"Il faut à tout prix bâtir un réseau de centres de déradicalisation efficace"

"Il faut à tout prix bâtir une chaîne, un réseau de centres de déradicalisation efficace qui soit de surveillance et de réinsertion et avec un travail sur la personnalité psychiatrique" a déclaré ce matin le président du Mouvement Démocrate au micro d'Europe 1.

Bonjour François Bayrou.

Bonjour.

Vous avez, vous le catholique pratiquant, assisté à la messe donnée hier soir à Notre-Dame de Paris à la mémoire du prêtre Jacques Hamel victime du terrorisme à Saint-Étienne-du-Rouvray. Vous avez entendu bien sûr l’homélie très politique du cardinal André Vingt-Trois. L’opposition de la droite en a pris pour son grade. Je cite Monseigneur André Vingt-Trois : « on ne contribue pas à la cohésion de la société et de la vitalité du lien social en développant un univers virtuel de polémiques et de violences verbales ». Vous aussi, vous dénoncez ce climat de polémiques, François Bayrou ?

Je partage ce sentiment. Nous avons devant nous deux obligations. La première est de maintenir pour le pays l’unité nécessaire pour lutter contre ces horreurs. Cette unité est d’autant plus indispensable que personne ne peut avoir la naïveté de croire que le danger s’arrêtera au moment où il y aurait une alternance. Franchement, si quelqu’un croit que le risque va disparaître simplement parce que l’on aura changé de gouvernement en France c’est qu’il est naïf ou qu’il ne voit pas le monde comme il est. En fait, nous devrions être dans une situation de respect réciproque et de travail en commun. Il y a une deuxième exigence qui est que l’on ne peut pas se contenter de dire que l’on fait du mieux possible et qu’on laisse les choses en l’état. J’ai écouté François Hollande le soir de cette horreur, il n’y avait aucune piste d’amélioration des choses. Or, les choses sont à améliorer ! Nous devrions être dans un esprit de progrès permanent et réfléchi entre tous les responsables d’aujourd’hui et de demain.

Nous parlions de polémiques à l’instant et vous voilà justement, vous aussi, au coeur d’une polémique. Vous avez provoqué la colère du président du comité régional de Normandie du culte musulman, Mohamed Karabila, après vos propos sur la mosquée de Saint-Étienne-du-Rouvray : vous avez évoqué une « mosquée salafiste » et une « communauté fanatisée ». Mohamed Karabila dément formellement vos affirmations. 

Si ce que dit le responsable de la mosquée de Saint-Étienne-du-Rouvray est vrai, personne n’en sera plus heureux que moi. Il y a des dizaines de journaux qui ont, dans des articles, décrit ce qui à Saint-Étienne-du-Rouvray était soupçonné par les services et prouvé puisque c’est à Saint-Étienne-de-Rouvray en particulier que se retrouvaient dans une mosquée ou une salle de prière des candidats au djihad. 

Vous avez peut-être entendu Olivier Falorni à l’instant qui demande la fermeture des mosquées salafistes mais qui dit qu’il y a aussi des mosquées qui ne le sont pas !

Ceci est tout à fait possible. J’ai dit que je rencontrerai volontiers cet homme qui d’ailleurs a dit qu’il allait me rencontrer aussi. Pourquoi suis-je si sensible à cela ? C’est parce que l’essentiel du travail est à faire au sein de la communauté musulmane ! Ce sont les musulmans de France qui doivent veiller en premier à écarter, à signaler ou à mettre en alerte sur des comportements qui leur paraitraient dangereux. La situation à Saint-Étienne-du-Rouvray y est complètement différente de ce qu’elle a été hélas tragiquement à Nice. À Nice, nous avons un homme qui tourne à la monstruosité sans avoir d’alerte préalable.

Exactement.

C’est donc très difficile évidemment. Mais ici, nous avons deux jeunes hommes. L’un a tenté deux fois d’aller en Syrie. On l’a arrêté en Turquie, extradé en France, mis en prison préalablement et puis libéré malgré l’appel du parquet antiterroriste et il commet cette horreur. Si on ne voit pas que l’on a une question devant nous, alors c’est que l’on veut fermer les yeux. Il y a un deuxième qui a été dénoncé par les services étrangers et cependant on est passé à côté. Le tout dans une ville où on a dit il y a quelques mois encore que « des filières djihadistes se constituaient avant de partir en Syrie ». Alors on a le lieu et les personnalités signalées. Franchement, là, nous sommes devant une difficulté que nous devons signaler tous ensemble pour savoir comment on l’écarte.

Que pensez-vous de cette idée d’un concordat vis-à-vis de l’islam évoquée il y a quelques jours par Bernard Cazeneuve pour encadrer le financement des mosquées et permettre un contrôle amélioré de l’État sur le culte musulman ? 

Il y a très longtemps que l’on travaille sur ces sujets. Charles Pasqua lui-même avait créé un mécanisme de financement qui permettait d’éviter des financements extérieurs simplement parce que les produits halal pouvaient contribuer. C’était donc il y a 20 ans. Il est parfaitement clair pour moi que cette question se pose. Mais il y a des questions beaucoup plus urgentes que je voudrais poser devant vous. Qu’est-ce qui apparait à Saint-Étienne-du-Rouvray ? Nous n’avons pas de centres de déradicalisation. 

Le gouvernement les a promis. Le premier doit ouvrir à la rentrée, il a pris du retard.

Le premier devait ouvrir avant l’été. Il parait qu’il est annoncé dans la région Centre et puis finalement il n’est pas prêt et ce sera seulement quelques dizaines de places or nous avons un effort massif à conduire parce que celui qui a fait cela, le terroriste parti dans cette folie meurtrière, on l’aurait maintenu en prison, ça n’aurait pas non plus réglé la question ! On maintient en prison cela met certes à l’abri mais on ne peut pas maintenir en prison évidemment toute la vie sans avoir de la matière et des raisons de jugement et donc il faut à tout prix bâtir un réseau de centres de déradicalisation efficace qui soit en même temps de surveillance et de réinsertion, de travail sur la personnalité psychiatrique aussi. 

La construction de tels centres demande bien sûr de l’argent. Il faut peut-être aussi adapter notre budget, le budget de l’État, à cette menace terroriste.

Lorsque l’on rencontre un risque et une mince de cet ordre, évidemment il faut nous adapter. Il faut adapter aussi notre organisation de l’État. Nous n’avons pas une personnalité en charge de la lutte contre le terrorisme et ayant en main tous les leviers. Nous avons des services de renseignement qui sont totalement divisés et vous voyez qu’il faut reconstruire une organisation de l’État à la dimension du risque et avec les moyens que le risque impose.

Je reçois la lettre d'information du Mouvement Démocrate

Engagez-vous, soyez volontaires

A nos côtés, vous serez un acteur de nos combats pour les Français, pour la France et pour l'Europe.

Chaque engagement compte !

Votre adhésion / votre don

Valeur :

Coût réel :

20 €

6,80 €

50 €

17 €

100 €

34 €

Autres montants

Qu'est ce que la déclaration fiscale sur les dons ?
Filtrer par