Front National : "Les propos de François Fillon relèvent du calcul politicien"

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François Bayrou a déploré sur BFMTV qu'une partie des politiques pensent d'abord à "dire ce qu'il faut pour que les sondages les approuvent", en allusion aux propos répétés de François Fillon sur le Front National.

BFM TV - Est-ce que François Fillon a remis le Front National au centre du jeu politique par calcul politicien ?

François Bayrou - Je pense que oui.

C'est un calcul politicien ?

Ce n'est pas la peine d'avoir des nuances. C'est ce qui explique, pour moi, la position très surprenante de François Fillon. Jusqu'à maintenant, il avait soutenu le contraire et nous étions, de ce point de vue là, sur la même ligne. Il était un proche de Philippe Seguin, c'est-à-dire de ceux qui pensaient qu'il ne faut rien céder, rien compromettre, rien accepter lorsque l'essentiel est en jeu. On parlait d'un anniversaire à l'instant, je vais vous raconter un autre anniversaire : il y a quarante-quatre ans aujourd'hui, Chaban faisait à l'Assemblée le grand discours qu'on appelé de "la nouvelle société". Qu'est-ce qui est frappant quand on réfléchit à cet événement ? Deux choses sont marquantes. La première, c'est que c'était un discours de changement de la France et du monde. Aujourd'hui, nous avons des discours d'acceptation de l'idée que moins on change, mieux c'est. Ce n'est pas ma vision. Ma vision, c'est que des hommes d'État assument la nécessité de changement, parfois de rupture, pour leur pays. La deuxième chose frappante, c'est que cette génération de responsables politiques et d'hommes d'État avait été sélectionnée sur un élément précis : la résistance, le caractère, la possibilité de dire non en s'engagent y compris au risque de sa vie. Hélas, trop souvent, la politique aujourd'hui n'est pas sélectionnée sur la résistance mais sur le conformisme, sur "nous allons dire ce qu'il faut pour que les sondages nous approuvent".

C'est-à-dire que François Fillon cède devant les sondages ? Il coupe l'herbe sous le pied à Nicolas Sarkozy ?

Oui. Je pense qu'il y a toute une partie du monde politique qui s'apprêtait à dire que ceux qui vont dans le sens du Front National ont raison. Or, ces idées, je le dis avec beaucoup d'émotion à l'égard de ceux – on en connaît beaucoup – qui se laissent entraîner dans ce sens...

Mais il n'y a pas les bons d'un côté et les méchants de l'autre, François Bayrou.

Non. Mais il y a des justes, parmi les idées, et des dangereuses parmi les idées. Or, les idées du Front National sont profondément dangereuses. Pour moi, la vocation politique essentielle, lorsqu'on est à la tête d'un pays comme le nôtre, c'est de sauvegarder son unité. Un pays dont toute l'énergie passe en guerre contre des factions internes, ne peut pas s'en sortir. Au fond, c'est gaullien comme idée, ce que je défends là. Je me suis toujours battu, et encore dans les dernières années, contre ceux qui voulaient préparer des succès électoraux en acceptant l'affrontement politique.

Quelles sont les conséquences politiques ?

Ce sont des conséquences de première grandeur. Ce n'est pas un événement politique secondaire. 

Est-ce que l'UMP est au bord de l'implosion ?

C'est aux responsables de l'UMP de le dire. Ce qu'il m'a semblé ces derniers jours, c'est qu'un certain nombre de responsables de l'UMP - je les connais bien - le moment venu, ne l'accepteront pas. 

Et viendront rejoindre votre nouveau mouvement, au sens large du mot ?

Oui j'espère. Le seul pole qui puisse penser la nouvelle société, c'est là qu'il est. C'est-à-dire parmi ceux qui acceptent l'histoire de notre pays et les valeurs qui sont les siennes. 

Vous demandez à ces dirigeants de l'UMP de venir vous rejoindre ?

C'est un pays qui est fait de choix profonds qui sont des choix de valeurs. C'est le choix du message que notre pays, en raison de son Histoire, adresse au monde. Nous ne pouvons pas transiger avec les valeurs du FN car nous y laisserions la peau. Le seul mouvement qui puisse dire que nous prenons pleinement notre Histoire, nous regardons sans trembler l'avenir et nous proposons les changements nécessaires, c'est celui que le Centre en France va bâtir et j'y travaille de toutes mes forces. 

Avec peut-être des responsables politiques de Droite et de Gauche, qui viendraient vous rejoindre ?

Le moment viendra.

Certains vont dire que vous êtes de nouveau dans l'opposition alors que vous aviez fait des propositions de service à François Hollande pour devenir premier ministre.

Non, jamais. Quand vous m'avez, par le passé, insinué cette idée là, j'ai toujours dit qu'il n'en était pas question, que ce n'était pas dans mon esprit, que je ne pouvais pas adhérer, conduire ou participer à une politique qui n'était pas celle que je considère nécessaire pour la France. Je n'ai jamais joué à ce genre de jeu et vous pouvez en témoigner puisque c'était à votre micro. 

Donc rapprochement entre UDI et MoDem, finalisé avant la fin du mois, déclaration politique commune... Vous confirmez ?

Avant la fin du mois d'octobre. Pourquoi faut-il une déclaration politique commune ? Parce que ça ne peut pas être une affaire d'appareils. Nous voyons bien la dérive de la vie politique française, d'un bord comme de l'autre, il faut donc un pôle ancré dans la réalité politique et dire quelle est cette réalité. Les chemins choisis par les uns et les autres ces dix dernières années n'ont pas été les mêmes. Les uns sont partis du côté de l'UMP, les autres ont plaidé pour un centre indépendant. Ces deux visions là doivent s'accorder sur du fond, pas que sur des accords électoraux !

Mais accord pour les élections européennes et municipales ? 

Oui, avec une différence que je revendique et dont j'ai été heureux de voir que Jean-Louis Borloo reprenait les termes : les élections locales sont d'abord des élections de personnes. Nous travaillons avec l'opposition actuelle, par exemple dans la majorité d'Alain Juppé, c'est naturel et facile. Ailleurs, nous pouvons regarder si des équipes locales, par un intérêt particulier ou par exception, font naître des majorités locales. Élections locales, majorités locales.

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