"Il est sain qu’il y ait des débats à l’intérieur de la majorité."

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François Bayrou était ce matin, mercredi 18 octobre, l'invité d'Elizabeth Martichoux sur RTL. Nous vous invitons à découvrir ou redécouvrir l'intégralité de cette interview.

Bonjour François Bayrou.

Bonjour.

Merci beaucoup d’être dans ce studio de RTL ce matin. Coup d’envoi du débat budgétaire hier à l’Assemblée. Vous avez assez tôt dénoncé la suppression de L’ISF qui va être concentré sur le patrimoine immobilier. « Déséquilibré » aviez-vous dit. Emmanuel Macron, dimanche soir sur TF1, vous a rassuré sur ce point ?

Ce qu’a dit le président de la République, et qu’il a dit avec force – on voyait qu’il y avait une volonté, une vision, et que tout cela, au fond c’est rassurant pour les Français. Ce qu’il a dit est extrêmement simple, et je veux le rappeler parce que c’est ça la ligne directrice de la campagne électorale et de l’action du gouvernement. Emmanuel Macron a dit : « Il est absurde de taxer l’investissement qui va dans l’économie productive », dans les entreprises, pour construire des usines, pour moderniser les fabrications, pour des start-up. C’est absurde parce qu’on a un besoin vital d’avoir ces fonds pour moderniser l’économie française et créer de nouvelles activités. C’est cela le cœur de cette affaire. Et donc depuis longtemps, ça a été la ligne clairement exprimée par le président de la République. Et c’est une ligne que je soutiens. Je trouve que c’est vrai.

Depuis longtemps, c’est-à-dire pendant sa campagne électorale, il a très clairement proposé la mesure qu’il met en œuvre, c’est-à-dire, la suppression de l’ISF et le remplacement par une taxe uniquement sur les valeurs immobilières. C’était textuel dans son programme.

Il y avait cela dans le programme écrit mais à chaque fois qu’il s’est exprimé, lui, comme candidat, dans des émissions, chaque fois, il a utilisé la phrase, que je vous dis – et je suis assez bien placé pour le savoir. Je trouve que cette orientation est juste. Et je trouve que, conformément à ce que le président de la République a dit dimanche soir - et qu’il a répété assez souvent – c’est au gouvernement et au Parlement de chercher le meilleur équilibre. Et les députés de notre groupe ont proposé un amendement, qui dit une chose très simple : « Nous allons traiter l’investissement dans les entreprises, comme les œuvres d’art. » Vous savez que les œuvres d’art depuis longtemps sont exonérées de l’impôt sur la fortune, ce qui a d’ailleurs donné lieu à beaucoup d’investissements, de placements.

Pour être précis, vous proposez dans votre amendement, de maintenir l’ISF, de renoncer à sa suppression. Et vous ne sortez seulement « les titres » qui effectivement permettent d’être réinvestis dans l’économie réelle. C’est votre souhait. Cet amendement a été rejeté – j’allais dire un peu, sans ambages, par Bruno Le Maire qui vous a deux choses : un, ce n’est pas constitutionnel, et deux, nous, on met en œuvre la promesse à la lettre d’Emmanuel Macron. Vous ne pouvez pas être surpris.

Encore une fois, la promesse d’Emmanuel Macron, pendant la campagne électorale, c’est celle que j’ai dite.

Mais vous n’aviez pas dit que vous n’étiez pas d’accord à l’époque.

Nous n’allons pas faire le débat parlementaire ici. Mais il y a une chose que je veux dire. Cette affirmation selon laquelle ça ne serait pas constitutionnel - je suis prêt à accepter naturellement tous les arguments. C’est ça le débat au Parlement. Au Parlement, il va y avoir des « pour » des « contre », des objections et au contraire, des soutiens. Mais on a, depuis le début de l’ISF, extrait les œuvres d’art. Si on a extrait les œuvres d’art, avec d’ailleurs des conséquences assez importantes sur le marché de l’art  et sur les successions, et sur toutes ces choses,…

Positives sur le marché de l’art…

… Et sur les successions. Vous voyez bien ce qu’on peut en faire. Si on a extrait les œuvres d’art, c’est qu’on considère que l’on peut extraire un certain nombre de valeurs si elles sont utiles à la société parce qu’au fond ce qui a été accepté, et moi il me semble que les députés, que les sénateurs, et que le gouvernement vont examiner ensemble le fait de savoir si ça serait positif ou pas. On y gagnerait deux milliards peut être – quelque chose comme ça – qui seraient bien utiles dans la situation sociale du pays et ça pourrait faire avancer les choses. Ce n’est pas un sujet d’affrontement, c’est un sujet de débat à l’intérieur de la majorité et il est sain. Je voudrais ajouter aussi une chose si vous permettez. Il est sain qu’il y ait des débats à l’intérieur de la majorité. Et même je dirais, il est sain qu’il y ait une expression sociale à l’intérieur de la majorité, de femmes et d’hommes…

Il faut des débats politiques entre les partenaires. Il faut que vous ayez une existence d’une certaine façon.

… De femmes et d’hommes qui ont été élus avec cette certitude qu’il fallait une économie saine pour avoir une solidarité et une justice dans la société française.

Pour être clair François Bayrou, si vous n’imaginiez pas une seule seconde que le projet de suppression de l’ISF soit maintenu tel quel…

On a déjà annoncé qu’il ne le serait pas.

Oui mais en dehors des amendements déjà présentés par La République en Marche.

Vous voyez bien qu’il y a des amendements.

Il faut aller plus loin.

Il y a des corrections sur les yachts. Alors c’est très difficile de savoir ce qu’est un yacht, quelle est la longueur d’un bateau qui devient un yacht. C’est très difficile, je voudrais qu’on m’explique comment on taxe des voitures de luxe. Qu’est-ce qu’une voiture de luxe ? Vous voyez bien que tout cela est extrêmement compliqué et que la proposition que nous faisons est plus simple. Ce n’est pas un motif d’affrontement, encore une fois, c’est un motif de débat. On peut avoir des propositions qui soient des propositions que l’on sent en phase avec les attentes de la société française et ces attentes de la société française, les traduire, c’est bénéfique pour la majorité et le gouvernement.

On ne sent pas, pour l’instant, du côté du gouvernement, ni dans la parole d’Emmanuel Macron dimanche soir, un grand appétit pour aller jusque là où vous voulez aller sur l’ISF. Pour être clair, si ce projet ne bougeait pas, François Bayrou - vous pouvez le concevoir une seconde d’ailleurs – si ce projet ne bougeait pas, que feraient les députés MoDem ?

Je vous ai dit qu’il n’y aura pas de crise. Il y a un débat. À l’Assemblée Nationale, et au Sénat puisque le Parlement, c’est deux assemblées pour que l’on puisse avoir des corrections, des changements, des précisions, et tout cela est positif. Je vous répète : la promesse qu’Emmanuel Macron a faite aux Français, c’est que, par une renaissance de la vitalité de l’économie française, on allait faire plus de justice.

On a compris : efficacité et justice…

Et justice.

C’est les deux piliers sur lesquels on a bâti le budget.

Ce sont les deux piliers, ce sont les deux nécessités – je veux d’ailleurs dire au passage, si vous le permettez : un, la taxe d’habitation, que tous ceux qui nous écoutent, paient quand ils sont contribuables à l’impôt sur le revenu, va baisser cette année de 30%. C’est un plus. Le salaire direct des salariés actifs va augmenter. L’allocation adulte handicapé va augmenter de trente euros dès cette année. Et le minimum vieillesse va augmenter dans les mêmes proportions. Ce n’est pas tout à fait rien. La ligne de justice est une ligne que ce budget respecte. Nous pensons qu’il peut y avoir encore un meilleur équilibre.

Encore un petit effort Emmanuel Macron, Monsieur le Président.

Je ne parle pas comme ça.

Mais c’est ce que vous lui demandez ce matin. Est-ce que vous avez eu des engagements ? Si vous parlez comme ça justement, est-ce que c’est parce que vous avez eu des engagements ?

Sur ce sujet, je parle au gouvernement. Il faut faire la distinction. Le président de la République fixe une ligne et le gouvernement applique cette ligne en liaison, en débat, en correction avec les assemblées.

Vous savez que certains disent que vous faites peur à Emmanuel Macron. Ou peut-être au gouvernement. Vous savez le bras de fer que vous aviez engagé au moment des législatives. Vous aviez gagné, vous aviez des leviers d’ailleurs. On était encore dans la campagne. Emmanuel Macron n’était pas encore élu. Vous faites peur à Emmanuel Macron ?

J’ai avec le président de la République – cela va peut-être vous surprendre – une relation assidue, proche, et si j’ose dire affectueuse. C’est quelqu’un dont j’admire l’énergie, le choix qu’il a fait et la volonté qui est la sienne de surmonter tous ces obstacles qui depuis des années n’ont pas pu l’être. Et donc je n’ai aucune espèce de rapport qui ressemble à ce que vous dites.

On a pris le temps de bien expliquer votre pensée mais vous n’avez pas été très clair. Très vite, si jamais le gouvernement ne bouge pas, est-ce que les députés MoDem pourraient, par exemple s’abstenir sur le budget ?

Les députés MoDem font partie de la majorité et ils n’ouvriront pas de crise.

Donc il n’y aura pas d’abstention ou de vote « contre ». Deux petites questions rapides pour finir  François Bayrou si vous le voulez bien. Pour ou contre l’écriture inclusive ?

Peut-être pourriez-vous expliquer ce que c’est parce que (rires)…

C’est la fin de cette règle qui veut que le masculin l’emporte sur le féminin. Et donc, il y a une graphie dans laquelle on met  « député. e. s » avec des petits points. Allez voir sur internet si jamais ce n’est pas clair. C’est assez compliqué à expliquer à l’oral. C’est assez visible à l’écrit. Vous êtes pour ou contre ?

Non, je suis pour qu’on ait une écriture qui soit aussi simple que possible pour que les enfants, les élèves, les jeunes et les plus âgés sachent comment écrire. Permettez-moi d’ajouter - c’est mon métier - qu’il n’est pas vrai que le masculin l’emporte sur le féminin. C’est simplement en français, que la forme qu’on appelle masculine est aussi ce que l’on appelle dans d’autres langues, un neutre.

Le masculin qui l’emporte sur le féminin, c’est très souvent dans les harcèlements sexuels. Est-ce qu’il a raison Emmanuel Macron de retirer la Légion d’honneur à Monsieur Weinstein ?

Oui.

Sans aucune hésitation.

Ces attitudes, ces comportements sont déshonorants pour une certaine idée qu’on se fait des êtres humains, quels que soient leur genre et leur sexe.

Merci François Bayrou d’avoir été avec nous ce matin sur RTL.

 

 

 

 

 

 

 

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