Grèce : "Quand un pays rentre dans un tel désarroi, la violence intérieure n'est jamais loin"

Le président du MoDem, François Bayrou, a déclaré dimanche qu'on "est au bord d'une crise sans précédent", à propos du référendum prévu en Grèce sur l'accord proposé par ses créanciers.

Bonjour François Bayrou, merci d'être avec nous.

Bonjour.

C'est une crise majeure en Europe. Est-ce qu'il y a selon vous aujourd'hui dimanche ou demain lundi un moyen d'éviter la sortie de la Grèce de la zone euro ?

Vous savez, c'est cette image de deux trains qui roulent sur la même voie face à face et qui ne s'aperçoivent pas ou font semblant de ne pas s'apercevoir de la présence de l'autre. On est à l'extrême bord d'une crise sans précédent parce qu'on se souvient de ce qu'a provoqué la faillite d'une grande banque américaine en 2008, là c'est la faillite d'un État, d'un État membre de l'Union européenne et membre de la zone euro ! Alors il y a des gens qui pensent que c'est sans conséquences, que ce sera sans gravité, qu'après tout "qu'ils s'en aillent", je crois qu'ils se trompent !

Manuel Valls dit que l'économie française ne pâtirait pas d'un Grexit.

Je crois qu'il se trompe. Je pense que toute l'économie européenne, tout notre système monétaire sera évidemment mis en cause. Pourquoi ? À partir du moment où un pays fait faillite, alors on découvre que toutes les faiblesses que l'on croyait écartées par le parapluie sécurisant de l'euro, sont là, bien réelles et qu'évidemment elles n'empêchent pas l'accident. Et si elles n'empêchent pas l'accident, alors on va se mettre à regarder d'un autre oeil, y compris l'économie française, y compris les déficits et la dette de la France. Et quand il y a soupçon sur un pays, les taux d'intérêt montent parce que l'on ne lui prête plus avec la même confiance. Donc moi je crois que les conséquences risquent d'être extrêmement lourdes.

Dominique Strauss-Kahn, qui est intervenu dans le débat économique, suggère de réduire la dette de la Grèce mais de ne plus prêter ensuite à la Gr!ce.

À partir du 1er juillet. Mais c'est la même chose ! Dans la situation actuelle, c'est "vous ne voulez pas vous entendre avec nous, débrouillez-vous tout seul et faites faillite" ! ET dans la proposition de Dominique Strauss-Kahn c'est "débrouillez-vous tout seul, simplement, on ne déclare pas l'état de faillite, vous ne payez pas, mais on ne déclare pas officiellement que vous êtes en faillite", vous voyez bien que c'est la même chose ! Parce que pour les prêteurs, le risque de ne pas être remboursé par un État en difficulté, évidemment fait monter le niveau du risque et si le niveau du risque monte, on prête moins, on investit moins. Autrement dit, oui on est entré dans un mécanisme que je considère comme extrêmement lourd. Si vous me permettez d'ajouter une phrase : quand un pays rentre dans un tel désarroi, la violence intérieure n'est jamais loin.

Alors vous parlez de violence, hélas la France vient de subir un nouvel attentat, des touristes ont également été visés en Tunisie, certains en France ont demandé plus d’actions contre les terroristes, est-ce que vous estimez vous aussi que le gouvernement ne fais pas assez pour éradiquer tous les risques ?

Non je pense qu’il fait ce qu’il peut. Ce qui manque c’est une alliance internationale claire ouverte pour apporter le soutien d’une communauté internationale active à la fois en termes de renseignements et en termes militaires à ceux qui sont en première ligne dans cette guerre. Manuel Valls a dit que c’était une guerre de civilisation, reprenant une expression déjà ancienne, mais pour moi ce n’est pas une guerre de civilisation, c’est une guerre de la barbarie contre la civilisation c’est-à-dire contre la paix civile et contre la liberté de penser.

Il estime aussi que la menace terroriste est majeure est qu’elle s’inscrit dans la durée. Êtes-vous d’accord ?

Il a raison, je pense qu’aucun de nos pays n’est à l’abri, spécialement pas la France, aucun des autres pays européens, et que l’engagement de précaution doit être maximal.

En tout cas vous ne vous associez pas à ceux de la droite qui demandent ou laissent entendre que le dispositif est insuffisant ?

C’est simple, lorsque vous êtes dans une circonstance aussi dangereuse et lourde que celle-là, il n’y a qu’une règle : faire tout ce qu’on doit faire et créer la solidarité autour de cette action. Aucune hésitation, aucune ambiguïté dans l’action, et au contraire aucune division à l’intérieur pour que la peur ne s’installe pas.

Un mot très bref politique François Bayrou, vous avez réuni hier un conseil national du MoDem pour parler des régionales. Les républicains et l’UDI ont passé des alliances, est-ce que vous serez prêt à en passer vous aussi ?

C’est très simple, la différence entre nous et les autres approches, c’est que les autres approches en font une affaire de politique nationale. Nous, nous voulons d’abord, et en premier lieu en faire une affaire de volonté régionale. Ce n’est pas la même chose les problèmes qui se posent en Aquitaine, en région parisienne, dans la région Centre ou en Alsace ! C’est pourquoi nous choisissons une approche locale régionale, nous disons : nous allons construire des équipes et des projets pour les régions, on verra après de quelle manière on peut s’organiser pour que cette élection soit la plus décisive possible pour l’avenir des régions.

Merci François Bayrou.

 

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