"Il faut observer les lois avec une seule règle : qu'est-ce qui va créer de l'emploi ?"

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Invité éco de LCI, Robert Rochefort est revenu sur les négociations entre la Grèce et l'Europe et la loi Macron en France

Bonjour Robert Rochefort.

Bonjour.

Député européen, Vice-Président du MoDem. D’abord un mot, après l’attentat de Copenhague, la profanation du cimetière juif en Alsace, le Premier Ministre israélien qui est en campagne électorale appelle les Juifs d’Europe à émigrer massivement en Israël. Que pensez-vous d’un tel appel ?

Je suis d’accord avec Monsieur Netanyahu sur 2 choses. La première : il y aura, malheureusement, probablement, d’autres attentats en Europe ; la seconde : il y a effectivement une mobilisation globale qu’il faut avoir. Pour moi, les racines du mal, de ce qu’il se passe aujourd’hui, sont à rechercher très loin et concernent évidemment tout ce qu’il se passe au Moyen-Orient, y compris avec l’Iran qui voudrait avoir la bombe atomique. J’associe d’ailleurs, avec ce qu’il s’est passé hier, il ne faut pas l’oublier, l’exécution des chrétiens coptes d’Egypte qui s’est passé en Libye.

Maintenant, Monsieur Netanyahu appelle les Juifs et le répète – il l’a dit d’ailleurs très peu de temps après être venu à Paris à la suite de l’affaire de Charlie. Evidemment, en tant qu’européen convaincu et député européen, je veux dire ici fermement que les Juifs d’Europe et les Juifs de France ont leur place en France et en Europe, tout simplement parce que l’Europe porte en elle-même toutes les valeurs qui sont celles de la tolérance, de la lutte contre l’antisémitisme. Il ne faut pas oublier cela - alors que l’on vient de fêter le 70e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau. Donc la lutte contre l’antisémitisme est une lutte qui concerne tous les Européens évidemment, ici sur place.

C’est d’ailleurs ce que dit Manuel Valls qui était l’invité de RTL ce matin. « La France ne veut pas de votre départ. La France sans les Juifs ce n’est pas la France », il renouvelle donc ce message après les attentats de Copenhague.  

Cela me semble du bon sens.

On parle de l’Eurogroupe également, puisqu’il se réunit aujourd’hui, un rendez-vous important sur la situation de la Grèce, chacun campe sur ses positions. Il y a l’appui de la population grecque à son gouvernement pour le refus de règles imposées par l’Europe. Est-ce que tout cela ne va pas conduire – il y a un climat pessimiste sur cette réunion – à se résoudre peu à peu que la Grèce va sortir de l’euro ?

Je ne m’y résous pas. Je pense qu’il y a des possibilités techniques et politiques pour faire en sorte que l’on trouve un nouvel accord. Simplement, il faut négocier. Ce n’est pas simple, parce que je crois que les nouveaux gouvernants grecs ne connaissent pas bien les règles de travail en Europe, ils sont arrivés un peu comme des chiens dans un jeu de quilles. Il faut trouver un accord, peut-être que l’on ne le trouvera pas aujourd’hui puisque, vous le savez, on a jusqu’à la fin du mois de février et dans ces cas-là, on aime bien jouer le calendrier jusqu’au bout. Je fais, néanmoins, une proposition ici, ce matin – parce qu’il est possible de trouver une solution - : je dis que si cela se passe mal aujourd’hui, il faut mettre en place un médiateur, quelqu’un qui puisse être entendu des 2 côtés et qui dise « Voilà les propositions sur la table ». Je vous propose un nom – il pourrait y en avoir d’autres -, par exemple Pascal Lamy, cela me semble tout à fait convenir. Il connaît parfaitement toutes les arcanes de Bruxelles, il a été directeur de cabinet de Jacques Delors, commissaire européen et c’est un social-démocrate.

Vous pensez que dans la procédure européenne on peut rajouter un interlocuteur ?

Oui, tout à fait. Les Grecs nous disent quoi ? Ils nous disent qu’il y a 30% du plan d’économie qu’ils ne veulent pas mais, en même temps, ils ont un atout, c’est par rapport à leurs prédécesseurs, ils sont capables de faire la réforme fiscale dont la Grèce a absolument besoin c’est à dire faire payer les armateurs, faire payer l’impôt à l’Eglise. Tous cela, le gouvernement précédent ne l’a pas fait. Autrement dit, si l’on arrive à faire en sorte que les efforts nouveaux du nouveau gouvernement grecs soient à la hauteur de ce qu’il faut et qu’effectivement, on ne continue pas à faire simplement des baisses de SMIC, des suppressions, des coupes sombres et des privatisations absurdes de ports alors que les valeurs sont bradées, je pense qu’un chemin est possible. Mais c’est comme dans les westerns, le canyon est là et il y a des possibilités de se faire tirer dessus à chaque mètre, c’est pour cela que je trouve qu’il faut un éclaireur pour essayer de guider les pas des négociateurs.

 Pascal Lamy en éclaireur alors. Un éclaireur de la réforme peut-être, Emmanuel Macron fait voter l’ensemble de sa loi mardi, il en a fait passer les différents articles. Sur le commerce du dimanche, vous qui êtes économiste, est-ce que ce qui a été finalement maintenu par le gouvernement, jusqu’à 12 dimanches d’ouverture, peut avoir, malgré tout, des effets positifs sur l’emploi et la croissance ?

Vous avez raison de parler de la loi Macron comme une sorte de nouveau catalogue de la Redoute. C’est à dire qu’il y a des articles sur toutes les pages, on ne sait pas très bien à quelle page on l’ouvre. Vous l’ouvrez à la page sur l’ouverture le dimanche, une seule chose me paraît bonne dans ce qui a été décidé, ce sont les zones de tourisme international. Je pense qu’effectivement il y a des créations d’emploi possibles dans ce domaine. Vous savez, la loi Macron comme toutes les lois aujourd’hui, il faut les observer avec une seule règle : qu’est-ce qui va créer de l’emploi ? Parce que l’emploi est notre plaie. Alors, dans les zones de tourisme international oui, et je veux dire là que je trouve effectivement que tel maire ici ou là et la maire de Paris en particulier qui dit que « Ce n’est pas sûr qu’au boulevard Haussmann cela créerait de l’emploi », a tort, en tant qu’économiste c’est évident. Pour le reste, je crois qu’une cane n’y trouverait toujours pas ses canetons  parce que c’est comme avant, c’est à dire que vous savez qu’il y a plusieurs centaines de cas qui autorise ici ou là les ouvertures de commerce le dimanche et cela n’est pas changé. Tout cela est d’une complexité.

Cette loi ne donne pas plus de lisibilité sur les possibilités qui sont faites aux uns et aux autres d’ouvrir le dimanche et des règles que l’on ne comprend pas toujours très bien. 

Je vous dis, il y a les zones de tourisme international, je crois que c’est une bonne chose.

C’est bien que ce soit l’Etat qui décide.

Peut-être que c’est indispensable, à condition évidemment que l’on ne décide pas que tous les quartiers partout, sont des zones de tourisme international 

Le reste de la loi Macron, est-ce que ce n’est pas un peu facile de dire que c’est un fourre-tout alors qu’il y a quand même des choses qui sont déverrouillées sur les transports par exemple ? Regardez les Prud’hommes, ce qui a été voté, l’épargne salariale. Mis bout à bout, ce n’est quand même  pas rien. C’est qu’il n’y a pas de réforme grand soir en France.

Monsieur Kessler, si vous étiez médecin, et que vous avez en face de vous un malade, atteint d’une maladie grave, est-ce que vous croyez que la bonne façon de le soigner c’est de s’attaquer à toutes les zones périphériques ? A tout ce qui correspond à des débordements de la maladie elle-même ? Le cœur de la maladie française, on le connaît maintenant : ce sont des réformes fondamentales qu’il faut faire – il y en a 3 ou 4 – une réforme de la formation professionnelle qui aille directement aux chômeurs ; une simplification du code du travail ; la réduction des dépenses publiques évidemment.

Il y a des choses dans la loi Macron pour faciliter la vie des entreprises.

Il y a des choses fades. Il n’y a pas d’expérimentation du contrat unique par exemple. Il n’y a pas toutes les choses essentielles. Je vais vous dire pourquoi, si j’étais député français, je ne voterai pas la loi Macron, c’est parce que, en plus, on a le sentiment que le Président de la République considère un peu qu’une fois la loi Macron votée, il aura fait le job pour ce qui est des réformes économiques et évidemment, cela n’est pas vrai.

Mais en même temps, comme il y a des dispositions qui vont dans le sens que ce qu’avait souhaité  la droite autrefois, les refuser aujourd’hui paraît un peu contradictoire.

Ce n’est pas les refuser, et si vous voulez me pousser jusqu’au bout, je m’abstiendrai. Vous savez très bien que la loi Macron passera. 

Merci beaucoup Robert Rochefort.

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