« Il n’est de réussite que collective. »

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Retrouvez l'interview de Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, au journal Le Parisien, à l'occasion de l'ouverture du Congrès annuel des maires de France.


Propos recueillis par Olivier Beaumont


Contrairement à l’engagement pris l’année dernière, Emmanuel Macron ne se rendra pas cette année au Congrès des maires de France. C’est pour éviter une bronca ?

JACQUELINE GOURAULT. Non. Le président de la République n’est pas du genre à se défausser. Il s’était engagé à rendre compte de ses engagements chaque année devant les maires, il honore sa parole en leur ayant adressé une lettre personnelle et en les recevant à l’Élysée mercredi soir. Emmanuel Macron les rencontre par ailleurs en permanence sur le terrain, comme il l’a fait dans le Grand-Est et le Nord de la France lors de son itinérance.

Les maires se sentent malgré tout maltraités par le pouvoir…

Il faut être humble : il y a peut-être eu des maladresses, par exemple liées à un manque de pédagogie de notre part. Mais je distingue la relation avec les maires pris individuellement, que je vois sur le terrain et avec qui les rapports sont bons et très constructifs, et celle avec l’Association des maires de France, qui exprime moins d’envie de dialoguer avec le gouvernement et semble dans une posture plus politique.

Vous l’accusez de ne pas jouer le jeu ?

Je constate seulement que certains dirigeants de cette association refusent les mains tendues que nous formulons, pour dialoguer et essayer d’avancer sur les sujets que nous avons en partage. Je n’ai cessé d’avoir des réunions de travail avec toutes les autres associations d’élus locaux sans exception. Et je suis évidemment à la disposition de l’AMF pour travailler de cette manière-là.

Pourquoi ?

Convoquons les faits. En 2010, 2014 et 2015, plusieurs lois concernant les collectivités territoriales ont parfois été sources d’incompréhensions et de dysfonctionnements. Les élus ont demandé « une pause institutionnelle », c’est pourquoi le président de la République a garanti qu’il n’y aurait pas de grandes réformes territoriales sous ce quinquennat. Et il a préservé leurs moyens financiers en stabilisant la dotation globale de fonctionnement pour les collectivités, qui pendant les quatre années avant son élection n’a cessé de baisser.

Pourtant, les maires se plaignent de voir leurs dotations baisser…

La réalité, c’est que l’enveloppe nationale est stable. Après, elle est répartie chaque année sur l’ensemble des communes de France avec des critères bien établis : l’évolution de la population, la longueur des routes, le nombre d’enfants dans les écoles, etc. Il faut y ajouter l’effet de la solidarité entre communes riches et communes pauvres. Résultat : avant la dotation diminuait aveuglément pour toutes les communes de France, cette année, elle a augmenté pour 53 % des communes et baissé, il est vrai, pour 47 % ; le plus souvent, ce sont d’ailleurs des baisses assez limitées. C’est une dotation vivante.

Sur le long terme, comment comptez-vous garantir la compensation liée à suppression progressive de la taxe d’habitation pour les communes ?

Durant les trois premières années, l’État prend la place du contribuable. Ensuite, avec la réforme de la fiscalité locale, qui va s’ouvrir au printemps 2019, nous allons réfléchir à plusieurs pistes pour compenser la suppression de la taxe d’habitation. Nous allons en discuter dans les semaines à venir avec toutes les associations de collectivités concernées. Une possibilité pour les communes, pourrait consister à leur donner la totalité des recettes liées à la collecte de l’impôt sur le foncier bâti, partagé aujourd’hui avec les départements.

Plusieurs études montrent que la moitié des maires ne veulent pas se représenter en 2020. C’est tout même énorme.

Cela doit nous alerter et nous devons essayer de comprendre ce qui se passe. Dans le détail, ces études montrent que le ras-le-bol des maires n’est pas lié à la politique du gouvernement. Cette lassitude se base en réalité sur plusieurs facteurs : l’agrandissement des intercommunalités vécu comme une recentralisation horizontale par les maires et leurs missions, trop souvent considérées comme de simples « prestations de services » par les habitants. Pour ma part, je crois que la fonction d’élu n’échappe pas à une évolution sociétale ou l’engagement pour le bien commun se fait de plus en plus rare. On le voit aussi dans les associations où les bénévoles sont de moins en moins nombreux.

Comment pouvez-vous répondre à cette crise des vocations ?

Nous allons mieux les accompagner, que ce soit dans la formation, la protection sociale et juridique. Nous sommes en train d’y travailler avec le Sénat. La question de l’indemnisation des maires est aussi un vrai sujet. Il faut trouver une manière de reconnaître leur engagement. Dans les petites communes, où leur mission est proche du bénévolat, n’ayons pas de tabou : trouvons le moyen de réévaluer leurs indemnités sans que cela ne ponctionne trop le budget des communes.

Entendez-vous, dans ce que disent les maires, un peu de ce disent les Gilets jaunes ?

Oui et c’est naturel. Les Gilets jaunes sont l’expression dans les territoires d’une sédimentation de défis qui se sont accumulés depuis des années : la présence médicale, la transformation des services publics, les transitions écologiques et agricoles… Et les maires, fantassins de la République au quotidien, se retrouvent parfois à portée « d’engueulade », en première ligne lorsque nos concitoyens expriment un sentiment de désarroi, de colère ou de souffrance ! C’est pourquoi la République nous unit comme la République nous engage. Gouvernement et collectivités ne peuvent qu’avancer main dans la main. Il n’est de réussite que collective.

 

Retrouvez l'interview de Jacqueline Gourault sur le site du journal Le Parisien.


Crédit Photo ©Damien VALENTE - MTES-DICOM

 

 

 

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