"Il faut savourer cette bonne nouvelle, en pensant à celui qui est libéré et à sa famille"

Au micro de France Info ce matin, le président du MoDem a été invité à réagir en direct à l'arrivée sur le territoire français de Serge Lazarevic, dernier otage de notre pays libéré hier.

Bonjour François Bayrou.

Bonjour.

Il était le dernier otage français dans le monde. C’est tout d’abord un moment de bonheur collectif qu’il faut savoir apprécier.

Oui, car ce n’est pas un monde qui offre tant de bonnes nouvelles, donc pour une fois que nous pouvons en avoir une, il faut la savourer en pensant à celui qui est libéré, en pensant à sa famille, en pensant aussi hélas aux autres otages, ceux qui ont perdu la vie dans cette barbarie.

Et puis il y a la question inévitable, nécessaire pour les uns, indécente pour les autres : à chaque fois, l’on se demande quelle est la contrepartie pour ce type de libération ?

J’ai adopté une attitude simple : je fais confiance à ceux qui ont la responsabilité de la situation. Je fais confiance aux gouvernants, je fais confiance aux services secrets parce qu’ils ont des éléments que nous n’avons pas. Bien sûr qu’il y a des contreparties mais si c’est votre frère, votre fils ou votre père, et bien vous considérez que ces contreparties sont les bienvenues. C’est aussi l’honneur de la France de dire « nous sommes un pays qui n’abandonne pas les siens ». Évidemment, je connais toutes les faiblesses ou pièges de ce raisonnement : cela veut dire aussi bien entendu que l'on donne à nos otages une valeur particulière aux yeux de ceux qui en font commerce ou la barbarie. De mon point de vue en tout cas, je n’ai pas l’intention d’affaiblir la situation de ceux qui sont en responsabilité.

Est-ce un sujet réellement tabou ? Évidemment la transparence est impossible dans ce genre de sujet. Toute affichage de rançon ne serait qu’une incitation lancée à d’autres éventuels ravisseurs.

Exactement. On sait bien depuis des gouvernements antérieurs comment cela se passe. Il y a des intermédiaires, cela on le suppose. Je ne crois pas qu’il soit sain ni intéressant d’en demander plus. Il faut qu’il y ait une solidarité à l’égard de ceux qui ont la lourde responsabilité du destin et du sort des otages.

Encore un mot François Bayrou à ce sujet : est-ce un succès pour la diplomatie française et est-ce un succès personnel pour le président François Hollande, qui on le sait, est très bas dans les sondages ?

En tout cas, on voit bien que s’il avait échoué, il y aurait eu naturellement des reproches. Simplement, il faut afficher la solidarité de la nation autour de ceux qui ont la responsabilité de ces situations de crise. Point à la ligne ! En sachant que rien n’est simple dans toutes ces choses, donc moins on en dit, mieux ça vaut. Il faut se réjouir de la situation qui est ainsi créée. Ce n’est pas la peine de faire des gloses éternelles sur ce sujet. Je voudrais ajouter une phrase : il faut dire un mot des services spéciaux, parce que tout de même ce sont des gens dont on ne parle jamais mais qui assument vraiment une part très importante du travail en prenant des risques inouïs qui les conduisent parfois au pire. Il faut dire aussi un mot des pays amis qui nous ont aidés et de ce point de vue, il semble évidemment que le président du Niger ait joué un rôle particulier.

L’autre grand sujet de ce mercredi, François Bayrou, est évidemment la loi Macron pour la croissance et l’activité. Le texte sera défendu par Manuel Valls en personne à la sortie ce matin du Conseil des ministres. Y voyez-vous comme d’autres un inventaire à la Prévert ou vous saluez quelques mesures au passage ?

On peut faire les deux. Cela ressemble beaucoup à une montagne qui accouche non pas d’une souris mais d’un troupeau de petites souris dont on ne sait pas bien si elles vont changer les choses. Il y a là-dedans des mesures positives, par exemple le fait que l’on puisse relier des villes de France en autocar. Franchement, on s’étonne que cela n’ait pas été décidé ou accepté avant – qu’il faille une loi pour cela, on se dit qu’il y a quelque chose d’antédiluvien dans notre façon de voir les choses. Pour le reste, il y a des mesures sans doute positives, on ne les connaît pas toutes puisque, comme vous le savez, la loi n’est pas totalement annoncée.

Le travail dominical, vous y êtes vous-même favorable ? Après, il ne s’agit que de 12 dimanches dans certaines zones.

Sur le principe, je ne suis pas favorable à la marchandisation absolue – 52 dimanches par an – de la vie dans les cités françaises. Après, si l’on a des exceptions dans les zones touristiques, avec quelques dimanches par an, pourquoi pas.

Monsieur Bayrou, je vois que vous regardez et écoutez comme nous ce que dit Jérôme Jadot, quelles est votre réaction en voyant cela ?

Comme tout le monde, je trouve cela très émouvant. Il n’y a rien de plus bouleversant et affectueux que des gens qui se retrouvent après avoir eu une longue et très inquiétante séparation, on a l’impression d’une délivrance et d’un accomplissement. Alors c’est très chaleureux et c’est un moment d’espoir.

Ces images de pouces levés, de sourire, d’embrassades, la communauté nationale en a besoin par les temps qui courent, François Bayrou ?

Ce serait prendre l’affaire comme de la propagande, et j’espère qu’aucun des responsables ni politiques ni médiatiques ne le prend sous cet angle. La France a payé un lourd tribut à ces drames et à ces prises d’otages. Beaucoup des nôtres, hélas, sont morts y compris le compagnon de Serge Lazarévic. Oui, c’est un moment heureux, c’est Noël, il faut le prendre comme tel sans en faire une surinterprétation politique.

Justement Monsieur Bayrou, en parlant de politique, on a entendu beaucoup parler hier au moment où l’on a appris la libération de Serge Lazarevic, de "méthode Hollande", pour libérer et aller chercher ces gens. C’est vrai qu’il en a libéré beaucoup depuis le début de son quinquennat. La "méthode Hollande" existe-elle selon vous ou pas ?

Je crois que c’est exactement la même méthode que ceux qui étaient en place avant, plus ou moins démonstrative, plus ou moins efficace, avec plus ou moins d’intermédiaires. Mais vous voyez que lorsque vous êtes devant une situation comme celle-là, vous cherchez à prendre contact avec les ravisseurs sans entrainer le pire, et le pire arrive assez souvent. Et puis cela s’appuie beaucoup sur le renseignement et beaucoup sur des intermédiaires. Et cette méthode est la méthode des officiels français et le restera j’espère pendant cette période. J’espère qu’elle n’aura pas trop souvent à être activée mais c’est éprouvé, les services français ont, de ce point de vue là, marqué des points et hélas, des fois aussi connu des défaites.

Merci François Bayrou.

Je reçois la lettre d'information du Mouvement Démocrate

Engagez-vous, soyez volontaires

A nos côtés, vous serez un acteur de nos combats pour les Français, pour la France et pour l'Europe.

Chaque engagement compte !

Votre adhésion / votre don

Valeur :

Coût réel :

20 €

6,80 €

50 €

17 €

100 €

34 €

Autres montants

Qu'est ce que la déclaration fiscale sur les dons ?
Filtrer par