attaquant à la première des inégalités qui est celle devant le langage. C'est une mesure qui est en train de donner ses premiers effets même si, évidemment, c'est sur la durée que les grands effets se verront, mais nous avons, et je visite beaucoup de classes en ce moment même, nous avons des élèves ayant bénéficié de la mesure l'année dernière qui rentrent en CE1 en sachant lire, écrire, compter, en étant heureux d'aller à l'école.

Nous avons actuellement des mesures qui sont faites de cela qui sont plus qu’encourageantes, qui sont enthousiasmantes.

D’ores et déjà, cette mesure a créé un état d'esprit différent dans les lieux concernés. Ce sont des parents qui ont confiance en l'école, c'est une école qui a confiance en elle-même, ce sont des enfants qui sont bien partis dans leur vie scolaire. Nous savons qu'en faisant cela nous enclenchons un cercle vertueux qui avait grandement besoin d'être enclenché dans les territoires concernés.

Souvent on me dit : Vous avez déshabillé Pierre pour habiller Paul en faisant cela.

On dit, au fond, c'est bien cette mesure, il n'y a presque plus personne qui s'y oppose et d'ailleurs, il y a un an, je n'aurais pas pu vous dire cela.

Mais aujourd'hui il n'y a plus personne qui, pratiquement, s'oppose à cette mesure. Mais on me dit : Oui, mais, si vous faites cela, c'est parce que vous dépouillez d'autres endroits.

C'est totalement faux.

Avec le Président de la République et le Premier Ministre, on a décidé très clairement que l'école primaire était la priorité de ce quinquennat. Cela signifie qu'on a créé des postes à la rentrée 2017, que l'on en créera à la prochaine rentrée. On en supprimera dans l'enseignement secondaire, j'y reviendrai tour à l'heure, mais nous sommes conséquents avec nous-mêmes, nous continuons avec cette priorité, nous finançons la mesure de dédoublement, mais nous avons aussi une politique pour le rural et une politique qui s'intitule sur ces sujets : 100 % de réussite en CP, c’est-à-dire une politique où c’est évidemment toute l'évolution générale de l'ensemble des élèves de l'école primaire de France qui est visée, a fortiori l'école maternelle, le CP et le CE1 puisque nous attachons une importance particulière aux premières années.

Ce sont des mesures pour l'école rurale, cela signifie qu'il y a eu moins de fermetures de classes cette année en milieu rural qu'il y a pu en avoir dans les années précédentes. Cela signifie que nous ne prenons pas en compte la baisse démographique autant qu'elle pourrait l’être dans ce que nous faisons. Cela veut dire que nous faisons, dans chaque département de France qui le souhaite, un contrat rural qui permet d'accompagner les réalités.

Simplement, ce que nous devons pointer, et je profite évidemment de cette tribune pour le dire, c'est que le sujet aujourd'hui n'est absolument pas le fait que l’Éducation nationale ne serait pas assez attentive aux réalités rurales. Nous le sommes très très fortement et c'est un des engagements que je prends le plus fortement car nous avons besoin d'une renaissance rurale en France.

Mais le sujet n'est pas cette absence de bienveillance de l’Éducation nationale, le sujet c'est celui de la baisse démographique en milieu rural, de la baisse démographique en ce moment même en France, il y a 30 000 à 40 000 enfants en moins chaque année dans les naissances.

Nous devons veiller à un rebond démographique de la France et à ce que notre politique générale, et notamment sous un angle géographique, veille à ce que le milieu rural soit en quelque sorte réhabité. C’est ce que réussissent certains d’entre vous quand vous êtes des élus locaux et que vous avez des politiques d’attractivité dans vos communes.

Je sais parfaitement que l'école joue un rôle central comme quelques autres facteurs, notamment le haut débit pour recréer cette attractivité.

Ce n'est pas un hasard si, lorsque le Président de la République a décidé de s'adresser fortement aux Français sur ces questions, il a choisi une école primaire de l'Orne au journal de 13 heures de Jean-Pierre Pernaut pour le faire. Cette école, c'était un regroupement pédagogique qui avait fait l'objet de politiques très volontaristes d'attractivité et qui faisait que des personnes s'étaient réinstallées autour. Aujourd'hui, c'est un lieu très dynamique.

Des exemples comme cela, nous en voulons de très nombreux en France. C’est pourquoi, dans quelques jours, j’annoncerai aussi un plan Internat pour toute la France dont l'un des enjeux sera la revitalisation des internats en milieu rural et plus généralement, au-delà de la question des internats, c'est notre capacité à accompagner les communes dans leur stratégie de renouveau.

C'est un sujet structurel qui n'est pas facile, qui suppose une alliance forte entre la commune et l’Éducation nationale, entre la commune et l'État, mais je tiens à dire aujourd'hui que nous y sommes très disposés.

Et, de nouveau, il y a de faux clivages à dépasser, surtout n'épousons pas le clivage que certains veulent imposer entre le rural et l'urbain. Il y a une vision d'ensemble qu'il faut avoir, nous devons avoir une approche des inégalités qui englobent la complexité des réalités du territoire français et c'est ce que nous sommes en train de faire à l’Éducation nationale.

Notre objectif sur l'école primaire, encore une fois, c'est que tous les élèves puissent partir dans la vie, c’est-à-dire entrer au collège avec les savoirs fondamentaux pleinement ancrés.

Cette politique est certes quantitative, c'est la question des moyens que je viens d'aborder, mais elle est aussi et surtout une politique qualitative, c'est-à-dire ce qui s'enseigne pour de vrai dans les classes de France, la manière dont les maîtres sont formés, la manière dont les manuels sont distribués et la manière dont les méthodologies sont conçues.

Vous le savez, c'est un sujet sur lequel nous avons beaucoup avancé cette année et sur lequel il y aura de nouvelles avancées, je pense en particulier à la réforme de la formation des professeurs qui fera l'objet d’une loi en début d'année 2019.

Il faut savoir que cette loi ira de pair avec d'autres mesures, et notamment la scolarisation obligatoire à 3 ans.

La scolarisation à 3 ans est un signal que nous envoyons à la société française et un signal aussi que nous envoyons au reste du monde puisque nous devenons le pays qui positionne la scolarité obligatoire le plus tôt dans la vie.

Nous le faisons parce que, d’abord des enfants ne vont pas en maternelle aujourd'hui ; on me dit parfois : Oui, mais c'est très peu, mais ce très peu en pourcentage c'est déjà considérable en milliers d'enfants, c'est environ 25000 enfants par an qui sont concernés par une telle mesure donc ce n'est pas l'épaisseur du trait.

Chaque enfant compte bien entendu donc ce sont ces enfants-là que nous visons, très souvent des enfants qui peuvent être en voie de marginalisation sociale ou sociétale.

Nous savons qu'un enfant qui arrive en cours préparatoire sans être allé à l'école maternelle, s'il a eu des circonstances familiales très défavorables auparavant a déjà accumulé des retards qui vont être difficiles à rattraper donc c'est une mesure sociale extrêmement importante.

Elle met le coup de projecteur aussi sur l'importance de l’école maternelle en tant que telle et des évolutions qualitatives que nous porterons vers l’école maternelle au cours des prochaines années. Et les moyens que nous mettrons dans l'école primaire seront l'occasion de desserrer les taux d'encadrement à l'école maternelle en CP, en CE1, pas seulement en REP et en REP +, mais dans l'ensemble de la France.

L'engagement que j'ai pris très clairement devant tous, c'est qu'au cours de ce quinquennat, à chaque rentrée scolaire, chaque département de France aura un taux d'encadrement à l'école primaire meilleur que l'année précédente.

C'est quelque chose qui est très important, c'est le fait non seulement de la démographie mais aussi des efforts budgétaires qui sont faits pour cette priorité.

Cette priorité c'est celle que tous les pays sensés suivent puisqu'il est évident que l'on doit miser sur l'école primaire qui est ce par quoi tout commence, c'est une évidence.

Il est absurde que la France soit dans la situation dans laquelle elle est depuis un grand nombre d'années, c’est-à-dire qu’elle dépense moins pour son école primaire que la moyenne des pays de l'OCDE, elle dépense plus pour son enseignement secondaire que la moyenne des pays de l’OCDE.

Cela ne signifie pas que nous allons faire de grands sacrifices pour l'enseignement secondaire et je n’éluderai pas quelque chose qui était dans l'actualité de cette semaine, à savoir les suppressions de postes pour l'année prochaine.

Ces suppressions qui représentent 0,2 % de nos effectifs sont des suppressions parfaitement assumables et elles sont assumées, je le dis devant un mouvement qui a tout de même toujours, sous l’égide de François Bayrou, insisté sur les enjeux de maîtrise de nos dépenses, c’est parfaitement assumé car nous avons en réalité une augmentation conséquente de notre budget, c'est 850 M€ l'année prochaine.

Avec cette augmentation, nous aurions pu tout simplement continuer de la même façon et peut-être, même, pourquoi pas, à créer des postes.

Pour autant, cette approche quantitative n'aurait pas permis de cibler les priorités qualitatives dont je viens d'énoncer les premiers éléments.

Ces priorités quelles sont-elles ?

Elles sont l'école primaire, je l'ai dit, mais c'est aussi la revalorisation des professeurs.

Vous le savez, j'ai un discours sur les professeurs qui est un discours de valorisation et de confiance permanence.

Pour moi, un indice de bonne santé de la société française, ce sera le jour où il y aura une considération complète, comme cela a pu exister à certains moments de notre histoire pour les professeurs.

Cette considération…

Applaudissements….

Je sais qu'il y a des professeurs au Modem et je les remercie ! Ils ont raison !

C'est un indice de confiance, un indice de santé, la place que l'on accorde au professeur.

Pour moi, le sujet est d'abord immatériel, il est notre discours sur les professeurs, il est notre comportement vis-à-vis des professeurs au quotidien, il est ce que nous faisons pour valoriser cette fonction si clé dans la société et c'est une fonction tellement importante au XXIe siècle alors même que nous entrons dans une civilisation très technologique. Je fais partie de ceux qui pensent que cette civilisation technologique non seulement ne va pas faire disparaître le professeur, mais au contraire va le positionner dans un rôle plus important que jamais pour donner cette dimension humaine à l'éducation.

Ce point-là est essentiel et nous pourrions, je pense, échanger sur cela une après-midi entière.

Mais c'est aussi la revalorisation matérielle des professeurs qui évidemment est de ma responsabilité.

Pour cela, nous avons évidemment à consacrer nos moyens nouveaux à cela et c'est cela aussi qui enclenchera un cercle vertueux de l'attractivité de la fonction et un cercle vertueux du prestige de ce métier.

C'est évidemment un travail de longue haleine et vous savez que j'ai souhaité depuis le début inscrire l'ensemble de ces actions dans la durée.

Il y a des choses qui produisent quelques effets immédiats, par exemple le dédoublement qui permet tout de suite d'avoir des élèves de CP lecteurs et des choses qui produiront des effets sur la durée.

Évidemment, la revalorisation des professeurs est une œuvre de longue haleine.

La dimension sociale de l'action éducative du gouvernement ne se résume pas à ce qui se fait à l'école primaire, même si c'est évidemment le premier chaînon.

C'est aussi ce qui se joue au collège qui est important.

J'ai mentionné tout à l'heure l'opération Devoirs faits qui est extrêmement importante parce qu'elle enclenche toute une série de dynamiques que j'ai illustrées il y a un instant.

Puis, je suis obligé d'être un peu rapide, la réforme qui s'enclenche pour le lycée en cette année est une réforme aux effets profondément sociaux, aux effets pédagogiques et éducatifs évidents, mais ipso facto aux effets sociaux.

Pourquoi ?

D'abord parce que c'est une réforme qui en finit avec l'artificialité du baccalauréat, la fin des séries S, ES et L fait que, demain, vous aurez des élèves qui choisissent des spécialistes parce que cela leur plaît, parce qu'ils en ont envie, parce qu’ils ont envie d'approfondir.

Et on retrouve l’enjeu de conciliation de l’élévation du niveau générale et de la justice sociale, c’est que vous serez là où vous êtes parce que vous savez pourquoi vous y êtes et cela vous permet d'approfondir, cela permet d'éviter les effets de bachotage, cela fait que l’on peut dire désormais du baccalauréat que ce que l'on fait pour le préparer est fait pour réussir après et pas simplement pour avoir un document que l'on essaie de donner au maximum de personnes.

L'objectif, c'est que chacun puisse élever son niveau et que chacun le fasse parce que chacun aura plus choisi ce qu'il ou elle fait.

Ce point-là est absolument essentiel et aura évidemment des effets sociaux parce que c'est aussi une réforme qui prévoit des passerelles, c'est une réforme qui fait que l'on ne joue pas sa vie à 16 ans, pas plus qu'on ne doit la jouer à 18, à 20 ans ou même à 22 ans.

Nous avons aussi parlé de cela avec François Bayrou car nous entrons dans une société de formation tout au long de la vie où l’on doit pouvoir faire des choix dès la seconde, mais que ces choix ne soient pas irréversibles, qu'ils permettent d'avancer.

La réforme du baccalauréat qui, elle aussi, mériterait de longs exposés, va de pair avec la réforme de l'enseignement professionnel.

La réforme de l'enseignement professionnel, je la considère comme la deuxième réforme la plus importante tape après celle de l'école primaire parce qu'elle a pour vocation de réussir enfin l'accès à l'égale dignité pour cette voie correspondant à la fois à l'intérêt des personnes et à l'intérêt de notre pays.

Aujourd'hui, nous le savons bien, il y a de nombreux métiers qui ne rencontrent pas les compétences correspondantes. Ces métiers, contrairement à ce qui a pu être dit ces derniers jours à partir d'une anecdote exploitée, ne sont pas des métiers précaires ou des métiers sans qualification.

Les métiers auquel je fais référence sont au contraire des métiers très qualifiés, très bien payés et qui peuvent mener à différents niveaux de qualifications, y compris ingénieur ou docteur.

L'objectif de l'enseignement professionnel de demain doit être d'attirer en lycée des élèves qui seront là, non pas parce que le hasard ou un mauvais bulletin scolaire les y auront mis, mais parce qu'ils auront désiré aller là parce que cela fait envie.

C'est pourquoi nous avons un vaste programme en lien avec les régions pour créer des campus professionnels ; j’ai parlé de Harvard du pro. Nous allons avoir des thématiques d'avenir qui s'y joueront, notamment les grandes thématiques numériques et de transition écologique et, tout simplement, parce que la pédagogie évoluera de façon à avoir des élèves heureux d'être là et avec des perspectives ouvertes.

Une des mesures les plus importantes que j'ai pu prendre l'année dernière, et peut-être parmi les moins visibles, a été de dire à tous les principaux de collèges de France, il doit y en avoir quelques-uns ici : Vous ne serez plus jugés sur le pourcentage d'élèves que vous envoyez en voie générale, en voie technologie, en voie professionnelle ou en apprentissage.

C'est une mesure toute simple, elle est aux antipodes d'une politique du chiffre, aux antipodes d'une politique artificielle. Elle vise simplement l'intérêt de chaque élève particulièrement.

Le résultat immédiat de cela, c'est 40,5 % de premiers vœux en plus d'élèves vers l'apprentissage en cette rentrée. C'est évidemment quelque chose qui ne s'est jamais vu auparavant. C'est plus 5 % dans l'enseignement professionnel et c'est un état d'esprit nouveau parce que les acteurs du lycée professionnel, et il y en a aussi dans cette salle, voient bien que le but, c'est réellement la valorisation de l'enseignement professionnel.

Parce qu'on ne peut pas dire à la fois : C'est très important l'enseignement professionnel et, si vous y envoyez des élèves, c'est que vous n'avez pas vraiment fait réussir ces élèves.

C'est donc une perspective d'ensemble, évidemment éminemment sociale parce qu'elle ouvre des perspectives et elle ouvre des perspectives de façon cohérente avec ce qui suit.

Je voudrais parler de quelque chose qui est aussi dans l'actualité, qui est le premier bilan que nous faisons de Parcours Sup.

Vous le savez, c'est Frédérique Vidal qui a, en première ligne, mené cette réforme, mais elle la fait avec ma pleine coopération et mon plein soutien puisque nous avions la nécessité de travailler ensemble pour que ce soit cohérent. La première mesure à prendre était à prendre d'abord dans le domaine scolaire avec la nomination d'un deuxième professeur principal en classe de terminale et cela a été aussi quelque chose de très concret et de très positif puisqu’on a vu, en quelques semaines à peine, l’Éducation nationale embrayer, être capable de trouver ce deuxième professeur principat et, nonobstant tous les scepticismes, tous les cynismes habituels, réussir cette mesure en accompagnant beaucoup mieux les élèves dans leur choix en classe de terminale.

Pendant toute l'année 2018, de janvier a aujourd'hui, nous avons avancé sous la mitraille, nous y sommes un peu habitués nous avons avancé vent debout devant toutes les critiques, devant tous les scepticismes.

Le résultat aujourd'hui, même s’il n'est certainement pas parfait et qu'il sera certainement encore meilleur l'année prochaine, c'est que nous avons affecté 40 000 étudiants de plus dans les universités cette année, c'est que nous avons un pourcentage de bacheliers professionnels beaucoup plus important en BTS, un pourcentage de bacheliers technologies beaucoup plus important en IUT, des académies comme Versailles ou Créteil qui ont envoyé un pourcentage plus important d'élèves à Paris ou dans les endroits souhaités par ces élèves.

Bref, une vraie politique de justice sociale. Là où tout le monde nous dit que nous ne sommes pas sociaux, nous sommes 10 fois plus sociaux que ceux qui disent Égalité, égalité, toute la journée.

Et cela, je veux bien tous les débats que l'on voudra sur cette question, c'est parce que vous le sentez, je suis un peu fatigué de cela, c'est-à-dire recevoir des leçons de gens dont le bilan est négatif, de gens qui ont creusé les inégalités en France et notamment sous l'angle scolaire et qui aujourd'hui, au moment où seulement depuis un an et demi on rectifie le tir avec déjà des premiers résultats, osent nous donner des leçons en matière de progrès social.

Derrière cette chaîne cohérente, de la petite section jusqu'à l'enseignement supérieur, il y a, et c'est ce que François Bayrou a dit tout à l'heure, évidemment une vision de la société.

Et je voudrais terminer par là parce que je sais que vous avez beaucoup parlé d'Europe, c'est évident que cela s'imposait au cours de cette université. Vous avez, avec Jean-Yves Le Drian, évoqué les enjeux internationaux.

Je voudrais simplement à titre de conclusion vous dire, et avant de répondre à vos questions puisque je crois que c'est possible, si le temps le permet, comment je vois cette approche française de l'éducation dans une vision de la société française qui s'inscrit elle-même dans une vision de notre place dans le monde.

Cela a été beaucoup dit hier et aujourd'hui, nous sommes dans une situation géopolitique extrêmement préoccupante. Nous avons un monde qui évolue dans des directions divergentes.

Nous avons les États-Unis qui font des choix très particuliers, nous avons une Chine qui monte en puissance, nous avons un environnement autour de nous, qu'il soit européen ou extra-européen, qui se radicalise dans des directions diverses et nous avons donc plus que jamais un message français à poser au milieu de ces réalités.

Dans ce monde tel qu'il est, nous ne sommes pas seuls, nous sommes d'abord et avant tout un pays inséré dans l'Union européenne et un pays qui porte le projet européen depuis de nombreuses années maintenant et avec une vision sur cette question.

Nous sommes un pays qui, aujourd'hui, voit d'autres pays européens douter du projet européen et nous sommes un pays qui, à l'intérieur même de ses frontières, voit évidemment monter des doutes sur le projet européen.

Nous savons bien que ce doute a des raisons légitimes et illégitimes.

Des raisons légitimes, parce qu'il y a un projet européen qui patine par rapport à ses ambitions initiales et des raisons illégitimes parce que nous voyons bien que c'est surexploité par des forces qui, en réalité, veulent le repli sur nous-mêmes.

Les choses ne pourront s'améliorer en matière européenne que si nous savons partager, et avec nos concitoyens et nos voisins, une même vision de l'Europe qui est une même vision de la société.

Nous ne pourrons pas continuer à défendre un projet européen s'il est purement technocratique ou incompréhensible pour les citoyens.

Si nous voulons avancer, nous pouvons le faire par ces sujets que sont les sujets de l'éducation notamment, de la culture et de la santé.

Non pas parce que l'Europe a vocation à intervenir très fortement sur ces questions, mais quand elle le fait, elle peut être très utile. Je pense évidemment au programme Erasmus qui est en permanence cité comme le premier succès européen par toutes les enquêtes alors même qu'il porte sur la compétence européenne qui n’est pas la plus évidente au début de la construction européenne.

Nous voyons qu'il peut y avoir une valeur ajoutée de l'Europe en fonction du principe de subsidiarité en matière éducative, mais surtout au travers des enjeux éducatifs on voit une vision de la société qui est une vision européenne.

À mes yeux, la France n'est pas seule dans la vision qu'elle développe à ce moment même, d’abord parce qu'il y a des forces dans toute l'Europe, y compris dans les pays qui dérivent, pour la soutenir et nous avons aujourd'hui même des amis Italiens, des amis de l'Europe de l'Est qui pensent comme nous, si je puis dire. Puis nous avons, par-delà le monde, des pays qui regardent ce que fait la France en ce moment et qui écoutent le message que le Président de la République est en train de porter. Je pense à l'Afrique évidemment, à l'Amérique Latine que je regarde depuis longtemps très attentivement, j'en parlais avec Marielle de Sarnez tout à l'heure.

Il y a, partout dans le monde, des pays qui cherchent ce modèle de société pour lequel la France travaille en ce moment même.

Ce modèle de société, c'est un modèle qui prend au sérieux les transformations de la société au XXIe siècle tels qu'ils arrivent, une société totalement différente de tout ce que nous avons vécu jusqu'à présent, une société hypertechnologique qui, parce qu'elle est hypertechnologique, a besoin d'être encore plus humaine. Et c'est ce que je disais tout à l'heure sur le rôle du professeur.

Une société où l'éducation et la santé, non seulement sont des dépenses, non seulement sont en réalité non pas des dépenses mais des investissements, mais non seulement ne sont pas des investissements, mais même partie prenante de la vie économique de la société.

Nous arrivons dans des sociétés où en fait s'estompe la distinction entre l'économie et le social car les grands enjeux sociaux et les grands enjeux de société vont faire de plus en plus partie de la production d'une société. Autrement dit l'éducation et la santé, que nous le voulions ou non, vont être de plus en plus des pourcentages très importants de notre PIB.

Plus ils le seront, plus ce sera un signal de santé de nos sociétés.

Si vous prenez l'Australie aujourd'hui, c'est un pays dont le premier poste d'exportation est son enseignement supérieur parce qu'il sait attirer des étudiants et donc il a enclenché un cercle vertueux à la fois de la connaissance, mais aussi de la santé économique.

Eh bien c'est exactement ce que la France est en train de faire, c'est-à-dire elle croit en sa santé, elle croit en son éducation, elle croit dans ces deux piliers qui font que le corps et l'esprit de ses citoyens va sans arrêt progresser et que ceci n’est pas un sujet marginal par rapport aux sujets sérieux que seraient les sujets économiques, mais qu'au contraire ce sont les sujets qui sont au cœur de l’économie et que donc on peut enclencher un cercle vertueux en la matière.

Je crois que toute notre civilisation, toute notre trajectoire historique nous portent à penser cela et à rénover nos schémas de pensées économiques et sociaux et que, même si c'est lent, même si c'est imparfait, même si l’on voudrait que ce soit mieux, c'est en réalité ce qui est en train de se passer.

Nous le faisons alors que nous avons autour de nous, des modèles totalement différents.

Nous avons des États-Unis qui aujourd'hui ont un modèle économique qui n'est absolument pas tourné vers ces enjeux sociaux, des États-Unis qui appuient leur puissance mondiale sur des compétences extraterritoriales totalement scandaleuses, même si on a une vision libérale de l'économie puisqu’aujourd'hui nous sommes obligés parfois de nous soumettre à des règles extraterritoriales, ce qui est inacceptable et que seule une Europe forte peut empêcher dans le futur, et que nous avons une Chine qui est appuyée par une sorte de capitalisme d'État qui profite aussi, bien entendu, de règles du jeu qu'elle définit elle-même et qui lui permettent d'être plus puissante que nous dans bien des circonstances.

Nous ne pouvons pas être les naïfs de ce jeu-là, nous ne pouvons pas non plus être les petits de ce jeu-là, nous devons, dans les circonstances mondiales actuelles, travailler à une Europe forte. Une Europe forte, ce n'est pas la force pour la force, c'est la capacité à avoir des concepts qui valent dans un monde où d'autres pays que le nôtre peuvent être intéressés par ces concepts.

C'est pour cela que j'ai cité les régions du monde que j'ai citées tout à l’heure parce que je pense qu'il peut venir de France des possibilités d'alliance à des échelles européennes et extra-européennes.

Et donc, ce message est aux antipodes du pessimisme qui cherche à s’imposer dans le débat public, et je vais conclure.

Je pense que ce pessimisme est ce qui nous fait le plus grand tort.

Je crois au cercle vertueux de l'optimisme, non pas parce qu'il faudrait faire semblant de ne pas voir les problèmes, vous voyez bien que je viens d'en mentionner un grand nombre.

Non pas parce qu'il n'y aurait pas des périls au titre du développement durable, au titre de l'ensemble des enjeux géopolitiques graves de notre époque, ces périls existent, mais dans notre histoire nous en avons eu des périls.

En revanche, je crois que décrire toujours avec pessimisme notre capacité à affronter ces périls ne nous permet pas de les affronter de la meilleure manière. Sur l'échiquier politique français actuel il n'y a qu'une seule, j'allais dire qu'une seule lumière, mais qu'une seule partie ou quelques mouvements, ensemble, qui tiennent un discours d'avenir constructif réel.

Cette partie de l'échiquier politique, c'est vous, c'est évidemment la République en Marche et le Modem, c'est ce que nous représentons depuis l'élection présidentielle dernière à laquelle François Bayrou a tant contribué.

Donc évidemment, nous avons besoin en ce moment non seulement d'être unis, ce qui est une évidence, mais aussi d'être créatifs et de ne pas être sur la défensive, mais à l'offensive parce que nous n'avons pas à rougir de ce qui a été fait depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir. Non seulement, nous n’avons pas à en rougir, mais nous avons à en être fier parce que cela a nécessité beaucoup de courage, que cela en nécessitera encore beaucoup, que ce courage se nourrit à des éléments concrets, j'ai essayé de vous en donner quelques-uns aujourd'hui et nous devons les porter dans le futur parce que cela ne fait qu'un an et quelques mois que nous sommes là, que nous avons à porter pendant cinq ans cette transformation et que nous la porterons en ayant une vision nationale claire, mais aussi une vision européenne et je sais que, sur ces deux points, évidemment nous sommes unis et ensemble.

Merci beaucoup.

 

 

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