"France et Afrique après la guerre au Mali", avec Jean-Christophe Rufin et François Bayrou

Le 5e "Rendez-vous de la démocratie" s'est tenu mardi 12 février sur le thème « France et Afrique après la guerre au Mali » autour de Jean-Christophe Rufin et François Bayrou. Revivez l'événement, en vidéo et en texte, grâce à la synthèse des étudiants du MoDem Sciences-po.

Jean-Christophe Rufin, invité de notre 5ème Rendez-vous de la démocratie, a eu un parcours des plus hétéroclites. Médecin de formation, notamment dans le domaine de la psychiatrie, il a entamé une carrière humanitaire avec Médecins sans frontières dont il sera le vice-président en 1991. Il devient ensuite de 2002 à 2006 président de l’association Action contre la faim. Il a aussi beaucoup travaillé sur les relations Nord-Sud notamment en tant que conseiller spécialisé auprès du ministre de la Défense en 1993. Jean-Christophe Rufin a eu une importante carrière diplomatique. Il a été ambassadeur de France au Sénégal et en Gambie. Puis en 2008, il entre à l’Académie française en devenant son plus jeune membre. Il est aussi un écrivain de talent, ayant publié récemment un roman sur Jacques Cœur. C’est donc fort de son expérience multiple qu’il intervient sur le thème d’actualité des relations de la France avec l’Afrique. 

L’Afrique : de la décolonisation à la démocratie 

En guise de préambule, l’historien Jean-Pierre Rioux donne la première note de ce rendez-vous en lisant un extrait d’un texte sur la première prise de Tombouctou en 1894. 

Jean-Christophe Rufin commence alors son exposé en revenant sur l’histoire de l’Afrique de l’Ouest depuis les années 1960. En effet, on ne peut parler du Mali, selon lui, isolément de tout le reste de l’Afrique subsaharienne. Plus encore, J.-C. Rufin expose une histoire géopolitique de la situation africaine et distingue trois étapes, dont la première s’étend de 1960 à 1990. Elle présente une situation très contrastée. Nombreux sont les pays en guerre à cette époque, notamment en Afrique australe tandis que les pays francophones d’Afrique de l’Ouest qui semblent figés gardent des liens forts avec la métropole. Jean-Christophe Rufin, en sa qualité d’ancien ambassadeur du Sénégal fait un gros plan sur ce pays pour expliquer toute la complexité de la situation en Afrique de l’Ouest. Bien qu’un équilibre ait été garanti à partir de 1960, une certaine glaciation du développement économique s’est fait ressentir malgré l’essor de la démocratie permis par ses dirigeants. 

La deuxième étape s’étend de 1990 jusqu’à 2010, c’est-à-dire de la fin de l’Apartheid jusqu’à la crise en Côte d’Ivoire. Agitée par de nombreux conflits tels que l’effroyable guerre civile du Libéria ou encore le génocide rwandais, cette période laisse cependant place à une certaine démocratisation des régimes en place notamment par le vote. Enfin, J.C. Rufin dissocie une troisième étape allant de 2010 à nos jours. Les guerres civiles du Libéria, de Guinée et de Côte-d’Ivoire sont enfin terminées de même que l’alternance démocratique est désormais assurée même si l’on peut émettre des critiques. On assiste donc à un certain redressement de l’Afrique côtière. Cependant, il subsiste encore un réel « trou noir subsaharien ». Le désert du Sahara est un lieu de communication, où passent nomades mais aussi et surtout trafiquants et terroristes. 

La montée de l’islamisme radical 

Dans un second temps, Jean-Christophe Rufin explique la montée de l’islamisme au Maghreb, notamment en Algérie, ce qui est pour une part importante lié au conflit malien. Depuis les attentats du 11 septembre, les groupes terroristes ne visent plus seulement un ennemi national mais ont une réelle volonté d’étendre leurs actions dans le cadre d’un Djihad mondial. Une nouvelle pratique est donc apparue : la prise d’otage. D’ailleurs, jusqu’en 2007, la France n’était pas touchée par ce type d’actions, les terroristes préférant les pays occidentaux moins politisés tels que la Suisse. Depuis, la France se voit directement visée notamment par Al-Qaïda au Maghreb Islamique. Cependant, ces groupes ne rassembleraient que quelques centaines d’hommes, raison pour laquelle les troupes françaises n’ont pas eu de mal à écraser les révoltes. La situation actuelle ne trouve pas son origine au Mali à proprement parler, c’est-à-dire que le conflit se serait en quelque sorte greffé au pays ; les Maliens parlent de guerre importée. 

Ni guerre de conquête, ni guerre contre le terrorisme : une guerre de libération 

Ensuite, M. Rufin explique en quoi l’intervention de la France était nécessaire. Tout d’abord, c’était pour lui un devoir au nom d’une histoire commune, pas forcément toujours négative. L’histoire de la France et de l’Afrique subsaharienne n’est pas seulement une histoire de colonisation mais aussi d’échanges culturels et linguistiques. Le français qui est la première langue utilisée laisse une réelle porte ouverte vers l’intégration mondiale. De plus, J.C. Rufin conteste la théorie qui stipule que la France est intervenue par intérêt. Pour lui, cette action est incontestable d’abord parce qu’elle répondait à une réelle demande des Maliens. Plus encore, ce serait une aberration d’interpréter cette intervention comme une opération postcoloniale. Enfin, Jean-Christophe Rufin aurait souhaité que l’Union européenne soit associée à cette opération jugée nécessaire et courageuse bien que dangereuse. Néanmoins, le danger, quoique réel, est à relativiser devant des forces qui ne sont pas très solides face à l’armée française. J.C. Rufin conclut en affirmant que cette intervention n’était pas tant une lutte contre le terrorisme qu’une libération du pays. 

La France a bien fait 

Pour finir, François Bayrou, explique à quel point nous venons de vivre un moment important d’une part pour le gouvernement français mais aussi pour le Mali qui a été au bord d’un basculement des plus dangereux. Enfin, il défend le fait que la France ait eu le courage d’intervenir seule. La France a aidé le Mali en évinçant une menace très grave tout en protégeant ses ressortissants.

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